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Ciel, cieux
Dictionnaire Biblique Bost

Dans la Bible, comme dans le langage ordinaire, ce mot a plusieurs significations entièrement distinctes. C’est ainsi qu’il signifie :

1°. L’étendue (Genèse 1.8 ; cf. 2 Pierre 3.12-13) ; les cieux des cieux (Deutéronome 10.14 ; 1 Rois 8.27 ; Néhémie 9.6), ne sont qu’un développement de la même idée, une façon de parler pour désigner l’univers jusque dans ses limites les plus reculées.

2°. L’atmosphère qui entoure notre planète (Deutéronome 28.23 ; Jacques 3.18 ; Aggée 1.10 ; Lévitique 26.19 ; Psaumes 68.8 ; Marc 1.10).

3°. L’espace en tant que séjour des puissances spirituelles (Juges 5.20 ; Actes 4.12 ; Philippiens 2.10) ; l’air est opposé aux cieux lorsqu’il est question des puissances des ténèbres (Éphésiens 2.2 ; 6.12).

4°. La demeure de l’Éternel ; c’est là qu’il habite, c’est de là qu’il répand sur tous les hommes ses grâces, ses faveurs ; c’est là que fut préparé et que s’achève le mystère de la Rédemption ; là que s’enregistrent les noms des bienheureux, les fautes et les vertus des hommes, leurs aumônes (Psaumes 73.25 ; 103.19 ; 139.8 ; Matthieu 6.20 ; 18.18 ; Luc 24.51 ; Jean 6.41 ; Hébreux 4.14 ; etc.).

5°. Le séjour futur des rachetés (Matthieu 19.21 ; 2 Corinthiens 5.1 ; 1 Pierre 1.4). C’est même le sens dans lequel s’emploie le plus habituellement le mot ciel. Le paradis dont parlent Jésus (Luc 23.43), Paul (2 Corinthiens 12.4) et Jean (Apocalypse 2.7) ; la vie (Marc 9.43-45) ; la gloire à venir (Romains 8.18 ; Hébreux 2.10) ; la vie éternelle (Jean 3.15 ; Actes 13.48 ; Matthieu 25.46) ; le royaume de Dieu (Marc 9.47), d’autres expressions encore, sont synonymes du ciel, et expriment la même idée sous d’autres formes, ou plutôt donnent une forme à une idée qui n’exprime que l’espace.

L’Écritures ne nous donne, du reste, aucune indication sur ce que sera la vie éternelle bienheureuse ; les épithètes qui la caractérisent ne peuvent aider à l’imagination. Ce sera une gloire souverainement excellente, un bonheur sans mélange, mais de quelle nature ? On ne saurait le dire.

De ce vague, de cette ombre qui entoure l’avenir, de ce mystère qui l’environne, et qui s’interpose comme un nuage entre nous et le bonheur, on a bien vite conclu au vague du bonheur lui-même, et l’on a fait du ciel quelque chose de vaporeux, d’éthéré, de vague. On en est venu, involontairement, à identifier le ciel des rachetés avec le ciel des astres et avec celui de l’atmosphère ; les âmes nageront ou voleront dans l’immensité. Le nuage qui nous sépare du ciel est devenu le ciel lui-même ; le vague qui l’environne est presque devenu la réalité. On a paru oublier la résurrection de la chair, du corps. Élie et Jésus s’élevant dans les airs et montant aux cieux (2 Rois 2.11 ; Luc 24.51), Étienne voyant les cieux ouverts (Actes 7.55), les fidèles enlevés au-devant du Seigneur en l’air (1 Thessaloniciens 4.17), on a été conduit naturellement à placer le ciel en l’air, et l’on a oublié d’abord, quant au langage, et vu les conditions actuelles de l’existence de notre globe, qu’il était difficile de parler autrement ; puis, et surtout, que la vie à venir ne commencera que lorsque la terre et les cieux auront été détruits et renouvelés.

Il va sans dire que nous n’avons pas la prétention d’aborder ici un sujet trop fécond en hypothèses de tout genre ; mais il peut être utile de protester contre un point de vue qui ne tend à rien moins qu’à dissoudre complètement l’homme et la vie éternelle à force de les spiritualiser. Ce ne sont évidemment pas là les idées que nous donnent les saints livres, ni Paul quand il parle de la résurrection de la chair, ni Pierre quand il parle des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, ni Jean, dans les deux derniers chapitres de l’Apocalypse, lorsqu’il décrit le séjour des bienheureux dans la vie future. Que l’espace puisse servir de demeure aux âmes en attendant la résurrection, c’est possible, nous ne pouvons rien en savoir ; mais qu’après la résurrection, lorsque les âmes auront revêtu de nouveaux corps, il continue d’en être de même, c’est ce qui ne paraît pas sérieux.

Il est à remarquer que si le paradis, le jardin d’Éden, n’est jamais appelé ciel, le ciel, en revanche, est trois fois appelé paradis dans le Nouveau Testament, voir plus haut, et cf. surtout 2 Corinthiens 12, verset 2 et 4, (où le troisième ciel est appelé paradis). Et, si quelque chose nous paraît probable, c’est que la terre renouvelée sera le séjour de l’homme renouvelé, comme la terre primitive a été le séjour de l’homme primitif, et la terre maudite celui de l’homme maudit. Cette terre renouvelée (un autre astre si l’on veut, une autre planète, mais pas d’air, pas de nuages), sera appropriée aux besoins de l’homme dans lequel l’image de Dieu aura été restaurée ; cette terre renouvelée sera ce qu’on appelle ordinairement le ciel, et les nouveaux cieux se rapporteraient à l’espace, à l’atmosphère, ou aux rapports nouveaux dans lesquels cette terre bénie se trouvera avec les astres du nouveau firmament.

La mer n’existe plus (Apocalypse 21.1) ; avec un peu de géologie, on comprend combien ce seul fait changera tout le mode de vivre actuel ; une pareille terre mérite bien le nom de nouvelle terre. Le soleil et la lune ne luisent plus sur la terre (21.23 ; 22.3), il n’y aura plus là de nuit, voilà les nouveaux cieux. La sainte Jérusalem descend du ciel, de devers Dieu, sur cette nouvelle terre, qui nous est ainsi dépeinte comme le futur séjour de l’homme, et la clarté de Dieu l’éclaire, l’Agneau est son flambeau. La main de Dieu qui a lancé la terre actuelle dans l’orbite qu’elle parcourt aujourd’hui, peut-être au troisième jour de la création, peut-être après la chute, et qui, par deux fois déjà, au déluge, et lors de la victoire de Josué, a modifié son cours, saura bien quand l’accomplissement des temps sera venu, l’arrêter de nouveau dans sa course, et d’un mot la placer ailleurs, et faire toutes choses nouvelles. C’est à cette vision de la gloire éternelle qu’il faut rapporter ce que dit Paul (Romains 8.17-22 ; cf. Matthieu 19.28 ; Actes 3.21).

Le mot royaume des cieux est employé dans le Nouveau Testament dans deux sens différents ; quelquefois il désigne la prédication de l’Évangile et son résultat mélangé dans ce monde, c’est-à-dire l’Eglise extérieure, l’amalgame de bons et de méchants qui professent la foi en Christ ; d’autres fois, il ne s’applique qu’au règne de Dieu considéré dans sa gloire future, ou dans sa pureté et sa spiritualité ; de sorte que, dans ce dernier sens, il ne comprend que les enfants de Dieu, et présente un tout autre assemblage que dans la première acception de ce mot.

Voir A. Bost, Recherches, p. 51 et suiv. : « Matthieu est le seul des écrivains du Nouveau Testament qui emploie l’expression de royaume des cieux ; les autres disent toujours royaume de Dieu. Les deux expressions reviennent au même ; mais il semble que celle de Matthieu a quelque chose de plus doux, et que Dieu ait voulu que le livre de la nouvelle alliance s’ouvrît par cette manière si attrayante de représenter le but divin de l’Évangile dans ce monde, et répandit ainsi sur le début de cette économie comme une teinte d’aurore qui contraste admirablement avec l’économie sévère de la loi, qui pesait encore sur le genre humain ».