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Béhémoth
Dictionnaire Biblique Bost Westphal

(Job 40.10ss)

Le mot hébreu Béhémoth est un mot pluriel qui signifie littéralement « de grands animaux quadrupèdes » ; mais tous les savants de nos jours s’accordent à admettre que ce mot, dans le passage de Job, désigne un animal qui, d’après la belle et poétique description de ce chapitre, ne peut être autre que l’hippopotame. Son nom est d’origine égyptienne et s’écrit proprement Pèhèmout, bœuf marin (P est l’article, Ehé signifie bœuf, et moût eau) ; le mot grec hippopotame signifie cheval du fleuve. Cet animal formidable se trouvait autrefois en très grand nombre jusqu’aux bouches mêmes du Nil, mais il s’est retiré depuis vers le sud, et habite surtout au delà des cataractes de ce fleuve, et dans d’autres rivières de l’Afrique. Son corps est une masse énorme, longue de 6 m environ, haute de 2, 5, et d’une circonférence de 5.Sa tête difforme a 1 m et plus de longueur, et renferme une bouche énorme, garnie de grosses dents et qui, lorsqu’elle est ouverte, présente une ouverture de 70 centimètres à peu près. Sa peau est noirâtre, presque sans poil, comme celle de l’éléphant ; elle est si dure et si épaisse, que ni coup de sabre ni coup de fusil ne saurait la traverser ; même au bas-ventre, où pourtant la peau est en général le moins dure, elle est également impénétrable ; elle ne peut être entamée que près des oreilles, et à la jointure de la tête au corps. On en fait des boucliers qui joignent à une grande légèreté une impénétrabilité parfaite. Sa queue est comparativement très petite, ses jambes sont courtes et massives, et le pied ressemble à un gros sabot garni de quatre orteils. L’hippopotame se meut et nage dans l’eau avec une grande facilité ; il s’y tient la majeure partie du jour, ou se couche dans les endroits marécageux du rivage ; cependant il ne peut rester longtemps sous l’eau, car le besoin de respirer le ramène bientôt à la surface.

Heureusement pour les habitants de ces pays chauds, sa nourriture ne consiste qu’en plantes et herbages, autrement il serait un fléau trop redoutable ; il affectionne surtout les pois verts. Lorsqu’il sort la nuit de sa retraite, il parcourt les campagnes pour aller à la recherche de sa nourriture ; il n’est pas rare qu’il détruise un champ de blé ou de trèfle tout entier, soit en le foulant de ses larges pieds, soit en le broutant de sa large gueule. Il ne marche qu’avec difficulté sur la terre ferme, et lorsqu’il appréhende quelque danger, il se hâte de gagner l’eau dans laquelle il peut déployer sa gigantesque force. Quoique paisible de son naturel, cet animal, quand il est irrité, ne craint et n’épargne ni homme, ni animal quelconque. Sa force est extraordinaire, et lorsqu’il se voit attaqué dans son élément, il arrive souvent qu’il renverse les canots, et autres petits bateaux, et qu’il les met en pièces en les saisissant et les broyant entre ses mâchoires, ou en les soulevant sur son dos. Quand il élève hors du fleuve sa tête énorme, il repousse et fait jaillir l’eau du souffle de ses narines et fait entendre en même temps un cri perçant et fort, semblable au bruit du hennissement d’un cheval ou d’un mulet, ou au bruit que fait une énorme porte qui tourne lourdement sur ses gonds rouilles. Les indigènes cherchent à le prendre dans des fosses profondes, mais le prudent animal est sur ses gardes, et devine fréquemment les pièges qu’on lui tend ; et alors même qu’il est pris, il se défend avec fureur, et ne se livre qu’après avoir rudement combattu. Pour l’éloigner de leurs plantations, les indigènes ne connaissent d’autre moyen que d’entretenir des feux de distance en distance, et de battre le tambour. Plusieurs de ces traits aideront à l’intelligence de la description que le livre de Job donne de l’hippopotame, et feront comprendre pourquoi il est représenté comme une preuve remarquable de la sagesse et de la puissance du Créateur. Pour plus de détails, v. le Morgenland de Preiswerk, 1838, p. 343 et suiv.