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Esaïe 33
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Malheur à toi, dévastateur, qui n’as pas encore été dévasté ; perfide, qui n’as pas encore été traité perfidement ! Sitôt que tu auras fini de dévaster, tu seras dévasté ; sitôt que tu auras achevé tes perfidies, on te traitera avec perfidie.

L’Assyrien confondu ; Jérusalem sauvé

Les cinq premiers malheur ont été dirigés contre Israël ; le sixième s’adresse aux Assyriens. Ce discours a été prononcé pendant l’invasion assyrienne, alors que Sanchérib occupait tout le pays de Juda et se préparait, malgré le riche tribut payé par Ézéchias, à assiéger Jérusalem si elle refusait de se rendre (voir versets 7 et 8 ; 2 Rois 18.13 et suivants).

Dans ce discours, prononcé au moment où l’angoisse était le plus vive à Jérusalem, la menace, qui tenait encore une si grande place dans les prophéties précédentes (chapitres 28 à 32), disparaît complètement. C’est le moment où Dieu va accomplir sa promesse de détruire Assur. Comparez le discours d’Ésaïe, rapporté Ésaïe 37.22-35, qui appartient à la même époque et à la même situation. Quatre parties :

  1. le dévastateur sera pillé à son tour ; prière en faveur de Jérusalem et promesse de salut, versets 1 à 6
  2. le triste état du pays et du peuple en proie à l’invasion et l’intervention divine qui le sauvera, versets 7 à 12
  3. la condition du salut : la conversion des pécheurs, versets 13 à 16
  4. le fruit du jugement : la parfaite sécurité de Sion et le règne de l’Éternel au milieu de son peuple, versets 17 à 24.

Le dévastateur sera dévasté, prière et promesse de salut (1-24)

Dévastateur : les Assyriens ; ils sont déjà dans le pays.

Qui n’a pas été dévasté : Ils n’ont jamais subi le sort qu’ils ont infligé à tant de peuples et s’envisagent comme invincibles (Ésaïe 10.7-11).

Perfide. Ce mot renferme la double idée de ruse et de violence. Voir, pour l’application de ce terme aux Assyriens, la note verset 8. Comparez Ésaïe 21.2.

Que tu auras fini… achevé… : c’est-à-dire atteint la limite assignée par Jéhova à tes victoires (Ésaïe 10.12).

2 Éternel, fais-nous grâce ; c’est à toi que nous nous attendons ! Sois leur bras chaque matin, et notre délivrance au temps de la détresse.

Comparez Ésaïe 8.17 ; Ésaïe 26.16 et la prière d’Ézéchias, Ésaïe 37.15-20.

Nous… leur : les changements de personne sont extrêmement fréquents dans ce discours.

Leur bras : (se rapporte au peuple) : la force qui les protége.

Chaque matin : car chaque jour se renouvellent les attaques de l’ennemi.

3 À ta voix tonnante les peuples ont fui ; quand tu t’es levé, les nations se sont dispersées.

À la prière de la foi succède l’assurance de l’exaucement.

Les peuples : l’armée assyrienne (voir Ésaïe 5.26, note).

Comparez pour l’image et son application Ésaïe 29.5-6 ; Ésaïe 30.27-33.

4 Votre butin sera ramassé comme ramasse la sauterelle ; on se précipitera dessus comme se précipite un essaim de sauterelles.

Votre butin. Le prophète apostrophe les Assyriens ; il voit Israël piller leur camp comme une nuée de sauterelles qui moissonne tout sur son passage ; comparez verset 23.

5 L’Éternel s’est élevé ; car il habite en haut ; il a rempli Sion d’équité et de justice.

Comparez Ésaïe 2.11 ; Ésaïe 12.6.

Équité et justice. Comparez Ésaïe 32.15-16 ; Ésaïe 1.26-27 (ces dernières paroles, prononcées à cette même époque ; Ésaïe 1.2, note).

6 Tes jours seront assurés ; tu auras en abondance salut, sagesse et connaissance, la crainte de l’Éternel, c’est là le trésor de Juda.

Comparez Ésaïe 11.2 ; Ésaïe 32.17-18.

Le trésor de juda, littéralement : son trésor.

7 Voici, leurs héros crient dans les rues ; les messagers de paix pleurent amèrement ;

Le triste état du pays et du peuple, la délivrance assurée (7-12)

Leurs héros. Ce terme désigne les ambassadeurs envoyés par Ézéchias à Sanchérib, porteurs de la somme énorme qu’il avait exigée comme prix de la paix et qui reviennent annoncer à Jérusalem la triste nouvelle que le conquérant continue à ravager le pays et ne réclame rien moins que la reddition de la capitale. Voir 2 Rois 18.14 et suivants.

8 les routes sont désertes ; il n’y a plus de passants sur les chemins ; il a rompu le traité, méprisé les villes, dédaigné les hommes ;

Il a rompu le traité. Comparez le perfide, verset 1. La conduite de Sanchérib était contraire à toute foi, puisque après avoir obtenu la rançon demandée, il formulait de nouvelles exigences.

Méprisé les villes : continué à les attaquer, au lieu de les respecter ; voyez Ésaïe 36.1 ; 2 Rois 18.13.

9 le pays est en deuil et languit ; le Liban est confus et flétri ; Saron est devenu comme une steppe ; Basan et Carmel perdent leur feuillage.

Description poétique de la dévastation du pays. Le prophète mentionne les parties du pays connues pour leur belle végétation. Comparez Ésaïe 24.4 ; Ésaïe 13.8.

Saron : la plaine fertile qui s’étend entre les montagnes de Juda et la Méditerranée (Ésaïe 35.2 ; Cantique 2.1). Le texte dit proprement : Saron (mot qui signifie la plaine est devenue comme l’Araba (nom par lequel on désignait la vallée désolée qui s’étend au sud de la mer Morte).

Basan. Voir, Ésaïe 2.13, note.

10 Maintenant je me lèverai, dit l’Éternel ; maintenant je me redresserai ; maintenant je serai haut élevé !

Maintenant… La mesure est comble ; l’Éternel a assez attendu ; le triste retour des députés est le signal de la délivrance. Comparez verset 3 ; Ésaïe 18.4-5.

Vous : s’adresse aux Assyriens.

Concevrez… enfanterez… : image qui signifie : vos plans contre Jérusalem avorteront misérablement. Ils tourneront même à votre ruine.

Votre souffle : votre fureur contre Juda.

Est le feu… C’est précisément cette rage qui fera lever Dieu contre vous et causera votre perte. Comparez Ésaïe 1.31.

11 Vous concevrez de la balle, et vous enfanterez du chaume ; votre souffle est le feu qui vous dévorera ! 12 Et les peuples seront des brasiers à chaux, des épines coupées, que l’on brûle au feu.

Double image d’une destruction complète et rapide. Voir Ésaïe 30.33 ; Ésaïe 31.9 ; Ésaïe 10.17.

Les peuples : voyez verset 3.

Des brasiers à chaux. Cette image indique l’intensité du feu qui consumera les Assyriens ; ce sera un feu à dissoudre même les pierres.

Des épines. Cette seconde image exprime la rapidité de la destruction : ils brûleront comme des épines sèches.

13 Vous qui êtes éloignés, écoutez ce que j’ai fait ; et vous qui êtes près, connaissez ma force !

13 à 16 Les pécheurs à Jérusalem ne peuvent subsister devant le Dieu saint qui frappe Assur ; ils doivent se convertir ou périr.

Ceux qui sont près (Israël), aussi bien que ceux qui sont éloignés (les païens), doivent se laisser instruire par le grand jugement qui vient de s’accomplir. Comparez Ésaïe 18.3.

14 Les pécheurs ont tremblé en Sion, et l’effroi a saisi les profanateurs : Qui de nous séjournera dans le feu dévorant ? Qui de nous séjournera dans les flammes éternelles ?

La proximité de Dieu est importune aux pécheurs ; ils voudraient fuir, car ils sentent que la flamme qui vient de dévorer Assur, pourrait bien aussi les atteindre.

Feu dévorant. Voyez Deutéronome 4.24.

Flammes éternelles : constamment allumées en Sion, où l’Éternel a sa fournaise (Ésaïe 31.9). Sur le sens du mot éternel en hébreu, voir Ésaïe 32.14, note.

15 Celui qui marche dans la justice et qui parle avec droiture ; qui rejette les gains extorqués, qui secoue ses mains pour ne point prendre de présent ; qui ferme son oreille aux propos de sang et qui bouche ses yeux pour ne point voir le mal.

Réponse à la question du verset 14 : les justes n’ont rien à craindre du voisinage de ce feu. Comparez les versets 14 et 15 avec Psaumes 15.1-5 ; Psaumes 24.3-6.

Prendre de présent : se laisser corrompre comme juge (Ésaïe 1.23).

Propos de sang : projets de meurtre.

16 Celui-là habitera dans des lieux élevés ; la forteresse du rocher est sa retraite ; son pain lui est donné, et ses eaux lui sont assurées.

Images de la protection assurée et de l’abondance de tous biens que le juste trouve dans l’amour de son Dieu. Comparez Ésaïe 30.20.

Lieux élevés… rocher… : dans une retraite inattaquable.

17 Tes yeux contempleront le roi dans sa beauté ; ils verront une terre ouverte au loin.

La sécurité parfaite de Sion et le règne de l’Éternel au milieu d’elle. Comparez Ésaïe 32.1 et suivants.

Le roi dans sa beauté : le roi de Juda, tant humilié par les païens (Ésaïe 37.1 ; Michée 5.1), alors glorifié par la victoire et se présentant à son peuple dans toute sa dignité d’oint de l’Éternel (Psaumes 45.3).

Une terre ouverte au loin : c’est-à-dire tout le pays de la promesse ; tandis qu’au temps de l’épreuve ils étaient enfermés dans les murs de Jérusalem. Comparez Ésaïe 26.15.

18 Ton cœur se rappellera ses terreurs : Où est celui qui nous taxait ? Où celui qui tenait la balance ? Où celui qui comptait les tours ?

On se rappellera alors avec reconnaissance les jours de terreur que l’on a traversés.

Celui qui taxait : le commissaire assyrien qui fixait le tribut à payer.

La balance : pour peser l’or et argent.

Celui qui comptait les tours : assiégeant qui reconnaissait les fortifications de Jérusalem.

Tout ceci est bien pris dans le vif de la situation où parle le prophète.

19 Tu ne verras plus le peuple insolent, le peuple au langage obscur et qu’on n’entend pas, qui bégaie une langue qu’on ne comprend point.

Comparez Ésaïe 28.14.

20 Regarde Sion, la ville de nos assemblées ; que tes yeux voient Jérusalem, séjour assuré, tente qui ne sera point transportée, dont les pieux ne seront jamais arrachés, et dont aucun des cordages ne sera enlevé.

Le prophète parle au peuple et le console : Jérusalem, un jour, ne sera plus menacée ; ses assemblées de fêtes (Ésaïe 4.5) auront lieu en sûreté ; le peuple qui y demeure sera certain de n’être pas emporté en exil, comme on transporte une tente de nomades. Comparez Ésaïe 32.18.

21 Car c’est là que l’Éternel est puissant en notre faveur ; il nous tient lieu de rivières, de larges fleuves ; aucun navire à rames ne s’y risquera, et les vaisseaux de guerre n’y pénétreront point.

Comparez Ésaïe 12.6.

Il nous tient lieu de rivières… De grandes villes, comme Babylone, Ninive, Thèbes (Nahum 3.8), sont entourées par de grands fleuves et des canaux. Jérusalem n’a rien de pareil pour la défendre. Mais Jéhova l’entourera comme un fleuve protecteur et la mettra à l’abri de toute attaque. Comparez Zacharie 2.5 ; Psaumes 125.2 ; Psaumes 18.3 (où l’Éternel est comparé à une muraille, à une forteresse, à un bouclier, etc.).

22 Car l’Éternel est notre juge ; l’Éternel est notre législateur ; l’Éternel est notre roi ; c’est lui qui nous sauvera !

Comparez Ésaïe 2.4 ; Ésaïe 11.2-5 ; Ésaïe 24.23. Les trois pouvoirs de l’État sont exercés par l’Éternel lui-même au milieu de son peuple ; celui-ci trouve tout pleinement en son Dieu.

23 Tes cordages sont relâchés ; ils ne tiendront plus le mât ferme sur sa base et le pavillon déployé, on partage alors les dépouilles d’un grand butin ; les boiteux mêmes prennent part au pillage ;

Le prophète revient à l’idée par laquelle il a commencé son discours. Il s’adresse à l’ennemi (Assur) et le compare à un vaisseau qui aurait l’audace de s’avancer contre Jérusalem (verset 21) ; mais les cordages ne sont pas solidement tendus : il échouera donc dans son entreprise et deviendra la proie des Israélites, qui en feront un grand butin (voir verset 4).

24 et aucun des habitants ne dira : Je suis malade ! Au peuple qui demeure en Sion son iniquité est pardonnée !

La maladie, comme punition du péché, ne frappera pas les habitants de Jérusalem ; car leur iniquité sera pardonnée (Ésaïe 27.9) ; tous auront donc leur part du triomphe.