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2 Corinthiens 6
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 2 Corinthiens 6

Esprit, dévouement, fidélité du ministère apostolique

Faites que vous n’ayez pas reçu la grâce en vain, car c’est maintenant le temps favorable, le jour du salut (1, 2).

Nous ne donnons aucun sujet de scandales, mais nous rendons, notre ministère recommandable par toute espèce de souffrances et de privations (3-5).

Nous le rendons recommandable par les vertus de la vie chrétienne et par les moyens puissants de la Parole et de l’Esprit de Dieu, au milieu de l’honneur et de l’ignominie (6-8).

Le monde nous regarde comme séducteurs, inconnus, battus, mourants, pauvres, destitués de tout et Dieu confond toutes ces accusations en manifestant en nous le contraire (9, 10).

Ô Corinthiens ! Nous vous parlons à cœur ouvert, nous vous aimons et vous, rendez-nous amour pour amour (11-13).

1 Travaillant ensemble, nous vous exhortons aussi à n’avoir pas en vain reçu la grâce de Dieu.

Esprit, dévouement, fidélité du ministère apostolique (1-13)

Grec : « Collaborateurs, nous vous exhortons aussi ». L’apôtre ne dit pas de qui il est le collaborateur.

Les uns suppléent de Dieu (2 Corinthiens 5.21) ; d’autres, de Christ (2 Corinthiens 5.20) ; d’autres encore, des Corinthiens, d’autres enfin de ses compagnons d’œuvre dans l’apostolat.

La liaison la plus naturelle, c’est que Paul est collaborateur de Christ, parce qu’il est son ambassadeur.

Encore tout pénétré de la grande pensée du ministère évangélique qu’il a exposée au long (2 Corinthiens 2.14 à 2 Corinthiens 5.21), l’apôtre applique cette pensée immédiatement à ses rapports pastoraux avec les Corinthiens. Et en vertu de son message auprès d’eux (2 Corinthiens 5.20), il les exhorte, les prie, non seulement d’être réconciliés avec Dieu, mais de ne pas abuser, par légèreté ou par une sécurité charnelle, de la grâce de cette réconciliation, que l’on peut avoir reçue en vain.

Toujours la responsabilité de l’homme, la crainte et le tremblement du pécheur sauvé, joints à la plus consolante assurance du salut et à la paix du chrétien (2 Corinthiens 5.3, note).

2 Car il dit : Au temps favorable, je t’ai exaucé, et au jour du salut, je t’ai secouru. Voici maintenant un temps bien favorable ; voici maintenant un jour de salut.

Ésaïe 49.8, cité selon les Septante et conforme à l’hébreu qui dit : « au temps agréable ».

Nous n’avons que ce temps, que ce jour, aujourd’hui ; demain, ce peut être trop tard (Hébreux 4.7) !

3 Nous ne donnons aucun scandale en quoi que ce soit, afin que le ministère ne soit point blâmé ;

Grec : « Ne donnant aucun achoppement en rien, ou à personne », ce qui peut s’entendre, non seulement de l’apôtre et de ses compagnons d’œuvre, mais s’appliquer aussi à ses lecteurs. Le but de cette sainte vigilance est qu’aucune tache ne rejaillisse sur le ministère (service) dont Paul est revêtu.

4 mais nous nous rendons recommandables en toutes choses, comme serviteurs de Dieu, par beaucoup de patience, dans les afflictions, dans les nécessités, dans les angoisses, 5 dans les blessures, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes, 6 par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit-Saint, par une charité sincère, 7 par une parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de la justice, celles de la droite et de la gauche ; 8 à travers l’honneur et l’ignominie, à travers la mauvaise et la bonne réputation : 9 comme séducteurs, et pourtant véridiques ; comme inconnus, et pourtant bien connus ; comme mourant, et voici nous vivons ; comme châtiés, et non mis à mort ; 10 comme attristés, et toujours dans la joie ; comme pauvres, et enrichissant plusieurs ; comme n’ayant rien, et possédant toutes choses.

Tous ces versets (versets 4-10) ne forment qu’une seule phrase, dépendant tout entière de ces mots : nous nous rendons recommandables ; et les moyens par lesquels l’apôtre le fait sont indiqués par ces particules successives : en, par, comme. Dans cette énumération de ses titres de gloire, l’apôtre commence par les peines et les souffrances du dehors, dans lesquelles s’exerce la patience du chrétien.

Les veilles et les jeûnes (verset 5) servent de transition à l’indication des vertus qui ornent le ministère de Paul. Ces veilles lui étaient imposées par ses travaux, soit spirituels, soit manuels, car il pourvoyait par ces derniers à sa subsistance (Actes 18.3 ; Actes 20.34).

Par les jeûnes, on peut entendre ceux qu’il s’imposait volontairement, ou mieux encore, les privations dont il avait parfois à souffrir (Philippiens 4.12).

Parmi les vertus intérieures qui suivent (verset 6), la connaissance signifie ici cette vue claire et pratique des hommes et des choses, qu’il appliquait à sa vie morale et à toute son œuvre. Si l’apôtre place l’Esprit-Saint dans cet ordre, c’est pour montrer que tous les autres dons en découlent comme de leur source et que l’ensemble de ces grâces forme une vie, une vie spirituelle, dont l’âme est une charité sans hypocrisie (verset 6).

La parole de vérité (verset 7) désigne la prédication de Paul et ce qui la caractérise, toute son action par la parole.

La puissance de Dieu, c’est cette force divine qui se manifestait, soit par la parole même, soit par des miracles.

Par les armes de la justice, de la droite et de la gauche, l’apôtre entend les armes offensives et défensives (glaive et bouclier ; comparez Éphésiens 6.11 et suivants) au moyen desquelles le chrétien combat pour la sainte cause de la justice.

L’honneur et l’ignominie, la bonne et la mauvaise réputation (verset 8) peuvent être également utiles ou nuisibles pour le chrétien, selon ses dispositions. Si, honoré, il emploie cette influence pour préparer les cœurs à recevoir l’Évangile ; si, chargé du mépris des incrédules, il en prend occasion de s’humilier lui-même et se console par la pensée que c’est un trait de ressemblance avec son Sauveur, toutes ces choses tourneront à son bien.

Ainsi les enfants de Dieu sont au milieu du monde une énigme, une perpétuelle contradiction pour ceux qui ne les comprennent pas et qui sont étrangers à leurs expériences : (versets 9 et 10) séducteurs qui, aux yeux de la sagesse et de la politique des hommes, répandent des principes faux et dangereux et pourtant seuls pénétrés de la sainte vérité de Dieu ; inconnus (aussi méconnus), parce que l’homme naturel ne comprend rien aux choses qui sont de l’Esprit de Dieu et pourtant connus de Dieu, devant qui leur cœur et leur vie sont à nu ; connus de leurs frères avec qui ils vivent dans une intime communion d’esprit.

Leurs dangers les exposent sans cesse à la mort, leurs souffrances et leurs renoncements sont une mort graduelle et pourtant une puissance de vie toujours nouvelle se manifeste en eux et par eux (2 Corinthiens 1.9-10 ; 2 Corinthiens 4.10-11).

En tout cela ils reconnaissent qu’ils sont châtiés par le Seigneur pour leur sanctification, mais toujours son amour les relève et leur rend la vie. Au milieu de toutes ces tristesses du dedans et du dehors, une source intime de joie leur reste toujours ouverte dans la communion avec leur Dieu-Sauveur. Plus ils se sentent pauvres en eux-mêmes et privés des biens que le monde ambitionne, plus ils sont capables de répandre autour d’eux les richesses spirituelles de Christ. Ils n’ont rien qui leur soit propre et ils savent que toutes choses sont à eux, parce qu’ils sont les héritiers de Celui à qui tout appartient (verset 10 ; comparez 1 Corinthiens 3.1-23).

La vie chrétienne est tout entière, comme la croix de Jésus-Christ, une folie pleine de la sagesse de Dieu, un opprobre qui cache la gloire éternelle !

11 Ô Corinthiens ! Notre bouche s’est ouverte pour vous, notre cœur s’est élargi ; 12 vous n’êtes point à l’étroit au dedans de nous ; mais vos entrailles se sont rétrécies. 13 Or, pour nous rendre la pareille (je vous parle comme à mes enfants) : élargissez-vous aussi.

Après l’effusion de cœur qui précède, Paul est ému ;ses yeux, on le sent, se remplissent de larmes (comparez 2 Corinthiens 2.4), et un cri de tristesse, à la fois et d’ardent amour s’échappe de son âme : « Ô vous que j’aime avec la tendresse d’un père ! (verset 13) vous le voyez, je vous ai ouvert tout mon cœur (verset 11) ; vous n’êtes point à l’étroit dans ce cœur, vous y occupez une large place ; mais vous !, parce que je vous ai paru sévère, parce qu’on vous a inspiré des préjugés, vous êtes rétrécis dans vos entrailles (traduction littérale), votre cœur se ferme et n’a plus ni confiance, ni amour ! (verset 12) Je vous en conjure comme mes enfants bien-aimés, rendez-moi amour pour amour, élargissez votre cœur et envers moi et envers la vérité et envers le Sauveur que je vous ai annoncé  » !

De toutes manières, c’est l’Esprit de Dieu qui met le cœur au large.

14 Ne portez point un joug étranger avec les infidèles, car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ?

Ne portez pas un joug étranger avec eux, car il n’y a ni participation, ni accord possible entre la vie chrétienne et les péchés du paganisme (14-15).

I n’y a aucun rapport entre le temple de Dieu et les idoles et vous êtes ce temple où Dieu promet d’habiter ; séparez-vous donc de tout ce qui est impur et vous serez les enfants de Dieu (16-18).

Ne vous unissez pas avec les infidèles (14-18)

Grec : « Ne devenez pas conjoints sous un joug étranger (ou un autre joug) avec les infidèles » (ou incrédules). L’image est prise de l’usage d’atteler sous un même joug des bêtes de somme de différentes espèces (ce que la loi défendait, Lévitique 19.19 ; Deutéronome 22.10).

Il y a en même temps dans cette image l’idée d’une infidélité et d’un assujettissement. C’est ce qui arrive spirituellement, lorsque des fidèles s’allient avec des incrédules pour une œuvre de Dieu qui exige un même esprit, la même foi, le même amour.

En général, les communications des chrétiens avec le monde, pleines de bienveillance et de charité, sans doute, doivent se borner au nécessaire et avoir toujours pour but de répandre la connaissance de la vérité, la bonne odeur de l’Évangile de Christ.

Hors de là, le sel perd sa saveur, l’esprit du monde triomphe de l’esprit de la vie chrétienne.

L’apôtre passe à ce sujet (versets 14-18) sans transition, frappé sans doute du contraste criant qui existe entre la vie chrétienne qu’il vient de retracer et la mondanité, telle qu’elle règne en tout temps, en tous lieux, hors de la communion avec Dieu. D’ailleurs, on voit par 1 Corinthiens 10 que les chrétiens de Corinthe étaient exposés à des dangers de ce genre par l’abus qu’ils faisaient de la liberté chrétienne.

15 quel accord entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ?

Bélial signifie en hébreu : ce qui ne vaut rien, ce qui est méchant ; les enfants de Bélial sont les hommes méchants, mauvais (Deutéronome 13.13 ; 1 Samuel 25.25). De là, ce mot était employé chez les Juifs pour désigner le diable : c’était un nom propre de Satan.

Ainsi l’apôtre met d’un côté la justice, la lumière, Christ, le fidèle, c’est-à-dire tout ce qui constitue la vie chrétienne ; de l’autre, l’iniquité, les ténèbres, Bélial, l’infidèle ; ce sont là tous les éléments d’un paganisme plongé dans le mal.

Quelle participation, quelle communion, quel accord y aurait-il entre ces contraires absolus ? Ainsi se trouve abondamment motivée l’exhortation du verset 14.

Cela veut-il dire que tout dans le chrétien soit digne d’une telle appréciation et que tout soit absolument du démon dans l’homme inconverti ? Non. Sans doute, il y a entre l’homme régénéré et celui qui ne l’est pas la même différence qu’entre la lumière et les ténèbres, la justice et l’iniquité ; car l’un est éclairé d’une lumière divine, l’autre encore dans son ignorance ; l’un possède la justice de son Sauveur, qui produit peu à peu en lui la sainteté, l’autre est encore dans son péché.

Mais, dans son sentiment intime, le chrétien ne peut pas oublier, d’une part, qu’il a été autrefois ténèbres et qu’il est devenu lumière au Seigneur par pure grâce (Éphésiens 5.8 ; comparez 2 Corinthiens 2.8) ; ni, d’autre part, que l’homme le plus éloigné de Dieu peut, au moyen de cette même grâce, être « rapproché par le sang de la croix ». De là vient que, même en évitant avec soin toute participation aux œuvres infructueuses des ténèbres, le chrétien sincère est retenu, à l’égard des inconvertis, dans l’humilité et dans la charité « qui espère tout ».

16 et quel rapport a le temple de Dieu avec les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

Introduire une idole dans le temple de Dieu était regardé comme une abomination. Or, le chrétien est ce temple : oh ! s’il avait la même horreur des idoles !

Une variante très autorisée porte : Nous sommes le temple, au lieu de vous êtes.

Lévitique 26.12 ; comparez 1 Corinthiens 3.17. L’Église est le temple spirituel dans lequel se réalise la promesse de la présence de Dieu.

17 C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et vous en séparez, dit le Seigneur ; et ne touchez point à ce qui est impur, et je vous recevrai ;

Ésaïe 52.11 librement cité d’après les Septante, toujours à l’appui de l’exhortation du verset 14.

Les derniers mots : et je vous recevrai, ne se trouvent pas dans le texte hébreu d’Ésaïe, mais c’est ainsi que l’apôtre rend cette idée des Septante : (Ésaïe 52.12) « C’est le Dieu d’Israël qui vous rassemble ».

18 je serai votre Père, et vous serez mes fils et mes filles, dit le Seigneur tout-puissant.

Ces dernières paroles, qui, dans la pensée de l’apôtre, doivent faire suite à celles-ci : je vous recevrai (verset 17), ne se trouvent point sous cette forme dans l’Ancien Testament.

Elles ne sont probablement que des réminiscences de déclarations telles que 2 Samuel 7.14 ; Jérémie 31.9 ; Ésaïe 43.6. Elles n’en renferment pas moins une précieuse promesse de Dieu, selon « l’esprit d’adoption » (Romains 8.15)