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Genèse 43
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et la famine s’appesantissait sur le pays.

Préparatifs du voyage (1-14)

2 Et quand ils eurent achevé de manger le blé qu’ils avaient apporté d’Égypte, leur père leur dit : Retournez nous acheter un peu de vivres.

Quand ils eurent achevé… Probablement au bout d’une année. En effet, d’après Genèse 45.6, ce second voyage eut lieu à la fin de la seconde année de famine.

3 Et Juda lui dit : Cet homme nous l’a positivement déclaré : Vous ne verrez point ma face que votre frère ne soit avec vous.

Juda lui dit. C’est lui qui joue le rôle essentiel à ce moment important de l’histoire de Jacob : il obtient de son père qu’il laisse descendre Benjamin ; il intercède pour lui auprès de Joseph (chapitre 45) et c’est par lui que Jacob fait connaître à Joseph son arrivée (Genèse 46.28). Il prend ainsi peu à peu, grâce à la supériorité morale dont il fait preuve, le rang de premier-né, que Jacob lui assignera solennellement au chapitre 49.

On voit combien il est faux de dire que l’histoire de Joseph a été écrite pour la glorification du royaume des dix tribus et de son principal ancêtre.

4 Si tu laisses venir notre frère avec nous, nous descendrons et nous t’achèterons des vivres. 5 Mais si tu ne le laisses pas venir, nous ne descendrons pas, car cet homme nous a dit : Vous ne verrez pas ma face que votre frère ne soit avec vous. 6 Et Israël dit : Pourquoi m’avez-vous fait ce tort, de dire à cet homme que vous avez encore un frère ? 7 Et ils dirent : Cet homme nous a interrogés en détail sur nous et sur notre parenté, en disant : Votre père vit-il encore ? Avez-vous un frère ? Et nous avons répondu d’après ces questions. Pouvions-nous savoir qu’il dirait : Faites descendre votre frère ? 8 Et Juda dit à Israël son père : Laisse venir le jeune homme avec moi, et nous nous lèverons et partirons ; et nous vivrons et ne mourrons point, ni nous, ni toi, ni nos petits enfants. 9 C’est moi qui réponds de lui ; c’est de ma main que tu le redemanderas. Si je ne te le ramène, si je ne le mets pas là devant toi, je serai coupable envers toi à tout jamais.

Coupable envers toi à tout jamais : c’est-à-dire passible de tout châtiment que Jacob voudra lui infliger à un moment quelconque ; une culpabilité et par conséquent, une menace de châtiment pèsera constamment sur lui.

10 Car si nous n’avions pas tant tardé, nous serions déjà deux fois de retour.

Le car se relie au verset 8 par-dessus le verset 9.

11 Et Israël, leur père, leur dit : S’il en est ainsi faites donc ceci : Prenez dans vos vaisseaux des produits de choix du pays et portez à cet homme un présent : un peu de baume et un peu de miel, de l’astragale, du ladanum, des pistaches et des amandes ;

Dans vos vaisseaux. Même terme que dans Genèse 42.25.

Des produits de choix. Le mot hébreu zimra vient d’un verbe qui signifie pincer, d’où : jouer d’un instrument à cordes, chanter en s’accompagnant de cet instrument et de là louer. Le sens peut donc être : des fruits vantés. On a traduit aussi des productions, en prenant pincer dans le sens de cueillir.

Baume, astragale, ladanum. Les Madianites transportaient aussi en Égypte ces mêmes produits. Voir Genèse 37.25, note.

Miel. Ce n’est probablement pas du miel d’abeilles, qui abonde en Égypte, mais une sorte de sirop de raisins (en arabe dibs, en hébreu débasch), dont la seule ville d’Hébron exporte encore aujourd’hui annuellement pour l’Égypte trois cents charges de chameau.

Pistaches. Petites noix d’un goût très agréable, provenant d’un arbre de la famille des térébinthacées, fort abondant en Syrie.

Amandes. L’Asie occidentale est la patrie de l’amandier et c’est de là qu’il a été importé en Europe.

12 et emportez de l’argent à double, et vous reporterez l’argent qui a été remis à l’entrée de vos sacs. Peut-être était-ce une erreur. 13 Et prenez votre frère, et levez-vous, retournez vers cet homme. 14 Que le Dieu puissant fasse que cet homme ait compassion de vous quand vous vous présenterez devant lui, et qu’il vous relâche votre autre frère et Benjamin. Et si je dois perdre mes enfants, que je les perde !

Si je dois perdre mes enfants… Il songe autant à ceux qu’il a déjà perdus (Joseph et Siméon) qu’à ceux qu’il craint de perdre encore.

15 Et ces hommes prirent ce présent, et ayant pris de l’argent à double avec eux, et Benjamin, ils se levèrent et descendirent en Égypte, et ils se présentèrent devant Joseph.

Arrivée en Égypte, entretien avec l’intendant (15-25)

16 Et Joseph vit avec eux Benjamin, et il dit à celui qui avait l’intendance de sa maison : Mène ces hommes à la maison, tue et apprête de quoi manger ; car ces hommes mangeront avec moi à midi. 17 Et cet homme fit comme Joseph avait dit, et il amena ces gens à la maison de Joseph, 18 et ces gens eurent peur, de ce qu’on les menait à la maison de Joseph et ils dirent : C’est à cause de l’argent qui s’est retrouvé la première fois dans nos sacs, qu’on nous conduit ici ; c’est pour nous assaillir et se jeter sur nous et nous prendre pour esclaves avec nos ânes.

Eurent peur. Le rude traitement qu’ils ont subi la première fois leur fait craindre qu’il ne leur en soit réservé dans cette maison un plus dur encore.

19 Et ils s’approchèrent de l’intendant de la maison de Joseph et lui parlèrent à la porte de la maison, 20 et ils dirent : Permets, mon seigneur : nous sommes descendus une première fois pour acheter des vivres ; 21 et lorsque nous arrivâmes à l’endroit où nous devions passer la nuit et que nous ouvrîmes nos sacs, voici, l’argent de chacun était à l’entrée de son sac, notre argent au complet, et nous l’avons rapporté avec nous.

Dans la maison. Sans doute d’abord dans la cour, où ils déballent et préparent leur présent (verset 25), qu’ils apportent ensuite dans la maison (verset 26).

22 Et nous avons pris avec nous d’autre argent pour acheter des vivres. Nous ne savons pas qui a mis notre argent dans nos sacs. 23 Et il dit : Tout va bien pour vous ; ne craignez rien. Votre Dieu, le Dieu de votre père, vous a mis un trésor dans vos sacs ; votre argent m’a été remis. Et il leur fit amener Siméon. 24 Et cet homme les fit entrer dans la maison de Joseph ; il leur donna de l’eau et ils lavèrent leurs pieds ; et il donna du fourrage à leurs ânes. 25 Et ils préparèrent le présent en attendant que Joseph vint à midi ; car ils avaient appris qu’ils prendraient là leur repas. 26 Et Joseph rentra chez lui. Et ils lui apportèrent dans la maison le présent qu’ils avaient pris avec eux ; et ils se prosternèrent devant lui.

Entrevue de Joseph avec ses frères (26-31)

On a des représentations égyptiennes de scènes analogues, où un seigneur reçoit des visiteurs, dont les uns, agenouillés devant lui, lui offrent des présents, tandis que d’autres, debout plus en arrière, portent aussi des objets qu’ils se disposent à offrir.

27 Il leur demanda comment ils se portaient, et il leur dit : Votre père, ce vieillard dont vous m’avez parlé, se porte-t-il bien ? Vit-il encore ? 28 Et ils répondirent : Ton serviteur, notre père, se porte bien ; il vit encore. Et ils s’inclinèrent et se prosternèrent. 29 Et il leva les yeux, et vit Benjamin, son frère, fils de sa mère, et il dit : Est-ce là votre frère cadet dont vous m’avez parlé ? Et il dit : Dieu te soit favorable, mon fils. 30 Et en toute hâte, car ses entrailles étaient émues pour son frère, Joseph chercha un endroit pour pleurer ; et il entra dans sa chambre, et il y pleura.

Dans sa chambre. Il était jusqu’alors dans la salle de réception.

31 Et il se lava le visage et sortit ; et, se contenant, il dit : Servez le repas. 32 Et on le servit à part, et eux à part, et les Égyptiens qui mangeaient avec lui aussi à part, parce que les Égyptiens ne peuvent prendre leurs repas avec les Hébreux, car c’est pour les Égyptiens une chose abominable.

Joseph est servi à part comme membre de la classe sacerdotale. Ses frères, de leur côté, sont servis à part comme étrangers.

Avec les Hébreux. Non parce qu’ils sont hébreux, mais parce qu’ils sont étrangers.

Une chose abominable. On sait avec quel soin les Égyptiens se tenaient à part des autres peuples. Ils évitaient en particulier de manger avec un étranger, parce que manger ensemble était chez les anciens un signe de grande intimité. La raison première de cette horreur était probablement que les Égyptiens, par des motifs religieux, s’abstenaient de certaines viandes dont usaient les autres peuples.

33 Et ils s’assirent devant lui, étant placés l’aîné selon son rang d’aîné, et le plus jeune selon son rang de cadet. Et ces hommes se regardaient l’un l’autre stupéfaits.

Ils s’assirent. Tandis que la plupart des Orientaux mangeaient étendus sur des tapis ou à demi-couchés sur des divans, les Égyptiens s’asseyaient à table.

Stupéfaits. Ce n’était pas d’eux-mêmes qu’ils avaient choisi leurs places, ils avaient pris celles qui leur étaient assignées et leur stupéfaction provient de la connaissance que l’on paraît avoir de leur âge respectif.

Cinq fois plus grosse. Chez les Hébreux, quand on voulait honorer quelqu’un, on se contentait de lui offrir une, portion double. On sait que le nombre cinq jouait un grand rôle dans les usages égyptiens.

L’intention de Joseph, en accordant cette distinction à Benjamin, est la même qu’en plaçant ses frères d’après leur âge ; il veut les amener à pressentir un mystère dans tout ce qui se passe en ce moment pour eux et préparer ainsi le moment où il pourra se faire connaître. Mais ce moment doit être précédé encore d’une dernière épreuve.

34 Et il leur fit porter des portions de devant lui, et la portion de Benjamin était cinq fois plus grosse que les portions de tous les autres ; et ils burent et s’égayèrent avec lui.