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Esaïe 0.0 (SAC)

ISAÏE

Le canon des divines Écritures met au nombre des livres saints les écrits des dix-sept auteurs suivants, auxquels par distinction il donne le titre de prophètes, parce que, selon l’idée générale de ce nom, ces saints, comme beaucoup d’autres, non-seulement ont reçu de Dieu le don de science et de sagesse pour instruire les hommes, qu’ils ont prêché et expliqué la loi, mais parce qu’en particulier ayant été instruits par une inspiration singulière et toute divine, ils ont prédit ce qui devait arriver dans le cours des siècles, et ont annoncé ce qui devait s’accomplir à la fin des temps. De ces dix-sept prophètes, Baruch est compris avec Jérémie, et on en fait communément deux classes : l’une qui contient les quatre grands prophètes, et l’autre les douze petits. La première de ces deux classes contient les écrits de ceux qui se sont le plus étendus, et dont les prophéties sont plus longues ; et la seconde comprend ceux dont les prophéties sont plus courtes et moins étendues. Les Grecs placent les douze petits les premiers, parce que plusieurs d’entre eux sont plus anciens que les grands ; mais les Latins, au contraire, mettent les prophéties des quatre grands prophètes les premières, comme étant plus considérables par leur étendue et par les sujets qu’elles renferment. Les Hébreux entre ceux-ci n’en comptent que trois, parce qu’ils n’y comprennent pas Daniel. A l’égard du rang qu’on leur a donne dans chacune de ces deux classes, on a suivi l’ordre des temps, et c’est pour cette raison que dans la première Isaïe précède Jérémie, et qu’Osée est le premier dans la seconde ; car, autant qu’on le peut conjecturer par les dates et les faits qui sont rapportés dans ces prophéties, voici le rang qu’on leur peut donner selon l’ordre chronologique : Osée, Joël, Amos, Isaïe, Jonas, Abdias, Michée, Nahum, Jérémie et Baruch, Sophonie, Habacuc, Daniel, Ézéchiel, Aggée, Zacharie et Malachie. C’est ce que l’on a marqué plus exactement dans les tables chronologiques, par lesquelles il est évident qu’on peut réduire tout le temps de ces dix-sept prophètes à environ quatre cents ans, à commencer depuis l’an du monde 3174, qu’Azarias, autrement Ozias, roi de Juda, commença à régner, jusqu’en l’an du monde 3581, c’est-à-dire jusqu’au commencement du règne d’Ochus, dit Darius Nothus, fils d’Artaxerxès Longue-Main, dont Néhémie a parlé comme en passant, II Esdras, chap. XII, v. 22, et qui commença à régner vers la fin de la première année de la 89e olympiade, et à peu près dans le même temps que prophétisait Malachie, le dernier des prophètes, auquel temps le temple et la ville de Jérusalem venaient d’être rebâtis.

Il n’y a aucune raison de soupçonner que ces prophéties ne soient en effet l’ouvrage de ces dix-sept auteurs, puisque non-seulement il n’y a aucune d’elles qui ne porte le nom de son auteur, mais encore parce que l’on n’y trouve aucune circonstance qui puisse fournir quelque prétexte d’en douter.

Quelques interprètes prétendent que ces prophéties étaient publiées verbalement au peuple par les prophètes, d’une manière plus étendue ; qu’ensuite ils les réduisaient eux-mêmes à des écrits sommaires qu’ils affichaient aux portes des lieux destinés à la prière, lorsqu’ils ne le pouvaient faire à la porte du temple ; qu’ensuite elles étaient ôtées pour être mises dans les archives publiques, afin de les conserver à la postérité. Dans la préface qui est à la tête du Commentaire sur les quatre grands prophètes, ouvrage attribué à Dorothée de Tyr, qui vivait sous Constantin le Grand, il est dit que la plupart des prophètes n’ont pas écrit eux-mêmes leurs prophéties, mais que les scribes publics qui demeuraient dans le temple, écrivaient chaque jour ce que les prophètes prêchaient, et qu’ainsi on ne doit pas s’étonner si, par l’erreur et la faute des scribes, l’on y trouve de l’obscurité, par des omissions considérables, par le peu d’ordre et le peu de suite qu’il y ont observés ; mais au fond il faut avouer qu’on ne peut rien savoir d’absolument certain touchant la manière dont toutes ces prophéties ont été recueillies par les Juifs : l’Écriture ne nous en dit rien, n’y ayant eu aucun auteur contemporain qui ait eu soin de nous en instruire. Ainsi il suffit de savoir que ces prophéties ont été conservées par les Juifs, et mises par Esdras dans le canon des livres saints, et reçues ensuite universellement de toute l’Église.

Isaïe, l’un des quatre grands prophètes, est le premier d’entre eux, non-seulement selon l’ordre du temps, mais encore par la sublimité de ses révélations, et par la noblesse de sa naissance, étant fils d’Amos, frère d’Amasias, et petit-fils de Joas, tous deux successivement rois de Juda. Les dons qu’il reçut de la nature et de la grâce l’ont rendu très-recommandable entre les écrivains sacrés ; et Jésus, fils de Sirach, auteur du livre de l’Ecclésiastique, dit de lui, qu’il fut un grand prophète, et fidèle aux yeux du Seigneur ; qu’il vit la fin des temps par un grand don de l’Esprit ; qu’il consola ceux qui pleuraient en Sion ; qu’il prédit ce qui devait arriver jusqu’à la fin des temps, et qu’il découvrit les choses secrètes avant qu’elles arrivassent.

Ce prophète a commencé ses prophéties l’an 25 du règne d’Ozias, l’an du monde 3219, selon la chronologie, et a continué sous Joathan, sous Achaz, et sous Ézéchias, rois de Juda, comme il le dit lui-même au chap. I, v. 1 ; et il est mort en la première année du règne de Manassé, par l’ordre duquel, selon la tradition juive, et le rapport de saint Justin, de Tertullien, d’Origène, de Théodoret, de saint Basile, de saint Épiphane et de saint Jérôme, il fut scié en deux avec une scie de bois, pour avoir repris ce prince de ses désordres, et l’avoir comparé, lui et quelques-uns de ses prédécesseurs, au prince de Sodome et de Gomorrhe. Ainsi il paraît qu’il a prophétisé plus de quatre-vingt-six ans, c’est-à-dire jusqu’en l’année du monde 3305, ou environ, et par conséquent qu’il a vécu plus de cent dix ans. La pureté de son style, la noblesse de ses expressions, la beauté de sa diction, l’élégance et le choix heureux des figures, des similitudes, et des comparaisons dont il a orné ses prophéties, sont les preuves de son illustre naissance, et des soins qu’on avait eus de son éducation. La sublimité de ses prophéties et la profondeur de ses révélations, qui lui ont donné la connaissance des événements les plus éloignés et des plus impénétrables mystères de la religion, prouvent qu’il a été divinement inspiré et rempli des lumières de l’Esprit-Saint.

Ces prophéties ne contiennent pas seulement des instructions et des réprimandes contre les dérèglements dans lesquels presque tous les Juifs de son temps étaient tombés, mais encore plusieurs faits historiques qui servent à justifier les reproches qu’il leur faisait, et des prédictions particulières et positives touchant l’état futur des Juifs et le règne des Assyriens, des Babyloniens, des Philistins, des Damascéniens, des Égyptiens et des Iduméens leurs voisins, auxquels, par un enchaînement nécessaire, le sort des Juifs se trouvait indispensablement attaché. Ce saint prophète y prédit clairement la prise de Jérusalem, la captivité de Babylone, le retour des Juifs, leur rétablissement sous Cyrus, en le nommant par son nom plus de deux cents ans avant qu’il fût né ; mais principalement la naissance de Jésus-Christ dans le sein d’une Vierge, les principales circonstances de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, la vocation des gentils à l’Évangile, et l’établissement du règne de Jésus-Christ sur toute la terre ; et cela si clairement, que saint Jérôme n’a pu se dispenser de dire qu’il ne fallait pas considérer Isaïe comme un prophète, mais comme un évangéliste, puisqu’il semblait plutôt réciter des histoires déjà accomplies, que prédire des événements futurs.

Esaïe 0.0 (GBT)

ISAÏE

ISAÏE, le premier des grands prophètes, était de la tribu de Juda et de la race royale de David. Son ministère prophétique commença sous le règne d’Ozias, et ne finit qu’après la mort d’Ézéchias. Isaïe mourut victime de son zèle pour la loi de Dieu. Rien n’égale la sublimité de ses prophéties. Ses prédictions relatives au Messie, Jésus-Christ, sont admirables. Aussi saint Jérôme dit-il qu’Isaïe est plutôt un évangéliste qu’un prophète. Temps auquel Isaïe a prophétisé sur Juda et Jérusalem. Dieu punit l’ingratitude de ce peuple et ses autres crimes, sans qu’il se convertisse. La désolation est proche. Ce qu’Israël doit faire pour rentrer en grâce avec Dieu

Esaïe 0.0 (DBY)

Introduction à Ésaïe

66 chapitres

1. Son auteur et sa date

Le prophète Ésaïe (son nom signifie : « L’Éternel est salut ») était, selon le premier verset du chapitre 1, le fils d’Amots. D’après une ancienne tradition judaïque, ce dernier aurait été un frère du roi Amatsia. Quoi qu’il en soit, Ésaïe avait ses entrées à la cour royale de Jérusalem (Ésaïe 7.3 ; 38.1 ; 39.3). Marié, il était père de deux fils, qui répondaient aux noms de Shear-Jashub (en hébreu, « un résidu reviendra », Es. 7.3) et Maher-Shalal-Hash-Baz (en hébreu, « Qu’on se dépêche de butiner, on hâte le pillage », Ésaïe 8.3).

Le service prophétique d’Ésaïe s’exerça sous les règnes des rois Ozias, Jotham, Achaz et Ézéchias. Ozias commença de régner seul vers 767 avant J.C. et Ézéchias mourut aux alentours de 697 avant J.C. Le ministère du prophète Ésaïe se situe donc pendant cette période. Selon la tradition judaïque, Ésaïe aurait été persécuté par le fils impie d’Ézéchias, le roi Manassé, et scié dans un tronc d’arbre creux (comp. Hébreux 11.37).

Au Moyen Age, pour la première fois, des commentateurs émirent la supposition que les soixante-six chapitres du livre ne seraient pas tous dus à Ésaïe. Vers la fin du 18e siècle, le siècle des lumières, des sceptiques et des théologiens redoublèrent leurs efforts pour démontrer qu’Ésaïe ne pouvait avoir écrit tout le livre. D’aucuns commencèrent par attribuer les chapitres 40 à 46 à un auteur du 6e siècle avant J.C. (deutéro-Ésaïe). Au 19e et au 20e siècle, le démantèlement du livre se poursuivit ; les trente-neuf premiers chapitres furent à leur tour imputés à différents écrivains, et on mit même les chapitres 55 à 66 au compte d’un « trito-Ésaïe » qui aurait vécu au tournant du 6e et du 5e siècle avant J.C. Les critiques avancées portent sur la variété des thèmes abordés et le style soi-disant inégal à l’intérieur des différentes sections, mais surtout sur la mention du nom du roi Cyrus quelque deux cents ans déjà avant son temps (Ésaïe 44.28 ; 45.1).

L’examen détaillé des attaques portées par les critiques bibliques nous éloignerait du sujet fixé ici. Toutefois, remarquons que, dans ce monde, les différences de thèmes et de styles sont également le propre des œuvres de presque tous les auteurs, sans pour autant que la paternité de ces écrits puisse être mise en doute. On ne peut donc évoquer la trop grande disparité de style entre les différentes parties du livre d’Ésaïe. Un tel argument n’est pas crédible. Les ressemblances occupent une place pour le moins aussi importante; citons, par exemple, la fréquence de la mention de Dieu comme le « Saint d’Israël » (voir sous : 3. Ses particularités).

Par ses prophètes, Dieu déclare dès le commencement ce qui sera à la fin (Es. 46.10). La mention du nom de Cyrus longtemps avant son époque en donne une preuve parmi les centaines consignées dans la parole de Dieu. Ce qui caractérise entre autres le prophète, c’est précisément que l’Esprit de Dieu lui communique aussi des choses concernant l’avenir. L’homme de Dieu de Juda évoqua devant le roi Jéroboam le nom du roi Josias quelque trois cents ans avant la naissance de ce dernier (1 Rois 13.2). Ésaïe a prononcé de nombreuses prophéties non seulement sur Cyrus, mais aussi au sujet du Messie: certaines sont déjà réalisées, tandis que d’autres attendent encore leur accomplissement. L’écrivain juif Flavius Josèphe écrit (« Antiquités juives » XI 1.1, 2) que le roi Cyrus de Perse lut avec étonnement les prédictions d’Ésaïe à son égard, et que, peu après, il donna aux Juifs la permission de retourner à Jérusalem (comp. Esdras 1.1-4).

Dans le Nouveau Testament, le livre d’Ésaïe est cité environ soixante-dix fois, davantage que tous les autres écrits des prophètes pris ensemble. Vingt-huit citations viennent à elles seules des chapitres 40 à 66, et onze fois le nom d’Ésaïe se trouve mentionné expressément (Matt. 3.3 ; 8. 17 ; 12. 17 ; Luc 3.4 ; 4.17 ; Jean 1.23 ; 12. 38 ; Actes 8.28-33 ; Rom. 10.16, 20, 21). Le passage le plus remarquable à cet égard se trouve en Jean 12.38-41. Dans ces versets, où l’on trouve des citations d’Ésaïe 53 et 6, le nom du prophète est mentionné trois fois ! La parole de Dieu confirme ainsi elle-même l’unité de ce livre.

La découverte des manuscrits de la mer Morte constitue un autre témoignage clair en faveur de l’unité du livre d’Ésaïe. A Qumran, en 1947, on trouva notamment un rouleau de cuir du 2e siècle avant J.C. d’environ sept mètres de longueur, avec le texte entier du livre d’Ésaïe. Ce manuscrit est la plus ancienne copie complète d’un livre de l’Ancien Testament. Luc (chap. 4, v. 17-20) mentionne un rouleau de ce genre (comparez Actes 8.28-35).

Ésaïe vécut et exerça son ministère durant une période difficile. Le roi Ozias (Azaria) de Juda connut certes un bon commencement, mais plus tard, son cœur s’éleva contre l’Éternel. Son fils Jotham fut, dans une certaine mesure, un roi pieux, tandis que le fils de ce dernier, Achaz, était un idolâtre. Toutefois, Ézéchias suscita un grand réveil du peuple.

À cette époque, le royaume de Juda subissait l’oppression d’ennemis extérieurs : Édom, la Syrie, Israël et les Philistins. Les rois impies du royaume d’Israël, au nord, s’étaient alliés à la Syrie et attaquaient sans cesse Juda (2 Rois 15.37 ; 16.5, 6 ; 2 Chroniques 28.5, 6). Au lieu de s’attendre à l’Éternel, cherchant du secours auprès des Assyriens (2 Rois 16.7 ; 2 Chron. 28.16), les rois de Juda n’obtinrent pas d’aide véritable (2 Chron. 28.20 ; 32.1). Ésaïe fut témoin de l’alliance conclue par le royaume du nord avec l’Égypte contre l’Assyrie, et aussi finalement de la défaite du peuple et de sa transportation en Assyrie, en 722/721 avant J.C. (2 Rois 17). Lorsque, sous Ézéchias, Juda voulut s’affranchir de la domination assyrienne, l’Éternel lui vint en aide (2 Rois 18.7 ; 2 Chron. 32). Mais peu après, Ésaïe dut condamner l’alliance amicale avec Babylone, l’autre grande puissance, et annoncer la captivité babylonienne du royaume de Juda, qui allait survenir une centaine d’années plus tard (2 Rois 18.7 ; 20.12-19).

2. Son but

Ésaïe occupe la première place des livres prophétiques, aussi bien dans les éditions actuelles que dans la bible hébraïque, où il vient en tête des « derniers prophètes ». Ésaïe n’était certes pas le premier prophète, mais son livre constitue l’écrit prophétique le plus long et le plus complet des Saintes Ecritures. Ésaïe est celui qui donne le plus de détails sur le Messie promis (seuls les Psaumes ont un caractère encore davantage messianique) ; cela explique qu’il soit nommé l’« évangéliste parmi les prophètes ». Sa première place parmi ceux qu’on appelle les quatre grands prophètes est par conséquent tout à fait justifiée.

Le livre d’Ésaïe est formé de deux parties principales (Es. 1 à 35 et 40 à 66), séparées l’une de l’autre par une section historique (Es. 36 à 39). La première division contient l’histoire extérieure du peuple de Dieu, la seconde, l’histoire intérieure.

Le première partie (Es. 1 à 35) présente, dans les grandes lignes, des prophéties sur les derniers temps et les voies de Dieu envers Juda, Israël (Es. 1 à 12), et les nations avec lesquelles les Juifs se trouvent en contact (Ésaïe 13 à 27). La description de l’état dans le Millénium fait suite aux six « malheur » (Es. 28 à 35).

Entre la première et la seconde grande division s’intercale une section historique sur la vie du roi Ézéchias (Es. 36 à 39). Elle parle de l’attaque des Assyriens contre Juda et de leur défaite, ainsi que de la guérison d’Ézéchias après une maladie. Par leur place, ces chapitres, en eux-mêmes historiques, appuient les prophéties concernant les ennemis d’Israël et la délivrance du résidu.

La seconde grande division (Ésaïe 40-66) traite de la relation du peuple de Dieu avec le Messie (Christ), et se termine aussi par une description de la domination de Christ dans le Millénium. Les chapitres 40 à 48 présentent la délivrance hors de Babylone et la condamnation des idoles, et les chapitres 49 à 57 montrent les souffrances et la gloire du serviteur de l’Éternel. Les chapitres 58 à 66 contiennent un résumé des pensées et des voies de Dieu envers son peuple terrestre Israël.

Dans tout le livre, le style et le langage d’Ésaïe sont très expressifs. À part quelques rares passages (principalement les Ésaïe 36-39), le texte est rédigé dans la forme versifiée de la poésie hébraïque (voir La poésie hébraïque).

3. Ses particularités

a) Le « Saint d’Israël »

Parmi les différents noms donnés à Dieu dans le livre d’Ésaïe, celui de « Saint d’Israël » occupe une place particulière. Il revient vingt-six fois : Ésaïe 1.4 ; 5.19, 24 ; 10.20 ; 12.6 ; 17.7 ; 29.19, 23 (« Saint de Jacob ») ; 30.11, 12, 15 ; 31.1 ; 37.23 ; 41.14, 16, 20 ; 43.3, 14 ; 45.11 ; 47.4 ; 48.17 ; 49.7 ; 54.5 ; 55.5 ; 60.9, 14. Dans l’Ancien Testament, à part ces versets, ce titre ne se trouve en revanche qu’en 2 Rois 19.22, dans les Psaumes 71.22 ; 78.41 ; 89.18, en Jérémie 50.29 ; 51.5 et en Ézéchiel 39.7 (« Saint en Israël »).

On peut remarquer que l’unité du livre d’Ésaïe est confirmée par ce nom de Dieu : il est cité treize fois dans chacune des deux grandes parties, chapitres 1 à 39 et 40 à 66. Le témoignage se trouve encore particulièrement renforcé par le fait qu’Ésaïe lui-même se sert de ce nom dans les paroles qu’il adresse à Ézéchias en 2 Rois 19.22 !

Le titre « Saint d’Israël » implique que le Dieu d’Israël est absolument séparé de tout mal, car il a les yeux trop purs pour voir le mal. C’est ce qu’expriment aussi, en Ésaïe 6.3, les séraphins qui disent devant le trône : « Saint, saint, saint, est l’Éternel des armées » (comparez Apoc. 4.8).

b) Le salut

Un autre terme clé du livre d’Ésaïe est le mot « salut » ou « délivrance » (en hébreu, jeschu’a, respectivement jescha ou teschu’a, d’où est dérivé le nom Je(ho)schua, Josua, qui équivaut en grec à Jésus). Ce mot apparaît dans les passages suivants : Ésaïe 12.2, 3 (fontaines du salut); 17.10 (Dieu du salut); 25.9 (joie du salut) ; 26.1 (murailles du salut), 18 ; 33.2, 6 ; 45.8, 17 (salut éternel); 46.13 ; 49.6, 8 (jour du salut) ; 51.5, 6, 8 ; 52.7 (prédicateur du salut), 10 ; 56.1 ; 59.11, 17 (casque du salut) ; 60.18 ; 61.10 (vêtements du salut) ; 62.1, 11.

Quand bien même le prophète voyait le plus souvent dans ce salut les bénédictions du royaume millénaire, plusieurs des expressions utilisées sont appliquées, dans le Nouveau Testament, au salut éternel durant l’économie de la grâce (comp. Actes 13.47 ; Rom. 10.15 ; 2 Cor. 6.2 ; Eph. 6.17). Ces nombreuses mentions du salut permettent de comprendre l’attribution, à Ésaïe, du nom d’« évangéliste parmi les prophètes ».

c) Prophéties messianiques

À part les Psaumes, aucun autre livre de l’Ancien Testament ne renferme autant de prophéties concernant le Seigneur Jésus que celui d’Ésaïe. Il semble que le prophète avait toujours Christ devant les yeux (comparez Es. 6 et Jean 12.38-41). Les passages les plus importants sont :

  • Le rédempteur promis est l’Éternel lui-même : Ésaïe 47.4 ; 48.17
  • La venue ici-bas du Fils de Dieu : Ésaïe 7.14 ; 9.2, 6 ; 11.1, 2 ; 48.16
  • Son abaissement : Ésaïe 4.2 ; 42.1 ; 50.4, 5 ; 53.1, 2
  • Son rejet : Ésaïe 8.14 ; 49.4 ; 53.3
  • Ses souffrances : Ésaïe 50.6 ; 52.14 ; 53.3-7, 10-12 ; 63.9
  • Sa gloire : Ésaïe 9.7 ; 11.3-10 ; 25.8 ; 28.16 ; 32.1 ; 49.6 ; 52.15 ; 53.9-12 ; 58 à 66.

En outre, ce livre contient de nombreux autres passages qui parlent du Messie, du rédempteur Jésus Christ.

4. Analyse succincte de son contenu

I. Ésaïe 1 à 35, première grande division : L’histoire extérieure d’Israël
1. Chapitres 1 à 12Juda et Jérusalem
Chap. 1Le triste état de Juda et de Jérusalem
Chap. 2Restauration de Juda et de Jérusalem
Chap. 3 et 4Jugement et gloire de Sion
Chap. 5Israël, la vigne stérile de l’Éternel
Chap. 6La mission d’Ésaïe
Chap. 7Le Messie et l’Assyrien
Chap. 8L’attaque de l’Assyrien
Chap. 9Espérance et avertissement pour Israël
Chap. 10L’Assyrie, verge de Dieu
Chap. 11 et 12Le règne de paix
2. Chapitres 13 à 27Dix oracles touchant les nations
Chap. 13 et 14Oracles touchant Babylone et la Philistie
Chap. 15 et 16Oracle touchant Moab
Chap. 17Oracle touchant Damas
Chap. 18Retour d’Israël
Chap. 19Oracle touchant l’Égypte
Chap. 20Appendice historique
Chap. 21Oracles touchant Babylone, Duma et l’Arabie
Chap. 22Oracle touchant la vallée de vision (Jérusalem)
Chap. 23Oracle sur Tyr
Chap. 24Jugement sur toute la création
Chap. 25Les bénédictions du règne de paix
Chap. 26Le cantique de la délivrance de Juda
Chap. 27Châtiment et délivrance
3. Chapitres 28 à 35:Six fois « malheur »
Chap. 28Malheur sur Éphraïm
Chap. 29Malheur sur Jérusalem; malheur sur ceux qui méprisent Dieu
Chap. 30Malheur sur l’alliance avec l’Égypte
Chap. 31Malheur sur la confiance placée dans les hommes
Chap. 32Vue sur le règne de paix
Chap. 33Malheur sur l’Assyrie
Chap. 34Jugement sur Édom et ses alliés
Chap. 35La bénédiction du règne de paix
II. Ésaïe 36 à 39, section historique : Ézéchias et Ésaïe
Chapitres 36 et 37Attaque et défaite de l’Assyrie
Chapitre 38Maladie et guérison d’Ézéchias
Chapitre 39Le manquement d’Ézéchias et l’annonce du jugement
III. Ésaïe 40 à 66, seconde grande division : L’histoire intérieure d’Israël
1. Chapitres 40 à 48L’Éternel exauce son peuple
Chap. 40Consolation pour Israël
Chap. 41Israël, le serviteur de l’Éternel
Chap. 42Le vrai serviteur de l’Éternel
Chap. 43Pardon de Dieu
Chap. 44L’Éternel encourage son peuple
Chap. 45L’Éternel annonce la délivrance
Chap. 46 et 47La chute de Babylone
Chap. 48L’amour de Dieu envers un peuple apostat
2. Chapitres 49 à 57Rejet et souffrances du serviteur de l’Éternel
Chap. 49 et 50Le vrai serviteur de l’Éternel
Chap. 51Encouragement du résidu fidèle
Chap. 52Réveil de Sion et la venue du serviteur de l’Éternel
Chap. 53« Il a porté le péché de plusieurs »
Chap. 54Chant de triomphe de Jérusalem
Chap. 55Grâce pour les nations aussi
Chap. 56Les rejetés sont reçus
Chap. 57Le triste état d’Israël
3. Chapitres 58 à 66Restauration et gloire d’Israël
Chap. 58Accusation contre Israël
Chap. 59Chute et confession
Chap. 60La gloire du royaume de paix
Chap. 61Le Messie et son peuple
Chap. 62Gloire de Sion
Chap. 63Le grand vengeur
Chap. 64Prière
Chap. 65 et 66Réponse de Dieu.

Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.

Esaïe 0.0 (AMI)

LE LIVRE D’ISAÏE

Le premier des prophètes dans l’ordre de la Bible, il l’est aussi par la richesse de son enseignement, par son style et sa poésie, qui en font l’émule des grands classiques de l’humanité. (Sur le prophétisme et les prophètes, voir la note relative à Isaïe I, 1). L’ouvrage se divise en trois grandes parties :

1° I – XXXIX. Ce sont diverses collections d’oracles, recueillis par Isaïe lui-même, par ses disciples ou ses amis; aussi n’y doit-on pas chercher d’ordre logique, encore moins chronologique. Quatre sections visent les événements du VIIIe siècle contemporains du Prophète : I – XII (surtout contre Juda), XIII – XXIII (surtout contre les nations païennes), XXVIII – XXXIII et XXXVI – XXXIX (partie historique parallèle à IV Rois XVIII – XX). Deux apocalypses (XXIV – XXVII et XXXIV – XXXV), concernant une autre époque, s’y trouvent incluses. C’est le temps du grand drame assyrien, menace d’une ruine totale pour le petit royaume de Juda, après la chute de Samarie en 722 (voir Introduction à IV Rois). On ne peut rappeler ce milieu historique sans constater l’action importante d’Isaïe. D’une grande famille de Jérusalem, il a l’audience des rois ; il est animé d’un vrai patriotisme et a le sens des réalités. Il est donc richement doué pour la mission spirituelle que lui confie Dieu en 738, lors d’une vision grandiose que raconte le chapitre VI. Son ministère et sa doctrine y sont en germe. Il doit rappeler au peuple prévaricateur les exigences du Dieu très-saint : sainteté extérieure (ou séparation d’avec le profane) et intérieure (pratique des vertus morales). Il doit proclamer les certitudes que donne le Dieu transcendant : maître de l’histoire, il en utilise les événements pour réaliser son plan salvifique : châtier l’orgueil humain, où qu’il soit ; implanter solidement son règne en Israël par un nouveau David bien supérieur à son aïeul, roi et prêtre comme lui, sage et pacifique plus que Salomon, prince universel et éternel. Que Juda ne craigne donc pas les géants qui l’entourent, mais demeure soigneusement étranger à leurs querelles. Par lui, Dieu étendra son règne au monde entier, et l’univers purifié, gouverné par le roi davidique de Jérusalem, connaîtra le bonheur messianique.

2° XL – LV. Tandis que les chapitres précédents sont le type des exhortations parlées, aux images éblouissantes, fortes et concises, la deuxième partie du livre, d’un style également élevé et d’une haute poésie, s’en distingue néanmoins par la majesté et l’abondance, par un vocabulaire caractéristique et une certaine tendance dramatique ; ces oracles semblent avoir été directement écrits. Ils se divisent en deux groupes : XL – XLVIII : Dieu, maître de l’histoire, a désigné Cyrus, expressément nommé, pour ruiner la puissance babylonienne ; il a déjà commencé ses campagnes victorieuses et les Juifs captifs envisagent leur libération prochaine. XLIX – LV : Cette délivrance ne peut plus tarder, et le Prophète annonce la restauration de Sion. Le salut promis doit s’étendre d’ailleurs à tous les peuples ; Dieu le leur procurera gratuitement, en opérant la conversion des cœurs ; les peuples adhéreront au monothéisme moral d’Israël, sans qu’ils soient désormais tenus de s’agréger à la nation juive. Ce salut universel sera l’œuvre du Serviteur de Yahweh (XLII, 1-9 ; XLIX, 1-7 ; L, 4-11 ; LII, 13 – LIII) ; martyrisé et ressuscité, prophète et sage, lumière du monde, il sera le rédempteur universel, satisfaisant pour tous les péchés des hommes : c’est, dans tout l’Ancien Testament, un sommet doctrinal.

3° LVI – LXVI. Le style est sensiblement différent ; l’accent de ces chapitres est plus individualiste, et l’on y trouve des citations textuelles de la deuxième partie, interprétées d’ailleurs dans un sens différent. Peut-être faut-il en excepter les chapitres LX – LXII, ce qui détermine ainsi trois sections. Il n’y est plus question de la rédemption ni du retour d’exil ; bien au contraire, l’auteur semble se situer au sein de la communauté sioniste; le Temple est reconstruit (516) ; mais l’on souffre les difficultés et les déceptions de la réinstallation parmi des païens hostiles. Aussi bien, le Prophète ne voile pas les fautes de son peuple ; le salut messianique n’est promis qu’aux humbles, à ceux qui imitent le Serviteur de Yahweh ; tous les autres, quelle que soit leur origine, sont voués à la condamnation. Les païens certes sont appelés au salut, mais dans le cadre d’Israël, conçu comme une église ouverte aux convertis : c’est à Jérusalem, et plus précisément au Temple et par son culte, que les peuples doivent venir adorer le Seigneur.

Ces trois parties du livre diffèrent donc notablement par leur cadre historique, leur doctrine et même leur style. Les deux dernières sont-elles d’Isaïe ? En juin 1908, la Commission Biblique déclarait insuffisants les arguments allégués en faveur d’une réponse négative ; mais elle invitait les exégètes à poursuivre l’étude du problème. « Il nous semble qu’aujourd’hui il ne faudrait plus hésiter à affirmer la « vraisemblance », de mieux en mieux reconnue, de la thèse de la non-authenticité isaïenne, de ces chapitres XL et suivants. L’unanimité de l’opinion exégétique catholique en ce sens devient de plus en plus claire, bien qu’elle ne s’affirme encore par écrit qu’avec modération. » (L. Levie, s. j., dans Nouvelle Revue Théologique de Louvain, 1948, page 656)

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