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Lézard
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

Animal dont on connaît plusieurs espèces de diverses grandeurs, et que, selon quelques commentateurs, on retrouve dans l’Écriture sous six noms différents, qui sont traduits dans nos versions (Lévitique 11.29-30), par les noms de tortue, hérisson, crocodile, lézard, limace, taupe. Disons quelques mots sur chacun de ces animaux, en réservant toujours l’incertitude qui règne sur tous ces noms, dont la plupart ne se trouvent qu’une seule fois dans l’Écriture :

1°. Hébr. tzùb (Martin, tortue) ; l’animal désigné par nos versions est un amphibie dont le nom est tout à fait déplacé au milieu de ceux qui l’entourent, et que la plupart des commentateurs, déjà les Septante, Damir, Avicenne, puis Bochart, Hasselquist, Léon l’Africain, Shaw, Wi-ner, Gesenius, Harris, sont d’accord à traduire par lézard d’Égypte (cauda verticillata) ; cet animal, qui porté encore le nom de dab ou dsab, a environ 35 à 40 cm de long, et 10 à 12 de large sur le dos ; il ne boit pas d’eau ; ses écailles sont dentelées, sa peau jaunâtre et ses formes assez agréables à la vue ; non venimeux ; très vif ; ovipare.

2°. Anakah (hérisson). D’après la version anglaise, ce serait le furet ; d’après Bochart, l’espèce de lézard tacheté, appelée par Pline stellio ; d’autres (le docteur James), remontant à l’étymologie du mot hébreu, qui indique un cri plaintif ou un grognement, pensent à la grenouille ; Hasselquist, au lézard du Nil ; Harris, au lézard gecko, couvert de taches rouges, et dont le cri aigu lui aurait valu son nom égyptien, et aux Indes celui de tockaï, qui correspondent à la signification du nom hébreu ; Winer enfin voit l’anakah dans l’ouaral ou guaral des Arabes : laid, méchant, venimeux, redoutable, long de 80 cm, il ne craint ni le crocodile, ni les plus gros serpents ; sa peau est brun-rouge, semée de taches noires ; sa force a fait penser à plusieurs auteurs (Bochart, Léon l’Africain, Harris) qu’on devait le voir dans l’animal nommé en hébreu co’ach, qui signifie force ; mais cette étymologie n’est pas une preuve absolue, car, ainsi que l’ont déjà démontré Michaélis et Rosenmuller, le nom de co’ach peut avoir encore d’autres significations.

3°. Co’ach (crocodile) ; les Septante et l’anglais, caméléon ; Harris, guaral ; Winer le traduit par lézard stellion ; brun, avec des taches, les unes blanches, les autres noires ; le corps est plus court que la queue, qui a 40 cm de long., voir ci-dessus 2°.

4°. Letaah (lézard) ; Vulgate, stellion ; tous les interprètes reconnaissent que c’est une espèce de lézard, mais ils varient sur l’espèce. Winer, d’après Castellion, y voit la salamandre, de 9 ou 10 cm de long, large de trois, noire et tachetée de raies jaune-orange, avec deux rangs de glandes sur le dos, qui suintent une humeur laiteuse suffisante pour éteindre un très petit feu ; de là la fable de la salamandre qui peut vivre dans le feu. D’après Bochart, ce serait une autre espèce de lézard, venimeux, et qui peut se coller à la terre de manière à ce qu’on ne puisse l’en arracher qu’avec beaucoup de peine (de l’arabe atah).

5°. Chomet (limace). D’après Bochart, qui s’appuie d’une étymologie vague et incertaine, ce serait une espèce de lézard ; c’est aussi l’opinion de Harris, et la nature des animaux dont il est parlé avant et après, semble justifier cette interprétation ; cependant l’hébreu chamat, qui signifie sable, permet de voir dans cet animal la limace ou l’escargot, ainsi que le font nos versions et Winer ; ce serait alors le même que l’on trouve (Psaumes 58.8), sous le nom de shabeloul (Bochart). Dieu a donné à ce pauvre animal une peau dure et visqueuse, qui doit lui servir de moyen de locomotion par le mouvement de contraction dont elle est douée ; en même temps il peut s’attacher à toute espèce de surface, soit par la viscosité même de son ventre, soit par la pression atmosphérique et le vide que l’animal fait entre son corps et l’objet sur lequel il rampe. La coquille de l’escargot lui est aussi une protection contre les intempéries de l’air ; il peut s’y retirer et se mettre à l’abri contre les petits dangers qui menacent incessamment sa frêle existence. Le psalmiste en a fait l’emblème du méchant qui se consume lui-même dans ses entreprises, laisse partout des traces de son passage, mais se détruit, se fond en son chemin, en perdant à mesure et ses forces et sa substance.

6°. Thinshémeth (taupe). C’est le même mot qui sert (Lévitique 14.18 et Deutéronome 14.16), à désigner un oiseau impur, voir Cygne. Ici on le traduit de deux manières différentes, sans compter celle de la Vulgate, acceptée par les versions française et anglaise ; Saadias, puis Hasselquist, Golius, Winer, entendent par cet animal le lézard gecko (voir ), petit, à queue courte et ronde, venimeux, mais avec cette singularité que c’est par les lobes de ses doigts de pied qu’il laisse échapper son venin ; il recherche les lieux où se trouvent des dépôts de sel marin, il s’y promène plusieurs fois de suite et y laisse après lui son venin, d’autant plus dangereux qu’il rend le sel amer, et le corrompt de telle manière que son usage peut engendrer la lèpre. D’après Bochart, Geddes et Harris, et cette opinion se recommande davantage selon nous, il faut traduire thinshémeth par caméléon ; ce petit animal atteint une longueur de 25 cm ; sa queue est longue, plate et flexible ; il s’en sert quelquefois pour s’attacher aux branches d’un arbre et reste ainsi suspendu ; il n’a pas de cou visible ; sa tête est unie au corps comme chez les poissons, sans séparation ; elle a deux ouvertures qui lui servent de narines, et pas d’oreilles ; le caméléon ne rend aucun son, ni cri, ni grognement ; ses yeux sont extrêmement mobiles, beaux et d’un jaune d’or ; il les promène à droite et à gauche sans avoir besoin de tourner la tête, ce qui lui serait assez difficile ; ordinairement ses yeux sont obliques et regardent de deux côtés à la fois. Sa couleur est gris d’acier, mais devient facilement jaune ou noire quand il sort de son état naturel et qu’une passion l’anime. Ce qui est vrai c’est qu’il peut rester longtemps sans nourriture. Hasselquist raconte qu’il en a gardé un trente-deux jours sans lui rien donner, et que c’est dans les derniers jours seulement qu’il parut un peu éprouvé de ce régime ; il se nourrit, principalement d’insectes. Son nom hébreu thinshémeth, dont la racine est nasham respirer, rappellerait l’ancien préjugé d’après lequel le caméléon ne serait ni herbivore, ni carnivore, mais un simple respirateur.