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Marc 8
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Marc 8

L’occasion

Jésus se voyant de nouveau entouré d’une grande multitude dans un lieu désert, exprime à ses disciples la compassion qu’elle lui inspire et son désir de lui donner à manger, afin qu’elle ne défaille pas en chemin. D’où aurions-nous des pains dans ce désert ? répondent les disciples (1-4).

Le miracle

Jésus ayant appris d’eux qu’ils avaient sept pains, ordonne à la foule de s’asseoir ; il prend les pains et rend grâces, les rompt et les donne à ses disciples qui les présentent à la multitude. Quelques poissons sont distribués de même. Quand les assistants sont rassasiés, l’on recueille sept corbeilles pleines des morceaux qui restent. Or il y avait quatre mille hommes. Jésus repart aussitôt et se rend dans le territoire de Dalmanoutha (5-10).

1 Comme en ces jours-là il y avait de nouveau une grande foule, et qu’ils n’avaient rien à manger, Jésus, ayant appelé à lui les disciples, leur dit :

Seconde multiplication des pains (1-10)

En ces jours-là, c’est-à-dire lorsque Jésus fut revenu du territoire de Tyr vers la mer de Galilée (Marc 7.31 ; Matthieu 15.29) et qu’il fut arrivé avec ses disciples sur la rive orientale, dans les solitudes qu’il aimait à fréquenter.

C’est là qu’une grande foule se trouva de nouveau réunie autour de lui (grec une foule nombreuse était).

Ce mot de nouveau, qui est omis dans le texte reçu, reporte la pensée sur la première multiplication des pains (Marc 6.34).

Voir, sur le récit du miracle qui va suivre, Matthieu 15.32-39, notes.

2 J’ai compassion de cette foule, car il y a déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi. et ils n’ont rien à manger.

Cette fois Jésus prend l’initiative, tandis que, à la première multiplication, ce sont les disciples qui lui font remarquer les besoins de la foule (Marc 6.35). Les deux premiers évangélistes s’accordent à nous faire remarquer la compassion du Sauveur.

Cette tendre compassion envers une multitude qui persévère depuis trois jours à entendre sa parole, est la vraie raison du miracle ici raconté. L’amour de Jésus est la source de toutes ses œuvres de puissance divine.

3 Et si je les renvoie à jeun dans leurs maisons, les forces leur manqueront en chemin ; et quelques-uns d’entre eux sont venus de loin.

Le même Sauveur qui a annoncé à ces multitudes la parole du royaume, prend le plus tendre intérêt à leurs besoins terrestres ; il ne veut pas les exposer à (grec) défaillir en chemin.

C’est encore Jésus et non l’évangéliste, qui observe que quelques-uns d’entre eux sont venus de loin. Ce trait a été conservé par Marc seul. Le texte reçu l’introduit par un car.

Dans Codex Sinaiticus, B, D, la phrase commence par et.

4 Et ses disciples lui répondirent : Comment pourrait-on les rassasier de pains, ici, dans le désert ?

Comment,… grec d’où.

Lors de la première multiplication, les disciples objectent qu’il faudrait acheter pour deux cents deniers de pain ; (Marc 6.37) ici ils sont arrêtés par l’impossibilité de se procurer des aliments dans ce lieu désert.

Voir sur cette question et sur le manque d’intelligence qu’elle trahit, Matthieu 15.33, note et ci-dessous versets 19-21.

5 Et il leur demandait : Combien avez-vous de pains ? Et ils dirent : Sept. 6 Et il commande à la foule de s’asseoir par terre ; et ayant pris les sept pains, il les rompit après avoir rendu grâces, et il les donnait à ses disciples, afin qu’ils les présentassent ; et ils les présentèrent à la foule.

Dans Marc 6.39, ce sont les disciples qui sont chargés de faire asseoir la foule ; ici Jésus lui ordonne directement de s’asseoir.

Il faut remarquer ce verbe à l’imparfait : il les donnait (comparer Marc 6.41, note ; Matthieu 14.19, note).

7 Et ils avaient quelques petits poissons ; et les ayant bénis, il ordonna qu’on les présentât aussi.

Marc seul note ces deux actes distincts : l’action de grâce pour les pains et la bénédiction prononcée sur les poissons (comparer Matthieu 14.19, note). Codex Sinaiticus porte : et ayant béni, il les présenta.

8 Et ils mangèrent, et furent rassasiés ; et l’on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés. 9 Or, ils étaient environ quatre mille ; et il les renvoya.

Le texte reçu avec A, C, D, majuscules, versions, porte : ceux qui avaient mangé étaient… C’est une répétition de Marc 6.44.

10 Et aussitôt, étant monté dans la barque avec ses disciples, il alla dans le territoire de Dalmanoutha.

Le commencement de ce récit rappelle Marc 6.45 ; les circonstances étaient analogues.

Mais cette fois Jésus s’embarque avec ses disciples. Une variante dans B, D marque cette différence en ajoutant lui-même à étant monté.

Le nom de Dalmanoutha étant entièrement inconnu, on a fait, pour se rendre compte de la situation de ce lieu, diverses suppositions dont la plus vraisemblable le place dans le voisinage de Magdala, qui se trouve mentionné dans le récit de Matthieu (Matthieu 15.39, voir la note).

Quelques interprètes, se fondant sur le fait qu’il n’est pas dit que Jésus traversa le lac, placent cette contrée au sud-est de celui-ci et pensent que le retour de Jésus sur la rive occidentale n’est mentionné qu’au verset 13. Bethsaïda serait la localité connue, voisine de Magdala (Matthieu 11.21). Cette opinion est peu probable (comparer verset 22, note).

11 Et les pharisiens sortirent et se mirent à discuter avec lui, lui demandant, pour le tenter, un signe qui vînt du ciel.

Les pharisiens demandent un signe

À cette demande faite dans un sentiment d’incrédulité et avec une intention hostile, Jésus répond par un refus. Et les laissant, il repasse à l’autre bord (11-13).

Entretien de Jésus avec ses disciples

Gardez-vous du levain des pharisiens, dit Jésus à ses disciples. Comme ils avaient oublié de prendre des pains pour le voyage, ils pensent que cet avertissement a trait à leur oubli. Jésus, en une suite de questions pressantes, leur reproche leur peu d’intelligence et de foi et les oblige à se rappeler dans quelles circonstances il multiplia par deux fois les pains (14-21).

Nouvelle attaque des adversaires, le levain des pharisiens (11-21)

Voir sur ce récit Matthieu 16.1-4 notes.

Le premier Évangile dit qu’avec ces pharisiens se trouvaient aussi des sadducéens.

Ils sortirent de leurs maisons, ou des villes qu’ils habitaient, en apprenant que Jésus était arrivé dans la contrée. Sur leur demande d’un signe du ciel, comparez Matthieu 12.38, note ; Matthieu 24.30, note.

12 Et, soupirant profondément en son esprit, il dit : Pourquoi cette race demande-t-elle un signe ? En vérité, je vous dis qu’il ne sera point donné de signe à cette race.

Grec : je vous dis s’il sera donné… ! hébraïsme qui accentue la négation (Hébreux 3.11).

Divers traits de ce récit sont propres à Marc : d’abord ce douloureux soupir de Jésus sur l’incrédulité et la ruse de ces hommes qui ne lui demandaient un miracle que pour le tenter ; puis cette question : pourquoi ? qui suppose les mauvaises intentions des adversaires et la parfaite inutilité qu’il y aurait à leur accorder leur demande, dans les dispositions où ils étaient ; enfin la répétition intentionnelle des mots : cette race, par laquelle le refus du Seigneur s’étend à tout homme qui vient à lui par des motifs semblables à ceux des pharisiens.

13 Et les ayant laissés, il remonta dans la barque et passa à l’autre bord.

Il y a une intention marquée et sévère dans ces mots : les ayant laissés.

Par l’autre bord, il faut entendre la rive orientale du lac, où Jésus retourne, après y avoir été peu de temps auparavant (verset 10 ; comparez Matthieu 16.5).

14 Et ils avaient oublié de prendre des pains, et ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.

Voir, sur l’entretien qui va suivre, Matthieu 16.5-11.

L’évangéliste parle ici des disciples sans les nommer. Ils avaient oublié de prendre avec eux la petite provision de pain dont ils avaient besoin pour cette course au-delà du lac.

Marc seul a noté ce détail, qui ne peut provenir que d’un témoin oculaire, qu’ils n’avaient qu’un seul pain avec eux. C’est à ces traits caractéristiques qu’on reconnaît en cet évangéliste « l’interprète de Pierre » (voir l’Introduction).

15 Et il leur donnait cet ordre, disant : Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d’Hérode !

Grec : Voyez, gardez-vous… Voir Matthieu 16.6, note.

Selon ce dernier évangéliste, Jésus met en garde ses disciples contre le levain des pharisiens et des sadducéens ; (comparez Matthieu 3.7, note) ici, nous trouvons, au lieu des sadducéens, Hérode.

Est-ce une contradiction ? Serait-il nécessaire, pour mettre d’accord les deux évangélistes, de supposer qu’Hérode Antipas partageait les principes des sadducéens, ce qui n’est pas prouvé ?

Nullement ; car Jésus pouvait fort bien, en mettant ses disciples en garde contre les principales tendances pernicieuses de son temps, mentionner aussi la plus pernicieuse de toutes, celle qui procédait de la cour d’Hérode, de ce monde léger, corrompu, véritable levain qui ne fermentait que trop dans la masse de la nation, puisqu’il y avait alors tout un parti hostile à Jésus, qu’on désignait sous le nom d’Hérodiens (Marc 3.6 ; Matthieu 22.16).

16 Et ils raisonnaient entre eux, disant : C’est parce que nous n’avons pas de pains.

Voir Matthieu 16.7 note.

17 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez pas de pains ? Ne comprenez-vous point encore et êtes-vous sans intelligence ? Avez-vous le cœur endurci ? 18 Ayant des yeux, ne voyez-vous point ? Et ayant des oreilles, n’entendez-vous point ? Et ne vous souvenez-vous pas ?

Marc multiplie les termes d’un reproche bien mérité, que Matthieu exprime en un seul mot.

Manque d’intelligence, endurcissement du cœur (Marc 6.52), oubli des plus grands miracles de leur Maître, voilà ce que Jésus pouvait reprocher à ses pauvres disciples.

Quelques traducteurs prennent ces dernières phrases (verset 18) comme des affirmations : « Ayant des yeux, vous ne voyez point… »

19 Quand je rompis les cinq pains pour les cinq mille, combien remportâtes-vous de paniers pleins de morceaux ? Ils lui disent : Douze. 20 Et quand je rompis les sept pains pour les quatre mille, combien remportâtes-vous de corbeilles pleines de morceaux ? Et ils disent : Sept. 21 Et il leur disait : Comment ne comprenez-vous pas ?

Matthieu 16.10, note.

Marc donne aux paroles de Jésus et des disciples la forme d’un vif dialogue rendu plus actuel encore par ces verbes au présent : ils lui disent, deux fois répétés dans le vrai texte.

Après cette sorte de catéchisation sur deux grands miracles, dont ils avaient été les témoins, les disciples durent être confondus par cette dernière question : Comment ne comprenez-vous pas ?

Telle est d’après B, des majuscules et des versions, la vraie forme de la question de Jésus. Codex Sinaiticus, C portent : ne comprenez-vous pas encore ?

Enfin A, D, majuscules combinent ces deux leçons : Comment ne comprenez-vous pas encore ?

22 Et ils viennent à Bethsaïda. Et on lui amène un aveugle, et on le prie de le toucher.

La guérison commencée

Jésus étant venu à Bethsaïda, on lui présente un aveugle. Il le conduit hors de la bourgade, lui met de la salive sur les yeux, lui impose les mains et lui demande s’il voit. L’aveugle répond qu’il aperçoit les hommes comme des arbres qui marchent (22-24).

La guérison achevée

Jésus lui impose encore les mains : il voit alors distinctement et Jésus le renvoie chez lui (25, 26).

L’aveugle guéri à Bethsaïda (22-26)

Il ne s’agit pas de la bourgade très connue de Bethsaïda, située sur la rive occidentale du lac (Jean 1.45), mais d’un autre lieu du même nom qui se trouvait à l’extrémité nord-est, un peu au-delà de l’embouchure du Jourdain.

Le tétrarque Philippe avait transformé ce village en une ville, qu’il avait nommée Julias, en l’honneur de Julie, fille d’Auguste et épouse de Tibère.

Il faut admettre que l’évangéliste emploie improprement (verset 23) le terme de bourgade.

Bethsaïda Julias était un point de départ tout indiqué pour se rendre à Césarée de Philippe (verset 27). Jésus et ses disciples n’avaient qu’à remonter la vallée du Jourdain.

De le toucher, ou de lui imposer les mains, afin de le guérir (Marc 6.23 ; Marc 7.32 ; Matthieu 8.3, 1re note).

23 Et ayant pris la main de l’aveugle, il l’emmena hors de la bourgade ; et après lui avoir mis de la salive sur les yeux, et lui avoir imposé les mains, il lui demandait s’il voyait quelque chose.

Pourquoi Jésus emmène-t-il cet aveugle hors de la bourgade ? pourquoi, au lieu de le guérir simplement par sa parole, lui met-il de la salive sur les yeux ? (grec : ayant craché dans ses yeux.)

Il a été répondu à ces questions à l’occasion d’un fait semblable, au Marc 7.33, note.

La question de Jésus à l’aveugle prouve qu’il avait lui-même besoin de s’assurer si la guérison était déjà accomplie. La réponse du malade montre qu’elle ne l’était encore qu’imparfaitement.

24 Et ayant regardé, il disait : J’aperçois les hommes, car je vois comme des arbres ceux qui marchent.

Le texte reçu, avec D et des versions dit : J’aperçois les hommes comme des arbres et ils marchent.

Le sens est au fond le même, mais le vrai texte rend mieux l’incertitude de la perception de l’aveugle à demi guéri. Il voyait des hommes qui se mouvaient, mais si indistinctement qu’ils lui apparaissaient comme des arbres, c’est-à-dire plus grands que nature et avec des contours indécis.

25 Puis il lui mit encore les mains sur les yeux, et il vit clair et fut guéri ; et il voyait distinctement toutes choses.

Ici encore, deux corrections du texte : il vit clair, au lieu de : il (Jésus) le fit regarder, selon le texte reçu, A, les majuscules récents, les versions syriaques, etc. ; puis, il voyait distinctement toutes choses, au lieu de : il les voyait tous distinctement (mêmes autorités).

Maintenant la guérison est complète ; l’aveugle est rétabli, selon l’expression de l’original que nous rendons par : il fut guéri. Et même le mot grec que nous traduisons par voir distinctement signifie, selon son étymologie, voir de loin, à une grande distance, signe caractéristique d’une bonne vue.

On s’est demandé pourquoi Jésus guérit cet aveugle par degrés et, pour ainsi dire, au moyen de deux efforts successifs de sa puissance. Et l’on a fait diverses suppositions qui toutes sont arbitraires.

Le mieux ne serait-il pas de consentir à l’ignorer ? Si l’on veut absolument une solution, la plus plausible serait peut-être celle d’un ancien commentateur :

Il guérit d’abord imparfaitement cet aveugle, selon qu’il croyait imparfaitement ; c’est pourquoi aussi il lui demanda s’il voyait quelque chose, afin que, du peu qu’il voyait, il apprit à croire plus parfaitement pour être guéri plus parfaitement. Car le médecin est plein de sagesse.
— Euthymius Zigabenus
26 Et il le renvoya dans sa maison, et lui dit : Ne rentre pas dans la bourgade.

Sa maison ne se trouvait donc pas dans la bourgade, où on l’avait amené à la rencontre de Jésus et d’où Jésus l’avait fait sortir (versets 22 et 23).

Le texte reçu ajoute : et ne le dis à personne dans la bourgade.

Ces mots, qui sont inutiles, doivent probablement être retranchés d’après Codex Sinaiticus, B. Une variante adoptée par la plupart des critiques, porte : Ne rentre pas même.

27 Et Jésus s’en alla avec ses disciples dans les bourgs de Césarée de Philippe. Et en chemin, il interrogeait ses disciples en leur disant : Qui disent les hommes que je suis ?

La question de Jésus et la déclaration de Pierre

En route pour Césarée de Philippe, Jésus interroge ses disciples sur les opinions qui ont cours à son sujet. Ils lui en rapportent quelques-unes. Jésus leur demande alors directement leur propre sentiment. Pierre le proclame le Christ. Jésus défend aux disciples de le dire (27-30).

Jésus prédit sa passion

Il commence alors à annoncer catégoriquement sa mort et sa résurrection. Pierre cherche à le reprendre, mais il est à son tour vivement repris par Jésus (31-33).

Conditions à remplir pour être disciple de Jésus

Jésus convoque la foule, avec ses disciples et déclare que pour le suivre, il faut se charger de sa croix. Qui voudra sauver sa vie la perdra. Or l’âme est d’un prix tel que le monde entier ne saurait compenser sa perte, car il faut regarder au moment où le fils de l’homme, venant pour le jugement, aura honte de quiconque aura eu honte de lui. Plusieurs ne mourront pas qu’ils n’aient vu le règne de Dieu venir avec puissance (34 à 9.1).

Grec : Jésus sortit, sous-entendu de Bethsaïda (verset 22). Les bourgs de Césarée sont les villages appartenant au territoire de Césarée.

Voir sur ce nom et sur le récit qui va suivre, Matthieu 16.13-28, notes et comparez Luc 9.18-27.

28 Et eux lui répondirent, disant : Jean-Baptiste ; et d’autres, Élie ; et d’autres, que tu es l’un des prophètes. 29 Et il leur demandait : Mais vous, qui dites-vous que je suis ? Et Pierre, répondant, lui dit : Tu es le Christ.

Après cette belle confession de Pierre, le Seigneur lui adressa (Matthieu 16.17-19) les paroles devenues fameuses dans l’histoire de l’Église : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jona », etc.

Marc les omet selon son habitude de passer sous silence ce qui pourrait servir à glorifier Pierre. Celui-ci, dans ses prédications, ne racontait pas ce qui aurait pu l’élever aux yeux de ses auditeurs. Il rappelait plutôt ce qui était propre à l’humilier.

Ainsi notre récit mentionne la répréhension sévère adressée à Pierre (verset 33).

Quelque motif que Marc eût de taire la promesse de Jésus à son apôtre, on ne peut que trouver très juste cette réflexion de Théodore de Bèze : « Qui croira que, soit Pierre, soit Marc eussent omis le célèbre Tu es Pierre, s’ils avaient estimé que le fondement de l’Église consistât dans ces paroles ? »

30 Et il leur défendit sévèrement de parler de lui à personne.

Voir Matthieu 16.20 note.

31 Et il commença à leur enseigner qu’il fallait que le fils de l’homme souffrît beaucoup, et qu’il fût rejeté par les anciens et par les principaux sacrificateurs et par les scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après. 32 Et il leur tenait tout ouvertement ce discours. Et Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre.

Matthieu 16.21, notes.

Cette remarque importante, que Jésus leur tenait ce discours ouvertement (grec librement, hardiment) est particulière à Marc. Elle fait ressortir ce qu’il y a d’étonnant dans la conduite de Pierre, qui ne craint pas de s’opposer à une déclaration catégorique, faite devant tous les disciples.

33 Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, reprit Pierre, et dit : Va arrière de moi, Satan ; parce que tu ne penses pas les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes !

Matthieu 16.23, note.

Ici encore se trouvent quelques traits particuliers à Marc. Ainsi ce contraste dans les termes : Pierre reprend son Maître et le Maître reprend le disciple.

Ainsi encore, au moment où le Seigneur se retourne (pour s’éloigner de Pierre et se rapprocher de ses disciples), ce mot : voyant ses disciples.

Jésus pressent l’impression qu’ils peuvent avoir reçue des paroles imprudentes de Pierre, il craint qu’ils ne partagent que trop ses sentiments ; c’est pourquoi il donne une salutaire sévérité à sa répréhension.

34 Et ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit : Quiconque veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. 35 Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perdra sa vie propre à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. 36 Car que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, et de perdre son âme ? 37 Car que donnerait l’homme en échange de son âme ?

A, C, D, majuscules, versions portent : Ou que donnerait l’homme…

Voir, sur ce discours, Matthieu 16.24-26, notes.

Ces paroles sont encore une réponse à celles de Pierre ; (verset 32) mais comme elles sont applicables à tous, Marc fait observer (verset 34) que Jésus, avant de les prononcer, appela la foule avec ses disciples (comparer Marc 7.14). Tous, en effet, doivent renoncer à eux-mêmes pour suivre Jésus.

Tous doivent perdre leur vie propre pour l’amour de lui et de l’Évangile (Les mots et de l’Évangile sont propres à Marc ; comparez Matthieu 10.39).

38 Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le fils de l’homme aussi aura honte de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges.

Ces paroles motivent (car) celles qui précèdent. Que servirait-il à un homme d’avoir conservé sa vie propre et gagné le monde entier, si le fils de l’homme (comparez sur ce mot Matthieu 8.20), au jour où il viendra dans sa gloire pour régler le sort définitif des hommes, a honte de lui, c’est-à-dire le déclare indigne d’avoir part à son règne et l’en exclut ? Il y a encore un autre contraste, non moins frappant : d’une part, avoir honte de moi et de mes paroles (c’est-à-dire : ne pas me confesser et ne pas prêcher l’Évangile, Matthieu 10.32-33), pourquoi ? à cause de cette génération adultère et pécheresse ! (Le mot adultère est pris dans son sens religieux et moral et se trouve expliqué par celui de pécheresse, Matthieu 12.39).

Et qu’oppose le Seigneur à cette coupable génération ? la gloire de son Père, la présence des saints anges ! (comparer Matthieu 25.31)