Chapitre 20 Chapitre 22Intervention n° 7 de Job
1 Et Job prit la parole, et dit :
2 Écoutez attentivement mes discours, et que cela me tienne lieu de vos consolations !
3 Supportez-moi, et je parlerai ; et, après que j’aurai parlé, tu te moqueras.
4 Mais est-ce à un homme que s’adresse ma plainte ? Et comment ne perdrais-je pas toute patience ?
5 Regardez-moi, et soyez étonnés, et mettez la main sur la bouche.
6 Quand j’y pense, je suis éperdu, et un frisson saisit ma chair.
7 Pourquoi les méchants vivent-ils, vieillissent-ils, et croissent-ils en force ?
8 Leur postérité s’établit devant eux, avec eux, et leurs rejetons sont sous leurs yeux.
9 Leurs maisons sont en paix, à l’abri de la crainte, et la verge de Dieu n’est pas sur eux.
10 Leur taureau n’est jamais impuissant, leur génisse vêle et n’avorte pas.
11 Ils font courir devant eux leurs enfants comme un troupeau, et leur progéniture bondit.
12 Ils chantent avec le tambourin et la harpe, ils s’égaient au son du hautbois,
13 Ils passent leurs jours dans le bonheur, et ils descendent au Sépulcre en un moment. 14 Et cependant ils ont dit à Dieu : "Éloigne-toi de nous, nous ne voulons pas connaître tes voies.
15 Qu’est-ce que le Tout-Puissant, pour que nous le servions ? Et que gagnerions-nous à le prier ? "
16 Voici, leur bonheur n’est-il pas en leurs mains ? (Que le conseil des méchants soit loin de moi ! )
17 Combien de fois arrive-t-il que la lampe des méchants s’éteigne, que leur ruine vienne sur eux, que Dieu leur partage leurs lots dans sa colère,
18 Qu’ils soient comme la paille au souffle du vent, et comme la balle enlevée par le tourbillon ?
19 Vous dites : "Dieu réserve la peine à ses enfants ; " mais qu’Il le punisse lui-même, afin qu’il le sente !
20 Qu’il voie de ses propres yeux sa ruine, qu’il boive la colère du Tout-Puissant !
21 Car, que lui importe sa maison après lui, quand le nombre de ses mois est tranché ?
22 Enseignerait-on la science à Dieu, lui qui juge ceux qui sont élevés ?
23 L’un meurt au sein du bien-être, tout à son aise et en repos.
24 Ses flancs sont chargés de graisse, et ses os comme abreuvés de mœlle ;
25 Un autre meurt dans l’amertume de son âme, n’ayant jamais goûté le bonheur :
26 Ils sont couchés ensemble dans la poussière, et les vers les couvrent.
27 Voici, je connais vos pensées et les desseins que vous formez contre moi.
28 Car vous dites : Où est la maison de l’homme opulent, et où est la tente, demeure des méchants ?
29 N’avez-vous jamais interrogé les voyageurs, et n’avez-vous pas reconnu, par leurs témoignages,
30 Qu’au jour de la calamité, le méchant est épargné, et qu’au jour des colères, il est éloigné ?
31 Qui lui représente en face sa conduite, et qui lui rend ce qu’il a fait ?
32 Il est porté au tombeau, et, sur le tertre, il veille encore.
33 Les mottes de la vallée lui sont légères ; après lui, suivent à la file tous les hommes, et devant lui, la foule est innombrable.
34 Comment donc me donnez-vous des consolations vaines ? De vos réponses, ce qui reste, c’est la perfidie.