Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Comparateur biblique
Romains 0.0

Romains 0.0 comparé dans 29 versions de la Bible.

Les « Louis Segond »

Les Bibles d'étude

Les « autres versions »

Romains 0.0 (SAC)

ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS

L’Église met au nombre de ses écrits canoniques les quatorze lettres suivantes ; savoir : une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon, et enfin une aux Hébreux, lesquelles ont reçu ce rang, non par rapport à l’ordre des temps, mais à cause de la dignité de ceux auxquels elles sont écrites, et de l’importance des matières dont elles traitent. Ainsi on a préféré aux lettres adressées à de simples particuliers, celles qui le sont à des peuples, ou à des Églises entières ; et entre celles-là, on a donné le premier rang à celle de Rome, qui, comme dit saint Irénée, était le principal siège de la religion et de l’empire. Quelques-uns ont prétendu que dans cet arrangement on avait encore fait attention à l’étendue de ces lettres, et qu’on y avait placé les plus longues les premières ; car si l’on eût suivi l’ordre chronologique, il eût fallu donner la première place aux deux Épitres aux Thessaloniciens ; la seconde à celle aux Galates ; la troisième aux deux aux Corinthiens ; ensuite placer celles aux Romains, aux Philippiens, à Philémon, aux Colossiens, aux Éphésiens, aux Hébreux, la première à Timothée, celle à Tite, et finir par la seconde à Timothée ; ordre qu’il faut observer, et qu’il est à propos de remarquer pour pénétrer le sens de ces lettres, pour ne pas confondre les faits qui y sont rapportés, et ne pas tomber dans des anachronismes absurdes ; ce qui a fait dire à saint Jean Chrysostome, qu’il ne faut pas s’imaginer que la recherche de ces sortes de circonstances chronologiques soit une étude inutile, puisqu’au contraire elles est très-nécessaire pour éclaircir les difficultés qui se rencontrent dans ces Épîtres. Pour ne se pas tromper dans cette recherche, on doit réduire en général cet ordre chronologique à quatre époques différentes : la première, au temps qui a précédé la première captivité de saint Paul à Rome ; la seconde, à celui de cette même captivité ; la troisième, au temps où il en sortit et vécut en pleine liberté ; enfin la quatrième, au temps de sa dernière captivité dans Rome, un peu avant son martyre. C’est en effet à ces quatre époques que l’on peut fixer le temps auquel cet apôtre a écrit ces quatorze lettres ; c’est ce que l’on examinera en particulier dans les arguments qu’on a mis à la tête de chacune d’elles.

L’Épître aux Romains à laquelle l’Église donne le premier rang entre ces quatorze lettres de saint Paul, pour les raisons qu’on a rapportées, a été écrite par cet apôtre lorsqu’il était à Corinthe logé chez Caius, et qu’il fut obligé de demeurer trois mois en Grèce, pour éviter les embûches qu’on lui avait dressées sur le chemin qu’il devait prendre pour aller en Syrie, afin de porter à Jérusalem les aumônes dont il s’était chargé ; ce qui paraît par diverses circonstances : 1° parce qu’il y salue les Romains au nom d’Éraste, trésorier de la ville de Corinthe ; 2° parce qu’il a recommandé Phébé qui demeurait à Cenchrée, port de cette même ville, et qu’il avait chargé cette femme de leur rendre cette lettre ; enfin de ce que ceux que saint Luc nomme compagnons de ce voyage de Jérusalem, sont en partie les mêmes que ceux au nom desquels cet apôtre salue ici les Romains. (Voyez la Préface du commentaire sur cette Épître, attribué à Origène.) De ces circonstances il est aisé de conclure que cette Épître est écrite de Corinthe l’an 57 ou 58 de l’ère vulgaire, la vingt-quatrième ou vingt-cinquième année après la mort de Jésus-Christ.

On peut être surpris de ce que cette lettre, étant adressée aux Romains, est écrite en grec, et non en latin, qui était la langue commune et populaire de ces peuples ; mais il faut savoir que sous ce nom de Romains, l’apôtre n’entend pas seulement ceux qui étaient nés dans Rome, ni les naturels de cet empire, mais tous les fidèles, de quelque nation que ce pût être, que le commerce et la nécessité des affaires y attiraient, comme sont entre autres ceux que saint Paul salue ici, qui certainement n’étaient pas nés à Rome ni aux environs ; ce qui paraît tel, selon ces paroles du chap. I, v. 7, par lesquelles l’apôtre adresse cette lettre à tous ceux qui sont à Rome, chéris de Dieu et saints par leur vocation ; paroles qui regardent également tous les fidèles, soit Juifs, soit Gentils. Cela étant certain, il était donc plus convenable à l’apôtre de leur écrire en grec, puisque cette langue était alors la plus répandue dans le monde, et plus convenable aux étrangers, et qu’elle était même si commune dans Rome, que les femmes romaines affectaient de s’en servir. Et, en effet, ce ne fut que par le moyen de cette langue, et par les relations des étrangers, que la réputation de la foi des chrétiens de cette fameuse ville se répandit par toute la terre, et vint en Grèce jusqu’aux oreilles de l’apôtre saint Paul, qui en prit occasion de les en féliciter par cette lettre ; mais comme cet apôtre apprit en même temps, et par la même voie, qu’il s’était élevé entre les Juifs et les Gentils convertis quelque contestation au sujet des avantages que ces peuples prétendaient avoir sur les derniers, par rapport au fruit de l’accomplissement des promesses faites à Abraham et à leur pères (car les Juifs prétendaient que les Gentils n’y devaient avoir aucune part, ou du moins qu’ils devaient, en se soumettant à la loi de Moïse, aussi bien qu’à l’Évangile, embrasser les observances légales, et les cérémonies de la loi ancienne ; les Gentils au contraire soutenaient que l’Évangile les affranchissait de ce joug, et que les Juifs, par leurs infidélités et leurs prévarications contre la loi, et par le déicide qu’ils avaient commis en la personne de Jésus-Christ, s’étant rendus indignes de jouir de l’effet des promesses, ils avaient été substitués en leur place) ; pour arrêter le cours de ces disputes qui pouvaient causer quelque schisme, l’apôtre saint Paul crut nécessaire de leur écrire ; ce qu’il fit, non de sa propre main, mais par celle de Tertius ; et dans cette lettre, voulant détromper les uns et les autres de la fausse idée qu’ils avaient de s’être rendus dignes de leurs propres œuvres d’avoir par à l’Évangile et au fruit de la mort de Jésus-Christ, il prouve aux Gentils que la connaissance de Dieu, qu’ils se vantaient d’avoir eue sans la foi, n’avait eu d’autre effet en eux que de les rendre plus coupables, non-seulement pour ne pas l’avoir adoré, mais pour avoir transporté tout leur culte et leurs hommages aux créatures, aux idoles et aux bêtes brutes, et de s’être abandonnés sans mesure à tous les dérèglements de leur cœur. Il dit aux Juifs que, quoiqu’il fût vrai qu’ils avaient eu la foi, qu’ils étaient les enfants d’Abraham, et que par la circoncision ils avaient reçu le signe de l’alliance que Dieu avait faite avec leurs pères, tous ces avantages n’avaient servi qu’à faire connaître leurs infidélités et leur ingratitude, parce que ne les ayant regardés que selon la chair, ils en avaient oublié l’esprit, sans lequel la loi n’est qu’une lettre qui tue, qui pouvait irriter leur concupiscence, leur faire sentir leur faiblesse, le besoin qu’ils avaient d’un Sauveur, la nécessité de sa grâce, leur montrer le bien, mais sans leur donner les moyens et la force de le pratiquer ; qu’ainsi ils étaient, aussi bien que les Gentils, les ennemis de Dieu, l’objet de sa colère et dignes de la mort, non-seulement en général par la prévarication d’Adam, qui avait souillé et corrompu tous les hommes, mais encore plus particulièrement par les crimes personnels qu’ils y avaient ajoutés ; que par conséquent Dieu ne devait aux uns et aux autres que le châtiment et la damnation qu’ils avaient mérités ; qu’ainsi l’application de l’effet des promesses, la vocation à l’Évangile, la persévérance dans les œuvres de la loi selon l’esprit, la grâce et la gloire, sont le fruit de la mort de Jésus-Christ, et des dons gratuits qui dépendent de la seule miséricorde de Dieu, qu’il accorde et refuse comme il lui plaît, et à qui il lui plaît, sans être obligé de faire acception de personne. Gratuité que l’apôtre explique, non-seulement par l’exemple du choix de Jacob et de sa postérité au préjudice d’Ésaü et de ses descendants, mais encore par la comparaison du potier et de l’argile, du vase d’honneur et du vase d’ignominie ; ce qu’il dit être un mystère dont l’intelligence est au-dessus de toutes les pensées des hommes, et dont ils chercheront inutilement la raison. Tout ceci est compris dans les onze premiers chapitres de cette Épître ; car, dans les cinq derniers, l’apôtre y ajoute des préceptes pour bien vivre, et remplir dignement la vocation au christianisme ; et surtout il recommande aux fidèles d’être soumis aux puissances, non par crainte, mais par religion, de payer les tributs, et de s’attacher à accomplir exactement le précepte de l’amour du prochain, de ne rien faire, quoique indifférent, qui le scandalise, de s’abstenir des viandes immolées aux idoles, d’observer les jours marqués par la loi, pour ne pas blesser la conscience des faibles.

Comme le sens de cette lettre, aussi bien que celui de toutes les autres de cet apôtre, a paru, dès son vivant même difficile et obscur, en sorte que l’apôtre saint Pierre, II Epist., cap. III, v. 16, n’a pu se dispenser d’en avertir les fidèles, en leur écrivant qu’il y avait dans ces lettres quelques endroits difficiles à entendre, que des hommes ignorants détournaient à de mauvais sens, on a jugé à propos d’avertir ici que, quoique le style des lettres de saint Paul soit vif, énergique, et propre à attirer l’attention, il ne laisse pas de présenter quelque sorte d’obscurité à l’esprit, parce que cet apôtre, ayant coutume de proposer d’abord sa pensée d’une manière sommaire, et sous des expressions figurées et des termes peu usités, il n’est pas facile de le bien entendre, si on ne le suit pas exactement ; c’est pourquoi il est nécessaire de ne pas se laisser prévenir, et d’attendre qu’il s’explique lui-même ; car il est certain qu’il le fait toujours, qu’il n’y a pas même un seul mot obscur qu’il ne développe dans la suite, et qu’il ne rende intelligible par l’enchaînement de ses principes, et par d’autres termes plus expressifs. C’est pourquoi il est nécessaire de le lire de suite avec attention, et de comparer les expressions les unes avec les autres, afin de dissiper toute obscurité.

Romains 0.0 (GBT)

ÉPÎTRE
DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS

Les Épîtres de saint Paul sont au nombre de quatorze. L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS est placée la première, non d’après l’ordre des temps, mais à cause de l’importance du sujet et de la prééminence de l’Église de Rome, à qui elle est adressée. Elle fut envoyée de Corinthe vers l’an 58 de Jésus-Christ. Saint Paul l’écrivit en grec, suivant l’opinion commune ; on la traduisit ensuite en latin pour en faciliter la lecture aux Romains.

Romains 0.0 (DBY)

Introduction à l’épitre aux Romains

16 chapitres

1. Son auteur et sa date

a) Son auteur

Paul, l’auteur de l’épître aux Romains, ne mentionne son nom qu’une seule fois, au chapitre 1.1. Il s’intitule lui-même esclave de Jésus Christ et apôtre appelé. L’attribution de cette épître à Paul était admise, d’une manière générale, dans l’Église primitive. Bien qu’on trouve très tôt déjà, chez les Pères de l’Église, des citations et des mentions de l’épître aux Romains, Irénée (env. 140-202) est toutefois le premier à citer Paul expressément par son nom.

b) Ses destinataires

L’apôtre adresse son épître aux bien-aimés de Dieu, saints appelés, qui sont à Rome, c’est-à-dire à tous les chrétiens de cette ville (Rom. 1.7). Paul connaissait plusieurs d’entre eux, comme en témoignent les salutations du chapitre 16, mais il n’avait pas vu l’assemblée à Rome en tant que telle. Il n’était jamais allé à Rome. La parole de Dieu ne nous donne aucune indication sur la constitution de ce rassemblement local. Certes lors de la formation de l’assemblée à la Pentecôte, il y avait déjà à Jérusalem des Juifs de Rome : « nous, Romains qui séjournons ici » (Actes 2.10). Quelques-uns d’entre eux furent peut-être amenés à la foi en Jésus Christ. Dans ce cas, les premiers chrétiens auraient vécu à Rome dès les années 30. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance du trafic des voyageurs et des marchandises à cette époque. Cet élément contribua à la propagation de l’évangile entre la capitale de l’Empire romain et la province. Paul a sans doute rencontré la plupart des chrétiens qu’il fait saluer à la fin de son épître en dehors de Rome, au cours de ses voyages.

Quoi qu’il en soit, une assemblée existait probablement à Rome vers les années 50. En 49, un édit de l’empereur Claude contraignit tous les Juifs à quitter la capitale. Aquilas et Priscilla (Prisca) étaient concernés ; ils étaient certainement déjà chrétiens lorsque Paul les rencontra à Corinthe (Actes 18.2 ; Rom. 16.3).

c) Sa date

Quand bien même la lettre adressée aux Romains est placée en tête des épîtres du Nouveau Testament, elle n’est pas la première écrite par Paul. Les épîtres aux Thessaloniciens et aux Corinthiens (peut-être aux Galates aussi) sont antérieures.

Les versets 25 à 28 du chapitre 15 contiennent une indication importante quant à l’époque de la rédaction de l’épître qui nous occupe. Paul parle de son voyage à Jérusalem où il va apporter un don de la part des croyants de la Macédoine et de l’Achaïe. Les apôtres à Jérusalem lui avaient demandé de se souvenir des pauvres (Gal. 2.10). Dans la première épître qu’il leur avait adressée, Paul encourageait les Corinthiens à rendre ce service d’amour fraternel (1 Cor. 16.1-4); dans la seconde, l’apôtre était revenu une nouvelle fois en détail sur cet aspect, manifestement important à ses yeux, de l’œuvre du Seigneur (2 Cor. 8 et 9). Son troisième voyage missionnaire conduisit Paul en Macédoine et en Grèce (Actes 20.1-3) où les dons qu’il devait transmettre à Jérusalem lui furent confiés (Actes 24.17).

Paul écrivit l’épître aux Romains quand il se décida à entreprendre ce troisième voyage. Les mentions de la servante Phœbé de Cenchrée, le port de Corinthe (Rom. 16.1, 2), et de Gaïus (Rom. 16.23 ; comp. 1 Cor. 1.14) démontrent que l’apôtre rédigea son épître aux Romains peu avant de quitter Corinthe pour Jérusalem, à savoir dans les années 57/58. Dans sa lettre, il exprime le désir de s’arrêter aussi à Rome et en Espagne (Rom. 1.11-15 ; 15.23, 24), mais ce souhait ne s’est pas réalisé. Quelques années plus tard, Paul entra dans la capitale romaine en tant que prisonnier de l’empereur.

Inspirée par le Saint Esprit, cette épître fut dictée comme les autres par Paul ; Tertius (lat. « le tiers ») l’écrivit (Rom. 16. 22).

2. Son sujet et son but

L’épître de l’apôtre Paul aux Romains expose d’une manière systématique le message fondamental du salut de Dieu, « l’évangile de Dieu » (Rom. 1.1). Sa position en tête de toutes les épîtres du Nouveau Testament est donc parfaitement justifiée.

L’origine divine de ce message du salut et sa liaison avec la manière d’agir de Dieu dans l’Ancien Testament ressortent des quelque 50 citations ou mentions tirées de l’Ancien Testament que nous trouvons dans cette épître. La façon dont la « question d’Israël » est traitée dans les chapitres 9 à 11 contribue également à montrer le lien entre les plans temporels de Dieu et ses conseils éternels.

Après une courte introduction, l’apôtre Paul commence par établir que tous les hommes sont pécheurs; à cause de leurs méchantes actions, ils ne méritent rien d’autre que le juste jugement éternel de Dieu, la perdition (Rom. 1.18 à 3.20). Mais la justice de Dieu est alors présentée: Dieu a envoyé son Fils unique, Jésus Christ, afin que quiconque croit à son oeuvre expiatoire sur la croix de Golgotha, puisse être parfaitement justifié devant Dieu et recevoir la paix avec lui (Rom. 3.21 à 5.11).

Puis les chapitres 5.12 à 8.39 montrent que l’homme n’a pas seulement commis des mauvaises actions, mais que de nature aussi il est pécheur ; par conséquent, le « vieil homme » est crucifié et mort avec Christ, c’est-à-dire qu’aux yeux de Dieu, il est complètement mis de côté (Rom. 6.6-8). Le croyant peut alors marcher en nouveauté de vie; il n’est plus sous la nécessité de pécher (Rom. 6.4, 14). Sa relation avec la loi mosaïque est également traitée (Rom. 6.14 à 7.13). Un paragraphe important décrit la triste expérience des croyants qui ne discernent pas encore la pleine portée de l’oeuvre expiatoire de Christ, ou qui n’ont pas encore reconnu leur propre état entièrement mauvais (Rom. 7.15-25).

Le chapitre 8 constitue la conclusion de la partie doctrinale ; il expose la position chrétienne du croyant scellé par le Saint Esprit. Ce passage commence par un cri de triomphe: il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ, c’est-à-dire rendus parfaitement un avec lui par la foi ; et il se termine par la certitude réconfortante que rien ne peut séparer les croyants de l’amour de Dieu révélé dans le Christ Jésus ! Tous les rachetés sont enfants, fils et héritiers de Dieu, tous possèdent une merveilleuse espérance. Ils font, maintenant déjà, l’expérience de l’amour de Dieu dans toutes les circonstances de leur vie.

Les chapitres 9 à 11 forment une parenthèse ; nous voyons que la manière d’agir de Dieu dans la période actuelle de la grâce est en accord avec sa relation envers son peuple Israël. Les voies de Dieu à l’égard de son peuple céleste, formé par tous les chrétiens, ne sont pas en contradiction avec ses voies envers son peuple terrestre, Israël. Il est vrai que Dieu a mis de côté pour un temps Israël afin d’ouvrir le chemin de la foi et de la bénédiction aux nations ; mais son propos est la pleine restauration du peuple d’Israël dans l’avenir.

Avec le chapitre 12 commencent les exhortations pratiques à l’intention des croyants dans les situations diverses où ils peuvent se trouver. Les vraies relations des uns envers les autres sont particulièrement mises en évidence (chap. 12.5, 10, 16 ; 13.8 ; 14.13, 19 ; 15.7, 14). L’apôtre mentionne aussi très brièvement l’Assemblée de Dieu (chap. 12.4-8) et l’espérance des croyants (chap. 13.11, 12). Mais ces thèmes seront traités plus en détail dans d’autres lettres, par exemple la première épître aux Corinthiens et l’épître aux Éphésiens (l’Assemblée de Dieu), et les deux épîtres aux Thessaloniciens (l’espérance chrétienne).

L’épître aux Romains contient la réponse de Dieu à la question de Job : « Comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (Job 9.2 ; 25.4). L’exposé bien structuré, systématique de la doctrine fait davantage penser à un traité qu’à une lettre personnelle (à la différence de la première épître aux Corinthiens).

Résumons encore une fois les enseignements importants de cette épître fondamentale : tous les hommes, sans différence, sont pécheurs par nature ; ils peuvent toutefois être justifiés, pour ce qui concerne leurs péchés, par le sang de Christ. Mais plus encore, le vieil homme est crucifié et mort avec Christ. Ainsi, par la mort de Christ, le croyant est délivré de la puissance du péché qui habite en lui. Il est en Christ, c’est-à-dire fait parfaitement un avec Christ, devant Dieu, afin de vivre maintenant pour lui et le servir sur la terre. L’Exode offre une belle image de ce salut et de cette délivrance. Par le sang de l’agneau pascal (Ex. 12), le peuple d’Israël fut mis à l’abri du jugement de Dieu, et par la traversée de la mer Rouge (Ex. 14 et 15), il connut la délivrance de l’oppresseur, pour servir désormais Dieu pendant le pèlerinage dans le désert.

Des hommes tels le Père de l’Église Augustin (354-430) et le réformateur Martin Luther (1483-1546) sont venus à la foi par la lecture de l’épître aux Romains. Cette lettre a joué un rôle primordial lors de la Réforme en Allemagne.

3. Ses particularités

a) L’apôtre Pierre et Rome

Selon une vieille tradition ecclésiastique, une relation particulièrement étroite aurait existé entre l’apôtre Pierre et la capitale de l’Empire romain. Pierre aurait été évêque de Rome pendant 25 ans et serait finalement mort en martyr dans cette ville aux côtés de l’apôtre Paul, en 64 environ, sous l’empereur Néron. La première épître de Clément (vers 95) constitue le témoignage le plus ancien, mais contesté, sur le martyre de Pierre. Des fouilles récentes entreprises sous la basilique Saint-Pierre de Rome n’ont toutefois apporté aucune preuve quant à l’existence de la tombe de Pierre. Pourtant, d’après la légende, elle devrait se trouver à cet endroit.

Dans le Nouveau Testament, nous ne découvrons pas d’indication claire qui permettrait d’étayer l’hypothèse d’une visite de Pierre à Rome. Ni lui ni Paul n’ont participé à la formation de l’assemblée dans cette ville. De plus, Pierre était l’apôtre de la circoncision, c’est-à-dire des Juifs (comp. Gal. 2.8, 9), alors que Paul était l’apôtre des nations, des populations païennes. Dans la seconde épître à Timothée, que Paul écrivit de Rome peu avant sa mort, l’apôtre ne fait pas la moindre allusion à la présence de Pierre dans cette ville. En revanche, plusieurs autres frères sont désignés par leur nom. Il est aussi difficilement concevable que Pierre ait été du nombre de ceux qui ont abandonné Paul lors de sa comparution devant le tribunal (2 Tim. 4.16) ! Des dernières années de la vie de Pierre, le Nouveau Testament ne nous relate que les propos de l’apôtre lui-même, à savoir qu’il séjournait à Babylone, un endroit très reculé de l’Empire romain. Une importante colonie juive et, très tôt aussi, des assemblées chrétiennes s’étaient établies dans cette région (comp. Actes 2.9 ; 1 Pierre 5.13).

b) La justice de Dieu dans l’épître aux Romains

La plupart des lecteurs de la Bible savent que le thème principal de l’épître aux Romains est la justice de Dieu; et pourtant, cette notion importante est souvent mal comprise. Même le grand réformateur Martin Luther ne l’a pas bien saisie. Lui qui pourtant attachait tant de prix à la justification par la foi, n’a pas su rendre exactement le sens de cette expression. En effet, il traduit : « la justice qui compte devant Dieu ». Puis il poursuit son argumentation à l’intention du lecteur en disant : « ta justice n’est rien ; c’est la justice de Christ qui seule compte devant Dieu ; l’évangile parle d’elle uniquement et de nulle autre ».

La justice de Dieu (Rom. 1.17 ; 3.5, 21, 22, 25, 26), c’est Sa propre justice divine, manifestée en ce qu’il a mis sur son Fils, Jésus Christ, comme Substitut, les péchés de tous ceux qui croient en lui. La justice de Dieu est encore révélée dans le fait que Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts et l’a élevé dans le ciel, comme résultat de l’œuvre d’expiation qu’il a accomplie à la pleine satisfaction et à la pleine gloire de Dieu (comp. Jean 16.10). Christ ayant accompli cette œuvre pour nous les hommes, Dieu est juste lorsqu’il justifie celui qui croit au Seigneur Jésus (Rom. 3.26). La justice de Dieu est donc la fidélité immuable et parfaite de Dieu à lui-même et à sa Parole. Cette fidélité justifie tout pécheur qui croit au Seigneur Jésus.

La justification par la foi (Rom. 3.24, 26, 30 ; 4.5, 25 ; 5.1, 9, 18), bien que liée à cela, est une notion distincte. Terme juridique, le mot justification signifie qu’une personne est déclarée parfaitement juste, c’est-à-dire comme si elle n’avait pas commis le ou les acte(s) mis à sa charge ! Or, dans sa grâce, c’est ce que fait le Dieu juste (Rom. 3.24) pour ceux qui viennent à lui par la foi (Rom. 5.1), conscients de leurs péchés, mais avec confiance dans l’œuvre et dans le sang de Christ (Rom. 5.9).

Enfin, le lecteur de l’épître aux Romains rencontrera souvent les mots « compter à justice » (Rom. 4.3, 5, 9, 11, 22, 24) ; cette expression jette de la lumière sur un autre résultat de la foi qui sauve. « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice » (Gen. 15.6 ; comp. Ps. 106.31). Là non plus il ne s’agit pas de la justice de Christ qui serait comptée au croyant. Le mot justice signifie ici : la seule attitude juste que Dieu puisse reconnaître. En aucun cas, elle ne peut être caractérisée par des œuvres humaines, mais uniquement par la foi. Aussi seule la foi est comptée à justice par Dieu. La foi est l’unique comportement approprié de l’homme devant Dieu.

4. Analyse succincte de son contenu

I. Romains 1 à 8 : La justice de Dieu par la foi (partie doctrinale)
1. Chapitre 1.1-17Introduction
2. Chapitres 1.18 à 3.20La nécessité de la justification
Chap. 1.18-32Les nations impies}tous sont pécheurs
Chap. 2.1-16Les nations se disant justes}
Chap. 2.17 à 3.8Les Juifs}
Chap. 3.9-20Personne qui fasse le bien
3. Chapitres 3.21 – 5.11La justification par la foi
Chap. 3.21-26La justice de Dieu
Chap. 3.27 à 4.25Uniquement par la foi
Chap. 5.1-11La paix avec Dieu
4. Chapitres 5.12 à 8.39En Adam en Christ
Chap. 5.12-21Deux familles
Chap. 6.1 à 7.14La grâce et la loi
Chap. 7.15-25Expériences
Chap. 8.1-39Aucune condamnation dans le Christ
II. Romains 9 à 11 : La question d’Israël (partie historique)
Chap. 9.1-33La souveraineté de Dieu
Chap. 10.1-21Le manquement d’Israël
Chap. 11.1-36Israël accepté à nouveau
III. Romains 12 à 16 : Les conséquences morales (partie pratique)
1. Chapitres 12.1 à 15.13La responsabilité chrétienne
Chap. 12.1-21Le service et la vie
Chap. 13.1-14Les rapports avec les autorités
Chap. 14.1 à 15.13Les forts et les faibles
2. Chapitres 15.14 à 16.27Conclusion
Chap. 15.14-33Le service personnel de Paul
Chap. 16.1-27Salutations et louange.

Tiré de « Vue d’ensemble du Nouveau Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.

Romains 0.0 (AMI)

ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS

C’est de Corinthe, à la fin de son troisième voyage missionnaire (Actes XX, 2 suiv.), durant l’hiver 57-58, ou peut-être 56-57 (Lagrange), que saint Paul a écrit l’épître aux Romains. Il se préparait à porter à Jérusalem le produit des collectes faites en Macédoine et en Achaïe pour les chrétiens de la ville sainte, et avait le désir de passer par Rome en se rendant en Espagne : XV, 22-32. Malgré sa répugnance à travailler sur un terrain évangélisé par autrui (XV, 20-21), il est attiré par la capitale et souhaite communiquer à l’Église Romaine quelque don spirituel et y recueillir quelque fruit : I, 11-13.

Il écrit aux fidèles de Rome pour annoncer et préparer sa venue. La majorité d’entre eux devait être d’origine païenne ; les Juifs, expulsés par Claude en 49 ou 50, ne faisaient sans doute que commencer à rentrer, cet empereur étant mort en 54. Les convertis du paganisme étaient peut-être tentés de mépriser leurs frères Juifs, moins nombreux et moins puissants : XI, 13-24. Le ton affectueux de l’épître ne laisse pas supposer que ces derniers fussent tombés dans les excès des judaïsants de Galatie ; la brève mise en garde de XVI, 17-20 ne concerne sans doute que quelques agitateurs, et ne réagit pas sur l’ensemble de la lettre.

Saint Paul y reprend, avec plus d’ampleur et de sérénité, et d’un point de vue un peu différent, l’enseignement donné jadis aux fidèles de Galatie sur le besoin universel de rédemption, la justification par la foi indépendamment de la Loi mosaïque, la gratuité du salut ; la nature de la vie chrétienne et de la grâce, triomphe de l’esprit sur la chair, les desseins providentiels dans l’aveuglement transitoire du peuple Juif et la conversion des païens. Quelques conseils d’ordre pratique suivent ce magistral exposé qui a un peu l’allure d’un traité. Les allusions fréquentes à l’Ancien Testament auront été aisément comprises si l’Église de Rome comptait, outre les judéo-chrétiens, d’anciens prosélytes ou « craignant Dieu » qui étaient entrés en contact avec le judaïsme.

Sa richesse doctrinale fait de cette lettre la plus importante et la plus belle de toutes. « C’est l’écrit le plus profond, le plus puissant, le plus noble qui soit jamais sorti d’une plume humaine. Il est digne de la grandeur romaine, du génie de Paul, de la magnificence des desseins de Dieu. » (Osty)

Langues étrangères