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Cendre
Dictionnaire Biblique Lelievre Calmet

Dans les coutumes relatives au deuil (voyez ce mot), la cendre (et quelquefois la poussière et la terre; joue un rôle considérable, non seulement en Israël mais chez beaucoup d’autres peuples de l’antiquité comme aujourd’hui encore parmi certaines races non civilisées. Les exemples bibliques de ces rites de deuil sont nombreux. Après une défaite, Josué et les anciens du peuple, prosternés le visage contre terre, se couvrent la tête de poussière (Josué 7.6). Le messager qui vient annoncer au vieil Eli la mort de ses fils a la tête couverte de terre (1Sa 4.12). Celui qui annonce à David la mort de Saül présente le même aspect (2Sa 1.2). Job déclare qu’en signe de deuil, il a roulé sa tête dans la poussière (Job 16.15). Les trois amis de Job voyant celui-ci défiguré et méconnaissable, jettent de la poussière en l’air au-dessus de leur tête (Job 2.12 ; comparez : Ac 22.23). Ailleurs, c’est la cendre qui remplace la poussière et la terre (2Sa 13.19). Mardochée se couvre (on peut traduire, se revêt) de cendres (Esther 4.1). Le roi de Ninive s’assied sur la cendre (Jonas 3.6), Job de même (Job 2.8 ; 42.6). Jérémie ordonne à son peuple de prendre à l’avance le deuil des dévastations qu’il va attirer sur lui par ses péchés : « Roule-toi dans la cendre », dit-il (Jer 6.26). Un autre prophète, dont les oracles sont inclus dans notre livre actuel d’Esaïe, fait au contraire le procès de ces jours d’humiliation qu’observe le peuple, mais où les signes extérieurs, comme de se coucher sur la cendre, n’expriment aucun deuil véritable (Esa 58.5). — Le fait que ces coutumes n’étaient pas réservées au deuil proprement dit, mais qu’elles s’étendaient à toute espèce de tristesse, montre qu’à l’époque où ont été écrits les divers livres de la Bible qui les mentionnent, on n’y voyait pas autre chose qu’une marque de chagrin (ou d’indignation). Mais comme on ne peut trouver aucune raison pour que le chagrin s’exprime par de telles manifestations, on doit supposer qu’à une époque très lointaine, dont les auteurs bibliques ne se souvenaient plus, ces coutumes avaient un autre sens, où le rôle de la cendre, de la poussière ou de la terre s’expliquait naturellement. On sait aujourd’hui que chez beaucoup de peuples, les gens en deuil se noircissent avec des cendres, de la boue, de la terre glaise, de la suie. Les Pahouins s’enduisent le corps d’une argile blanche qui les rend méconnaissables. Tous les faits analogues rapportés par les chroniqueurs de l’antiquité ou par les explorateurs et missionnaires actuels semblent indiquer que leur but est, précisément, de rendre l’affligé méconnaissable. La principale préoccupation de celui-ci est de ne pas être reconnu par l’esprit du mort, — un esprit étant toujours à redouter. — Chez les Juifs modernes de certaines contrées, on lance des tessons quand le convoi funèbre quitte la maison, et des mottes de terre ou de l’herbe lorsqu’on sort du cimetière, pour empêcher le mort de revenir.


Numérisation : Yves Petrakian