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Genèse 42
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Jacob, voyant qu’il y avait du blé à vendre en Égypte, dit à ses fils : Pourquoi êtes-vous à vous regarder ?

Premier voyage des fils de Jacob en Égypte

Versets 1 à 17 — Descente en Égypte, première entrevue

En temps de famine, l’Égypte était le grenier du pays de Canaan. Abraham y était descendu (Genèse 12.10-20) ; Isaac avait eu l’intention de l’imiter (Genèse 26.2) ; Jacob, ayant une maison trop nombreuse pour s’y transporter, y fait acheter des vivres. De nos jours encore, en temps de sécheresse, les Arabes vont chercher en Égypte le blé qui leur manque.

Blé à vendre. Il y a dans le texte original un seul mot, schéber, désignant le blé en tant qu’objet de commerce.

2 Et il dit : Voici, j’ai appris qu’il y a du blé à vendre en Égypte ; descendez-y et rapportez-nous-en du blé, afin que nous vivions et ne mourions point.

Ne mourions point. Le produit de leurs troupeaux ne pouvait pas les faire vivre sans pain (comparez Genèse 18.6-8).

3 Et les frères de Joseph descendirent au nombre de dix pour acheter du grain en Égypte. 4 Mais quant à Benjamin, frère de Joseph, Jacob ne l’avait pas envoyé avec ses frères, car il s’était dit : Il est à craindre qu’il ne lui arrive malheur.

Il est à craindre… Jacob n’était probablement pas persuadé de l’innocence de ses fils relativement à Joseph ; il craint que Benjamin n’ait le même sort que son frère.

5 Et les fils d’Israël vinrent pour acheter du blé parmi les autres arrivants, car la famine était au pays de Canaan.

Les autres arrivants : d’autres habitants du pays de Canaan.

6 Or Joseph était celui qui commandait dans le pays, et c’était lui qui faisait la vente du blé à tout le monde. Et les frères de Joseph vinrent et se prosternèrent devant lui, la face contre terre.

Se prosternèrent. Les songes de Joseph sont accomplis.

7 Et Joseph vit ses frères, et il les reconnut ; mais il fit l’étranger avec eux, et leur parla avec rudesse et leur dit : D’où venez-vous ? Et ils répondirent : Du pays de Canaan, pour acheter des vivres.

Leur parla avec rudesse. Par cette conduite extraordinaire, Joseph veut produire en eux un sentiment de crainte propre à préparer un réveil de leur conscience (verset 24).

8 Joseph reconnut donc ses frères et eux ne le reconnurent pas.

Ne le reconnurent pas. Cela se comprend, après la transformation qui s’est produite chez Joseph pendant ces vingt ans de séparation.

9 Et Joseph se souvint des songes qu’il avait eus à leur sujet. Et il leur dit : Vous êtes des espions ; c’est pour voir les points faibles du pays que vous êtes venus.

Vous êtes des espions. Accusation toute naturelle contre des étrangers. Les Hyksos, après s’être acclimatés dans l’Égypte qu’ils avaient envahie, redoutaient d’être suivis par d’autres nomades qui voudraient partager avec eux cette proie et ils avaient soigneusement fortifié leur frontière du côté de l’Asie.

10 Et ils lui dirent : Non, mon seigneur ; tes serviteurs sont venus pour acheter des vivres. 11 Tous tant que nous sommes, nous sommes fils d’un même père ; nous sommes honnêtes gens ; tes serviteurs n’ont jamais été des espions. 12 Et il leur dit : Non, vous êtes, venus pour voir les points faibles du pays. 13 Et ils dirent : Nous, tes serviteurs, sommes douze frères, fils d’un même père au pays de Canaan. Et voici le plus jeune est maintenant avec notre père, et il y en a un qui n’est plus.

Les paroles de Juda (Genèse 43.7 ; Genèse 44.19) montrent que l’entretien n’est rapporté ici que sommairement et que Joseph les a interrogés sur leur famille. Ils espèrent par ces détails gagner sa confiance.

14 Et Joseph leur dit : J’en reste à ce que je vous ai dit : vous êtes des espions.

Joseph en reste à sa première supposition, qui lui fournira le moyen de les retenir en sa puissance comme prévenus d’un crime digne de mort et de mettre ainsi à l’épreuve les sentiments de leurs cœurs.

15 Voici comment vous serez mis à l’épreuve. Par la vie de Pharaon ! Si vous sortez d’ici que votre jeune frère n’y soit venu ! …

Par la vie de Pharaon ! Joseph se sert de la formule égyptienne de serment et évite tout ce qui pourrait le trahir.

Si vous sortez… Nous découvrons dans ces dernières paroles les intentions de Joseph. D’un côté, il se donne vis-à-vis de ses frères l’air de ne pas les croire sur parole et de réclamer, en exigeant qu’ils amènent leur jeune frère, la preuve de la vérité du récit qu’ils viennent de lui faire ; de l’autre, il répond au besoin de son cœur, qui est de revoir son frère et de s’assurer de son existence. Peut-être, en effet, en ne le voyant pas au milieu d’eux, s’était-il demandé s’ils ne l’avaient point traité comme ils l’avaient traité lui-même.

16 Envoyez l’un de vous chercher votre frère, et vous, restez prisonniers ; et que vos paroles soient mises à l’épreuve, et l’on verra si vous dites vrai ; sinon, par la vie de Pharaon ! C’est que vous êtes des espions. 17 Et il les mit tous ensemble en prison pour trois jours.

En prison pour trois jours. Ces trois jours ont dû être pour eux des jours de sérieux retour sur eux-mêmes et d’amères réflexions sur leur conduite passée. Ils pouvaient n’être que le commencement d’un long emprisonnement pendant lequel leur famille resterait exposée à mourir de faim.

18 Et au troisième jour Joseph leur dit : Faites ceci et vous vivrez. Je crains Dieu !

Le retour (18-28)

Je crains Dieu. Je ne puis par conséquent pas vous faire mettre à mort sur un simple soupçon, ni priver vos familles de nourriture.

19 Si vous êtes honnêtes gens, que l’un de vous, votre frère, reste ici lié dans votre prison ; et vous, allez, emportez du blé pour les besoins de vos familles. 20 Et amenez-moi votre frère cadet ; et vos paroles seront vérifiées, et vous ne mourrez point. Et ils firent ainsi.

Ils firent ainsi : ils consentirent à ce qui était demandé d’eux.

21 Et ils se dirent l’un à l’autre : Certainement nous sommes punis à cause de notre frère ; car nous avons vu la détresse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons point écouté ; voilà pourquoi nous nous trouvons dans cette détresse.

Nous sommes punis ; littéralement : Nous sommes sous le poids d’une culpabilité. Leur conscience se réveille enfin dans l’épreuve.

22 Et Ruben leur répondit : Ne vous disais-je pas bien : Ne commettez pas de péché contre l’enfant ? Et vous n’avez pas écouté ; c’est pourquoi voici son sang est redemandé.

Ne vous disais-je pas bien ? Comparez Genèse 37.22.

Son sang est redemandé. Ruben suppose que Joseph est mort en esclavage.

23 Et eux ne savaient pas que Joseph comprenait ; car ils se parlaient par interprète. 24 Et il s’éloigna d’eux et pleura. Puis il revint vers eux et leur parla ; et il prit d’entre eux Siméon et le fit lier sous leurs yeux.

Il pleura. Ces larmes prouvent que la sévérité de Joseph était non celle de la vengeance, mais celle de l’amour.

Il prit Siméon : l’aîné (et par conséquent le plus responsable) après Ruben qui, lui, s’était bien montré.

25 Et Joseph commanda qu’on remplit de blé leurs vaisseaux et qu’on remit l’argent de chacun dans son sac, et qu’on leur donnât des provisions pour la route ; ce qu’on fit.

Leurs vaisseaux. Le mot hébreu kelè, qu’on a traduit à tort par sac désigne un ustensile quelconque. Il ne s’agit pas ici du sac que chacun avait avec lui sur son âne et à l’entrée duquel fut remis l’argent, mais des récipients, corbeilles, outres ou autres, dans lesquels devait être transportée la provision de blé qu’ils avaient achetée pour l’entretien de leurs familles. Un seul sac de blé n’aurait évidemment pas suffi pour nourrir toute une famille pendant plusieurs mois et chacun des frères devait avoir avec lui plusieurs ânes avec des serviteurs, pour le transport de toute la provision.

Qu’on remit l’argent… En même temps que Joseph cherche à les inquiéter par ses menaces, il cherche aussi à les toucher par des marques de bonté, afin de faire naître ainsi en eux toute espèce de questions qu’ils ne peuvent résoudre et qui les préparent à la solution finale. Quant à eux, leur conscience, maintenant réveillée, ne leur fait voir qu’un présage de malheur dans tout ce qui leur arrive d’extraordinaire (verset 28).

26 Et ils chargèrent leur blé sur leurs ânes et partirent. 27 Et l’un d’eux ouvrit son sac pour donner du fourrage à son âne, à l’endroit où l’on passait la nuit, et il vit son argent ; voici il était à l’entrée de son sac.

L’un d’eux ouvrit son sac. Il s’agit ici du sac que chacun d’eux avait avec lui comme provision de voyage.

Il semble ressortir de ce passage comparé avec le verset 35 qu’un seul des frères ait ouvert son sac en ce moment, tandis que les autres ne l’auraient fait qu’une fois arrivés à la maison. Mais il serait peu probable qu’après que le premier avait eu une pareille surprise, les autres n’eussent pas été curieux de savoir ce qu’il en était de leur propre sac ; puis il fallait pourtant que tous donnassent à manger à leurs ânes. Et d’ailleurs, dans le récit que les frères font plus tard à l’intendant de Joseph ils racontent qu’ils avaient tous ouvert leur sac en route (Genèse 43.21).

Notre verset ne parle que de l’ouverture du premier sac, car ce fut le moment important. Quant au verset 35, il faut supposer ou bien qu’il appartient à un autre document, ou bien qu’il raconte la chose au point de vue de Jacob, qui constate avec ses fils la présence de l’argent et qui partage leur effroi.

À l’endroit où l’on passait la nuit. Plusieurs traduisent : à l’hôtellerie. Mais les hôtelleries et même les caravansérails, qui ne sont qu’un simple local complètement vide, n’existaient probablement pas à cette époque. Il s’agit simplement du lieu choisi comme station pour cette première nuit.

Sac. Nous avons ici en hébreu le mot amthachath, tandis qu’en général dans ce chapitre est employé le mot hébreu sak. Le mot amthachath se trouvant dans tout le chapitre suivant, qui est tiré vraisemblablement d’une autre source, il faut supposer que le rédacteur a introduit ici ce terme pour établir l’identité de cet ustensile avec le sac.

28 Et il dit à ses frères : On a remis mon argent ; le voici dans mon sac !
Et le cœur leur manqua et ils se dirent en tremblant l’un à l’autre Qu’est-ce que Dieu nous a fait ?

Qu’est-ce que Dieu nous a fait ? Comme les événements précédents les avaient remplis d’anxiété, ils trouvent dans celui-ci un signe de la colère de Dieu.

29 Et ils vinrent vers Jacob, leur père, au pays de Canaan, et lui racontèrent toutes les choses qui leur étaient arrivées, en disant :

Arrivée en Canaan (29-38)

Versets 29 à 31

Ce récit détaillé est nécessaire pour expliquer la disparition de Siméon et l’obligation d’envoyer Benjamin.

30 L’homme qui est le maître du pays nous a parlé avec rudesse et nous a pris pour des gens espionnant le pays. 31 Et nous lui avons dit : Nous sommes honnêtes gens, nous n’avons jamais été des espions. 32 Nous sommes douze frères, fils d’un même père ; l’un n’est plus, et le plus jeune est maintenant avec notre père au pays de Canaan. 33 Et l’homme qui est le maître du pays nous a dit : À ceci je connaîtrai que vous êtes honnêtes gens : laissez avec moi l’un de vos frères, prenez de quoi subvenir aux besoins de vos familles, et partez ; 34 et amenez-moi votre jeune frère, afin que je connaisse que vous n’êtes point des espions, mais que vous êtes honnêtes gens ; je vous rendrai votre frère, et vous trafiquerez dans le pays. 35 Et comme ils vidaient leurs sacs, voici le paquet d’argent de chacun était dans son sac ; et ils virent, eux et leur père, leur paquet d’argent, et ils eurent peur.

Voir verset 27, note

36 Et Jacob, leur père, leur dit : Vous m’avez privé d’enfants : Joseph n’est plus ; Siméon n’est plus, et vous allez prendre Benjamin :
De tout ceci… c’est moi qui en souffre !

Vous m’avez privé d’enfants. Les soupçons de Jacob sur la conduite de ses fils envers Joseph viennent au grand jour.

De tout ceci… On a aussi expliqué dans ce sens : C’est là un nouveau complot ourdi contre votre père.

37 Et Ruben parla à son père et lui dit : Tu feras mourir mes deux fils si je ne te le ramène ; remets-le-moi, et moi je te le rendrai.

Ici, comme lors de la vente de Joseph, c’est d’abord Ruben, puis Juda qui se montre le mieux disposé.

38 Et il répondit : Mon fils ne descendra point avec vous, car son frère est mort, et celui-ci est resté seul. Et s’il lui arrivait du mal dans le voyage que vous allez faire, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur au sépulcre.