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Ruth 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Boaz monta à la porte [de la ville], et s’y assit, et voici celui qui avait le droit de rachat, dont Boaz avait parlé, vint à passer. Et Boaz lui dit : Toi, un tel, détourne-toi et assieds-toi ici. Et il se détourna et s’assit.

Monta. La porte, où l’on rendait la justice, n’était pas en fait plus élevée que le reste de la ville, mais elle était dans l’idée un lieu élevé au-dessus des autres. De là l’expression constante : monter à la porte (Deutéronome 17.8 ; Deutéronome 25.7).

Toi, un tel. Il va sans dire que Boaz n’a pas interpellé son parent de cette façon, mais lui a donné son vrai nom. Le narrateur, qui ignorait ce nom ou qui n’a pas voulu l’indiquer, a employé cette expression qui, ainsi comprise, n’a rien d’irrévérencieux.

2 Et Boaz prit dix hommes d’entre les Anciens de la ville et leur dit : Asseyez-vous ici. Et ils s’assirent.

Ces dix hommes pris parmi les Anciens de la ville sont les témoins proprement dits. Mais à eux s’ajoutent en second rang les autres personnes présentes (comparez versets 9 et 11).

3 Et il dit à celui qui avait le droit de rachat : Noomi, qui est revenue de la campagne de Moab, a vendu la portion de champ qui appartenait à Élimélec, notre frère.

Noomi a vendu : de concert avec Élimélec, à leur départ pour Moab. Il n’est parlé que d’elle parce que seule elle vit encore. D’autres traduisent : Noomi met en vente, ce qui n’est pas conforme au sens grammatical.

4 Et j’ai dit : Je veux t’en informer et te dire : Achète-la, en présence de ceux qui sont assis là et des Anciens de mon peuple. Si tu veux la racheter, rachète-la ; que si tu ne veux pas la racheter, déclare-le-moi, afin que je le sache, car il n’y en a point d’autre avant toi qui ait le droit de rachat, et moi je viens après toi. Et il dit : Je rachèterai.

Je veux t’en informer… Voici le sens : Je suis disposé à racheter ce champ pour le conserver à Noomi et à sa famille. Mais je ne puis le faire que si tu déclares vouloir renoncer à ton droit, qui va avant le mien.

Que si tu ne veux pas…, littéralement : Que s’il ne veut pas… Ces mots sont adressés par Boaz aux Anciens. Mais il revient immédiatement à son parent, auquel il dit : Déclare-le moi…

Je rachèterai. Il ne se propose pas, comme Boaz, de faire vivre Noomi du produit de cette terre, mais d’en jouir lui-même. Par là la proprité rentrera du moins dans le patrimoine de la famille.

5 Et Boaz dit : Au jour où tu acquerras le champ de la main de Noomi, tu l’acquerras en même temps de Ruth, la Moabite, femme du défunt, pour faire revivre le nom du défunt dans son héritage.

De la main de Noomi : en ce sens que le fonds lui-même n’avait point pu être aliéné, puisqu’il restait invariablement la propriété de la famille et qu’Élimélec et Noomi n’avaient pu en vendre que les récoltes jusqu’au prochain jubilé.

Tu l’acquerras… de Ruth : à la personne de laquelle reste attachée, en raison de son mari défunt, la propriété du champ (au cas du moins qu’elle n’épousât pas un homme d’une famille différente, mais qu’elle s’unit à un parent de son mari).

6 Et celui qui avait le droit de rachat dit : Je ne puis pas le racheter ; je ferais tort à mon héritage. Prends pour toi mon droit de rachat, car moi, je ne puis racheter.

Je ferais tort à mon héritage. En acquérant dans ces conditions, il se serait engagé à rendre le champ au fils qu’il aurait pu avoir de Ruth et il aurait ainsi diminué sa fortune de la valeur de ce champ, ce qu’il ne croyait pas pouvoir faire justement vis-à-vis de ses propres enfants.

7 Et c’était autrefois la coutume en Israël, en cas de rachat et d’échange, pour valider toute affaire, que l’homme ôtait son soulier et le donnait à l’autre ; c’était le mode d’attestation en Israël.

Et c’était autrefois la coutume. On voit par ces mots que le livre de Ruth a été écrit à une époque beaucoup plus avancée, où cette coutume n’existait plus.

8 Et celui qui avait le droit de rachat dit à Boaz : Acquiers pour ton compte !
Et il ôta son soulier.

Et il ôta son soulier : acte symbolique par lequel il faisait passer à Boaz son droit de rachat et de possession sur le champ de Ruth (Deutéronome 25.9, note). Un usage semblable paraît avoir existé chez les Indous et les anciens Germains. Mettre le pied sur une chose, c’est en constater la prise de possession. Ce symbole n’a point le caractère déshonorant qui y est attaché dans Deutéronome 25.5-10, où il s’agit de la veuve d’un frère.

9 Et Boaz dit aux Anciens et à tout le peuple : Vous êtes témoins aujourd’hui que j’ai acquis tout ce qui appartenait à Élimélec et tout ce qui était à Kiljon et à Machlon, de la main de Noomi ; 10 et que je me suis acquis en même temps pour femme Ruth la Moabite, femme de Machlon, pour faire revivre le nom du défunt dans son héritage, afin que le nom du défunt ne soit point retranché d’entre ses frères et de la porte de son lieu. Vous en êtes témoins aujourd’hui. 11 Et tout le peuple qui était à la porte et tous les Anciens dirent : Nous en sommes témoins ! Que l’Éternel rende la femme qui entre dans ta maison semblable à Rachel et à Léa, qui ont toutes deux fondé la maison d’Israël. Et déploie ta force à Ephratha, et [puisses-tu] donner un nom [à un fils] à Bethléem.

Ephratha : le district dans lequel se trouvait Bethléem. Les deux propositions parallèles de la fin de notre verset expriment donc la même pensée. La force de Boaz doit être renouvelée, afin que par ses descendants le nom de sa famille soit conservé à Bethléem.

12 Et que ta maison soit comme la maison de Pérets, que Thamar enfanta à Juda, par la postérité que l’Éternel te donnera de cette jeune femme.

Pérets : le chef de la branche nombreuse des fils de Juda à laquelle appartenait Boaz. Comparez Ruth 1 Chroniques 2.5 et suivants.

13 Et Boaz prit Ruth, et elle fut sa femme. Et il alla vers elle, et l’Éternel lui donna de concevoir, et elle enfanta un fils.

Et les femmes… : 1 Samuel 4.20 ; Luc 1.58.

Un libérateur. L’hébreu emploie ici le terme de goël, champion, rédempteur, défenseur. Le mot aujourd’hui, au verset 14 et le verset 15 montrent clairement qu’il s’agit, non de Boaz, mais de l’enfant qui perpétuera la race de Noomi et sera sa consolation et son soutien.

14 Et les femmes dirent à Noomi : Béni soit l’Éternel qui ne t’a point laissée manquer aujourd’hui d’un libérateur ! Que son nom devienne célèbre en Israël ! 15 Il restaurera ton âme et il sera le soutien de ta vieillesse, car ta belle-fille qui t’aime, l’a enfanté, elle qui vaut mieux pour toi que sept fils.

Sept fils : 1 Samuel 2.5.

16 Et Noomi prit l’enfant et le mit sur son sein, et elle fut sa garde. 17 Et les voisines lui donnèrent un nom en disant : Un fils est né à Noomi !
Et elles l’appelèrent Obed ; ce fut le père d’Isaï, père de David.

Obed, serviteur. Ce nom est en rapport avec les mots précédents : Un fils est né à Noomi. Les parents et les voisins aidaient à choisir le nom d’un nouveau-né (Luc 1.59).

Ce fut le père d’Isaï, père de David. Dans cette courte indication qui termine l’histoire de Ruth, l’auteur révèle, nous n’en pouvons douter, la raison pour laquelle il l’a racontée : Ruth était une des ancêtres du plus grand roi d’Israël et il était intéressant pour tout le peuple de savoir comment elle l’était devenue. La généalogie de Pérets qui suit confirme cette manière de voir, qu’elle soit de la main de l’auteur ou un appendice postérieur.

18 Et voici la postérité de Pérets : Pérets engendra Hetsron ;

Comparez 1 Chroniques 2.5-17.

Sur Pérets, voir Genèse 38.29 ; Genèse 46.12 ; Nombres 26.20.

Hetsron, son fils, descendit avec lui en Égypte (Genèse 46.12).

19 et Hetsron engendra Ram, et Ram engendra Amminadab ;

Ram : Aram dans Matthieu 1.3 et Luc 3.33.

20 et Amminadab engendra Nahason, et Nahason engendra Salmon ;

Amminadab : beau-père d’Aaron, Exode 6.23.

Nahason vivait du temps de Moïse et est appelé prince des fils de Juda (Nombres 1.7 ; Nombres 2.3 ; Nombres 7.12). Notre généalogie ne compte que cinq membres depuis la descente en Égypte jusqu’au moment de l’Exode. C’est trop peu pour une période de 430 ans (Exode 12.40). Entre Hetsron et Amminadab l’auteur a omis, comme celui des Chroniques, plusieurs chaînons intermédiaires avant et après Ram. Cette supposition est encore plus nécessaire pour la suite de la généalogie, qui ne compte également que cinq noms de Salmon ou Salmud, fils de Nahason, à David. En effet de l’Exode jusqu’à la mort de David (1 Rois 6.1) on compte 476 ans, qui exigent au moins douze générations. Les noms qui manquent doivent être intercalés entre Salmon et Boaz, car d’après Matthieu 1.5 Salmon vivait, peu après Nahason (contemporain de Moïse), puisqu’il épousa Rahab. On peut admettre qu’entre Boaz et David la généalogie est complète. Il y a un arrangement voulu dans le choix du nombre dix pour la série des noms depuis Pérets jusqu’à David. Voir les généalogies des chapitres 5 et 11 de Genèse, qui offrent également dix membres d’Adam à Noé et de Sem à Abraham. C’est à dessein aussi que cinq noms manquent, avant la conquête de Canaan, comme cinq après. On aimait à donner aux généalogies le caractère d’un tout symétriquement arrangé. Voir à ce point de vue Matthieu chapitre 1.

21 et Salmon engendra Boaz, et Boaz engendra Obed ; 22 et Obed engendra Isaï, et Isaï engendra David.