Matthieu 0.0 comparé dans 29 versions de la Bible.
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Lemaîtstre de Sacy (1701) | Matthieu 0.0 (SAC) | ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEULe temps de l’accomplissement des prophéties étant sur le point d’expirer, il fallait que la Synagogue, les ombres et les figures de l’Ancien Testament disparussent, et cédassent à la vérité. Le sceptre n’était déjà plus dans la famille de Juda, le souverain sacerdoce avait été ôté à la tribu de Lévi, et l’on ne voyait presque plus chez les Juifs qu’un reste languissant du culte saint et véritable que Dieu y avait établi. Les traditions humaines et les superstitions païennes avaient pris le dessus. Cependant les Juifs vraiment fidèles attendaient avec impatience le désiré des nations, cette semence de la femme qui devait écraser l’empire du démon, ce prophète depuis si longtemps promis, qu’on devait seul écouter ; et chacun d’eux s’appliquait à découvrir dans les prophéties le lieu et le moment de son avènement, les caractères auxquels ils pourraient le reconnaître ; car il était dit par les prophètes qu’il sortirait de la race de David, de la tribu de Juda, qu’il naîtrait d’une Vierge, à Bethléhem. Le temps même prédit par les semaines de Daniel pour l’onction de ce Saint des saints, paraissait être expiré. Le roi plein de douceur et de bonté devait incessamment paraître, et faire son entrée dans Jérusalem. Le dominateur, l’ange du Nouveau Testament si longtemps attendu, devait venir en ce moment. L’heure enfin approchait de substituer le grand sacrifice du Christ aux sacrifices impurs des animaux et des bêtes. Quatre mille ans s’étaient écoulés sous l’ancienne loi, et l’on était parvenu à la plénitude de ces temps marqués par l’Écriture, auxquels toutes les promesses faites aux patriarches devaient s’accomplir ; et lorsque les Juifs mêmes, impatients d’attendre, commençaient à douter du succès de tant d’événements prédits, les anges parurent dans le ciel au milieu du silence de la nuit, et leur annoncèrent la naissance du nouveau législateur, l’an 41 du règne d’Auguste, l’an 4709 de la période Julienne, quatre ans avant ce que l’on appelle l’ère vulgaire. Mais la naissance pauvre, la vie humble et retirée de ce nouveau législateur, le cachèrent trente années aux yeux des hommes ; et il se fit connaître à quelques-uns des Juifs et des Gentils pendant les trois dernières années de sa vie en remplissant les fonctions de son ministère, en annonçant et en prêchant les voies et le chemin du salut, guérissant les malades et ressuscitant les morts, sa croix et sa mort ignominieuse en dérobèrent pendant quelque temps l’éclat à presque tous les hommes, ayant été aux Juifs un sujet de scandale, et aux Gentils un sujet de risée et de mépris. Cependant, par un très-grand miracle, cette folie apparente et ce scandale prétendu sont devenus, après sa résurrection, l’admiration et l’objet du respect et de la vénération de tout l’univers ; et l’Évangile de ce crucifié s’est répandu par toute la terre avec une telle rapidité, qu’aucune puissance n’a pu en arrêter le cours. Le seul récit de la sainteté de sa vie, joint à la pureté de sa doctrine, à la vérité de ses miracles et aux charmes de sa grâce, a su appeler et soumettre toutes les nations de la terre au joug de son Évangile ; car ce nouveau législateur n’a point laissé sa loi écrite sur des tables de pierre comme Moïse ; mais il l’a écrite dans le cœur et sur les lèvres de ses apôtres et de ses disciples, afin qu’ils la répandissent ensuite dans le cœur et sur les lèvres des autres, et la fissent passer ainsi de génération en génération par le canal d’une tradition orale ; car il ne paraît point que Jésus-Christ ait rien laissé par écrit, ni qu’il ait commandé à ses disciples d’écrire sa vie et sa doctrine ; mais il leur a simplement ordonné de l’enseigner en tous lieux, et de la publier de vive voix à tous les hommes. C’est ainsi que Dieu en avait usé dès le commencement du monde ; il ne donna point sa loi par écrit à Adam et à Noé ; il se contenta de les en instruire, et de les charger de la transmettre à leur postérité par le seul canal de la parole ; et plus de deux mille cinq cents ans s’écoulèrent jusqu’au temps de Moïse, sans autre secours pour la perpétuer que cette tradition verbale ; et après avoir renouvelé cette même loi par écrit, et l’avoir augmentée de divers ordonnances, il voulut encore laisser aux prêtres et aux anciens d’Israël, par le même canal de cette tradition, l’interprétation des sens obscurs de cette loi. Jésus-Christ en a usé ainsi, et les apôtres, en conséquence, ont longtemps observé de n’enseigner l’Évangile que de vive voix, et de ne le transmettre à leurs disciples que par la seule voie de la parole ; en sorte que cette première Église naissante a été près de cent ans sans avoir eu ce corps complet et entier des Écritures qui composent ce qu’on a appelé le Nouveau Testament ; et cette même Église en eût été entièrement privée, si la Providence n’en eût fait naître les occasions, et si elle ne se fût appliquée à nous perpétuer cette doctrine de Jésus-Christ, soit en conservant ce qui en a été écrit de plus considérable, ou en suppléant ce qui y manquait par la tradition orale qui en est le dépositaire incorruptible ; car tout n’a pas été écrit, puisqu’il est dit que le nombre des choses que Jésus-Christ a dites et faites est si grand, qu’il n’est pas possible de tout rapporter. Ce qu’on appelle le livre du Nouveau Testament, c’est-à-dire de l’alliance que Dieu a contractée de nouveau avec les hommes par Jésus-Christ, car c’est ainsi que Jésus-Christ l’a appelée, Matth., XXVI, 28, c’est le corps d’écritures qui contient les conditions et le contrat de cette alliance, l’histoire de la naissance, de la vie et de la mort de Jésus-Christ, la doctrine qu’il a enseignée, le progrès de ses prédications, de celles de ses disciples, et l’établissement de son Église. La première et la principale partie de ce recueil se nomme l’ÉVANGILE, c’est-à-dire bonne nouvelle, nom que saint Matthieu lui a donné, parce qu’elle nous apprend la naissance d’un libérateur et du sauveur de tous les hommes, qu’elle enseigne la voie et les moyens de les conduire au salut ; ce qui est contenu dans quatre livres, qui sont appelés l’Évangile de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc, de saint Jean, lesquels sont mis et placés dans ce rang, par rapport à l’ordre des temps auxquels ils ont été écrits, et non par rapport à la qualité de leurs auteurs ; deux d’entre eux, savoir saint Matthieu et saint Jean, ayant été apôtres du Seigneur, et les deux autres n’en ayant été que les disciples. La seconde partie contient les Actes, c’est-à-dire les actions et les prédications des apôtres et des disciples de Jésus-Christ. Ensuite sont les quatorze Épîtres de saint Paul : une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon, et la dernière aux Hébreux. Ensuite sept autres épîtres surnommées Catholiques, parce qu’elles renferment les règles universelles et générales du christianisme, et qu’elles sont adressées à toute l’Église en général ; et de ce nombre sont l’Épître de saint Jacques, les deux de saint Pierre, les trois de saint Jean, et celle de saint Jude. Enfin ce qui termine le Nouveau Testament, c’est le Livre de l’Apocalypse de sain Jean l’Évangéliste, c’est-à-dire le Livre de ses Révélations, ou Prophéties. Sur chacun de ces écrits on peut voir ce qui en est dit dans l’avertissement particulier qu’on a mis à la tête de chacun de ces livres ; il suffit de remarquer que tout le Nouveau Testament contient l’histoire, non-seulement des trente-trois années de la vie de Jésus-Christ, mais encore des soixante-cinq années suivantes ; du progrès de la prédication de son Évangile depuis l’année du monde 4000 jusqu’en l’année 4098. Le premier et le plus ancien des écrivains du Nouveau Testament et des quatre Évangélistes est saint Matthieu, l’un des douze apôtres de Jésus-Christ, qui a écrit tout ce qu’il a appris, soit de la bouche même de son maître, soit de ceux qui avaient eu avec lui de plus étroites liaisons. Il entreprit cet ouvrage la sixième année après la mort de Jésus-Christ, à la sollicitation des Juifs de Jérusalem qui s’étaient convertis ; et comme il le composa principalement pour les Juifs, il l’écrivit en leur langue, ou, comme disent saint Irénée et Eusèbe, en la langue de leur pays, c’est-à-dire en syriaque mêlé d’hébreu et de chaldéen, langage que les Juifs avaient contracté pendant le temps de leur captivité : c’est ce que saint Irénée, Origène, Eusèbe, saint Athanase, saint Épiphane et saint Jérôme ont entendu lorsqu’ils ont dit que l’Évangile de saint Matthieu avait été écrit en hébreu. L’histoire ecclésiastique assure que Pantenus étant allé aux Indes y trouva l’Évangile de saint Matthieu écrit en hébreu, qui avait été apporté par l’apôtre saint Barthélemy, et que cet exemplaire y était encore du temps de l’empereur Commode. L’auteur de la vie de saint Barnabé rapporte que cet apôtre étant allé prêché l’Évangile en Grèce y avait porté un exemplaire de l’Évangile de saint Matthieu, qui fut ensuite trouvé dans son tombeau sous le règne de l’empereur Zénon ; mais plusieurs savants croient, avec beaucoup d’apparence, que c’était un exemplaire grec, et non hébreu, comme l’a supposé Antime, qui cherchait, à quelque prix que ce fût, des autorités pour soustraire son évêché à la juridiction du patriarche d’Antioche, d’autant plus qu’il n’y a pas d’apparence que saint Barnabé ait porté un exemplaire hébreu dans un pays ou personne n’eût entendu cette langue. Saint Jérôme assure qu’il a vu un exemplaire hébreu de saint Matthieu qui était gardé dans la bibliothèque de Césarée, à Bérée et ailleurs, sur lequel il a traduit cet évangéliste ; mais on ne sait si cet exemplaire était celui dont s’étaient servis les Nazaréens et les Samaritains, et qui était altéré, ou si c’était un exemplaire copié exactement sur celui de saint Matthieu ; mais quoi qu’il en soit, aucun de ces exemplaires ne se trouvent plus ; car celui qui a été imprimé depuis par Munster est l’ouvrage de quelque Juif moderne qui l’a traduit en hébreu sur le latin. On ne sait point du tout qui est l’auteur de la version grecque que nous avons ; saint Athanase, ou l’auteur de la Synopse de l’Écriture sainte, dit que saint Jacques, évêque de Jérusalem, a traduit en grec l’original de saint Matthieu ; mais Eusèbe, sur l’autorité de Papias, Histor., lib. III, cap. XXXIX, dit que chacun l’avait traduit en sa propre langue, et Origène assure que ces traductions avaient bien des fautes et bien des différences, aussi bien que les copies grecques, par l’erreur et la faute des copistes, chacun s’étant donné la liberté d’ôter et d’ajouter selon sa fantaisie ; et c’est ce qui engagea saint Jérôme de s’appliquer à les corriger sur la concorde évangélique, ou les canons d’Eusèbe, et sur ce qu’il appelle la vérité ou fidélité grecque, c’est-à-dire sur les exemplaires que se lisaient communément dans les églises les plus savantes et les plus attachées à l’antiquité, comme étaient celles de Césarée et d’Alexandrie, dont les exemplaires avaient été corrigés par Origène, par Piérus et Eusèbe ; et c’est encore le même texte dont se sert aujourd’hui toute l’Église, et que le cardinal Ximénès a revu sur divers exemplaires, afin de corriger les fautes que les copistes y avaient depuis ajoutées, et c’est celui-là même qui est inséré dans les Polyglottes de l’an 1515 et dans les autres qui ont été imprimées depuis. La version dont l’Église latine se sert aujourd’hui est l’ancienne Vulgate, que saint Jérôme a corrigée sur les exemplaire grecs les plus corrects qu’il avait pu trouver de son temps. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Grande Bible de Tours (1866) | Matthieu 0.0 (GBT) | LE SAINT ÉVANGILE | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Darby (1885) | Matthieu 0.0 (DBY) | Introduction à Matthieu28 chapitres1. Son auteur et sa dateDans la plupart des manuscrits, ce livre est intitulé : « Évangile selon Matthieu ». Il n’y a qu’une seule bonne nouvelle de l’œuvre merveilleuse accomplie par le Fils de Dieu, le Seigneur Jésus Christ ; mais dans sa sagesse, Dieu s’est servi de quatre hommes différents pour annoncer par écrit au monde ce message du salut. Comme pour la plupart des livres de la Bible, le nom de l’auteur n’est pas donné dans l’évangile selon Matthieu. Mais dès le commencement, la tradition chrétienne témoigne que le texte a été écrit par l’apôtre Matthieu. Pourtant, selon cette même tradition, l’évangile de Matthieu aurait été composé à l’origine en langue hébraïque ou araméenne. Papias (65-150 apr. J.C.) écrit : « Matthieu a certes bien transcrit les oracles (grec : logia) en hébreu, mais chacun les a traduits comme il l’a pu. » L’interprétation de cette déclaration n’est pas facile et a donné lieu aux explications les plus diverses. La plupart des savants modernes sont parvenus à la conclusion que l’évangile n’a pas été écrit par Matthieu, et qu’aucun fait ne permet non plus d’étayer la thèse selon laquelle le livre aurait été composé en hébreu ou araméen. D’après les scientifiques, l’auteur ne serait pas un apôtre ; il aurait rédigé l’évangile en langue grecque et se serait appuyé sur deux sources : l’évangile selon Marc et une soi-disant « Source de logia Q » qui n’existe en fait qu’en théorie. Ne reconnaissant pas à Matthieu sa qualité d’auteur, les analystes avancent qu’un témoin oculaire n’aurait pas pu écrire de la sorte, et qu’il est inconcevable qu’un apôtre se soit appuyé sur l’oeuvre d’un homme qui lui-même n’était pas un apôtre, tel Marc. Mais ces deux arguments ne tiennent pas compte d’une réalité essentielle. Si les Saintes Ecritures ont été rédigées par des hommes, les auteurs se trouvaient sous l’inspiration du Saint Esprit : Il les a dirigés dans la rédaction de leur exposé tant pour le contenu que pour la forme (comp. 1 Cor. 2.13, 14 ; 2 Pierre 1.21). En outre, l’existence d’un recueil primitif des paroles de Jésus en langue araméenne est certes concevable, mais pour ne pas demeurer purement théorique, une telle hypothèse devrait être corroborée par la découverte de documents. Le texte de l’évangile selon Matthieu est considéré aujourd’hui presque unanimement comme étant l’original grec et non pas une traduction. Le nom de l’auteur, Matthieu, figure au septième ou au huitième rang de chacune des listes des apôtres (Matt. 10.2-4 ; Marc 3.16-19 ; Luc 6.13-16 ; Actes 1.13). Les trois évangiles synoptiques nommés ainsi à cause des similitudes qu’ils présentent évoquent l’appel de Matthieu (Matt. 9.9ss ; Marc 2.13ss ; Luc 5.27ss). Mais à cette occasion, Luc parle d’un « publicain, nommé Lévi » et Marc, de « Lévi le fils d’Alphée », tandis que dans notre évangile la même personne est appelée tout simplement « Matthieu ». On peut aussi remarquer que l’adjonction « le publicain » ne figure que dans l’énumération des apôtres donnée en Matthieu 10.3. Le nom Matthieu tire son origine de différents noms hébreux, tels Matthithia, Matthania ou d’autres, qui tous signifient : « don de l’Éternel ». L’évangile lui-même ne donne aucune indication sur l’époque exacte pendant laquelle il a été écrit, aussi y a-t-il une grande divergence d’opinions à ce sujet. Certains savants pensent que l’évangile a été rédigé après la destruction de Jérusalem (70 apr. J.C.). Considérant que l’argument est sujet à caution, d’autres chercheurs préfèrent situer l’époque de rédaction entre 60 et 70 apr. J.C. Une phrase d’un des Pères de l’Église, Irénée (env. 140-202 apr. J.C.), permet de supposer que l’évangile de Matthieu a été écrit dans les années 61 à 66 apr. J.C. 2. Son sujet et son butDes quatre évangiles, celui de Matthieu est le plus complet et donne la meilleure vue d’ensemble sur la vie et la mort du Seigneur. D’autre part, constituant la transition entre l’Ancien Testament et le Nouveau, représentant le lien de l’un à l’autre, cet évangile occupe à bon escient la première place dans le canon du Nouveau Testament. L’évangile selon Matthieu contient environ soixante citations de l’Ancien Testament. Il ne s’agit souvent que de quelques mots (p. ex. Matt. 5.21, 27, 38, 43 ; 24. 15). Mais une trentaine de citations sont clairement indiquées comme étant tirées de l’Ancien Testament (p. ex. Matt. 2.5, 6 ; 3.3 ; 4.4, 7, 10). Quatorze épisodes de la vie du Seigneur Jésus sont expressément mentionnés comme étant l’accomplissement de prophéties de l’Ancien Testament (Matt. 1.22, 23 ; 2.5, 6, 15, 17, 18, 23 ; 4.14-16 ; 8.17 ; 11.10 ; 12.17-21 ; 13.35 ; 21.4, 5, 42 ; 26.31 ; 27.9, 10). L’intention du Saint Esprit dans cet évangile est clairement indiquée dès le premier verset : Jésus Christ est le Fils de David et le Fils d’Abraham et, par conséquent, le Messie, le Roi d’Israël promis, légitime, Celui qui accomplit toutes les promesses de l’Ancien Testament. A huit reprises le Seigneur Jésus est appelé « Fils de David » (Matt. 1.1 ; 9.27 ; 12.23 ; 15.22 ; 20.30, 31 ; 21.9, 15). Un autre caractère important de cet évangile est étroitement lié à ce qui précède : la fréquente mention du règne messianique, plus précisément du « royaume » (cinquante fois). Alors que, d’une façon générale, le règne est appelé ailleurs « le royaume de Dieu », Matthieu parle trente-deux fois du « royaume des cieux » ; l’expression « royaume de Dieu » n’est employée que cinq fois. L’évangile selon Matthieu est construit selon un plan divin. Dans la première moitié du livre, le Seigneur Jésus est introduit comme le Roi d’Israël et présenté à son peuple terrestre. Cette partie se termine au chapitre 12 par sa réjection : les chefs d’Israël ne veulent pas de leur Roi. La seconde moitié, à partir du chapitre 13, décrit le service du Roi rejeté, un service qui dès lors ne se limite plus exclusivement à Israël, mais s’étend également aux nations païennes. C’est dans cette section de l’évangile que nous trouvons la toute première mention dans la Bible de l’Assemblée (ou : Église) de Dieu, composée de Juifs et de païens (Matt. 16.18 ; comp. 1 Cor. 12.13). Le service de Christ se termine par ses souffrances et sa mort, mais aussi par sa résurrection et par l’envoi des apôtres. Matthieu ne parle toutefois pas de l’ascension du Seigneur. La structure de l’évangile est marquée par les cinq grands discours de Christ, qui tous finissent par les mêmes termes : « Et il arriva que, quand Jésus eut achevé ces discours. »
3. Ses particularitésa) Le royaume des cieuxLe royaume des cieux, c’est la domination de Dieu sur le monde, par le truchement de l’homme Christ Jésus. Avant tout, les Juifs attendaient ce règne pour être libérés du joug des Romains. C’est pourquoi, dans l’évangile selon Matthieu, l’expression « royaume des cieux » est employée trente-deux fois, pour établir clairement que ce royaume a la source de sa puissance dans les cieux et non pas sur la terre. Fondamentalement, le royaume des cieux et le royaume de Dieu désignent la même chose, mais dans le premier cas, l’accent est mis sur le caractère céleste de la domination. En outre, dans l’évangile selon Matthieu, le royaume des cieux est toujours considéré comme futur: il commence après l’ascension du Seigneur; tandis que le royaume de Dieu est présenté, par Matthieu aussi, comme existant déjà (Matt. 12.18). Plusieurs paraboles dont Marc et Luc se servent pour expliquer le royaume de Dieu sont classées par Matthieu sous le « titre » de royaume des cieux. Dans l’évangile que nous évoquons ici, les paraboles du royaume des cieux sont au nombre de dix : l’ivraie dans le champ (chap. 13.24-30, 36-43), le grain de moutarde (chap. 13.31, 32), le levain (chap. 13.33), le trésor dans le champ (chap. 13.44), la perle de très grand prix (chap. 13.45, 46), la seine (chap. 13.47-50), l’esclave sans pitié (chap. 18.23-35), les ouvriers dans la vigne (chap. 20.1-16), le repas de noces du roi (chap. 22.1-14) et les dix vierges (chap. 25.1-13). b) L’Assemblée (en grec : ekklesia)L’évangile selon Matthieu est le seul qui mentionne l’Assemblée (Église) du Nouveau Testament (Matt. 16.18). Ce n’est qu’après son rejet par son peuple terrestre que le Messie a annoncé la fondation et l’édification de l’Assemblée, dont il est lui-même le fondement. L’Assemblée est apparue à la Pentecôte (Actes 2) ; elle comprend tous les croyants de la période actuelle de la grâce. L’Église sera introduite par le Seigneur lui-même dans la maison de son Père avant les jugements de la fin, pour être éternellement auprès de Lui dans la gloire. Le Seigneur parle ensuite de l’assemblée locale, c’est-à-dire de ceux qui se réunissent en assemblée dans un lieu donné (Matt. 18.15-20). Il transmet à l’assemblée locale l’autorité la plus élevée qui soit sur la terre pour toutes les questions d’ordre et de discipline, et cela parce qu’il est lui-même au milieu de ceux qui sont assemblés à son nom. Nous ne trouvons aucune révélation de l’Assemblée dans l’Ancien Testament. L’Église fait partie du mystère de Dieu qui ne sera donné à connaître que dans le Nouveau Testament (Eph. 3.1-12), après l’accomplissement de l’œuvre de l’expiation accomplie par le Fils de Dieu et l’envoi du Saint Esprit pour habiter dans les croyants. 4. Analyse succincte de son contenu
Tiré de « Vue d’ensemble du Nouveau Testament », | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Amiot & Tamisier (1950) | Matthieu 0.0 (AMI) | ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEULe plus ancien de nos Évangiles a pour auteur le publicain Matthieu, chef du bureau de douane de Capharnaüm, que le Sauveur invita à le suivre (IX, 9) et dont il fit un apôtre (X, 3). Saint Matthieu a composé son récit, probablement entre 42 et 50, ou au plus tard vers 60, en langue araméenne, dialecte voisin de l’hébreu et qui l’avait supplanté en Palestine. L’original araméen a disparu de bonne heure ; nous ne possédons qu’une traduction grecque, dont l’auteur est inconnu mais dont il n’est pas impossible qu’il soit l’Évangéliste lui-même. Certains pensent que le traducteur a utilisé l’Évangile de saint Marc, paru dans l’intervalle, mais ce point est discuté. En toute hypothèse, l’Évangile grec est antérieur à la destruction de Jérusalem par Titus, en 70. Matthieu écrit pour les convertis d’origine juive. C’est pourquoi il insiste sur la réalisation des prophéties en la personne du Sauveur et sur la continuité de la Loi mosaïque et de l’Évangile. Il aurait pu mettre en exergue la parole du discours sur la montagne : Ne pensez pas que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abroger, mais les parfaire. (V, 17) Le Juif qui se fait chrétien n’a donc pas à renier ce qui était la gloire et le trésor spirituel du peuple élu ; il retrouve tout, épuré et perfectionné, dans l’Évangile. L’Évangéliste s’attache à montrer que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes, l’héritier des promesses faites à David, et en outre le propre Fils de Dieu, investi de l’autorité même du Père céleste : on le voit, en effet, réformer la Loi donnée par Dieu à Moïse, remettre les péchés, exercer sur la nature et sur les hommes un pouvoir souverain (XXVIII, 18). Par sa mort rédemptrice et par le moyen de l’Église fondée sur Pierre (XVI, 18-19), il vient établir le Royaume de Dieu, destiné à toute l’humanité et non plus restreint, comme l’ancienne Alliance, au peuple d’Israël. Peu soucieux de détails concrets et de couleur locale, saint Matthieu simplifie le récit des événements. Il reproduit par contre avec prédilection les enseignements du Sauveur ; il groupe les plus importants en plusieurs discours (Discours sur la montagne : V, 1 – VII, 27 ; Instructions aux apôtres envoyés en mission : X, 5-42 ; Paraboles du Royaume de Dieu : XIII, 1-58 ; Qualités requises des membres du Royaume : XVII – XVIII ; Anathèmes contre les pharisiens : XXIII, 1-39 ; Discours sur la ruine de Jérusalem et la fin du monde : XXIV – XXVI), où il juxtapose volontiers des paroles prononcées en des circonstances différentes, mais qui se complètent et s’éclairent ; sa manière est donc plus didactique que chronologique. L’Évangile qu’il nous a laissé est le plus complet des quatre. Il offre, en un style d’une solennité noble et d’un hiératisme voulu, un magnifique ensemble d’une grande richesse doctrinale et éminemment propre à l’enseignement. « Il n’a pas le réalisme expressif de Marc, ni au même degré la grâce attendrie de Luc, ni le regard de Jean fixé sur les choses divines ; il a plus de paroles de Jésus, simples et droites, et si pénétrantes qu’on croit les entendre avec l’accent et presque les intonations qu’elles avaient sur ses lèvres. Aussi le plus ancien témoin de la tradition ecclésiastique, Papias, a-t-il vu dans l’Évangile de Matthieu surtout les Paroles divines. » (Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, avant-propos). | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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