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Phylactères et franges
Dictionnaire Biblique Lelievre

Ces termes sont bien connus des lecteurs de l’Evangile par la parole de Jésus, rapportée clams le passage (Mat 23.5).

« Toutes leurs actions, ils les accomplissent pour attirer les regards ; ils portent d’énormes phylactères et leurs franges sont interminables Â». On comprend que Jésus censure ici une coutume des Pharisiens, non parce qu’elle est mauvaise en elle-même, mais parce qu’elle manifeste une tendance fâcheuse à exagérer l’importance des détails extérieurs de la vie religieuse an détriment des sentiments essentiels : la justice et la miséricorde. Ce que l’on sait moins c’est la nature de cette coutume des Pharisiens. — Les phylactères étaient de petits sachets de cuir cousus à une courroie. On en portait deux : l’un attaché autour du bras gauche, de telle sorte que le bras étant replié sur la poitrine, le sachet appuyât à l’endroit du cÅ“ur ; l’autre, attaché autour de la tête, de façon à ce que le sachet fût au milieu du front. Ce dernier sachet était divisé en quatre pochettes contenant chacune un morceau de parchemin où étaient écrites des paroles de la Loi. Le sachet porté sur le bras était simple et contenait un seul parchemin avec les mêmes passages. L’origine de cette coutume est dans un texte du livre du Deutéronome : « Ces commandements seront dans ton cÅ“ur... Tu les lieras comme un signe sur tes mains et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux (De 6.6-8) Â». Un passage analogue se trouve dans Exode Ex 13.9,16. Les Rabbins considéraient ces phylactères comme des objets particulièrement sacrés. Il fallait les respecter à l’égard des saintes Écritures. Comme ces dernières, ils pouvaient être sauvés du feu le jour du sabbat. Leur sainteté était supérieure à celle de la Mitre du souverain sacrificateur, qui ne contenait qu’une fois le nom de Yahvé, tandis que les phylactères le contenaient 23 fois. On leur attribuait la vertu de protéger (c’est le sens du mot grec phylactère) contre les mauvais esprits ; ils participaient donc à la nature des amulettes. Peut-être, aux temps prophétiques, en avait-on admis l’usage pour essayer d’effacer, en le perpétuant sous une forme et avec un esprit nouveaux, l’emploi des amulettes païennes on de signes tatoués sur le front et la main. Mais l’interprétation païenne avait reparu sous l’interprétation prophétique. On jurait par les phylactères en y portant la main.

Les franges, ou plutôt les houppes, étaient des ornements du manteau auxquels on attachait une signification religieuse à cause du texte (Deutéronome 22.12) : « Tu mettras des franges aux quatre coins du vêtement dont tu te couvriras Â». Voir aussi No 16.37. Mais quelle était cette signification, c’est ce qu’il est impossible de préciser.


Numérisation : Yves Petrakian