Genèse 32.2
Amiot & Tamisier

JACOB ENVOIE ANNONCER À ÉSAÜ SON RETOUR, ET LUTTE CONTRE UN ANGE

¹ Mais Laban se levant avant qu’il fit jour, embrassa ses fils et ses filles, les bénit, et s’en retourna chez lui.
² Jacob continuant son chemin, rencontra des anges de Dieu.
³ Et les ayant vus, il dit : Voici le camp de Dieu ; et il appela ce lieu-là Mahanaïm [c’est-à-dire le camp, ou les deux camps].
⁴ Il envoya en même temps des gens devant lui pour donner avis de sa venue à son frère Ésaü, en terre de Séir, au pays d’Édom ;
⁵ et il leur donna cet ordre : Voici la manière dont vous parlerez à Ésaü mon seigneur : Jacob votre frère vous envoie dire ceci : J’ai demeuré comme étranger chez Laban, et j’y été jusqu’à aujourd’hui.
⁶ J’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes ; et j’envoie maintenant vers mon seigneur, afin que je trouve grâce devant lui.
⁷ Ceux que Jacob avaient envoyés revinrent lui dire : Nous avons été vers votre frère Ésaü, et le voici qui vient lui-même en grande hâte au-devant de vous avec quatre cents hommes.
⁸ À ces mots Jacob eut une grande peur ; et dans la frayeur dont il fut saisi, il divisa en deux bandes tous ceux qui étaient avec lui, et les troupeaux, les brebis, les bœufs et les chameaux,
⁹ en disant : Si Ésaü vient d’attaquer une des troupes, l’autre qui restera sera sauvée.
¹⁰ Jacob dit ensuite : Dieu d’Abraham mon père, Dieu de mon père Isaac, Seigneur qui m’avez dit : Retournez dans votre pays, et au lieu de votre naissance, et je vous comblerai de bienfaits ;
¹¹ je suis indigne de toutes miséricordes, et de la vérité que vous avez gardée dans toutes les promesses que vous avez faites à ce serviteur. J’ai passé ce fleuve du Jourdain n’ayant qu’un bâton, et je retourne maintenant avec ces deux troupes.
¹² Délivrez-moi, je vous prie, de la main de mon frère Ésaü, parce que je le crains extrêmement, de peur qu’à son arrivée il ne passe au fil de l’épée la mère avec les enfants.
¹³ Souvenez-vous que vous m’avez promis de me combler de biens, et de multiplier ma race comme le sable de la mer, dont la multitude est innombrable.
¹⁴ Jacob ayant passé la nuit en ce même lieu, il sépara de tout ce qui était à lui, ce qu’il avait destiné pour en faire présent à Ésaü son frère :
¹⁵ deux cents chèvres, vingt boucs, deux cent brebis et vingt béliers ;
¹⁶ trente femelles de chameaux avec leurs petits, quarante vaches, dix taureaux, vingt ânesses et dix ânons.
¹⁷ Il envoya séparément chacun de ces troupeaux qu’il fit conduire par ses serviteurs, et il leur dit : Marchez toujours devant moi et qu’il y ait de l’espace entre un troupeau et l’autre.
¹⁸ Il dit à celui qui marchait le premier : Si vous rencontrez Ésaü mon frère, et qu’il vous demande : A qui êtes-vous ? ou : A qui sont ces bêtes que vous menez ?
¹⁹ vous lui répondrez : Elles sont à Jacob votre serviteur, qui les envoie pour présent à mon seigneur Ésaü, et il vient lui-même après nous.
²⁰ Il donna aussi le même ordre au second, au troisième, et à tous ceux qui conduisaient les troupeaux, en leur disant : Lorsque vous rencontrerez Ésaü, vous lui direz la même chose.
²¹ Et vous ajouterez : Jacob votre serviteur vient aussi lui-même après nous. Car Jacob disait : Je l’apaiserai par les présents qui vont devant moi ; et ensuite quand je le verrai, peut-être qu’il me regardera favorablement.
²² Les présents marchèrent donc devant Jacob, et pour lui il demeura pendant cette nuit dans son camp.
²³ Et s’étant levé dans la même nuit il prit ses deux femmes et leurs deux servantes, avec ses onze fils, et passa le gué de Jacob.
²⁴ Après avoir fait passer tout ce qui était à lui, il demeura seul en ce lieu-là.
²⁵ Et il parut en même temps un homme qui lutta contre lui jusqu’au matin.
²⁶ Cet homme voyant qu’il ne pouvait le surmonter, lui toucha le nerf de la cuisse, qui se sécha aussitôt :
²⁷ et il lui dit : Laissez-moi aller, car l’aurore commence déjà à paraître. Jacob lui répondit : Je ne vous laisserai point aller que vous ne m’ayez béni.
²⁸ Cet homme lui demanda : Comment vous appelez-vous ? Il lui répondit : Je m’appelle Jacob.
²⁹ Et le même homme ajouta : On ne vous nommera plus à l’avenir Jacob, mais Israël [c’est-à-dire celui qui lutte avec Dieu] ; car vous avez combattu avec Dieu et avec des hommes, et vous l’avez emporté.
³⁰ Jacob lui fit encore cette demande : Dites-moi, je vous prie, comment vous vous appelez. Il lui répondit : Pourquoi demandez-vous mon nom ? Et il le bénit en ce même lieu.
³¹ Jacob donna à ce lieu-là le nom de Phanuel [ou Phéniel, c’est-à-dire la face de Dieu], en disant : J’ai vu Dieu face à face, et cependant ma vie a été sauvée.
³² Aussitôt qu’il eut passé [ce lieu qu’il venait de nommer] Phanuel, il vit le soleil qui se levait, mais il se trouva boiteux d’une jambe.
³³ C’est pour cette raison que jusqu’à aujourd’hui les enfants d’Israël ne mangent point du nerf de la cuisse des bêtes, se souvenant de celui qui fut touché en la cuisse de Jacob, et qui demeura sans mouvement.