Chapitre 13 Chapitre 15Retour d’Absalom
1 Joab, fils de Sarvia, ayant remarqué que le cœur du roi se tournait vers Absalon,
2 Fit venir de Thécua une femme intelligente, et lui dit : Feignez d’être dans l’affliction ; prenez un vêtement de deuil, et ne vous parfumez point, de manière à paraître comme une femme qui pleure un mort depuis longtemps.
3 Vous vous présenterez devant le roi en cet état, et vous lui tiendrez tels et tels discours. Et Joab lui mit dans la bouche les paroles qu’elle devait dire.
4 Cette femme de Thécua étant donc entrée chez le roi, fit un profond salut en se prosternant devant lui le visage contre terre, et elle dit : Roi, sauvez-moi.
5 Le roi lui dit : Que demandez-vous ? Elle répondit : Hélas ! je suis une femme veuve ; car mon mari est mort.
6 Votre servante avait deux fils qui se sont querellés dans les champs, et il n’y avait personne pour les séparer ; et l’un a frappé l’autre et l’a tué.
7 Et voici que tous les parents s’élèvent contre votre servante, en disant : Livrez-nous celui qui a tué son frère, afin que nous le mettions à mort pour venger le sang de son frère qu’il a tué, et que nous fassions périr l’héritier : ainsi ils cherchent à éteindre la seule étincelle qui m’est restée, afin qu’il n’y ait plus personne sur la terre qui puisse faire revivre le nom de mon mari.
8 Le roi dit à cette femme : Retournez chez vous, je donnerai ordre que vous soyez satisfaite.
9 Elle lui répondit : Mon seigneur roi, s’il y a en ceci de l’injustice, qu’elle retombe sur moi et sur la maison de mon père ; mais que le roi et son trône soient innocents.
10 Le roi reprit : Si quelqu’un vous dit un mot, amenez-le-moi, et soyez assurée qu’il ne vous troublera plus.
11 Elle dit encore : Je vous conjure par le Seigneur votre Dieu d’empêcher que les parents ne s’élèvent l’un après l’autre, pour venger par la mort de mon fils le sang de celui qui a été tué. Le roi lui répondit : Vive le Seigneur ! il ne tombera pas à terre un seul cheveu de la tête de votre fils.
12 Cette femme reprit : Que le roi, mon seigneur, permette à sa servante de lui dire une parole. Parlez, dit le roi.
13 La femme lui dit : Pourquoi refusez-vous la même chose au peuple de Dieu ? Et pourquoi le roi veut-il pécher, plutôt que de rappeler son fils qu’il a banni ?
14 Nous mourons tous, et nous nous écoulons sur la terre comme des eaux qui ne reviennent plus, et Dieu ne veut pas qu’une âme périsse ; mais il diffère l’exécution de son arrêt, de peur que celui qui a été rejeté ne périsse entièrement.
15 C’est pourquoi je suis venue pour dire cette parole au roi mon seigneur devant le peuple, et votre servante a dit : Je parlerai au roi, pour voir si je ne pourrai point obtenir de lui la grâce que je lui demande.
16 Le roi a déjà écouté sa servante, pour la délivrer elle et son fils de la main de tous ceux qui voulaient les chasser de l’héritage du Seigneur.
17 Permettez donc à votre servante de vous demander encore que l’ordre du roi, mon seigneur, s’exécute comme un sacrifice promis à Dieu. Car le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu, qui n’est touché ni des bénédictions ni des malédictions. C’est pourquoi le Seigneur votre Dieu est avec vous.
18 Alors le roi dit à cette femme : Je vous demande une chose, ne me cachez pas la vérité. La femme lui répondit : O roi, mon seigneur, parlez.
19 Le roi lui dit : N’est-il pas vrai que tout ce que vous venez de me dire est une adresse de Joab ? Elle lui répondit : O roi, mon seigneur, je le jure par votre vie, il n’y a rien qui s’écarte ni à droite ni à gauche de tout ce que vous dites : c’est, en effet, votre serviteur Joab qui m’a donné cet ordre, et a mis dans la bouche de votre servante toutes ces paroles.
20 C’est lui qui m’a commandé de vous parler ainsi en parabole. Mais vous, ô roi, mon seigneur, vous êtes sage comme l’est un ange de Dieu, et vous pénétrez tout ce qui se fait sur la terre.
21 Le roi dit donc à Joab : Je vous accorde la grâce que vous me demandez : allez, et faites revenir mon fils Absalon.
22 Alors Joab, se prosternant le visage contre terre, salua profondément le roi, lui souhaita les bénédictions du ciel , et lui dit : O roi, mon seigneur, votre serviteur reconnaît aujourd’hui qu’il a trouvé grâce à vos yeux, puisque vous avez fait ce qu’il vous avait supplié de faire.
23 Joab partit donc, se rendit à Gessur, et amena Absalon à Jérusalem.
24 Le roi dit : Qu’il retourne dans sa maison, et qu’il ne voie pas mon visage. Absalon revint donc dans sa maison, et ne vit pas le visage du roi. 25 Or il n’y avait point d’homme dans tout Israël qui fût si bien fait ni si beau qu’était Absalon ; depuis la plante des pieds jusqu’à la tête, il n’y avait pas en lui le moindre défaut.
26 Lorsqu’il se faisait couper la chevelure, ce qu’il faisait une fois tous les ans, parce qu’elle lui chargeait trop la tête, on trouvait que ses cheveux pesaient deux cents sicles selon le poids ordinaire.
27 Il avait trois fils, et une fille nommée Thamar, d’une grande beauté.
28 Absalon demeura deux ans à Jérusalem sans voir le roi.
29 C’est pourquoi il manda Joab pour l’envoyer vers le roi. Mais Joab ne voulut pas venir le trouver. L’ayant mandé une seconde fois, et Joab n’ayant pas encore voulu venir,
30 Il dit à ses serviteurs : Vous savez que Joab a un champ qui est près du mien, où il y a une moisson d’orge ; allez donc, et mettez-y le feu. Les serviteurs d’Absalon brûlèrent donc la moisson. Et les serviteurs de Joab vinrent trouver leur maître, ayant déchiré leurs vêtements, et lui dirent : Les serviteurs d’Absalon ont brûlé une partie de votre champ.
31 Joab se leva et vint trouver Absalon dans sa maison, et lui dit : Pourquoi vos serviteurs ont-ils mis le feu à mes orges ?
32 Absalon répondit à Joab : Je vous ai fait prier de venir me voir, afin de vous envoyer vers le roi pour lui dire de ma part : Pourquoi suis-je revenu de Gessur ? Il vaudrait mieux pour moi y être encore. Je demande donc à voir le visage du roi ; ou, s’il se souvient encore de mon iniquité, qu’il me fasse mourir.
33 Joab étant allé trouver le roi, lui rapporta tout ce qu’Absalon lui avait dit. Après quoi Absalon fut mandé ; il se présenta devant le roi, et se prosterna jusqu’à terre devant lui, et le roi l’embrassa