Chapitre 8 Chapitre 10 1 Ainsi le treizième jour du douzième mois, que nous avons déjà dit auparavant se nommer adar, lorsque l’on se préparait à tuer tous les Juifs et que ceux qui étaient leurs ennemis aspiraient à se repaître de leur sang, les Juifs au contraire commencèrent à être les plus forts et à se venger de leurs adversaires.
2 Ils s’assemblèrent dans toutes les villes, dans tous les bourgs et tous les autres lieux, pour attaquer leurs persécuteurs et leurs ennemis ; et nul n’osait leur résister, parce que la crainte de leur puissance avait saisi tous les peuples.
3 Car les juges des provinces, les gouverneurs et les intendants, tous ceux qui avaient quelque dignité dans tous les lieux et qui présidaient sur les ouvrages, soutinrent la cause des Juifs par la crainte qu’ils avaient de Mardochée,
4 qu’ils savaient être grand maître du palais et avoir beaucoup de pouvoir. Sa réputation croissait aussi de jour en jour, et tout le monde parlait de lui.
5 Les Juifs firent donc un grand carnage de leurs ennemis, et ils les tuèrent, leur rendant le mal qu’ils s’étaient préparés à leur faire.
6 À tel point, qu’ils tuèrent dans Suse même cinq cents hommes, sans compter les dix fils d’Aman, fils d’Agag, ennemi des Juifs, qu’ils tuèrent aussi, et dont voici les noms :
7 Pharsandatha, Delphon, Esphatha,
8 Phoratha, Adalia, Aridatha,
9 Phermestha, Arisaï, Aridaï et Jézatha.
10 Et ils ne voulurent toucher à rien de ce qui avait été à ceux qu’ils avaient tués.
11 On rapporta aussitôt au roi le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse ;
12 et il dit à la reine : Les Juifs ont tué cinq cents hommes dans la ville de Suse, outre les dix fils d’Aman. Combien grand croyez-vous que doit être le carnage qu’ils font dans toutes les provinces ? Que demandez-vous davantage ? et que voulez-vous que j’ordonne encore ?
13 La reine lui répondit : Je supplie le roi d’ordonner, s’il lui plaît, que les Juifs aient le pouvoir de faire encore demain dans Suse ce qu’ils ont fait aujourd’hui, et que les dix fils d’Aman soient pendus.
14 Le roi commanda que cela fût fait, et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, et les dix fils d’Aman furent pendus.
15 Les Juifs s’assemblèrent donc encore le quatorzième jour du mois d’adar, et ils tuèrent trois cents hommes dans Suse, sans vouloir rien prendre de leur bien.
16 Les Juifs se tinrent aussi prêts pour la défense de leur vie dans toutes les provinces qui étaient soumises à l’empire du roi ; et ils tuèrent leurs ennemis et leurs persécuteurs en si grand nombre que soixante quinze mille hommes furent enveloppés dans ce carnage, sans qu’aucun des Juifs touchât à leur bien.
17 Ils commencèrent tous à tuer leurs ennemis le treizième jour du mois d’adar, et ils cessèrent au quatorzième ; ils firent de ce jour une fête solennelle, et ils ordonnèrent qu’elle serait célébrée dans tous les siècles suivants avec joie et par des festins.
18 Mais ceux qui étaient dans la ville de Suse avaient fait le carnage pendant le treizième et le quatorzième jour de ce même mois, et n’avaient cessé qu’au quinzième. C’est pourquoi ils le choisirent pour en faire une fête solennelle de festins et de réjouissances publiques. 19 Les Juifs qui demeuraient dans les bourgs sans murailles et dans les villages choisirent le quatorzième jour du mois d’adar, pour être un jour de festin, dans lequel ils font une grande réjouissance et s’envoient les uns aux autres quelque chose de ce qui a été servi dans leurs festins.
Conséquences de la délivrance
Institution de la fête des Pourim
20 Mardochée eut donc soin d’écrire toutes ces choses, et en ayant fait une lettre, il l’envoya aux Juifs qui demeuraient dans toutes les provinces du roi, soit dans les plus proches ou dans les plus éloignées,
21 afin que le quatorzième et le quinzième jour du mois d’adar leur soient des jours de fête, qu’ils célèbrent tous les ans à perpétuité par des honneurs solennels,
22 parce que ce fut en ces jours-là que les Juifs se vengèrent de leurs ennemis, et que leur deuil et leur tristesse furent changés en une réjouissance publique. C’est pourquoi il voulut que ces jours de festin et de joie, ils s’envoient les uns aux autres des mets de leur table, et qu’ils fassent aux pauvres de petits présents.
23 Les Juifs établirent donc une fête solennelle de tout ce qu’ils avaient commencé de faire en ce temps-là, selon l’ordre que Mardochée leur avait donné par ses lettres.
24 Car Aman, fils d’Amadath, de la race d’Agag, ennemi déclaré des Juifs, avait formé le dessein de les perdre, de les tuer et de les exterminer, et il avait jeté pour cela le phur, c’est-à-dire le sort [en notre langue].
25 Mais Esther alla ensuite trouver le roi, le suppliant de prévenir le mauvais dessein d’Aman par une nouvelle lettre, et de faire retomber sur sa tête le mal qu’il avait résolu de faire aux Juifs. En effet, le roi fit pendre Aman à une potence, aussi bien que tous ses fils.
26 C’est pourquoi, depuis ce temps-là, ces jours ont été appelés les jours de Phurim [c’est-à-dire les jours des Sorts, parce que le phur, c’est-à-dire le sort, avait été jeté dans l’urne]. Et cette lettre [ou plutôt ce livre] contient tout ce qui se passa alors.
27 Les Juifs donc, en mémoire de ce qui avait été concerté contre eux et de ce grand changement qui était arrivé ensuite, s’obligèrent, eux et leurs enfants, et tous ceux qui voudraient se joindre à leur religion, d’en faire en ces deux jours une fête solennelle, sans que personne pût s’en dispenser, selon le rite marqué dans cet écrit, et ce qui s’observe exactement chaque année, aux jours destinés à cette fête.
28 Ce sont ces jours qui ne seront jamais effacés de la mémoire des hommes, et que toutes les provinces, d’âge en âge, célébreront par toute la terre. Et il n’y a point de ville en laquelle les jours de Phurim [c’est-à-dire les jours des Sorts] ne soient observés par les Juifs et par leurs enfants, qui sont obligés de pratiquer ces cérémonies.
29 La reine Esther, fille d’Abihaïl, et Mardochée, Juif, écrivirent encore une seconde lettre, afin qu’on eût tout le soin possible de faire de ce jour une fête solennelle dans toute la postérité,
30 et ils envoyèrent à tous les Juifs qui demeuraient dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus, afin qu’ils aient la paix et qu’ils reçoivent la vérité,
31 en observant exactement ces jours solennels des Sorts, et en les célébrant en leur temps avec grande joie. Les Juifs s’engagèrent donc, selon que Mardochée et Esther l’avaient ordonné, à observer, eux et toute leur postérité, ces jeûnes, ces cris et ces jours de Phurim,
32 et tout ce qui est contenu dans ce livre, qui est appelé Esther.