Chapitre 5 Chapitre 7 1 Un jour, les enfants des prophètes dirent à Élisée : Vous voyez que ce lieu-ci, où nous demeurons avec vous, est trop petit pour nous.
2 Permettez-nous d’aller jusqu’au Jourdain, afin que chacun de nous prenne du bois de la forêt, et que nous bâtissions là une demeure pour nous y retirer. Élisée leur répondit : Allez !
3 L’un d’eux lui dit : Venez donc aussi vous même avec vos serviteurs. Il lui répondit : J’irai.
4 Et il s’en alla avec eux. Lorsqu’ils furent venus jusqu’au Jourdain, ils commencèrent à couper du bois. 5 Mais il arriva que, comme l’un d’eux abattait un arbre, le fer de sa cognée tomba dans l’eau. Aussitôt il s’écria, et dit à Élisée : Hélas ! mon seigneur, hélas ! j’avais emprunté cette cognée.
6 L’homme de Dieu lui dit : Où le fer est-il tombé ? Il lui montra l’endroit. Élisée coupa donc un morceau de bois et le jeta au même endroit, et le fer revint et nagea sur l’eau.
7 Élisée lui dit : Prenez-le. Il étendit sa main et le prit.
8 Le roi de Syrie combattait un jour contre Israël ; et tenant conseil avec ses officiers, il leur dit : Il faut que nous dressions mon camp en tel et tel endroit.
9 L’homme de Dieu envoya donc dire au roi d’Israël : Prenez garde de ne pas passer par là, parce que les Syriens doivent y dresser une embuscade.
10 Le roi d’Israël envoya au lieu que lui avait dit l’homme de Dieu, et s’en saisit le premier, et il se garda aussi des Syriens plus d’une et deux fois.
11 Le cœur du roi de Syrie fut troublé de cet incident, et ayant assemblé ses serviteurs, il leur dit : Pourquoi ne me découvrez-vous point qui est celui qui me trahit auprès du roi d’Israël ?
12 L’un de ses officiers lui répondit : Ce n’est point qu’on vous trahisse, ô roi, mon seigneur ; mais c’est le prophète Élisée qui est en Israël, qui découvre au roi d’Israël tout ce que vous dites en secret dans votre chambre.
13 Il leur répondit : Allez, voyez où il est, afin que j’envoie le prendre. Ils vinrent donc l’avertir, et ils dirent : Élisée est à Dothan.
14 Le roi de Syrie y envoya aussitôt la cavalerie, des chars et une forte troupe ; et étant arrivés la nuit, ils investirent la ville.
15 Le serviteur de l’homme de Dieu, se levant au point du jour, sortit dehors ; et ayant vu l’armée autour de la ville, la cavalerie et les chars, il vint en avertir son maître, et lui dit : Hélas ! mon seigneur, hélas ! que ferons-nous ?
16 Élisée lui répondit : Ne craignez point, car il y a plus de monde avec nous qu’il n’y en a avec eux.
17 En même temps, Élisée faisant sa prière dit à Dieu : Seigneur, ouvrez-lui les yeux, afin qu’il voie. Le Seigneur ouvrit les yeux de ce serviteur, et il vit aussitôt la montagne pleine de chevaux et de chars de feu qui étaient autour d’Élisée.
18 Cependant les ennemis vinrent à lui ; et Élisée fit sa prière au Seigneur, et lui dit : Seigneur, frappez, je vous prie, tout ce peuple d’aveuglement. Et aussitôt le Seigneur les frappa d’aveuglement, selon la prière d’Élisée.
19 Alors Élisée leur dit : Ce n’est pas ici le chemin de la ville ; suivez-moi, et je vous montrerai l’homme que vous cherchez.
20 Il les mena donc dans Samarie ; et lorsqu’ils furent entrés dans la ville, Élisée dit à Dieu : Seigneur, ouvrez-leur les yeux, afin qu’ils voient. Le Seigneur leur ouvrit les yeux, et ils reconnurent qu’ils étaient au milieu de Samarie.
21 Le roi d’Israël les ayant vus, dit à Élisée : Mon père, ne les tuerai-je pas ?
22 Élisée lui répondit : Vous ne les tuerez point, car vous ne les avez point pris avec l’épée, ni avec l’arc, pour avoir droit de les tuer. Mais faites-leur servir du pain et de l’eau, afin qu’ils mangent et qu’ils boivent, et qu’ils s’en retournent vers leur maître.
23 Le roi d’Israël leur fit donc servir un grand repas, et après qu’ils eurent mangé et bu, il les renvoya, et ils retournèrent vers leur maître. Depuis ce temps-là, les Syriens ne vinrent plus par troupes pour piller les terres d’Israël.
Siège et délivrance de Samarie
24 Quelque temps après, Bénadad, roi de Syrie, assembla toutes ses troupes, et vint assiéger Samarie.
25 Et la ville fut pressée d’une famine extrême, au point que le siège continuant toujours, la tête d’un âne fut vendue quatre-vingts sicles d’argent, et la quatrième partie d’un cab de fiente de pigeon, cinq sicles d’argent.
26 Et le roi d’Israël, passant le long des murailles, une femme s’écria, et lui dit : Ô roi, mon seigneur, sauvez-moi !
27 Il lui répondit : Le Seigneur ne vous sauve pas, d’où prendrai-je de quoi vous sauver ? Serait-ce de l’aire ou du pressoir ? Et le roi ajouta : Que voulez-vous dire ?
28 Elle lui répondit : Voilà une femme qui m’a dit : Donnez votre fils, afin que nous le mangions aujourd’hui, et demain nous mangerons le mien.
29 Nous avons donc fait cuire mon fils, et nous l’avons mangé. Je lui ai dit le jour d’après : Donnez votre fils, afin que nous le mangions ; mais elle a caché son fils.
30 Le roi, l’ayant entendue parler de la sorte, déchira ses vêtements. Et il passait le long des murailles, et tout le monde vit le cilice dont il était couvert sur sa chair.
31 Et le roi dit : Que Dieu me traite dans toute sa sévérité, si la tête d’Élisée, fils de Saphat, est sur ses épaules aujourd’hui au soir.
32 Cependant Élisée était assis dans sa maison, et des vieillards étaient assis avec lui. Le roi envoya donc un homme pour le tuer ; et avant que cet homme fût arrivé, Élisée dit à ces vieillards : Savez-vous que ce prince, fils d’un meurtrier, a envoyé ici un homme pour me couper la tête ? Prenez donc garde lorsqu’il arrivera ; fermez-lui la porte et ne le laissez pas entrer, car j’entends le bruit des pieds de son seigneur qui vient après.
33 Lorsque Élisée parlait encore, on vit paraître cet homme qui venait à lui, et lui dit : Vous voyez l’extrême malheur où Dieu nous réduit ; que puis-je attendre davantage du Seigneur ?