De tous les griefs dont me chargent les Juifs, je m’estime heureux, ô roi Agrippa, d’avoir aujourd’hui à me disculper devant toi, 3 car tu connais mieux que personne leurs coutumes et leurs controverses. C’est pourquoi je te prie de m’écouter avec bienveillance. 4 Ma vie donc, dès les premiers temps de ma jeunesse, au sein de ma nation et à Jérusalem, tous les Juifs la connaissent. 5 Ils savent depuis longtemps, s’ils veulent en témoigner, que j’ai vécu selon la secte la plus stricte de notre religion, en pharisien. 6 Et maintenant, c’est à cause de l’espérance en la promesse faite par Dieu à nos pères que je suis mis en jugement, cette promesse 7 dont nos douze tribus, servant Dieu nuit et jour sans relâche, espèrent l’accomplissement. C’est cette espérance, ô roi, qui me vaut l’accusation des Juifs. 8 Vous semble-t-il donc incroyable que Dieu ressuscite les morts ? 9 Pour moi, j’ai cru d’abord que je devais m’opposer de toutes mes forces au Nom de Jésus de Nazareth. 10 C’est ce que j’ai fait à Jérusalem. J’ai moi-même jeté en prison un grand nombre de saints, en vertu des pouvoirs reçus des grands prêtres ; et quand on les mettait à mort, j’y donnais mon suffrage. 11 Souvent même, parcourant les synagogues, je sévissais contre eux et les contraignais à blasphémer, et dans l’excès de ma fureur j’allais les poursuivre jusque dans les villes étrangères. 12 C’est ainsi que je me rendais à Damas avec mandat et pleins pouvoirs des grands prêtres, quand, 13 en chemin et vers le milieu du jour, je vis, ô roi, venant du ciel et plus éclatante que le soleil, une lumière qui resplendit autour de moi et de mes compagnons. 14 Nous tombâmes tous à terre, et J’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de regimber contre l’aiguillon. 15 Et moi, je dis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. 16 Mais relève-toi et tiens-toi sur tes pieds, car je te suis apparu pour t’établir serviteur et témoin de ce que tu as vu et de ce que je te ferai voir. 17 Je t’ai tiré du milieu de ce peuple et des nations vers lesquelles je t’envoie, 18 pour leur ouvrir les yeux et les ramener des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, afin que, par la foi en moi, ils obtiennent le pardon de leurs péchés et leur part d’héritage parmi les sanctifiés. 19 En conséquence, roi Agrippa, je n’ai pas résisté à la vision céleste. 20 Au contraire, aux habitants de Damas d’abord, puis à Jérusalem et dans tout le pays de Judée, et ensuite aux païens, j’ai prêché le repentir et la conversion à Dieu par la pratique de véritables œuvres de pénitence. 21 Voilà pourquoi les Juifs se sont emparés de moi dans le Temple et ont essayé de me tuer. 22 Mais, grâce au secours de Dieu qui ne m’a pas manqué jusqu’à ce jour, je continue de rendre témoignage devant les petits et les grands, ne disant rien d’autre que ce qu’ont prédit les Prophètes et Moïse : 23 que le Christ devait souffrir et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux païens.24 À cet endroit de sa défense, Festus dit à haute voix : Tu es fou, Paul ; ton grand savoir te fait perdre la tête. 25 Je ne suis pas fou, reprit Paul, excellent Festus ; je parle au contraire le langage de la vérité et du bon sens. 26 Le roi connaît bien ces faits ; aussi je m’adresse à lui avec confiance. Je suis persuadé que rien ne lui en échappe ; car cela ne s’est pas passé dans un coin. 27 Crois-tu aux Prophètes, roi Agrippa ? Je sais que tu y crois. 28 Et Agrippa de répondre à Paul : Peu s’en faut que tu me persuades de me faire chrétien ! 29 Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup, repartit Paul, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces chaînes ! 30 Le roi se leva alors, ainsi que le procurateur, Bérénice et tous les assistants. 31 Et en se retirant, ils se disaient entre eux : Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison. 32 Et Agrippa dit à Festus : On aurait pu relâcher cet homme, s’il n’en avait pas appelé à César.
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