Chapitre 30 Chapitre 32 1 J’avais traité alliance avec mes yeux : et comment aurais-je contemplé une vierge ?
2 Quelle part Dieu [m’eût-il faite] d’en haut, et quel héritage le Tout-Puissant [m’eût-il envoyé] des hautes régions ?
3 La calamité n’est-elle pas pour l’homme pervers, et le désastre pour ceux qui pratiquent l’iniquité ? 4 Ne considère-t-il pas mes voies, et ne compte-t-il pas tous mes pas ?
5 Ai-je marché avec la fausseté, et mon pied s’est-il hâté vers la fourberie ?
6 Que Dieu me pèse dans la balance de justice, et il connaîtra mon innocence !
7 Si mon pas s’est détourné de la voie, et si mon cœur a marché après mes yeux, et si quelque tache s’est attachée à mes mains,
8 que je sème et qu’un autre mange, et que mes rejetons soient déracinés !
9 Si mon cœur s’est laissé séduire pour une femme, et si je me suis embusqué à la porte de mon prochain,
10 que ma femme tourne la meule pour autrui, et qu’elle soit livrée à d’autres !
11 Car c’est là un crime, et une iniquité punissable par les juges ;
12 oui, c’est un feu qui dévore jusque dans le gouffre et qui eût détruit tout mon revenu par la racine.
13 Ai-je rejeté le droit de mon esclave et de ma servante dans leurs contestations avec moi ?
14 Et que ferais-je quand Dieu se lèverait, et que lui répondrais-je quand il examinerait ?
15 Celui qui me fit dans le ventre de ma mère ne les a-t-il pas faits aussi, et n’est-ce pas le même [Dieu] qui nous prépara dans le sein maternel ?
16 Ai-je refusé aux misérables l’objet de leur désir, et ai-je consumé les yeux de la veuve ;
17 ou ai-je mangé seul mon morceau, sans que l’orphelin en ait mangé sa part ?
18 Certes, dès ma jeunesse il a grandi chez moi comme chez un père, et dès le ventre de ma mère j’ai dirigé la [veuve].
19 Ai-je vu quelqu’un périr faute de vêtement et le pauvre manquer de couverture ?
20 Certainement ses reins m’ont béni, car il se réchauffait de la toison de mes agneaux.
21 Si j’ai levé la main contre l’orphelin quand je me voyais soutenu à la porte, alors,
22 que mon épaule se détache de mon dos, et que mon avant-bras rompu soit séparé de son os !
23 Car j’avais frayeur de la calamité de Dieu, et à cause de sa majesté je ne pouvais rien.
24 Si j’ai mis dans l’or ma confiance, et si j’ai dit à l’or fin : Tu es mon assurance ;
25 si je me suis réjoui quand mes richesses étaient grandes et quand ma main trouvait abondance de biens ;
26 si j’ai regardé la lumière quand elle resplendissait, et la lune brillante dans sa marche,
27 et si mon cœur a été séduit en secret, et si ma main s’est approchée des baisers de ma bouche,
28 cela aussi serait une iniquité punissable par le jugement, car j’aurais renié le Dieu d’en haut.
29 Me suis-je réjoui du malheur de celui qui me haïssait, et me suis-je livré aux transports quand le mal l’avait atteint ?
30 Mais je n’ai pas permis à mon palais de pécher en demandant sa vie avec imprécation.
31 Les gens de ma tente n’ont-ils pas dit : Où trouver celui qui ne s’est pas rassasié de la chair de ses bêtes ?
32 L’étranger ne passait pas la nuit dehors ; j’ouvrais mes portes au voyageur.
33 Ai-je couvert mes transgressions, comme Adam, en cachant mon iniquité dans mon sein,
34 parce que je redoutais la grande multitude et que le mépris des familles m’effrayait, en sorte que je me tinsse dans le silence, sans sortir de ma porte ?
35 Oh ! si j’avais quelqu’un pour m’entendre ! Voici ma signature : que le Tout-Puissant me réponde, et que celui qui conteste avec moi écrive son acte !
36 Certainement je le porterais sur mon épaule ; je m’en ceindrais comme d’une couronne.
37 Je lui rapporterais le nombre de mes pas ; comme d’un prince je m’approcherais de lui.
38 Si mon sol crie contre moi, et si mes sillons pleurent de concert ;
39 si j’en ai mangé la force sans l’avoir payé, et si j’ai fait rendre l’âme à ses maîtres ;
40 qu’au lieu de froment il y croisse l’épine, et au lieu d’orge, l’herbe sauvage ! Les paroles de Job sont finies.