Chapitre 8 Chapitre 10Mission des douze apôtres
1 Jésus ayant appelé les douze apôtres, leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies.
2 Puis il les envoya prêcher le royaume de Dieu, et rendre la santé aux malades.
3 Et il leur dit : Ne portez rien en chemin, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez pas deux tuniques.
4 En quelque maison que vous entriez, demeurez-y, et n’en sortez point.
5 Quant à ceux qui ne voudront pas vous recevoir, sortez de leur ville, secouez même la poussière de vos pieds en témoignage contre eux.
6 Étant donc partis, ils allaient de village en village, annonçant l’Évangile, et guérissant partout les malades.
7 Cependant Hérode le Tétrarque entendit parler de tout ce que faisait Jésus, et son esprit était inquiet, parce que les uns disaient : Jean est ressuscité des morts ;
8 Les autres : Élie a paru ; et d’autres : Un des anciens prophètes est ressuscité.
9 Alors Hérode dit : J’ai fait trancher la tête à Jean ; mais qui est celui-ci dont j’entends dire de si grandes choses ? Et il cherchait à le voir.
Multiplication des pains pour cinq mille hommes
10 Les apôtres, étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Et Jésus, les prenant avec lui, se retira à l’écart dans un lieu désert, près de Bethsaïde.
11 Lorsque le peuple l’eut appris, il le suivit ; et Jésus les accueillit, leur parla du royaume de Dieu, et guérit ceux qui avaient besoin de guérison.
12 Le jour commençait à baisser ; les douze apôtres lui dirent : Renvoyez le peuple, afin qu’il aille dans les villages et les lieux d’alentour pour y loger et trouver de quoi vivre, parce que nous sommes ici dans un désert.
13 Mais Jésus leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui répondirent : Nous avons seulement cinq pains et deux poissons ; à moins que nous n’allions acheter des vivres pour tout ce peuple ;
14 Car il y avait environ cinq mille hommes. Alors il dit à ses disciples : Faites-les asseoir par groupes de cinquante ;
15 Ce qu’ils exécutèrent, en les faisant tous asseoir.
16 Or Jésus, ayant pris les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, les bénit, les rompit, et les donna à ses disciples, afin qu’ils les servissent au peuple.
17 Ils en mangèrent tous, et furent rassasiés. Et on emporta douze corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés.
Pierre reconnaît Jésus comme le Messie
18 Il arriva, comme il priait seul, ayant ses disciples avec lui, qu’il leur demanda : Qui dit-on que je suis ?
19 Ils lui répondirent : Les uns disent Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, un des anciens prophètes qui est ressuscité.
20 Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Le Christ de Dieu.
21 Alors il leur défendit avec menace de parler de cela à personne.
22 Et il ajouta : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les princes des prêtres et par les docteurs de la loi, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour.
23 Il disait aussi à tout le monde : Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il se renonce soi-même, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive.
24 Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; et celui qui aura perdu sa vie pour l’amour de moi, la sauvera.
25 Et que sert à un homme de gagner l’univers à son détriment, en se perdant lui-même ?
26 Car si quelqu’un rougit de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme rougira de lui lorsqu’il viendra dans sa gloire et dans celle de son Père et des saints anges. 27 Je vous le dis en vérité, il y en a quelques-uns ici présents qui ne mourront pas, jusqu’à ce qu’ils aient vu le royaume de Dieu.
La transfiguration
28 Huit jours environ après qu’il eut prononcé ces paroles, il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et alla sur une montagne pour prier.
29 Et pendant qu’il priait, son visage parut tout autre ; ses vêtements devinrent blancs et resplendissants.
30 Et voilà que deux hommes s’entretenaient avec lui ; c’était Moïse et Élie,
31 Apparaissant dans la majesté ; et ils lui parlaient de sa sortie du monde, qui devait arriver à Jérusalem.
32 Cependant Pierre et ceux qui se trouvaient avec lui étaient accablés de sommeil. En se réveillant ils virent sa gloire, et les deux hommes qui se tenaient avec lui.
33 Et au moment où ils se séparaient de Jésus, Pierre dit : Maître, il est bon pour nous d’être ici ; faisons trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie ; ne sachant ce qu’il disait.
34 Il parlait encore, lorsque parut une nuée qui les couvrit ; et ils furent saisis de frayeur en les voyant entrer dans cette nuée.
35 Et il sortit de la nuée une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le.
36 Pendant que la voix retentissait, Jésus se trouva seul ; et les disciples gardèrent le silence, et ne dirent alors à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
Guérison d’un démoniaque
37 Le lendemain, comme ils descendaient de la montagne, une grande foule vint au-devant d’eux.
38 Et un homme s’écria dans la foule, et dit : Maître, je vous en supplie, jetez un regard sur mon fils ; car je n’ai que lui.
39 L’esprit malin s’empare de lui, et lui fait subitement jeter de grands cris ; il le renverse à terre, il l’agite, en le faisant écumer, et à peine le quitte-t-il après l’avoir déchiré.
40 J’ai prié vos disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu.
41 Alors Jésus, prenant la parole, dit : O génération infidèle et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous, et vous souffrirai- je ? Amenez ici votre fils.
42 Et comme l’enfant s’approchait, le démon le jeta à terre et l’agita.
43 Mais Jésus parla avec menace à l’esprit impur, guérit l’enfant, et le rendit à son père.
44 Tous furent étonnés de la grande puissance de Dieu. Et lorsque tout le monde était dans l’admiration de tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples : Mettez bien dans votre cœur ce que je vais vous dire : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes.
45 Mais ils n’entendaient point ce langage ; il leur était tellement caché qu’ils n’y comprenaient rien, et ils appréhendaient de l’interroger sur ce sujet.
Petits et grands dans le royaume de Dieu
46 Il leur vint aussi une pensée dans l’esprit : Lequel d’entre eux était le plus grand.
47 Mais Jésus, voyant les pensées de leur cœur, prit un enfant, le plaça près de lui,
48 Et leur dit : Quiconque recevra cet enfant en mon nom, me reçoit ; et quiconque me recevra, reçoit Celui qui m’a envoyé ; car celui qui est le moindre parmi vous est le plus grand.
49 Alors Jean, prenant la parole, lui dit : Maître, nous avons vu un homme chasser les démons en votre nom, et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne vous suit pas avec nous.
50 Et Jésus lui répondit : Ne l’en empêchez pas ; car celui qui n’est pas contre vous est pour vous.
De la Galilée à Jérusalem
Jésus en Samarie
51 Comme le temps où il devait être enlevé du monde approchait, il résolut d’aller à Jérusalem,
52 Et il envoya devant lui des messagers. Ceux-ci, étant partis, entrèrent dans la ville des Samaritains, pour faire quelques préparatifs pour lui.
53 Mais les habitants ne voulurent point le recevoir, parce qu’il paraissait aller à Jérusalem.
54 Jacques et Jean, ses disciples, voyant cela, lui dirent : Seigneur, voulez-vous que nous commandions que le feu descende du ciel et les dévore ?
55 Mais, se retournant, il les réprimanda, en disant : Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ;
56 Le Fils de l’homme n’est pas venu perdre les âmes, mais les sauver. Ils allèrent donc dans un autre bourg.
57 Étant en chemin, un homme lui dit : Je vous suivrai partout où vous irez.
58 Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel, des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.
59 Il dit à un autre : Suivez-moi. Celui-ci lui répondit : Seigneur, permettez-moi d’aller auparavant ensevelir mon père.
60 Jésus lui répartit : Laissez aux morts le soin d’ensevelir leurs morts ; mais pour vous, allez, et annoncez le royaume de Dieu.
61 Un autre lui dit : Seigneur, je vous suivrai ; mais permettez-moi de l’annoncer auparavant à ceux de ma maison.
62 Jésus lui répondit : Quiconque, après avoir mis la main à la charrue, regarde derrière soi, n’est point propre au royaume de Dieu