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Esaïe 34
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Esaïe 34

Le jugement des nations et la gloire d’Israël (chapitres 34 et 35)

Ce morceau nous présente le double tableau du jugement du monde, spécialement d’Édom qui apparaît ici comme le type des ennemis d’Israël (chapitre 34) et de la délivrance d’Israël rentrant de l’exil dans son pays (chapitre 35). Si l’on n’adopte pas l’opinion d’un grand nombre de critiques qui en placent la composition au temps de la captivité (voir sur ce point l’introduction aux chapitres 40 à 66), il faut admettre qu’Ésaïe l’a écrit à la fin de sa carrière, après le désastre de Sanchérib, lorsqu’Assur avait déjà disparu de l’horizon prophétique pour faire place à Babel. Le jugement annoncé a, de même que celui du chapitre 24, un caractère tout à fait général ; mais le prophète en individualise la peinture en l’appliquant spécialement à un peuple, Édom, qui joue ici le même rôle que Moab dans la prophétie chapitres 24 à 27 (voir Ésaïe 25.9-12).

Le chapitre 34 se compose de deuxparties :

  • Le jugement de l’Éternel va frapper les peuples et particulièrement Édom, versets 1 à 7.
  • L’effet de ce jugement sera de réduire le pays d’Édom en un affreux désert, repaire des bêtes sauvages et des esprits impurs, versets 8 à 17.
1 Approchez, nations, pour écouter ; peuples, soyez attentifs ! Que la terre écoute et tout ce qu’elle renferme, le monde et tout ce qu’il produit.

Le jugement du monde et celui d’Édom (1-8)

Comparez le verset 1 et Ésaïe 1.2, note.

Ce qu’elle renferme, ce qu’il produit : non seulement les hommes, mais les animaux et les plantes ; la nature entière doit être attentive aux paroles du prophète, car c’est un jugement universel qu’il annonce.

2 Car le courroux de l’Éternel est sur toutes les nations et sa fureur contre toute leur armée ; il les a mises à l’interdit, livrées à la tuerie.

Leur armée. Il ne s’agit pas d’armées proprement dites, mais de toute la multitude des humains. Voyez Ésaïe 1.9, note.

3 Leurs blessés resteront étendus ; leurs cadavres exhaleront l’infection ; et les montagnes découleront de leur sang.

Comparez Ésaïe 14.19.

4 Toute l’armée des cieux sera réduite en poussière ; les cieux seront roulés comme un livre ; toute leur armée tombera, comme tombe du cep la feuille morte et du figuier la feuille flétrie.

L’armée des cieux : les astres, identifiés par le paganisme avec les divinités (voir Ésaïe 24.21, note) ; l’auteur en attend la destruction, qui sera suivie de la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (Ésaïe 65.17).

Roulés comme un livre. Cette image s’explique par la forme des livres antiques, qui n’étaient pas des volumes, mais des parchemins enroulés sur un cylindre. Le ciel est représenté par l’auteur comme une étendue solide à laquelle seraient fixés les astres ; à mesure qu’on enroule la première, ceux-ci tombent à terre. Comparez Apocalypse 6.14 et l’image analogue employée par Ésaïe 40.22.

Toute leur armée tombera. Comparez Matthieu 24.29.

5 Car mon épée s’est enivrée dans les cieux ; voici, elle descend sur Édom, sur le peuple que j’ai mis à l’interdit, pour le juger.

L’épée de Jéhova, symbole de son jugement (Ésaïe 27.1 ; Deutéronome 32.41-42), est personnifiée ici ; elle s’est enivrée dans le ciel : par le châtiment des puissances célestes (verset 4), et, ayant achevé son œuvre là-haut, elle descend maintenant sur la terre et va commencer par le jugement d’Édom. Ce peuple, avec Moab le plus détesté des voisins d’Israël, est choisi par le prophète comme représentant des ennemis de Dieu. Fils d’Ésaü, frère d’Israël, il avait toujours été animé d’une haine jalouse contre son cadet, le préféré de Dieu. Comparez Ésaïe 63.1 et suivants ; Amos 1.11-12 ; Abdias 1.10 et suivants. Les prophètes plus récents le traitent avec la même sévérité ; par exemple : Jérémie 49.7-22 ; Ézéchiel 25.12-14 ; Ézéchiel 35.1-15.

6 L’épée de l’Éternel est pleine de sang, ruisselante de graisse, du sang des agneaux et des boucs, de la graisse des reins des béliers ; car l’Éternel fait un sacrifice en Botsra et une grande tuerie au pays d’Édom.

Au chapitre 63, l’Éternel est comparé à un pressureur et les peuples à des raisins que l’on foule ; ici les peuples sont des victimes que l’on égorge et Jéhova celui qui offre le sacrifice.

Botsra (Ésaïe 63.1) : l’une des principales villes des Édomites, mentionnée déjà Genèse 36.33 et dont les ruines se trouvent près du petit village de Busêra, dans le district de Djébal, à 60 km au nord de Pétra (ne pas la confondre avec le Botsra situé dans le Hauran, beaucoup plus au nord).

7 Avec eux tombent les buffles, et les bœufs avec les taureaux ; la terre est enivrée de sang, et la poussière ruisselle de graisse.

Les animaux mentionnés au verset 6 représentent le menu peuple, ceux du verset 7 les grands d’Édom. Ceux-ci aussi tombent sous le glaive de l’Éternel. Le peuple tout entier périt et le carnage est tel que la poussière du sol est abreuvée de sang et de graisse.

8 Car il y a un jour de vengeance pour l’Éternel, une année de revanche pour la cause de Sion.

Le pays d’Édom réduit à toujours en une solitude hantée par les bêtes sauvages et les démons (8-17)

Comparez Deutéronome 32.35-36, 41-43 ; Jérémie 46.10.

Vengeance, revanche… : pour les violences et la trahison dont Édom s’est rendu coupable envers Israël, son frère. Nous ignorons à quel fait précis fait allusion le prophète ; voyez cependant celui que rapporte 2 Chroniques 28.17 ; et comparez Psaumes 137.7.

9 Les torrents d’Édom seront changés en poix et sa poussière en soufre ; et sa terre deviendra de la poix brûlante ;

Le pays d’Édom est voisin de la mer Morte. Dans la description suivante, le prophète a en vue un jugement semblable à celui que rapporte la Genèse (chapitre 19) et qui a donné à toute cette contrée le caractère qu’elle a actuellement. Les fleuves étant changés en poix, le sol en soufre brûlant (Ésaïe 30.33) qui allume la poix, tout le pays n’est plus qu’un immense brasier.

Le pays d’Édom offre partout aujourd’hui les traces de phénomènes volcaniques : sources de soufre et de poix ; cônes d’éruption et laves.

10 ni la nuit ni le jour elle ne s’éteindra ; sa fumée montera éternellement ; d’âge en âge elle restera déserte ; à tout jamais personne n’y passera.

Il s’agit ici du jugement final, dont les conséquences sont irrévocables. Comparez Genèse 19.28 ; Jérémie 49.17-18 (Apocalypse 19.3).

11 Le pélican et le hérisson en prendront possession ; le hibou et le corbeau y habiteront ; et on y étendra un cordeau de destruction et un niveau de désolation.

Comparez Ésaïe 13.19-22 ; Ésaïe 14.23, sur Babel.

Cordeau, niveau. Les instruments dont on se sert pour bien bâtir sont employés ici pour détruire systématiquement, en sorte que tout soit rasé au niveau du sol. Même image Amos 7.7-9.

12 Ses nobles, il n’y en a plus pour proclamer un roi ; et c’en est fait de tous ses princes.

La royauté en Édom n’était pas héréditaire, mais élective ; les descendants d’Ésaü formaient une aristocratie dont les membres choisissaient parmi eux le roi (voir Genèse 36.15 et suivants).

13 Les épines pousseront dans ses palais, les orties et les ronces dans ses forteresses ; ce sera un repaire de chacals, un parc pour les autruches,

Les ronces et les bêtes sauvages remplacent les anciens habitants des palais, qui ont péri. Comparez Ésaïe 13.21-22.

14 un rendez-vous de chats et de chiens sauvages ; les satyres s’y rencontreront ; c’est là que le spectre des nuits fera sa demeure et trouvera son lieu de repos ;

Les interprètes ne sont pas d’accord sur le sens qu’a ici le mot tsiim, que nous rendons par chats sauvages. À côté des ijim, chacals, chiens sauvages, il désigne certainement une espèce déterminée et non, comme souvent, les bêtes du désert en général.

Satyres : voir Ésaïe 13.21, note.

Le spectre des nuits : en hébreu Lilith, nom qui signifie la nocturne. L’imagination populaire désignait sous ce nom un démon féminin, ailé, à figure d’homme ou d’oiseau, qui errait la nuit et ravissait les petits enfants pour sucer leur sang. Nulle part cet être inquiet ne trouve un endroit mieux approprié pour y faire sa demeure.

15 là le serpent-dard viendra faire son nid, pondra ses œufs, les fera éclore et réunira ses petits sous son ombre ; c’est là que les vautours se rassembleront tous.

Le serpent-dard. Le mot hébreu parait désigner une espèce de serpent commune en Asie et en Afrique (l’eryx jaculus).

Sous son ombre : à l’ombre formée par son corps.

Le serpent et le vautour : deux animaux impurs, dont la présence achève d’inspirer l’horreur d’un tel lieu.

16 Cherchez dans le livre de l’Éternel, et lisez : pas un d’eux ne manque ; ni l’un ni l’autre ne fait défaut ; car c’est sa bouche qui l’a ordonné et son souffle qui les a rassemblés ;

Le prophète se transporte en esprit dans l’avenir, au moment où sa prophétie s’accomplira et il invite les témoins du fait accompli à y comparer la description que lui-même en donne ici. Tant il est sûr que l’honneur de Dieu est engagé à ce qu’aucune de ses paroles ne reste inaccomplie ! Le livre de l’Éternel où l’on doit lire, est donc le livre qui renferme notre prophétie et d’autres encore, sans doute, du même auteur. Comparez Ésaïe 30.8.

Sa bouche, son souffle : c’est-à-dire la bouche de l’Éternel. Ce que sa bouche a prononcé, il l’accomplit ; son souffle puissant parcourt la terre et rassemble au moment voulu tous les éléments nécessaires à l’exécution de ses desseins.

17 c’est lui qui a jeté le sort pour eux, et c’est sa main qui leur a partagé le pays au cordeau ; ils le posséderont à toujours ; ils y habiteront d’âge en âge.

Jeté le sort : pour leur partager le pays d’Édom (comme Canaan fut distribué par le sort entre les tribus) et le leur donner en possession perpétuelle ; comparez Malachie 1.3.

L’Idumée est aujourd’hui une contrée déserte, inculte, riche en animaux sauvages et en serpents. Mais la destruction de ce peuple, prédite ici et réalisée maintenant, n’est qu’un exemple du sort qui doit frapper toutes les nations qui partagent les sentiments de haine qu’Édom nourrissait à l’égard de Dieu et de son peuple. Par l’exemple d’un peuple, le prophète a voulu montrer ce qui doit arriver à tous les peuples.