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Laban
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

(Genèse 25.20 ; 24.29 ; 1806 av. J.-C.)

Riche propriétaire de troupeaux dans les plaines de la Mésopotamie, fils de Béthuel, petit-fils de Nakhor le frère d’Abraham, et ainsi petit-neveu de ce patriarche. Il consentit avec empressement au mariage de sa sœur Rebecca avec le fils unique du riche Abraham, avec Isaac, cousin germain de son père Béthuel. Plus tard, c’est chez lui que le fils de sa sœur, Jacob, vient chercher un asile contre la colère d’Ésaü qu’il redoute. Ces deux hommes rusés se font pendant une vingtaine d’années une sourde guerre, qui préluda de la part de Laban, par la substitution de Léa à Rachel dans le mariage de Jacob (Genèse 29). Le missionnaire Hartley, dans son voyage en Grèce, rapporte un exemple analogue d’un jeune Arménien à qui l’on donna, grâce au voile nuptial qui couvre presque entièrement la personne, une sœur aînée au lieu de la cadette qu’il avait demandée en mariage, et des faits de ce genre ne sont pas précisément rares en Orient.

Après que Jacob eut gagné ses deux femmes par quatorze années de travail, Laban s’arrangea avec lui de manière à ce que l’un et l’autre trouvassent leur avantage à cet accord mutuel ; mais Jacob, par des subterfuges dont nous avons parlé à cet article, s’enrichissait chaque année au détriment de son beau-père, ce qui mécontenta bientôt et les fils de Laban et Laban lui-même. Les rapports des deux familles s’aigrissaient et s’envenimaient ; la confiance avait disparu, l’amitié avec elle, et dans cet état de rivalité jalouse et de tension continuelle, Jacob finit par comprendre qu’il devait partir. Il profite, pour l’exécution de son dessein, d’une absence de Laban, et celui-ci, à son retour, ne trouve plus ni son gendre, ni ses filles, ni ses petits-fils ; aussitôt il assemble ses parents et ses serviteurs, et plein de colère, se met à la poursuite des fugitifs. Mais en chemin une vision l’arrête. Dieu lui défend de nuire à Jacob qu’il protège, et lorsque, près des montagnes de Galaad, les deux familles se rencontrent, la colère de Laban est apaisée ; il reproche seulement au patriarche son départ précipité et l’enlèvement de ses dieux, et finit par lui proposer une solennelle alliance d’amitié. Un simple monument de pierres fut élevé en souvenir de cette journée qui se termina par un sacrifice et un festin offert par Jacob. Laban jura l’alliance par les dieux d’Abraham, de Nakhor et de Térakh, Jacob par le Dieu redoutable que craignait Isaac son père, et les deux familles se séparèrent ; Laban partit de grand matin et s’en retourna en son pays. Son histoire s’arrête là.

Quelle était sa religion ? Il reconnaissait l’Éternel (24.31 ; 30.27) et jurait par les dieux de Nakhor (31.33), même il rendait un culte à des théraphims. C’était un commencement de paganisme et d’idolâtrie. Toujours membre de la grande famille des patriarches, et descendant de Héber, il n’était cependant pas descendant d’Abraham ; sa foi s’était obscurcie, ou plutôt sa foi était morte, et il n’avait conservé que le nom du vrai Dieu. Homme de la terre, il lui fallait un dieu de terre pour représenter le céleste qu’il ne pouvait voir ; et bientôt le dieu de terre était devenu son dieu unique, il l’avait multiplié pour suppléer par le nombre à l’insignifiance. Le paganisme, chez Laban comme chez tous ceux qui ont connu la vérité et qui en ont renié la force, a toujours commencé par le cœur ; et quand on jette les yeux sur ce qu’on appelle maintenant la chrétienté, on ne trouvera que trop de chrétiens, ou plutôt de païens comme Laban, qui ont leurs dieux et leurs déesses, à côté du grand Dieu de la Loi et de l’Évangile. La doctrine des images et le culte des saints sont, dans l’église romaine, un acheminement bien clair vers cette foi double et bâtarde qui veut allier Dieu et le monde, la religion et l’idolâtrie, le christianisme et le paganisme ; et, sans qu’on s’en doute, la religion de Laban a pour partisans tous ceux dont les œuvres ne correspondent pas à la profession qu’ils font d’être chrétiens ; Dieu est dans leur bouche, mais ils cherchent les idoles du monde, et, comme Laban, ils ne les trouveront point.