Jérémie 0.0 comparé dans 29 versions de la Bible.
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Lemaîtstre de Sacy (1701) | Jérémie 0.0 (SAC) | JÉRÉMIELe second des quatre grands prophètes est Jérémie, qui dit lui-même qu’il est le fils d’Helcias, originaire d’une famille sacerdotale qui demeurait en la ville d’Anathoth, en la tribu de Benjamin, chap. I, v. 1 ; que Dieu le sanctifia dans le sein de sa mère, et qu’il le destina dès lors à aller prêcher sa loi aux Juifs et aux Gentils, ibid., v. 5 et Eccli., chap. XLVI, v. 9 ; qu’il commença d’en exercer la fonction dans un âge très-jeune, et après s’être plusieurs fois excusé sur sa trop grande jeunesse, ibid., chap. I, v. 6, 7 et 8 ; qu’enfin il obéit lorsque Dieu, lui ayant ouvert la bouche, lui promit de lui inspirer les vérités qu’il devait annoncer au peuple, ibid., v. 9 et 10. Saint Jérôme croit qu’il commença sa mission à l’âge d’environ quinze ans ; ainsi il exerça ce ministère pendant quarante-cinq ans, depuis la treizième année du règne de Josias jusqu’à la cinquième après la ruine de la ville et du temple de Jérusalem, sous cinq rois consécutifs ; c’est-à-dire l’an du monde 3375 jusqu’en l’an 3420 : ce qu’il n’a pu exécuter sans s’exposer à de terribles persécutions, Eccli., chap. XLIX, v. 9 ; car il dit lui-même qu’il fut persécuté par les rois, par les faux prophètes, et par les habitants mêmes de sa propre ville, qui formèrent plusieurs fois le dessein de l’assommer à coups de bâton et de l’empoisonner : en effet, il fut à plusieurs reprises battu, prisonnier, et près de perdre la vie. Voyez chap. XI, v. 16 et suiv., et chap. XX, XXVI, XXX et XXXVII. Enfin il fut emmené captif en Égypte par les Israélites mêmes ; et la tradition ancienne ajoute qu’il fut lapidé à Taphnis, et enterré dans le lieu où Pharaon avait demeuré. Voyez Tertul., lib. Scorpi. Saint Épiphane, et l’auteur de la Vie et la Mort des Prophètes, et quelques Pères, assurent qu’il a gardé toute sa vie la virginité ; ce qu’ils appuient par cet endroit du chap. XVI, v. 2, où le Seigneur dit : Vous ne prendrez point de femme, et vous n’aurez point de fils et de filles. Voyez saint Ignace, Epist. ad. Philad., et saint Jérôme. Après sa mort, il apparut tout éclatant de gloire et de majesté à Judas Machabée, à qui le saint pontife Onias dit en lui montrant le prophète : C’est l’ami véritable de ses frères et du peuple d’Israël, c’est là Jérémie, le prophète de Dieu, qui prie beaucoup pour ce peuple et pour toute la ville sainte, II Mach., chap. XV, v. 13. Il paraît que le prophète Jérémie a écrit lui-même ses prophéties ; et il nous apprend, chap. XXXVI, que Joachim, roi de Juda, ayant brûlé le premier recueil qu’il en avait fait, il en fit un second beaucoup plus complet, qu’il fit écrire par Baruch, son disciple ; mais d’un style encore plus vif et plus fort ; et à ce recueil il a encore joint d’autres prophéties contre Babylone, dont il prédisait la ruine, et il les envoya à Sarajas, fils de Nérias, chap. I et II. En effet, ses prophéties finissent au verset dernier du chap. LI ; ce qui fait croire que le chap. LII était d’un autre auteur, peut-être de Baruch son disciple, ou plutôt d’Esdras, et de l’auteur du quatrième livre des Rois, d’autant que c’est un extrait mot pour mot des dix-huit derniers versets du chap. XXIV et des versets 1 et suivants du chap. XXVII de ce livre. Dans ces différentes prophéties, Jérémie reprend avec véhémence les désordres du peuple Juif, ceux des princes des prêtres et des faux prophètes : à ces derniers il reproche leur faiblesse, leur lâcheté leur avarice ; aux premiers jours leurs infidélités, leur idolâtrie et leur indocilité, et il assure que tous ont prévariqué, qu’il n’y a plus de justes, qu’ils ne peuvent plus entendre les remontrances des prophètes ; et, sous diverses paraboles très-vives, il les instruit, leur représente les châtiments dont Dieu s’est servi pour punir leurs pères, lors même qu’ils vivaient sous la protection de Moïse et de Samuel. Il les pique d’émulation par les exemples des Récabites, et par les bénédictions que Dieu répand sur eux ; afin de les porter à faire pénitence, il leur déclare qu’il gémit jour et nuit sur leurs désordres, et qu’il offre continuellement ses prières à Dieu, afin qu’il leur pardonne : tantôt il les menace de la peste, de la famine, de la guerre, et de la ruine de leur pays, et d’une captivité de soixante-dix années. Il prédit nommément la captivité de Sédécias, la mort de Joachim et celle de Jéchonias, son fils ; ensuite il console les justes et ceux qui se convertiront, par l’espérance que cette ruine ne sera pas universelle ; que Dieu les délivrera de tous ces maux, qu’il fera avec eux une nouvelle alliance qui durera éternellement : c’est de celle de Jésus-Christ qu’il veut parler ; qu’enfin Dieu se vengera de ses ennemis et de ceux de son peuple ; que l’Égypte sera désolée ; que les Moabites, les Ammonites, les Iduméens, etc., seront détruits par les Babyloniens, et que les Babyloniens à leur tour seront défaits par les puissances du Nord. C’est ainsi qu’il consola par ses écrits ses frères qui étaient en captivité ; car, après que la ville eût été brûlée, il aima mieux, quoiqu’il fut chez les Chaldéens dans une estime et une vénération particulières, retourner avec les plus pauvres en sa patrie ruinée. Saint Jérôme dit qu’autant ce prophète paraît aisé et simple dans ses paroles, autant il est profond par la majesté du sens qu’elles renferment. Quelques modernes ont prétendu que Jérémie, né et élevé, pour ainsi dire, dans un village, y avait contracté des habitudes vulgaires, qu’ainsi on ne doit pas s’étonner que ses expressions soient basses et rustiques ; mais il n’est pas vraisemblable que ce prophète, né d’une race sacerdotale, à trois milles tout au plus de Jérusalem, c’est-à-dire à une lieue ou environ, n’y ait pas reçu une éducation proportionnée à la dignité de son ministère ; que si Baruch, son disciple et homme de qualité, lui a prêté sa plume, comme quelques-uns l’on cru, toute supposition de rusticité en ce prophète s’évanouit et n’est pas soutenable. Ceux qui s’appliqueront à le lire dans les sources ne trouveront pas qu’Isaïe ait sur lui tous les avantages qu’on veut bien supposer ; les expressions en sont aussi vives, les comparaisons aussi naturelles et aussi justes, les pensées aussi sublimes ; et même on peut ajouter que dans le dernier on trouve plus de force et un air plus pathétique. A l’égard de ce qu’on lui reproche en particulier, comme des suspensions de sens, des phrases trop entrecoupées, des expressions louches et ambiguës, le singulier pour le pluriel, un temps pour un autre, du décousu dans le discours, peu d’ordre dans la narration ; ce sont vices communs à tous les autres, et style ordinaire aux anciens ; et peut-être ne se trouvent-ils tels à notre égard que parce que nous ignorons encore aujourd’hui les propriétés et les délicatesses de leur langue. A l’égard du désordre, il est évident que la plupart des mêmes prophètes n’ont pas toujours suivi dans leurs recueils l’ordre des temps ; cet ordre même a paru très-arbitraire, puisque les Septante, dans l’arrangement de leurs chapitres, en ont suivi un autre que celui de l’hébreu, sans que l’on puisse en deviner la raison. Le rabbin Mosus Kimchi, Procopius Gasæus, et d’autres, avec Sixte de Sienne, soutiennent que Jérémie a écrit le troisième et quatrième livre des Rois, et c’est peut-être la raison pour laquelle il a affecté de n’y presque point parler de lui, et de diverses choses auxquelles il a eu une part considérable sous les rois Joachim et Sédécias. Abulensis ajoute qu’il a aussi composé les deux premiers ; quelques-uns le regardent encore comme l’auteur des psaumes XLIV et CXXXVI. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Grande Bible de Tours (1866) | Jérémie 0.0 (GBT) | JÉRÉMIEJÉRÉMIE, fils d’Helcias, de la tribu de Lévi et de l’ordre des prêtres, naquit à Anathoth, petite ville de la tribu de Benjamin, à peu de distance de Jérusalem. Comme Jean-Baptiste, il fut sanctifié dès le sein de sa mère. A peine âgé de quinze ans, il commença à exercer le ministère prophétique, qu’il continua sous cinq rois consécutifs, depuis la treizième année du règne de Josias, jusqu’à la cinquième année après la ruine du temple et de la ville de Jérusalem. Après la destruction de la ville sainte, Jérémie, assis sur les ruines de Jérusalem, donne un libre cours à ses larmes et exhale sa douleur dans ses Lamentations, que les Hébreux ont appelées le Livre des Cris lamentables. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Darby (1885) | Jérémie 0.0 (DBY) | Introduction à Jérémie52 chapitres1. Son auteur et sa dateAu commencement du livre de Jérémie, nous lisons : « Paroles de Jérémie, fils de Hilkija », et au chapitre 51 (v. 64) : « Jusqu’ici les paroles de Jérémie ». Malgré ces mots simples et clairs d’introduction et de conclusion, et quand bien même Jérémie est le seul prophète de l’Ancien Testament dont la vie et le service soient présentés avec autant de détails personnels, les critiques modernes de ce livre affirment que la plus grande partie des prophéties de Jérémie ne viennent pas de lui. Toutefois, il n’existe aucun argument sensé pour appuyer de tels doutes. Les indications données par Jérémie permettent de situer sa naissance pendant le règne du roi impie Manassé (696-642 av. J.C.). Le prophète descendait de la famille sacerdotale d’Aaron. Sa ville natale, Anathoth, se trouvait sur le territoire de la tribu de Benjamin, non loin de Jérusalem (Jér. 1.1). Jérémie était encore un tout jeune homme lorsque, la treizième année de Josias (640-609 av. J.C.), c’est-à-dire en 627 av. J.C., il fut appelé par l’Éternel à son service de prophète (Jér. 1.4-10). Son ministère dura jusqu’après la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar en 586 av. J.C. ; il s’exerça donc pendant plus de quarante ans (Jér. 39). Sur le commandement de Dieu, Jérémie ne se maria pas (Jér. 16.2). Jérémie vécut d’abord à Anathoth. Mais très tôt, les habitants laissèrent éclater leur haine contre lui (Jér. 11.18-23). Les prophéties données en Jérémie 1.2ss et 3.6ss furent prononcées au temps du roi Josias (640-609 av. J.C.). Après la mort de Josias, Jérémie écrivit des Lamentations sur ce roi (2 Chron. 35.25 ; comp. Jér. 22.10). Il prophétisa contre le fils de Josias, Shallum (ou Joakhas) au chapitre 22 (v. 11). Au cours du règne suivant, celui de Jéhoïakim (609-598 av.J.C.), Jérémie annonça la chute prochaine de Jérusalem. Les sacrificateurs voulurent alors le tuer (Jér. 26). La quatrième année de Jéhoïakim, Jérémie prédit notamment les soixante-dix ans de captivité de Juda à Babylone (Jér. 25.11, 12 ; 36.1 ; 45.1). A cette époque, le royaume d’Égypte fut vaincu par les Babyloniens sous Nebucadnetsar dans la bataille de Karkemish (606 av. J.C.); Jérusalem fut ensuite assiégée et une partie de la population transportée à Babylone (première transportation babylonienne, en 605 av.J.C.). Jérémie reçut alors de Dieu le mandat d’écrire dans un livre toutes ses prophéties jusqu’à ce moment ; il s’en acquitta avec l’aide de son secrétaire Baruc (Jér. 36.1-4). Après la lecture de ces paroles dans le temple par Baruc, le roi Jéhoïakim, courroucé, coupa et brûla le rouleau (Jér. 36.20-26). Dieu chargea Jérémie d’écrire sur un autre rouleau tout ce qui était sur le premier, « et il y fut encore ajouté plusieurs paroles semblables » (Jér. 36.27-32). Le roi suivant, Jéhoïakin ou Jéconias (Conias), ne régna que trois mois et fut transporté à Babylone en 597 av. J.C. (seconde transportation). Sédécias, le troisième fils de Josias, lui succéda (597-586 av. J.C.). Jérémie lui conseilla de ne pas se rebeller contre Babylone en s’appuyant sur l’Égypte (Jér. 37.6ss), mais de se soumettre au roi de Babylone (Jér. 27.12-22). Quand il voulut aller dans le pays de Benjamin, Jérémie fut fait prisonnier et jeté dans une fosse vide (Jér. 37.11 à 38.6). Lorsque finalement les Babyloniens prirent Jérusalem, Jérémie fut libéré. Placé devant le choix de monter à Babylone selon le vœu de Nebucadnetsar ou de demeurer dans le pays, le prophète décida de rester (Jér. 39 et 40). Après l’assassinat de Guedalia, le gouverneur établi par Nebucadnetsar, craignant la vengeance des Babyloniens, les Juifs s’enfuirent, malgré les avertissements de Jérémie, en Égypte et contraignirent le prophète et Baruc à les suivre (Jér. 41 à 43). Jérémie poursuivit son service de prophète dans la ville de Takhpanès (Jér. 43.8 à 44.30) ; c’est là que, selon la tradition, il aurait été lapidé par les Juifs cinq ans après la destruction de Jérusalem. La Bible garde le silence sur la mort de ce grand prophète qui vécut et exerça son ministère pendant les quarante dernières années du royaume de Juda. 2. Son butJérémie, le deuxième de ceux que l’on nomme les quatre grands prophètes, est appelé, à juste titre, le prophète qui pleure (comp. Jér. 9.1, 10 ; 13.17 ; 14.17 ; 15.10 ; 20.14). Aucun autre prophète n’a rencontré autant d’opposition et de haine de la part de son peuple. Mais si, au cours de sa vie, il dut supporter beaucoup de souffrances de la part de ses compatriotes, Jérémie devint, après sa mort, l’objet d’une grande vénération (comp. Matt. 16.14). Quand bien même le prophète condamna à maintes reprises l’injustice des Juifs et leur abandon du Dieu vivant, il aima son peuple jusqu’à la fin (comp. Jér. 17.16 ; 18.20). Le contenu et le but principal du message de Jérémie sont : des appels sans cesse répétés à la conscience des habitants du royaume de Juda, afin de les amener à reconnaître leur bas état moral, et des exhortations à se détourner de leur abandon de l’Éternel et de leur idolâtrie pour revenir à Dieu. En outre, le prophète garde toujours devant les yeux le jugement imminent de la destruction de Jérusalem par Babylone. Mais Jérémie parle aussi constamment de la miséricorde de Dieu pour son peuple. La captivité à Babylone ne durerait que soixante-dix ans (Jér. 25.11, 12 ; 29.10). Après cette période, les Juifs retourneraient dans leur pays. Finalement, Jérémie délivre un message de consolation qui, aujourd’hui encore, attend son accomplissement, car celui-ci n’a pas eu lieu à la suite des soixante-dix ans de la captivité. Après le « temps de la détresse pour Jacob » (Jér. 30.4-7), l’Éternel conclura une nouvelle alliance avec son peuple (Jér. 31.31-34), et alors commencera la période glorieuse du royaume millénaire sous le Messie (Jér. 23.5-8 ; 33.14-18). Cette espérance de la bénédiction future et la puissance de l’Esprit de Dieu fortifièrent et encouragèrent Jérémie dans son triste ministère qui ne fut pas accepté par ses contemporains juifs. 3. Ses particularitésa) Les soixante-dix ans de captivité de Juda à BabyloneDans deux passages, Jérémie mentionne la destruction prochaine de Jérusalem et la transportation du peuple à Babylone ; cette captivité prendrait cependant fin après soixante-dix ans, lors du retour du résidu (Jér. 25.11, 12 ; 29.10). Le jugement dont Dieu avait menacé s’exécuta pendant le règne de Nebucadnetsar, le roi de Babylone. En 605 av. J.C., sous le règne de Jéhoïakim, Nebucadnetsar assiégea une première fois Jérusalem et transporta à Babylone un certain nombre de Juifs, dont Daniel (Dan. 1.1). Pendant le court règne de Jéhoïakin, une deuxième attaque survint, en 597 av. J.C., qui vit la transportation de dizaines de milliers de Juifs à Babylone. Enfin, sous Sédécias, en 586 av. J.C., Jérusalem et le temple furent détruits, et les ennemis emmenèrent à Babylone tout ce qui restait du peuple. La prophétie de Jérémie était réalisée (2 Chron. 36.21). En 539 av. J.C., le roi Cyrus de Perse conquit Babylone et établit Darius, le Mède, comme vice-roi (Dan. 6.1). La deuxième année du roi Darius (l’an un d’après la manière de compter des Perses), Daniel comprit, en lisant les Ecritures, que les soixante-dix ans des désolations de Jérusalem, annoncés par Jérémie sur le commandement de l’Éternel, touchaient à leur fin (Dan. 9.1, 2). Nous avons ici un indice clair de la reconnaissance, opérée par Dieu, de l’inspiration des Saintes Ecritures de l’Ancien Testament, avant l’existence du canon établi ! Comme Daniel s’humiliait et priait, il reçut, par l’ange Gabriel, d’autres prophéties relatives aux soixante-dix semaines d’années, qui devaient s’étendre de la reconstruction de Jérusalem jusqu’à la venue du Messie et jusqu’aux temps de la fin (Dan. 9.20-27). L’auteur du second livre des Chroniques (36.22) et du livre d’Esdras (1.1) fait également allusion à la prophétie de Jérémie concernant les soixante-dix années des désolations de Jérusalem. Sur le commandement du roi Cyrus de Perse, quelque quarante-deux mille Juifs montèrent à Jérusalem pour reconstruire le temple (env. 536 av. J.C.). Le prophète Zacharie, dont le ministère s’exerça peu après le retour des Juifs, mentionne aussi dans son livre les soixante-dix ans de l’indignation de l’Éternel sur Jérusalem et sur les villes de Juda (Zach. 1.12). Mais de laquelle des trois campagnes de Nebucadnetsar contre Jérusalem faut-il partir pour calculer les soixante-dix ans ? Certains chercheurs pensent devoir prendre pour point de départ la destruction du temple en 586 av. J.C.; ils parviennent alors à la conclusion que le nombre soixante-dix ne doit pas être pris littéralement, vu qu’une cinquantaine d’années à peine s’écoulèrent jusqu’au retour du résidu en 536 av. J.C. Pour arriver au compte des soixante-dix années, se fondant sur Esdras 5.1 ; 6.14 et Zacharie 1.12, d’autres érudits veulent voir la date finale dans l’achèvement de la construction du temple, en 516 av. J.C. environ. La solution la plus simple et la plus vraisemblable consiste à calculer la période de soixante-dix années en prenant, selon 2 Rois 24.1-4 et 2 Chroniques 36.20-23, la première prise de Jérusalem en 605 av. J.C. pour point de départ, et le retour des Juifs en 536 av. J.C. environ comme aboutissement. b) L’ordonnance des chapitres dans le livre de JérémieLe contenu du livre de Jérémie ne suit pas toujours l’ordre chronologique. On admet en général que les chapitres 1 à 20 concernent le règne de Josias, bien que le nom de ce roi ne soit mentionné que dans les chapitres 1 (v. 1) et 3 (v. 6). Aucune date n’est donnée en relation avec le temps de Joakhaz. Les chapitres 25, 26, 35, 36, 45 à 49 sont habituellement rapportés au règne de Jéhoïakim, quoique seuls les chapitres 25, 26, 35, 36 et 45 comportent une date. Les chapitres 21 à 24, 27 à 34 et 37 à 42 sont rattachés au temps de Sédécias ; on trouve des dates indiquées aux chapitres 21, 27, 28, 29, 32, 33, 34 et 37. Jérémie prononça en Égypte les paroles consignées dans les chapitres 43 (v. 7, 8) et 44. Le chapitre 52 constitue un appendice, qui correspond presque littéralement aux versets de 2 Rois 24.18 à 25.30. Il fut peut-être ajouté par Jérémie lui-même, sous la direction du Saint Esprit. Un certain nombre de passages ont été laissés de côté dans la version des Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament : Jérémie 10.6-10 ; 17.1-4 ; 27.1, 7, 13 ; quelques parties de Jérémie 17 à 22 ; 29.16-20 ; 33.14-26 ; 39.4-13 ; 51.44-49 ; 52.28-30, et d’autres versets. Les chapitres 46 à 51 sont placés dans un ordre différent, à la suite de Jérémie 25.13. Mais de nombreux chercheurs s’accordent pour dire que les traducteurs alexandrins, formés à la manière de penser grecque, se sont efforcés de « polir » la construction difficile du livre hébraïque de Jérémie. Il convient donc de donner la préférence au texte massorétique traditionnel en hébreu. c) Symboles prophétiquesOn trouve des actes et des signes symboliques chez plusieurs prophètes, par exemple, Ézéchiel 2.8 à 3.3 ; Osée 1.2-9 ; Zacharie 11.7-17. Mais aucun autre livre que celui de Jérémie ne compte autant de symboles prophétiques :
4. Analyse succincte de son contenu
Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament », | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Amiot & Tamisier (1950) | Jérémie 0.0 (AMI) | LE LIVRE DE JÉRÉMIESa vie nous est bien connue, tant par ce qu’il nous en livre lui-même que par les détails biographiques dus à son secrétaire Baruch. Fils du prêtre Helcias, il naquit vers 650, dans la banlieue de Jérusalem, au petit bourg d’Anathoth ; appelé au ministère prophétique en 628, il vécut les dernières années du royaume de Juda ; après la prise de Jérusalem en 586 et l’assassinat du gouverneur Godolias, ses compatriotes l’entraînèrent en Égypte (XLI – XLIII), où ils finirent par le lapider, s’il faut en croire une tradition. Son livre, comme bien d’autres écrits prophétiques, présente un certain désordre, provenant de ses origines. 1° Les chapitres I – XXV et XLVI – LI, dictés par Jérémie à son secrétaire Baruch (XXXVI) en 605 ou 604, contiennent des menaces contre Juda et les nations païennes, suivant un ordre généralement chronologique. 2° XXVI – XXXV furent sans doute édités par Baruch après la chute de Jérusalem ; ils renferment de nombreuses notices historiques, où Jérémie est désigné à la troisième personne, et qui servent de commentaires aux oracles. Leur objet principal est de raconter quelles luttes dut soutenir Jérémie contre les prêtres et les faux prophètes, au temps des derniers rois de Juda. On y trouve les beaux chapitres XXX – XXXIII, où, à l’époque du siège de Jérusalem, le Prophète annonce la restauration future. 3° XXXVI – XLV semblent également avoir été rédigés par Baruch, en manière d’apologie de son maître ; il y a recueilli plusieurs épisodes et divers oracles, qui se rapportent à l’activité de Jérémie pendant et après le siège de Jérusalem. Le style en est simple et naturel ; il n’est point brillant comme celui d’Isaïe ; mais sa spontanéité, sa sincérité s’épanouissent parfois en d’admirables morceaux lyriques. Le règne de Josias (640-609) et la grande réforme religieuse entreprise par ce roi étaient pleins de promesses pour les Israélites fidèles (voir notes sur IV Rois XXII – XXIII) ; le jeune Jérémie, malgré sa timidité et sa défiance de soi-même (cf. I) est aux mains du Seigneur un instrument de choix. Pour ramener Israël au respect de l’Alliance, il fait appel à la tradition comme à la raison et au sens moral, il formule promesses et menaces. La réforme de Josias l’enthousiasme ; mais elle dégénère bientôt en un formalisme sans âme (VI, 19-20). La mort tragique de Josias à Mageddo est pour le peuple une grande désillusion, sinon un scandale. Subissant tour à tour les influences égyptienne et babylonienne, dont il attend un salut facile, croyant à une vertu magique du Temple et de la Loi, Israël s’achemine vers sa ruine. En vain Jérémie s’élève-t-il contre une telle attitude. Contre le formalisme, il prêche l’idéal de la vraie religion : connaître Dieu, adhérer de cœur à sa Loi, en pratiquer l’esprit et non seulement la lettre. Il ne craint même pas de se dresser contre les rois prévaricateurs qui font tant regretter Josias (cf. XXII). Prophète de malheur, il est en butte aux persécutions, ses ennemis se multiplient ; le drame d’Israël devient le drame intérieur de Jérémie. En marge de la société, tenté de déserter son ministère, il en arrive à maudire sa naissance ; mais l’intervention divine clôt cette crise d’âme ; s’il apprend à « se tenir devant la face » du Seigneur, Jérémie sera inébranlable : c’est un véritable appel à la contemplation (cf. XV, 10-21 et XX), c’est la découverte de la vie intérieure. Il comprend désormais que, pour réaliser sa vocation de témoin de Dieu, Israël doit rompre les attaches terrestres. Le Prophète voit d’ailleurs s’accomplir ses menaces. Prise une première fois en 597, Jérusalem, de nouveau rebelle, tombe une seconde fois au pouvoir de Nabuchodonosor en 586. L’Exil commence. Dans ces moments tragiques, Jérémie projette dans l’avenir sa propre expérience religieuse : tout ne disparaîtra pas, un petit reste subsistera, par quoi Dieu préparera la restauration messianique (encore conçue dans le cadre national); les épreuves et les souffrances montreront, à ceux qui resteront fidèles, la voie vers Dieu et vers la « nouvelle Alliance » (XXX – XXXIII). Jérémie, en qui les Pères de l’Église ont vu l’annonce du Christ souffrant, a donc apporté par sa vie, ses épreuves et son expérience mystique, une contribution importante au développement doctrinal de l’Ancien Testament. Il a précisé le caractère intérieur de la vraie religion, l’union intime avec Dieu ; il a annoncé la responsabilité de chacun et le salut individuel, la loi nouvelle inscrite dans le cœur des hommes. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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