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Esther 2
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Après ces choses, quand la colère du roi Assuérus se fut calmée, il se souvint de Vasthi, de ce qu’elle avait fait et de ce qu’on avait décidé à son sujet.

Esther choisie pour reine, complot contre le roi découvert par Mardochée (chapitre 2)

Après ces choses. Vasthi avait été renvoyée la troisième année de Xerxès, vers 482. Puis eut lieu l’expédition contre la Grèce. Le roi en revint vers 479 et c’est alors que se passent les choses que rapporte notre chapitre. Ainsi s’explique qu’Esther ne devint reine que la septième année du règne du roi (verset 16), vers 478.

De ce qu’elle avait fait. Sa désobéissance, après tout, reposait sur un sentiment honorable et la punition avait été excessive.

2 Et les gens du roi, ses serviteurs, dirent : Qu’on cherche pour le roi des jeunes filles vierges et belles ;

Si Vasthi rentrait en faveur, tous ceux qui avaient opiné pour son renvoi étaient perdus.

3 que le roi envoie des messagers dans toutes les provinces de son royaume et qu’on rassemble toutes les jeunes filles vierges et belles dans Suse, la forteresse, dans la maison des femmes, sous la direction d’Hégué, eunuque du roi, gardien des femmes, et qu’on leur donne leurs cosmétiques,

Hégué, principal gardien du harem. Quand une fois les femmes avaient été introduites auprès du roi, elles étaient confiées spécialement à un autre eunuque (verset 14).

4 et que la jeune fille qui plaira au roi soit reine à la place de Vasthi. Cet avis plut au roi et il fit ainsi. 5 Il y avait dans Suse, la forteresse, un Juif nommé Mardochée, fils de Jaïr, fils de Siméi, fils de Kis, benjamite,

Notre auteur aime à introduire les faits nouveaux d’une manière abrupte (Esther 1.10 ; Esther 2.10 ; Esther 3.15 ; Esther 6.1, etc.).

Un Juif : un Judéen. Il était benjamite, mais alors déjà le nom de Juif avait remplacé dans l’usage celui d’Israélite.

Mardochée, adorateur de Mérodac, le Jupiter babylonien (Esdras 2.2). Ctésias parle d’un Matacas comme du plus puissant eunuque de la seconde moitié du règne de Xerxès. Si Mardochée était ce Matacas, cela expliquerait qu’il ait eu libre accès auprès de la maison des femmes (Esther 2.11 ; Esther 8.7).

Jaïr, inconnu, est probablement le père de Mardochée ; mais les deux autres noms, suivant l’habitude de ne citer dans les généalogies que les personnages les plus célèbres (par exemple : Sallum, fils de Coré, 1 Chroniques 9.19 ; Pétachia…, fils de Juda, Néhémie 11.24), sont ceux du fameux Siméi de 2 Samuel 16.5 et du père de Saül, sans que l’on puisse s’expliquer pourquoi Saül lui-même n’est pas indiqué. C’est ainsi que Josèphe a compris notre verset, car il fait d’Esther une descendante de Saül. Arrivés à Esther 3.1 (voir note), nous comprendrons l’importance que l’auteur ajoute à cette descendance de Mardochée.

6 qui avait été emmené de Jérusalem avec les captifs qui furent emmenés avec Jéconias, roi de Juda, par Nébucadnetsar, roi de Babylone.

C’est vers 599 que Nébucadnetsar prit Jéconias (Jéhojachin) et, l’emmena à Babylone avec les principaux d’entre les Juifs. Or nous sommes en 479. Mardochée aurait donc au moins environ 130 ans au moment où il entre en scène et va devenir premier ministre du roi de Perse. Mais on peut entendre les mots : qui avait été emmené, dans le sens de : Qui n’était pas de la grande déportation sous Sédécias lors de la fin du royaume de Juda, mais d’une déportation antérieure. Ainsi le descendant d’un Réfugié dirait : Nous quittâmes la France en 1685. De cette façon Mardochée serait né en captivité et l’on pourrait donner au cousin germain d’Esther un âge plus convenable à cette parenté, sans le faire pour cela aussi jeune que celle dont il fit sa fille (verset 7). Comment d’ailleurs, si Mardochée est né en Judée, expliquer qu’il porte un nom perse ?

7 Il était le tuteur de Hadassa, qui est Esther, fille de son oncle, car elle n’avait ni père ni mère ; la jeune fille était belle de taille et belle de visage. À la mort de son père et de sa mère, Mardochée l’avait prise pour sa fille.

Hadassa : myrthe ; arbuste humble, mais dont les feuilles odoriférantes sont toujours verdoyantes (Zacharie 1.8 ; Ésaïe 41.19).

Esther, étoile (en anglais star ; en allemand Stern), était son nom persan, qu’elle reçut peut-être lors de son élévation.

8 Et quand l’ordre du roi et son décret eurent été publiés et que de nombreuses jeunes filles furent rassemblées dans Suse, la forteresse, et confiées à Hégaï, Esther fut aussi amenée dans la maison du roi et confiée à Hégaï, gardien des femmes.

L’ordre du roi : publié d’après l’avis émis, versets 2 à 4.

Hégaï : au verset 3 Hégué.

9 Et la jeune fille lui plut et gagna sa faveur, et il s’empressa de lui donner ses cosmétiques et ses portions, ainsi que sept jeunes filles choisies dans la maison du roi, et il la transféra, elle et ses jeunes filles, dans le meilleur appartement de la maison des femmes.

Il s’empressa… : pour qu’elle fût conduite au roi le plus tôt possible, une fois terminés les douze mois du verset 12.

Et ses portions : de nourriture choisie. Les jeunes filles qui devaient, être les premières introduites auprès du roi recevaient probablement une nourriture plus délicate, en même temps qu’elles étaient promues au meilleur appartement et qu’elles recevaient chacune sept suivantes pour leur service particulier.

10 Esther ne fit pas connaître sa nation et sa parenté, car Mardochée lui avait défendu de les faire connaître.

Si Hégaï avait su qu’elle était juive, elle n’aurait sans doute pas été aussi bien traitée. Voir verset 20.

11 Et chaque jour Mardochée passait devant la cour de la maison des femmes pour savoir comment allait Esther et ce qui advenait d’elle.

Il semble que Mardochée occupait quelque charge dans le palais, de portier, par exemple. Voir verset 21 ; Esther 5.13. Peut-être recevait-il des nouvelles d’Esther par l’une de ses suivantes.

12 Et quand venait le tour d’une jeune fille d’aller, vers le roi Assuérus, à la fin des douze mois prescrits aux femmes pour leurs préparatifs, car c’était là le temps que duraient les jours de leurs préparatifs : six mois avec de l’huile de myrrhe, et six mois avec les aromates et des cosmétiques à l’usage des femmes, 13 alors la jeune fille était admise auprès du roi. Tout ce qu’elle demandait lui était donné pour aller de la maison des femmes dans celle du roi.

Tout ce qu’elle demandait : en fait d’ornements pour sa personne et afin de se parer selon son goût.

14 Elle y allait le soir, et le matin elle retournait dans la seconde maison des femmes sous la direction de Saasgaz, eunuque du roi, gardien des concubines ; elle ne revenait pas vers le roi, à moins que le roi n’eût trouvé plaisir en elle et qu’elle ne fùt expressément appelée.

Gardien des concubines. Voir verset 14.

Elle ne revenait pas… Voilà qui prépare Esther 4.11.

15 Quand vint le tour d’Esther, fille d’Abihaïl, oncle de Mardochée qui l’avait prise pour sa fille, d’aller vers le roi, elle ne demanda rien, sinon ce que lui indiqua Hégaï, eunuque du roi, gardien des femmes. Et Esther gagnait la faveur de tous ceux qui la voyaient.

Quand vint le tour d’Esther. Voir Hérodote, III, 69.

Les autres jeunes filles profitaient ordinairement de la circonstance pour se faire donner toutes sortes de vêtements ou d’ornements précieux. Esther, modeste et habile, s’en remet au jugement de Hégaï, qui devait s’y connaître et qui la préférait à toute autre.

16 Et Esther fut conduite au roi Assuérus dans sa maison royale, au dixième mois, qui est le mois de Tébeth, la septième année de son règne.

Tébeth. C’est ici l’unique mention de ce mois dans la Bible. Il correspond à janvier-février.

Septième année : voir verset 1.

17 Et le roi aima Esther plus que toutes les autres femmes et elle gagna sa faveur et ses bonnes grâces plus que toutes les vierges ; et il posa le diadème royal sur sa tête et la fit reine à la place de Vasthi.

Le diadème royal. Voir Esther 1.11. Dans la continuation apocryphe du livre d’Esther dans les Septante, Esther parle ainsi (chapitre 14, verset 15, ou chapitre 4, verset 17 dans l’édition de Rahlfs) : Vous savez qu’aux jours où je parais dans la magnificence et dans l’éclat, j’ai en abomination la marque superbe de ma gloire, que je porte sur ma tête et que je la déteste comme un linge souillé. Je ne la porte point aux jours où je ne suis point obligée de paraître. Ce diadème paraît bien avoir été un bandeau orné d’or et de diamants. Monime, épouse de Mithridate, s’étrangla avec son diadème.

18 Et le roi fit un grand festin à tous ses princes et à tous ses serviteurs, le festin d’Esther ; il donna du repos aux provinces et il fit des présents d’une magnificence royale.

Le festin d’Esther. Le festin qu’on faisait lorsqu’une nouvelle reine était choisie, portait le nom de cette reine.

Du repos : exemption partielle d’impôt, de corvées, de service militaire. Comparez Hérodote III, 67.

D’une magnificence royale, littéralement : comme la main d’un roi peut en faire (comparez Esther 1.7).

19 Et quand on rassembla des vierges pour la seconde fois, Mardochée était assis à la porte du roi.

Incident qui prépare Esther 6.4 et suivants (19-23)

Pour la seconde fois : peut-être le contingent des provinces les plus éloignées. C’est à ce moment qu’eut lieu l’incident, si important pour Mardochée, pour Esther, pour tout le peuple Juif, qui va être rapporté. Le verset 21 reprendra cette donnée chronologique par les mots : En ces jours-là et le verset 20 est une parenthèse.

20 Esther n’avait pas fait connaître sa parenté et sa nation, selon l’ordre que lui avait donné Mardochée, et Esther exécutait les ordres de Mardochée comme quand elle était sous sa tutelle.

Grâce au silence que Mardochée avait recommandé à Esther et qu’Esther avait observé aussi scrupuleusement depuis son élévation qu’auparavant, on ignorait que Mardochée fût un cousin de la nouvelle reine et voilà comment il se fit que les conjurés (verset 21) ne craignirent pas de parler de leur projet criminel en sa présence.

21 En ces jours-là Mardochée était assis à la porte du roi. Deux eunuques du roi d’entre les gardiens du seuil, Bigthan et Théresch, s’irritèrent et cherchèrent à porter la main sur le roi Assuérus.

À la porte du roi : peut-être non seulement pour s’informer d’Esther, mais en vertu de sa charge de portier (verset 11).

Bigthan, probablement le Bigtha de Esther 1.10, en perse Bagadâna, don de Dieu.

Théresch : en perse, sévère, sombre.

Leur office de gardiens du seuil (2 Rois 12.9) leur permettait d’approcher la personne du roi. Le sujet de leur ressentiment n’est pas indiqué ; il n’importe pas. Xerxès fut assassiné douze ans plus tard, par Artaban, commandant de la garde (Diodore XI, 69).

22 Et le complot parvint à la connaissance de Mardochée, qui le dit à la reine Esther, et Esther l’annonça au roi au nom de Mardochée.

Au nom de Mardochée. Aussi son nom figura-t-il dans le livre où fut consigné le fait.

23 Et la chose fut examinée et constatée, et les deux eunuques furent pendus à un bois. Et cela fut écrit dans le livre des chroniques en présence du roi.

Pendus à un bois : supplice ordinaire (Esther 5.14 ; Esther 6.4 ; Esther 7.9-10 ; Esther 8.7 ; Esther 9.13-14 ; Esther 9.25). Voir déjà la même expression dans Deutéronome 21.22 et Genèse 40.19. Dans 2 Samuel 21.6 et Nombres 25.4, se trouve un autre verbe signifiant suspendre par un clou, clouer à ; et dans Esdras 6.11, un verbe araméen : suspendre à un pieu. Faut-il entendre par là pendaison, crucifixion on empalement ? Hérodote, III, 125, parle de crucifixion, ainsi que Diodore II, 1 ; mais dans Hérodote III, 159 et IV, 43, est employé un verbe qui signifie étymologiquement empaler. Nous ne pensons pas que tel puisse être le sens du mot hébreu thala, suspendre. Le passage Esther 5.14 de notre livre, où il est parlé d’un bois de 50 coudées, éloigne aussi l’idée de la crucifixion. Resterait donc la pendaison, après laquelle peut-être on clouait le corps contre la potence, au lieu de le livrer à là sépulture.

Cela fut écrit. Les rois de Perse avaient grand soin de conserver la mémoire de ce qui leur arrivait de considérable (Esdras 6.4), Xerxès avait auprès de lui, dans son expédition contre la Grèce, des scribes qui notaient en sa présence et le nombre de ses troupes et ce qui se passait dans les actions importantes (Plutarque, Vie de Thémistocle).