Chapitre 41 Chapitre 43Les frères de Joseph en Égypte
1 Cependant Jacob ayant ouï dire qu’on vendait du blé en Égypte, dit à ses enfants : Pourquoi négligez-vous ce qui regarde notre soulagement ?
2 J’ai appris qu’on vend du blé en Égypte ; allez-y acheter ce qui nous est nécessaire, afin que nous puissions vivre, et que nous ne mourions pas de faim.
3 Les dix frères de Joseph allèrent donc en Égypte pour y acheter du blé ;
4 car Jacob retint Benjamin avec lui, ayant dit à ses frères qu’il craignait qu’il ne lui arrivât quelque accident dans le chemin.
5 Ils entrèrent dans l’Égypte avec les autres qui y allaient pour acheter du blé ; parce que la famine était dans le pays de Chanaan.
6 Joseph commandait dans toute l’Égypte, et le blé ne se vendait aux peuples que par son ordre. Ses frères s’étaient prosternés devant lui, la face contre terre,
7 il les reconnut ; et leur parlant assez rudement, comme à des étrangers, il leur dit : D’où venez-vous ? Ils lui répondirent : Nous venons du pays de Chanaan pour acheter ici de quoi vivre.
8 Et quoiqu’il connût bien ses frères, il ne fut pas néanmoins connu d’eux.
9 Alors se souvenant des songes qu’il avait eus autrefois, il leur dit : Vous êtes des espions, et vous êtes venus ici pour considérer les endroits les plus faibles de l’Égypte.
10 Ils lui répondirent : Seigneur, cela n’est pas ainsi ; mais vos serviteurs sont venus ici seulement pour acheter du blé.
11 Nous sommes tous enfants d’un seul homme, nous venons avec des pensées de paix, et vos serviteurs n’ont aucun mauvais dessein.
12 Joseph leur répondit : Non, cela n’est pas ; mais vous êtes venus pour remarquer ce qu’il y a de moins fortifié dans l’Égypte.
13 Il lui dirent : nous sommes douze frères, tous enfants d’un même homme dans le pays de Chanaan, et vos serviteurs. Le dernier de tous est avec notre père, et l’autre n’est plus au monde.
14 Voilà , dit Joseph, ce que je disais : vous êtes des espions.
15 Je vais éprouver si vous dites la vérité. Vive Pharaon, vous ne sortirez point d’ici jusqu’à ce que le dernier de vos frères y soit venu.
16 Envoyez l’un de vous pour l’amener ; cependant vous demeurerez en prison jusqu’à ce que j’aie reconnu si ce que vous dites est vrai ou faux ; autrement, vivre Pharaon, vous êtes des espions.
17 Il les fit donc mettre en prison pour trois jours.
18 Et le troisième jour il les fit sortir de prison, et leur dit : Faites ce que je vous dis, et vous vivrez ; car je crains Dieu.
19 Si vous venez ici dans un esprit de paix, que l’un de vos frères demeure lié dans la prison ; et allez-vous-en vous autres ; emportez en votre pays le blé que vous avez acheté,
20 et amenez-moi de dernier de vos frères, afin que je puisse reconnaître si ce que vous dites est véritable, et que vous ne mouriez point. Ils firent ce qu’il leur avait ordonné.
21 Et ils se disaient l’un à l’autre : C’est justement que nous souffrons tout ceci, parce que nous avons péché contre notre frère, et que voyant la douleur de son âme, lorsqu’il nous priait d’avoir compassion de lui, nous ne l’écoutâmes point : c’est pour cela que nous sommes tombés dans cette affliction.
22 Ruben, l’un d’entre eux, leur disait : Ne vous dis-je pas alors : Ne commettez point un si grand crime contre cet enfant ? Et cependant vous ne m’écoutâtes point. C’est son sang maintenant que Dieu vous redemande.
23 En s’entretenant ainsi, ils ne savaient pas que Joseph les entendit, parce qu’il leur parlait par un truchement.
24 Mais il se retira pour un peu de temps, et versa des larmes. Et étant revenu, il leur parla de nouveau. Il fit prendre Siméon, et le fit lier devant eux ;
25 et il commanda à ses officiers d’emplir leurs sacs de blé, et de remettre dans le sac de chacun d’eux l’argent qu’ils avaient donné, en y ajoutant encore des vivres pour se nourrir pendant le chemin : ce qui fut exécuté aussitôt.
26 Les frères de Joseph s’en allèrent donc, emportant leur blé sur leurs ânes.
27 Et l’un d’eux ayant ouvert son sac dans l’hôtellerie pour donner à manger à son âne, vit son argent à l’entrée du sac,
28 et il dit à ses frères : On m’a rendu mon argent ; le voici dans mon sac. Ils furent tous saisis d’étonnement et de trouble ; et ils s’entre-disaient : Quelle est cette conduite de Dieu sur nous ? 29 Lorsqu’ils furent arrivés chez Jacob leur père au pays de Chanaan, ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé, en disant :
30 Le Seigneur de ce pays-là nous a parlé durement, et ils nous a pris pour des espions, qui venaient observer le royaume.
31 Nous lui avons répondu : Nous sommes gens paisibles, et très éloignés d’avoir aucun mauvais dessein.
32 Nous étions douze frères tous enfants d’un même père. L’un n’est plus au monde, le plus jeune est avec notre père au pays de Chanaan.
33 Il nous a répondu : Je veux éprouver s’il est vrai que vous n’ayez que des pensées de paix. Laissez-moi donc ici l’un de vos frères ; prenez le blé qui vous est nécessaire pour vos maisons, et vous en allez ; et amenez-moi le plus jeune de vos frères,
34 afin que je sache que vous n’êtes point des espions ; que vous puissiez ensuite ramener avec vous celui que je retiens prisonnier, et qu’il vous soit permis à l’avenir d’acheter ici ce que vous voudrez.
35 Après avoir ainsi parlé à leur père, comme ils jetaient leur blé hors de leur sac, ils trouvèrent chacun leur argent lié à l’entrée du sac, et ils en furent tous épouvantés.
36 Alors Jacob leur père leur dit : Vous m’avez réduit à être sans enfants. Joseph n’est plus, Siméon n’est plus, et vous voulez encore m’enlever Benjamin. Tous ces maux sont retombés sur moi.
37 Ruben lui répondit : Faites mourir mes deux enfants, si je ne vous le ramène. Confiez-le moi, et je vous le rendrai certainement.
38 Non, dit Jacob, mon fils n’ira point avec vous. Son frère est mort, et il est demeuré seul. S’il lui arrive quelque malheur au pays où vous allez, vous accablerez ma vieillesse d’une douleur qui m’emportera dans le tombeau.