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Vol
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

Les lois de Moïse sur le vol (Exode 20.15), avaient pour le moins autant pour objet d’indemniser le volé que de punir le voleur ; elles étaient basées sur le principe de la restitution, et de cette manière elles agissaient aussi efficacement que des mesures plus répressives. La constitution du pays, où chaque individu était propriétaire foncier, rendait ce système plus applicable qu’il ne le serait dans nos sociétés modernes, où une partie de la fortune consiste souvent dans des créances insaisissables.

Le vol simple était puni d’une restitution double, si l’objet volé n’avait été ni dénaturé, ni vendu ; dans le cas contraire, la restitution était quintuple pour un vol de bœufs, quadruple pour un vol de brebis (Exode 22.1-4, 7, 9 ; les bœufs et les brebis expriment ici des objets d’une valeur plus ou moins considérable ; le concret est mis pour l’abstrait, selon l’habitude de la loi ; le juge devait suivre l’esprit et ne pas s’en tenir à la lettre). Le vol du bétail était puni plus sévèrement que celui d’autres objets, soit à cause de son importance chez les Hébreux, soit à cause des facilités qu’on avait pour en détourner quelques pièces.

Celui qui ne pouvait payer l’amende devenait l’esclave de son créancier, si toutefois l’amende équivalait au prix d’un esclave. D’après Proverbes 6.31, la restitution aurait été portée au septuple au temps de Salomon, modification qui, d’après Michaélis et Cellérier, s’expliquerait par l’insuffisance de la règle ancienne quand le luxe et le commerce vinrent, sous les rois, changer la nature de la propriété ; toutefois ce passage est susceptible d’une interprétation plus large, et le chiffre indiqué serait un nombre rond souvent employé.

Le voleur de nuit pouvait être tué s’il était surpris en flagrant délit (Exode 22.2-3), soit parce qu’on était censé ne pas connaître ses intentions et sa force, soit parce que la difficulté de le reconnaître diminuait les chances d’une restitution. Les lois de Solon et des anciens Romains avaient plus d’un rapport avec celle des Juifs sur le vol ; elles admettaient la restitution multiple, et le droit de tuer un voleur nocturne. Le vol d’hommes était impitoyablement puni de mort (Exode 21.16 ; Deutéronome 24.7 ; cf. 1 Timothée 1.10). C’était une espèce de traite fort facile dans un pays dont presque la moitié des frontières étaient maritimes ; on pouvait aisément se débarrasser de celui dont on faisait un esclave, et le séparer pour toujours des siens ; la peine ne pouvait être trop sévère ; les rabbins disent que le coupable était étranglé.

Le vol ne paraît pas avoir emporté chez les Hébreux une infamie particulière ; c’était un acte coupable, mais pas honteux, surtout lorsqu’il se faisait en grand. Il semble qu’on le considérât comme une industrie chanceuse pour celui qui l’exerçait, préjudiciable à celui contre qui on l’exerçait, mais comme une industrie. C’était bien l’idée païenne, et dans tous les temps, on a plus ou moins respecté le vol heureux ; de nos jours encore, on respecte la contrebande et l’agiotage, pourvu qu’ils réussissent. Jephthé était plus ou moins chef de voleurs (Juges 11.3). Les gens de David en fuite n’avaient guère d’autre métier (2 Samuel 3.22), et les pillages nombreux qu’on trouve dans sa vie, touchent de plus près au brigandage qu’à la guerre (1 Samuel 30.8-23 ; cf. 2 Samuel 4.2 ; 1 Rois 11.23-24 ; Job 1.17).

Il semblerait que Salomon excuse le vol commis par besoin (Proverbes 6.30) ; il ne le dispense pas de la peine, mais il l’affranchit de la honte, et en fait dans tous les cas une chose à part, un vol d’une nature particulière. « On ne méprise point un larron s’il dérobe pour remplir son âme quand il a faim ». Ce passage, d’ailleurs, n’a pas un caractère législatif, ainsi que le prouve le verset suivant ; il exprime simplement ce qui est dans le cœur de chacun, c’est qu’il y a une différence morale énorme entre celui qui vole par cupidité et celui qui dérobe un pain pour satisfaire sa faim et celle de ses enfants. Dans ce dernier cas, la société a sa part de responsabilité.