Verset à verset Double colonne
1 Et les pharisiens et quelques-uns des scribes, qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblent auprès de lui.Voir sur les discussions qui suivent, Matthieu 15.1-20 notes.
Il faut remarquer ce verbe au présent : s’assemblent, qui rend la scène actuelle.
Cette réunion des adversaires de Jésus montre l’importance de leur démarche. Celle-ci avait peut-être un caractère officiel. On comprendrait à peine, en effet, comment ces pharisiens et ces scribes se trouvaient là, venus de Jérusalem, s’ils n’avaient été envoyés par le sanhédrin. Cette circonstance fait comprendre le sérieux de la discussion qui va suivre et les conséquences dangereuses qu’elle pouvait avoir pour Jésus.
Grec : « que quelques-uns de ses disciples mangent les pains (hébraïsme) avec des mains communes ».
Commun se disait par opposition à ce qui était mis à part, sanctifié, consacré. Il ne faut pas, en effet, s’arrêter à l’idée de mains malpropres. Il s’agit de quelque souillure légale qui devait être ôtée par une ablution rituelle, ainsi que cela va être expliqué aux versets 3 et 4.
Marc explique leur scrupule à ses lecteurs étrangers aux usages judaïques, en ajoutant cette phrase : c’est-à-dire non lavées (purifiées).
Le texte reçu ajoute que les pharisiens blâmaient les disciples. Ce mot n’est pas authentique et la phrase reste inachevée, mais le blâme est impliqué dans la question des pharisiens au verset 5.
Marc interrompt son récit pour exposer tous ces usages juifs à ses lecteurs qui, convertis du paganisme, les ignoraient. Il attribue ces pratiques non seulement aux pharisiens, qui les observaient avec le plus de rigueur, mais à tous les Juifs. Se laver les mains avec le poing veut dire probablement se laver en frottant tour à tour une main ouverte avec l’autre fermée, de manière à enlever de la paume des mains toute impureté.
D’autres traduisent : jusqu’au poignet.
L’idée est en tout cas celle d’une ablution soigneuse. Une variante du Codex Sinaiticus, que Tischendorf admet dans sa 8e édition, substitue au mot poing l’adverbe fréquemment, mais cette variante, qui a contre elle toutes les autres autorités, paraît provenir de l’intention de corriger une expression qu’on ne comprenait plus. La plupart des critiques la rejettent.
La tradition des anciens est ici, comme aux vers. 8 et 9, opposée aux prescriptions de la loi divine. Il s’agit des usages fondés sur l’autorité des anciens docteurs juifs et que souvent on mettait au-dessus de la loi elle-même.
La place publique (grec l’agora) était le lieu où le peuple s’assemblait et où se tenait le marché, terme ici préféré par quelques versions.
En revenant de là, les Juifs ne prenaient pas leurs repas sans s’être purifiés.
Telle est la leçon de Codex Sinaiticus, B. Les autres autorités ont : baptisés, c’est-à-dire plongés dans l’eau. Cette variante parait formée d’après l’expression qui suit : les baptêmes des coupes.
Quelques interprètes appliquent cette purification non aux personnes, mais aux aliments rapportés du marché. Ce sens est d’autant plus invraisemblable qu’il n’est point sûr que l’évangéliste entende par la place publique un marché.
Grec : les baptêmes des coupes, etc., c’est-à-dire purifications complètes de tous ces objets avant le repas.
Le setier est, en grec, en latin et en français, le nom d’une mesure de liquides. Ce mot désigne ici des vases à vin, en bois ou en terre.
Par les lits, il ne faut point entendre les lits où l’on couche, mais ces sortes de divans sur lesquels les anciens prenaient leurs repas, appuyés sur le coude gauche. Au reste l’authenticité de ce mot n’est pas incontestée. Il manque dans Codex Sinaiticus, B et quelques autres autorités ; mais son introduction s’expliquerait difficilement, s’il n’était pas authentique.
Selon Matthieu (Matthieu 15.3), Jésus répond à la question des pharisiens par une autre question propre à les confondre ; puis il cite l’exemple que Marc a au verset 10 ; enfin, il leur applique la parole sévère du prophète Ésaïe, par laquelle Marc (verset 6) lui fait commencer sa réponse. Matthieu nous paraît avoir mieux conservé l’ordre du discours, mais les pensées restent les mêmes.
Ésaïe 29.13.
Voir, sur cette citation, Matthieu 15.7-9, notes.
Commandement de Dieu abandonné, annulé ; tradition des hommes retenue, observée : tout est là.
Tel est le caractère formaliste et fanatique de toutes les communautés religieuses déchues.
Fort bien ! dit le Sauveur avec une poignante ironie (comparer verset 6 où se trouve le même qualificatif).
C’est un étrange dérèglement de mettre les ordonnances des hommes à la place de la loi de Dieu. L’amour-propre est ravi de prendre le change et de donner à des pots et à des coupes le soin et l’application qu’on doit au cœur.
Le texte reçu ajoute à la fin du verset 8 : les ablutions des setiers et des coupes et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. Ces mots sont supprimés par la plupart des critiques d’après Codex Sinaiticus, B, etc. Ils ne paraissent être qu’une répétition du verset 4 et du verset 13.
Voir sur ces paroles Matthieu 15.4-5, notes.
Jésus après avoir accusé les pharisiens d’annuler le commandement de Dieu par leurs traditions, leur en montre une preuve frappante dans la manière dont ils éludaient l’obligation sacrée imposée aux enfants par le cinquième commandement.
Après avoir rappelé ce commandement (Exode 20.12), il ajoute la redoutable sanction tirée de Exode 21.17. Or, qu’enseignaient les pharisiens ? Qu’un homme, en présence du devoir d’assister son père ou sa mère âgés, pouvait leur dire : Ce dont tu pourrais être assisté par moi, j’en ai fait un corban, une offrande à Dieu et qu’ainsi il était déchargé de toute obligation envers eux.
C’est comme si un fils disait à son père dans le besoin : Mon père, je te donnerais volontiers ce qui peut t’assister dans tes vieux jours, mais j’en ai fait une offrande. Il vaut mieux que je le consacre à Dieu, tu en auras plus de profit.
Pour rendre ce sophisme plus frappant encore, Jésus ajoute vous ne lui permettez plus de rien faire, c’est-à-dire, vous l’autorisez à annuler ainsi la parole de Dieu par votre tradition que vous avez établie (grec que vous avez transmise les uns aux autres).
Il faut remarquer ce mot : de nouveau, omis par le texte reçu.
Il indique que, pendant la discussion qui précède, la foule se tenait à distance. Mais comme elle avait entendu l’accusation portée contre Jésus et ses disciples (verset 5), elle devait entendre aussi la réponse du Sauveur ; il la rappelle donc auprès de lui et il revient à la question qui lui a été adressée (comparer Matthieu 15.10, note).
Voir Matthieu 15.11, note.
Ces paroles, que Jésus aimait à redire pour provoquer la réflexion de ses auditeurs, sont omises par Tischendorf, Westcott et Hort et d’autres d’après Codex Sinaiticus, B, versions égyptiennes.
Mais on peut se demander quelle raison les copistes auraient eue de les intercaler ici.
Ce qu’il faut entendre par une maison (ou, selon Codex Sinaiticus : la maison) n’est pas indiqué.
D’après Marc 6.53, Jésus se trouvait alors dans la contrée de Génésareth, où il enseignait et opérait des guérisons.
Ce mot de parabole (voir Matthieu 13.3, note) désigne le langage figuré dont Jésus s’est servi au vers. 15.
La demande d’explication ici attribuée aux disciples fut adressée à Jésus par Pierre (Matthieu 15.15).
Marc, l’interprète de sa prédication omet fréquemment le nom de cet apôtre, parce que lui-même le passait sous silence par modestie.
Jésus, en déclarant d’une manière si absolue que rien d’extérieur ne souille l’homme, veut-il dire qu’il n’existe point de souillure légale et abolir ainsi d’un mot toutes les distinctions que faisait la loi entre les aliments qu’elle déclarait purs ou impurs ? Cette conséquence ressortira certainement du principe qu’il posait ici (Matthieu 15.9, note), mais tel n’était pas son but immédiat.
L’erreur des pharisiens était de ne pas comprendre que toutes les prescriptions de la loi relatives à une souillure ou à une pureté légales n’avaient d’autre but que de révéler à l’homme la souillure ou la pureté morales.
Ils prenaient le moyen pour le but et, en s’attachant à la lettre de la loi, ils la matérialisaient et tombaient dans un misérable formalisme.
Jésus veut donc rétablir ici la distinction entre une souillure légale et la souillure morale. C’est ce que dit clairement ce mot conservé par Marc : cela n’entre pas dans le cœur, c’est-à-dire dans l’organe des pensées et des affections morales. Les aliments dont il s’agit ne font qu’entretenir la vie animale et tout ce qui ne sert pas à la nutrition est rejeté ; et cet acte purifie les aliments eux-mêmes. En poursuivant sa pensée jusqu’à ces détails matériels, Jésus veut faire sentir d’autant mieux à ses auditeurs combien les interprétations pharisaïques de la loi la rabaissaient et la dégradaient.
Très souvent Marc emploie cette tournure avec le verbe à l’imparfait : il disait, introduisant par là, non un discours nouveau, mais une pensée nouvelle dans le discours. Ici cette pensée nouvelle c’est, comme l’indique la particule mais, l’idée vraie et morale de la souillure opposée aux idées fausses que s’en faisaient les Juifs d’après la loi mal comprise.
Tous les vices et les péchés que Jésus va énumérer souillent l’homme, parce qu’ils sont en lui, dans son cœur (verset 21) et non pas seulement parce qu’ils sortent de l’homme ; mais Jésus emploie cette manière de parler pour faire opposition à ces choses extérieures qui entrent dans l’homme et qui ne peuvent le souiller (verset 18).
Voir Matthieu 15.19, note.
Marc présente beaucoup plus complète cette énumération des péchés de l’homme. Il y a, dans les divers manuscrits, quelques variations quant à l’ordre des termes, mais tous les renferment également. On a fait diverses tentatives pour classer d’une manière psychologique et morale ces formes du mal ; mais ces distinctions sont plus ou moins arbitraires.
On pourrait admettre :
La dissolution ne signifie pas ici comme ailleurs (Romains 13.13 ; Galates 5.19) l’impudicité, car cette idée a déjà été exprimée pleinement par deux termes ; ce mot indique plutôt, comme dans les auteurs classiques, l’insolence avec laquelle l’homme corrompu s’abandonne à sa dépravation ; l’œil envieux (grec l’œil mauvais) est l’envie méchante qu’on porte à un homme (comparez Matthieu 20.15) et à laquelle la croyance populaire en plus d’un pays, attribue une influence malfaisante ; la calomnie, grec le blasphème, pourrait être une parole impie prononcée contre Dieu, mais, comme tout, dans cette énumération, se borne aux rapports des hommes entre eux, il vaut mieux entendre par là une parole offensante, outrageante, adressée au prochain ; l’orgueil est littéralement, d’après le grec, la disposition de l’esprit superbe qui veut paraître au-dessus des autres ; la folie enfin, ne signifie point ici l’aliénation mentale, mais, comme fréquemment en hébreu, l’impiété qui est une suprême déraison (Psaumes 14.1).
On peut du reste remarquer que toute passion poussée à l’extrême produit la folie proprement dite.
Voir verset 20, note.
Il est peu de passages de l’Écriture qui nous révèlent d’une manière plus complète la corruption naturelle du cœur de l’homme, que ce discours de Jésus-Christ. D’où il ne faudrait pas conclure toutefois que tout mal moral dans le monde procède de l’homme.
Il y a un royaume des ténèbres qui exerce sur lui son influence, comme aussi une puissance de la grâce divine qui peut le régénérer ; et alors, de ce même cœur d’où sortent les mauvaises pensées et les péchés sortent aussi les bons sentiments et les bonnes actions.
La Cananéenne poursuit Jésus jusque dans sa retraite
Jésus étant arrivé sur le territoire de Tyr, entre dans une maison, où pourtant il ne peut être caché, car une femme de ce pays, dont la petite fille a un esprit impur, vient implorer son aide (24-26).
Lutte et victoire
Jésus lui répond qu’il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. Elle accepte cette humiliante comparaison, mais fait observer que les petits chiens mangent les miettes sous la table. Alors Jésus lui dit : À cause de cette parole, ta fille est guérie. Et la femme s’en étant allée, trouva son enfant couchée sur son lit et délivrée du démon (27-30).
S’étant levé, dans la maison où, assis, il enseignait ses disciples (verset 17), il partit de là, c’est-à-dire de la contrée de Génésareth (Marc 6.53).
Le texte reçu dit : le territoire de Tyr et de Sidon.
Ces derniers mots ont été transférés du premier Évangile ici et au verset 31. Voir, sur le récit qui va suivre, Matthieu 15.21-29, notes.
On a pensé que cette maison dans laquelle Jésus entra était celle de quelqu’un de ses adhérents qui l’avait vu et entendu ailleurs. Il parait probable, en tout cas, que c’était une maison païenne.
En y entrant, Jésus bravait un des préjuges juifs les plus forts (Actes 10.28) et mettait en pratique les principes qu’il venait de proclamer sur la vraie pureté (verset 15 et suivants).
Notre évangéliste, en faisant cette remarque qui lui est propre, que Jésus voulait que personne ne le sût, n’en dit pas la raison ; mais la cause pour laquelle il ne put être caché est indiquée au verset 25.
Ayant ouï parler de lui ne signifie pas seulement qu’elle apprit dans ce moment que Jésus était venu dans la contrée, mais bien qu’elle avait eu auparavant quelque connaissance de son ministère et de ses guérisons.
De là la confiance avec laquelle elle vint se jeter à ses pieds.
La désignation précise de la nationalité de cette femme appartient à Marc. La Phénicie faisait partie de la province romaine de Syrie.
On appelait cette contrée Syro-Phénicie, pour la distinguer des colonies phéniciennes qui s’étaient formées au nord de l’Afrique en Libye et dont Carthage était la principale.
Marc joint au qualificatif de syro-phénicienne celui de grecque. Ce dernier désigne la religion de cette femme (comparer Actes 17.12, note).
Voir Matthieu 15.26, note.
Ce dernier Évangile renferme (versets 23-25) quelques détails importants, qui ne se trouvent pas dans Marc.
Celui-ci tend à adoucir les refus du Sauveur ; il fait dire à Jésus qu’il veut premièrement rassasier les enfants et qu’il n’est pas bien de prendre leur pain, tandis que Matthieu dit : Il n’est pas permis. Comparer Introduction générale.
Le texte reçu porte : car aussi les petits chiens. Cette leçon parait empruntée à Matthieu.
L’admirable réponse de cette pauvre mère est littéralement la même dans les deux évangiles. Voir Matthieu 15.27, note.
C’est ici que, selon Matthieu, le Sauveur s’écrie : « Ô femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu le veux ! »
Qu’est-ce qui avait révélé cette grande foi de la Cananéenne ? C’est la parole qu’elle venait de prononcer et que le Seigneur relève avec joie dans notre récit. Et c’est à cause de cette parole que Jésus répond à sa prière. Il ne lui dit pas : le démon sortira, mais est sorti de ta fille.
Le texte reçu intervertit ici l’ordre des mots : « elle trouva le démon sorti et sa fille couchée sur le lit ; » puis il substitue le mot de fille à celui d’enfant ou plutôt à un gracieux diminutif, petit enfant, qui exprime la tendresse de la mère, aussi bien que son bonheur de retrouver son enfant calme, guérie, quoiqu’un peu épuisée et couchée sur le lit (voir, sur les démoniaques, Matthieu 8.28, 2e note).
Le retour
Jésus étant ressorti du territoire de Tyr, revient vers la mer par la Décapole. On lui amène un sourd-muet, auquel on le prie d’imposer les mains (31, 32).
La guérison
Jésus l’ayant tiré hors de la foule, touche ses oreilles et sa langue et levant les yeux au ciel, il dit en soupirant : Ephphatha, ouvre-toi ! L’infirme est complètement guéri (33-35).
Vaine défense d’en parler
Jésus défend à ceux qui sont présents de raconter ce miracle, mais plus il le leur défend, plus ils le publient. Et, dans un étonnement extrême, ils s’écrient : Il a tout bien fait ! (36, 37)
Le texte reçu dit encore ici, comme au verset 24, Tyr et Sidon, mais il omet ces mots par Sidon, qui se lisent dans Codex Sinaiticus, B, D et plusieurs versions.
Jésus s’était avancé jusqu’aux limites septentrionales de la Galilée, où commençait le territoire de Tyr (verset 24) et où se passa la scène qui précède.
Maintenant, au lieu de revenir immédiatement sur ses pas, il fait un détour encore plus au nord, par Sidon, ou, comme d’autres l’entendent, par le territoire de Sidon, pour revenir vers la mer de Galilée, en franchissant le Liban dans la direction de Damas, puis en traversant la Décapole.
L’évangéliste ne nous dit pas pourquoi Jésus choisit cette route, l’on ne peut faire à ce sujet que des suppositions, mais l’on est fondé à penser que, dans ce long voyage en pays païen, il put s’entretenir d’une manière suivie avec ses disciples.
La Décapole (c’est-à-dire, les dix villes) était une vaste contrée, située au-delà du Jourdain au nord-est de la Galilée (comparer Matthieu 4.25).
Jésus avait abordé une fois cette contrée ; il avait dû se retirer à la prière des habitants, mais y avait laissé un témoin de sa puissance (Marc 5.17-19).
Grec : un sourd parlant avec peine, c’est-à-dire ne faisant entendre que des sons inarticulés, en un mot, un sourd-muet. Le mot se trouve au vers. 37.
Le lieu de ce récit n’est pas clairement déterminé ; on ignore qui sont ceux qui amènent à Jésus cet infirme, mais on voit qu’ils avaient confiance en lui, puisqu’ils le prient de lui imposer les mains.
Marc seul raconte cette guérison. Matthieu (Matthieu 15.30-31) en marque peut-être la place en nous montrant Jésus entouré de plusieurs malades, parmi lesquels il y avait des sourds-muets.
Ce verset relate deux circonstances qui ont beaucoup occupé la sagacité des interprètes et donné lieu à diverses suppositions.
D’abord Jésus prend à part le sourd-muet : pourquoi chercher à ce fait si simple d’autres causes que le désir bien naturel de sortir de la foule empressée et bruyante, pour être seul avec le malade, entrer en rapport personnel avec lui et lui laisser une impression d’autant plus profonde de sa guérison ? Toutefois, Jésus resta en vue de la multitude, puisque le vers. 37 nous montre évidemment qu’elle fut témoin du miracle.
L’autre circonstance de ce récit est plus importante. Jésus,(grec) ayant craché, met ses doigts dans les oreilles, avec de la salive et touche la langue du muet.
L’Évangile présente divers faits analogues (Marc 8.23 ; Matthieu 8.3 ; Jean 9.6).
À l’ordinaire Jésus guérissait uniquement par la parole. En agissant autrement, quel peut être son but ?
Les uns pensent qu’il voulait ainsi suppléer à ce qui manquait à la foi du malade ; l’encourager en lui montrant qu’il s’occupait de lui avec intérêt.
D’autres supposent qu’il avait en vue les témoins de la guérison et s’accommodait à leurs idées sur l’efficacité de certains moyens, afin de prévenir en eux la superstition qui pouvait s’attacher au miracle. Rien de pareil n’est indiqué dans le texte. Il faut simplement admettre que Jésus, qui ne faisait rien d’inutile, trouvait ces moyens nécessaires pour accomplir quelques-uns de ses miracles.
C’était là une sorte d’intermédiaire entre lui et le malade.
Seulement il faut remarquer avec Olshausen que, même là où Jésus ne guérit pas uniquement par la parole, il n’emploie jamais des moyens étrangers à sa personne ; en elle résidait exclusivement la puissance divine qui rendait la santé aux malades et même la vie aux morts.
Il y a une grande solennité dans l’accomplissement de ce miracle. Jésus, comme il le faisait souvent, lève les yeux au ciel, où son regard cherchait auprès de Dieu toute lumière et toute puissance ; il soupire, soit en faisant monter vers Dieu son ardente prière, soit par la douleur qu’il éprouvait en prenant sur lui nos infirmités ; enfin il prononce la parole puissante qui rendra à un malheureux l’usage de l’ouïe et de la parole : Ephphatha ! ou proprement ethphatach, c’est l’impératif du verbe araméen ou syriaque que l’évangéliste a voulu conserver dans la langue originale et qu’il traduit lui-même par ouvre-toi !
Dans le langage figuré, les oreilles du muet étaient fermées, sa langue était liée, de là ces termes : ses oreilles furent ouvertes, et (grec) le lien de sa langue fut délié.
Aussitôt manque dans B, D, A, etc.
Il parlait très bien, grec droitement, correctement.
Voir, sur ces défenses de Jésus de publier ses miracles, Matthieu 8.4, note.
Cette multitude, témoin du miracle, obéissait plutôt à son enthousiasme qu’aux ordres de Jésus (comparer Marc 1.45).
Grec : Très bien ou très beau, tout ce qu’il a fait !
Cette expression d’admiration se rapporte à la guérison actuelle (verbe au parfait, fait accompli), tandis que les paroles qui suivent généralisent l’idée de la puissance de Jésus : il fait (présent) entendre même les sourds et parler les muets !