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Genèse 29
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Jacob reprit sa marche et s’en alla au pays des Fils de l’Orient.

Arrivée de Jacob à Charan (1-14)

Pays des Fils de l’Orient. Voir Genèse 25.6, note. Cette contrée ne s’étendait proprement que jusqu’à l’Euphrate, mais ici la Mésopotamie y est comprise par extension.

2 Et il aperçut un puits dans la campagne ; et il y avait là trois troupeaux de brebis couchés auprès, car c’était de ce puits qu’on faisait boire les troupeaux ; et la pierre sur l’ouverture du puits était grosse ;

Un puits. Comme le serviteur d’Abraham (chapitre 24), il arrive à un puits dans les environs de la ville. Il n’y a rien là d’étonnant, car dans ces contrées où l’eau est rare, tous les chemins passent près des puits. Mais ce puits n’est pas le même que celui où le serviteur d’Abraham rencontra Rébecca, car au chapitre 24 il n’est pas question d’une pierre à soulever. De plus le puits du chapitre 24 est le puits de la ville, où les femmes vont puiser de l’eau, tandis que celui dont il est ici question est dans la campagne et ne sert qu’à abreuver les troupeaux.

3 tous les troupeaux se réunissaient là, on roulait la pierre de dessus l’ouverture du puits, on abreuvait les brebis, et on remettait la pierre à sa place sur l’ouverture du puits ;

Tous les troupeaux : les troupeaux dont les maîtres avaient un droit sur ce puits, car chaque puits appartient encore aujourd’hui à une tribu spéciale.

Se réunissaient là. Ceci était contraire à la coutume générale, car d’habitude chaque berger usait du puits aussitôt qu’il y arrivait. Cette manière de faire insolite, résultant d’un accord spécial conclu entre les propriétaires du puits, explique l’étonnement de Jacob, qui croit, en voyant ces troupeaux, qu’ils sont déjà réunis pour passer la nuit (verset 7).

La grosseur de la pierre (verset 2) était peut-être pour quelque chose dans cette convention.

4 et Jacob dit aux bergers : Mes frères, d’où êtes-vous ? Et ils répondirent : Nous sommes de Charan. 5 Et il leur dit : Connaissez-vous Laban, fils de Nachor ? Ils dirent : Nous le connaissons. 6 Il leur dit : Se porte-t-il bien ? Ils lui répondirent : Il se porte bien, et voici Rachel, sa fille, qui vient avec les brebis. 7 Et il dit : Mais il est encore grand jour ! Ce n’est pas le moment de rassembler le bétail ; abreuvez les brebis et retournez les faire paître. 8 Ils dirent : Nous ne le pouvons pas jusqu’à ce que tous les troupeaux soient rassemblés et qu’on roule la pierre de dessus l’ouverture du puits ; alors nous abreuverons les brebis. 9 Il parlait encore avec eux, quand Rachel arriva avec les brebis de son père, car elle était bergère.

Elle était bergère. Les filles non mariées étaient et sont encore bergères dans ces contrées. Comparez Exode 2.16.

10 Alors, quand Jacob vit Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, et les brebis de Laban, frère de sa mère, il s’approcha, roula la pierre de dessus l’ouverture du puits, et abreuva les brebis de Laban, frère de sa mère.

Jacob s’attache à Rachel dès le premier instant. L’auteur, en insistant sur le fait que cette dernière est fille de Laban, semble vouloir nous dire que Jacob se souvint alors de la parole de son père : Prends une femme d’entre les filles de Laban (Genèse 28.2).

Roula la pierre. Dans l’élan de son cœur, Jacob se met, comme étranger, au-dessus de l’usage établi entre les bergers, afin de témoigner à sa cousine la joie dont il est rempli. Cet acte montrait sa force physique.

11 Et Jacob embrassa Rachel, et il éleva la voix et pleura. 12 Et Jacob apprit à Rachel qu’il était frère de son père, et qu’il était fils de Rébecca ; et elle courut l’annoncer à son père.

Frère. Ce mot a en hébreu un sens plus large qu’en français ; c’était son neveu.

13 Et en entendant parler de Jacob, fils de sa sœur, Laban courut au-devant de lui, l’embrassa et lui donna des baisers, et il le conduisit dans sa maison. Et Jacob raconta à Laban toutes ces choses.

Toutes ces choses : tout ce qui l’avait amené jusqu’à Charan.

14 Et Laban lui dit : Tu es bien mes os et ma chair. Et Jacob demeura avec lui un mois entier. 15 Et Laban dit à Jacob : Est-ce que, parce que tu es mon frère, tu me serviras pour rien ? Déclare-moi quel salaire tu veux.

Double mariage de Jacob, ses enfants (29.15 à 30.24)

Versets 15 à 20 — Les fiançailles de Jacob avec Rachel

Laban s’est rendu compte, pendant le mois qui vient de s’écouler, des services que pourra lui rendre un berger aussi entendu que Jacob. Sa probité apparente cache un manque d’affection pour son parent, qu’il veut, par intérêt propre, conserver à son service.

16 Laban avait deux filles ; le nom de l’aînée était Léa, et le nom de la cadette, Rachel.

Léa signifie fatiguée ; Rachel, brebis.

17 Léa avait une mine chétive, et Rachel était belle de taille et belle de visage.

Une mine chétive. Le sens propre du mot serait : des yeux délicats, ternes ; mais la comparaison avec Rachel, qui était belle de taille et belle de visage, parait exiger un sens plus général, auquel on arrive en donnant au mot pluriel qui signifie yeux le sens d’aspect, apparence qu’il a quelquefois au singulier (Nombres 11.7 ; Ézéchiel 1.4 ; Ézéchiel 10.9 etc.). De là notre traduction.

18 Et Jacob aima Rachel et il dit : Je te servirai sept ans pour Rachel, ta fille cadette.

Aima. Nous traduisons ainsi pour être exacts ; le contexte semble exiger aimait.

Je te servirai sept ans. Chez les peuples anciens, comme aujourd’hui encore au sein des tribus païennes, la jeune fille était considérée comme propriété du père et devait être achetée par celui qui voulait l’épouser. Comparez Exode 22.16 ; Exode 17.1 ; 1 Samuel 18.25.

Quelquefois on faisait un présent sans débattre le prix (Genèse 24.53). Jacob, ne possédant rien, offre son travail. Il paie sa femme bien cher, car, d’après Deutéronome 22.29, le prix moyen était de 50 sicles (environ 800 grammes d’argent).

19 Et Laban répondit : Mieux vaut te la donner que de la donner à un autre reste seulement avec moi.

Mieux vaut… Encore aujourd’hui, chez les Arabes, le cousin est préféré à un prétendant étranger à la famille et même après le mariage le mari continue à appeler sa femme binta amma, fille de mon oncle.

20 Et Jacob servit pour Rachel sept ans, qui ne lui parurent que quelques jours, parce qu’il l’aimait. 21 Et Jacob dit à Laban : Donne-moi ma femme, car mon temps est accompli, et j’irai vers elle.

Double mariage (21-30)

22 Et Laban réunit tous les gens du lieu et fit un festin.

Les fêtes de noces duraient, comme aujourd’hui encore chez les Arabes, sept jours (verset 27, comparez Juges 14.17) et tout le clan y était invité.

23 Et le soir venu, il prit Léa, sa fille, et l’amena à Jacob, qui alla vers elle.

C’est l’amour du gain qui inspire à Laban cette supercherie ; il sait que, par affection pour Rachel, Jacob consentira à demeurer encore sept ans chez lui.

Il lui est facile de donner le change à Jacob, car la fiancée était amenée voilée dans la chambre nuptiale, qui elle-même n’était pas éclairée. Comparez Genèse 24.65.

Selon la coutume orientale, Léa et Rachel n’ont pas un mot à dire et sont complètement livrées à la volonté de leur père.

Jacob moissonne ce qu’il a semé et la tromperie dont il est victime correspond trait pour trait à celle dont il a usé envers son père. Profitant de l’obscurité dans laquelle la cécité plongeait son père et se déguisant sous un vêtement d’emprunt, il s’était mis, lui, le fils dédaigné, à la place du préféré. Aujourd’hui, grâce à l’obscurité de la nuit et au voile que porte Léa, Laban lui donne comme femme l’aînée, qu’il dédaigne, à la place de la cadette, qu’il aime. Jacob a beau être l’héritier des promesses de Dieu, il n’échappe point à la juste punition de son péché.

24 Et Laban donna sa servante Zilpa à Léa, sa fille, pour servante. 25 Et le matin venu, voici c’était Léa. Et Jacob dit à Laban : Que m’as-tu fait ? N’est-ce pas pour Rachel que j’ai servi chez toi ? Et pourquoi m’as-tu trompé ? 26 Et Laban dit : Cela ne se fait pas chez nous, de donner la cadette avant l’aînée.

Cette coutume existe encore en Inde. Si elle avait réellement cours en Mésopotamie, Laban aurait dû en avertir Jacob au commencement des sept ans.

27 Achève la semaine de celle-ci, et nous te donnerons aussi l’autre pour le service que tu feras encore chez moi sept autres années. 28 Jacob fit ainsi, il acheva la semaine de Léa, et Laban lui donna Rachel, sa fille, pour femme. 29 Et Laban donna sa servante Bilha à Rachel, sa fille, pour servante. 30 Et Jacob alla aussi vers Rachel, et il aima aussi Rachel, plus que Léa ; et il servit encore chez Laban sept autres années.

La loi interdira plus tard d’épouser simultanément deux sœurs (Lévitique 18.18). Bien que cette défense n’existe pas encore, les démêlés pénibles qui sont résultés de ce double mariage en montrent les dangers. Du reste, dans toute cette affaire, Dieu n’avait été consulté ni par Laban, qui n’obéissait qu’à son amour du gain, ni par Jacob, qui s’était laissé diriger uniquement par son amour pour Rachel. Remarquons aussi que Jacob ne songeait point d’abord à prendre deux femmes et que c’est Laban qui lui a forcé la main.

31 Et l’Éternel vit que Léa était haïe, et il la rendit féconde ; mais Rachel était stérile.

Les quatre premiers fils de Léa (31-35)

Haïe : dans un sens relatif (comparez verset 30) ; Jacob ne lui témoignait pas la même tendresse qu’à Rachel.

Rendit féconde. Dieu rétablit l’égalité entre les deux femmes, en accordant à Léa seule la bénédiction que toute femme désire et qui lui donne du prix aux yeux de son mari.

32 Et Léa conçut et enfanta un fils, et elle le nomma Ruben, car elle dit : L’Éternel a regardé à mon affliction, et maintenant mon mari m’aimera.

Ruben. Ce mot signifie : Voyez : un fils !

33 Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : L’Éternel a entendu que j’étais haïe, et il m’a encore donné celui-ci. Et elle le nomma Siméon.

À entendu que j’étais haïe. Le manque, d’affection de Jacob se traduisait par des paroles ; Dieu les a entendues.

Siméon : exaucement.

34 Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : Cette fois, mon mari s’attachera à moi, puisque je lui ai enfanté trois fils. C’est pourquoi on le nomma Lévi.

Lévi : celui qui s’attache. Son espoir, trompé jusqu’ici, va enfin se réaliser, pense-t-elle.

35 Elle conçut encore et enfanta un fils, et elle dit : Cette fois je louerai l’Éternel. C’est pourquoi elle le nomma Juda. Et elle cessa d’avoir des enfants.

Juda, proprement Jehouda, objet de louange.

Elle cessa… Cette stérilité doit avoir duré un peu plus d’une année. Comparez la note après Genèse 30.34.