Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Galilée
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

1°. Ce nom se trouve déjà dans l’Ancien Testament avant les temps de l’exil (Josué 20.7 ; 21.32 ; 1 Rois 9.11 ; 2 Rois 15.29). C’est proprement un nom appellatif ; il signifie cercle, district, quartier, et Ésaïe 8.23, parlant de la Galilée des Gentils, désigne cette portion du pays, non seulement qui était le plus rapprochée du territoire païen, mais de laquelle les peuplades païennes n’avaient jamais été expulsées entièrement, c’est-à-dire le nord de la Palestine, la portion de la tribu de Nephthali la plus rapprochée du territoire phénicien, celle dont Salomon donna vingt villes à Hiram (1 Rois 9.14), celle où se trouvaient Kédès et Haroseth des Gentils (Josué 21.32 ; Juges 4.2 ; 1 Chroniques 6.76). La Galilée d’alors n’était donc point ce qu’elle fut plus tard, elle n’était qu’un cercle sans autre nom propre que celui des païens qui l’habitaient.

2°. Après l’exil, le nom de Galilée fut donné à l’une des quatre grandes divisions de la terre des Juifs, la partie septentrionale, comprise entre le Jourdain et la Méditerranée, s’étendant au sud-ouest jusqu’au promontoire de Carmel exclusivement, au sud-est jusqu’à Scythopolis, au nord jusqu’à Tyr et à la Pérée. On la divisait en haute et basse Galilée : la Haute Galilée, qui renfermait le territoire de l’ancienne Galilée ou Galilée des Gentils, était habitée par des Phéniciens, des Syriens, des Arabes, et même des Grecs (cf. Matthieu 4.15) ; elle se divisait en partie septentrionale, large chaîne de montagnes en Nephthali (Josué 20.7 ; Juges 4.6), haute d’environ 1000 m, calcaire avec quelque peu de basalte, et partie méridionale, plus basse, ornée de riches campagnes et de collines verdoyantes ; c’est là que se trouve la haute plaine de Zabulon qu’entoure une ceinture de collines ; la végétation y est pleine de force, les prairies sont semées de fleurs, surtout de cactus qui y atteignent une grosseur extraordinaire ; le sol en est maintenant jonché de ruines inconnues, et les prairies sont désertes. La Basse Galilée comprenait les tribus d’Aser, de Zabulon, de Nephthali et une portion d’Issacar, depuis Tibériade jusqu’à Ptolémaïs, depuis la plaine de Jizreël jusqu’à Beër-Sébah. Le chemin de la mer (Matthieu 4.15), traversait le milieu du pays.

À l’époque où Jésus parut, la Galilée comptait un nombre presque incroyable de villes et de bourgs ; au dire de Josèphe deux cent quatre villes et villages, dont le moins considérable avait 15000 habitants, ce qui faisait une population d’au moins 3 millions d’habitants.

Les Phéniciens en avaient toujours occupé les côtes et quelques hautes vallées du Liban ; ils purent librement s’établir dans les villes données à Hiram, et arrivèrent sans doute en plus grand nombre encore lorsque Tiglath-Piléser eut conduit les légitimes possesseurs du pays en captivité (2 Rois 15.29). On y trouve maintenant quelques rares habitants, mélange de Juifs, de Druses, de Maronites, de Motualis, d’Arabes et de Turcomâns, qui adorent pêle-mêle Astaroth, Mahomet, et les prophètes hébreux.

Par suite de leur position qui les mettait en contact fréquent avec les païens, le langage des Galilèens s’était altéré, ils parlaient un dialecte rude et lourd qui les faisaient facilement reconnaître des habitants de la Judée (Matthieu 26.73) ; ils changeaient par exemple Alfaï en Chlofa, Alphée en Cléopas. Leur état religieux et moral laissait beaucoup à désirer ; corrompus par le voisinage des Phéniciens, ils étaient trop éloignés du centre théocratique pour pouvoir y trouver un contrepoids suffisant, et plusieurs passages du Nouveau Testament prouvent assez combien ils étaient méprisés (Matthieu 26.69 ; Jean 1.46 ; Actes 2.7-8), au point que les pharisiens en étaient venus à vouloir cacher ou faire oublier l’origine galiléenne de quelques prophètes : Élie, Jonas, Nahum ( ?).

Cependant notre Sauveur a honoré cette contrée en prenant le nom de Jésus de Nazareth, en y habitant, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, à Capernaüm surtout, et en y choisissant la plupart de ses disciples ; les anges appelèrent aussi de ce nom, hommes galiléens, les apôtres qui cherchaient à suivre dans les cieux le maître qui leur était enlevé (Actes 1.11). Ce fut pour les habitants de la Galilée l’accomplissement littéral de Ésaïe 9.4-6 ; ils virent se lever les premiers la lumière du monde, parce que leurs ténèbres étant plus épaisses, ils arrivèrent aussi plus vite au sentiment de leur éloignement de Dieu. Ils servirent en même temps d’intermédiaire entre les Juifs et les païens, et préparèrent la grande idée de l’unité religieuse et spirituelle, que le christianisme a créée entre tous les enfants d’Adam ; ils accomplirent la prophétie de Moïse (Deutéronome 33.18-19). Les Galiléens passaient pour courageux, inquiets, turbulents (Luc 13.1) ; c’est chez eux que prit naissance sous les auspices de Judas le Galiléen (Actes 5.37), la secte des Zélotes à laquelle avait appartenu d’abord un des disciples de Jésus (Luc 6.15), et qui se caractérisait par un inébranlable amour d’indépendance, n’ayant de dévouement que pour la patrie, ne reconnaissant que Dieu pour chef et pour maître. Judas prétendait que la taxe établie par les Romains et réglée par Quirinius à l’occasion du dénombrement (Luc 2.1 ; Actes 5.37), était un nouvel esclavage, une servitude manifeste, à laquelle les Israélites devaient s’opposer de toutes leurs forces ; le peuple approuva ces discours, on prit les armes, et cette petite guerre domestique grandit bientôt et ne se termina qu’avec la ruine de Jérusalem et du temple : les habitants de la Galilée furent les plus fermes soutiens de cette révolte commencée par un des leurs ; d’après Josèphe ils étaient en tout point d’accord avec les pharisiens, et n’en différaient que par leurs principes relativement à l’autorité de Dieu seul sur les hommes et surtout sur les Juifs. Calmet pense que les Hérodiens sont les mêmes que ces Zélotes ou Galiléens ; voir Hérodiens.

Quelques auteurs, Calmet, Ligthfoot, Cellarius, combattus par Reland, Winer, etc., estiment que la Galilée s’étendait encore à l’orient du Jourdain ; mais leurs preuves nous paraissent peu solides et reposent plutôt sur des présomptions, et quelquefois sur des inexactitudes de traduction ; les Septante, disent-ils, traduisent Basan par Galilée (Ésaïe 33.9) ; Eusèbe, en Ésaïe 9, dit clairement que la Galilée était au-delà du Jourdain ; Bethsaïda, ville galiléenne, était de même à l’orient ; enfin Judas le Galiléen était de Gaulon, d’après Josèphe, c’est-à-dire encore d’au-delà le Jourdain. Il vaut cependant la peine de peser ces arguments.