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Actes 6
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Actes 6

Murmures des Hellénistes

Leurs veuves se trouvant négligées dans la distribution quotidienne, ils élèvent des plaintes contre les chrétiens originaires de Palestine (1).

Proposition des apôtres

Ils convoquent une assemblée de toute l’Église, devant laquelle ils déclarent qu’ils ne peuvent négliger la parole de Dieu pour présider au service des tables. Ils proposent donc à l’Église d’élire sept frères considérés et remplis de l’Esprit pour les charger de cet office ; eux continueront alors à se vouer à la prière et au service de la parole (2-4).

Les sept sont élus

La proposition est adoptée. L’Église élit sept frères dont les noms sont indiqués. Les apôtres les introduisent dans leur charge par la prière et l’imposition des mains (5, 6).

Progrès de l’Église

La parole de Dieu se répand ; le nombre des disciples augmente ; beaucoup de prêtres embrassent la foi (7).

1 Or, en ces jours-là, le nombre des disciples augmentant, il y eut des plaintes des Hellénistes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour.

L’Église passe des Juifs aux païens (chapitres 6 à 12)

Institution des sept, martyre d’Étienne

Versets 1 à 7 — Élection de sept frères préposés au service des tables

En ces jours-là, expression indéterminée, qui peut supposer un intervalle assez grand depuis les faits rapportés au chapitre précédent. Ce furent les jours des premières persécutions, des grandes délivrances et des grands progrès de l’Église. Alors se manifesta pourtant en son sein un défaut d’organisation auquel il fallut remédier en créant une charge nouvelle qui fut confiée à sept frères.

L’institution qui nous est racontée dans ce chapitre a été considérée par Irénée et Cyprien déjà comme étant celle du diaconat, que nous trouvons plus tard dans toutes les Églises (Philippiens 1.1).

Il faut cependant remarquer que les « sept » dont Luc nous raconte l’élection ne sont appelés « diacres » ni dans ce récit ni dans la suite du livre (Actes 21.8). Ils ont charge, il est vrai, de veiller au service (grec à la diaconie des tables) (verset 2) ; mais les apôtres se réservent le service (grec la diaconie) de la parole.

On ne peut donc inférer de l’emploi pour lequel ils furent nommés, qu’ils portèrent le titre de diacres. Leur activité d’ailleurs ne demeura pas limitée aux besoins d’ordre matériel auxquels ils avaient été préposés.

Étienne et Philippe, les seuls dont l’histoire nous soit racontée nous apparaissent comme de hardis évangélistes qui travaillèrent avec succès à la propagation du christianisme (verset 8 et suivants, Actes 8.5 et suivants).

Ce que nous savons de cette période obscure des origines nous fait envisager l’élection des « sept », comme une institution propre à l’Église de Jérusalem et destinée à parer à des inconvénients qui s’étaient manifestés dans son sein.

Plus tard, d’autres Églises, pressées par les mêmes besoins, reconnaissant la vérité du principe posé par les Douze (verset 2) et sentant la nécessité de décharger les ministres de la Parole du soin des intérêts matériels, nommèrent des frères auxquels ceux-ci furent confiés et qui reçurent le nom de diacres. Ainsi le diaconat prit spontanément naissance en divers lieux et devint bientôt une institution régulière de l’Église universelle.

Deux classes d’Israélites convertis à l’Évangile composaient l’Église de Jérusalem :

  1. ceux que Luc appelle ici les Hébreux, c’est-à-dire des Juifs nés et élevés en Palestine et parlant la langue hébraïque ou araméenne ;
  2. les Hellénistes, également juifs, mais nés en diverses contrées étrangères, ou y ayant résidé (Actes 2.9-11) et qui avaient adopté la langue grecque ou hellénique. Ils avaient aussi gagné, à leur contact avec la civilisation grecque, des mœurs et des vues plus larges, qui ne les avaient pas détournés de leurs croyances Israélites, mais les prédisposaient à accueillir le christianisme.

verset 9 nous montrera combien ces Hellénistes étaient nombreux dans l’Église de Jérusalem.

Ce fut du milieu d’eux que s’élevèrent des plaintes sur ce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution (grec le service, la diaconie) journalière des secours aux pauvres.

Quelques exégètes ont voulu voir dans cette négligence un manque d’égards et de charité de la part des Hébreux et c’est ce que dit expressément le texte occidental (Blass) qui porte : négligées par les diacres des Hébreux, ou d’après D : dans la diaconie des Hébreux.

Mais l’auteur va raconter l’institution des diacres ; ceux-ci n’existaient donc pas encore.

Il est possible que la partialité qui est naturelle au cœur de l’homme et du Juif et que l’Esprit de Dieu doit incessamment combattre (Galates 3.28 ; Colossiens 3.11 ; 1 Corinthiens 12.13), fut une des causes de cette inégalité dans les répartitions, mais nous pensons que ce fait se produisit surtout parce que, à mesure que l’Église devenait plus nombreuse, les veuves hellénistes, comme étrangères, étaient moins connues et moins en vue que celles qui étaient fixées à Jérusalem.

Et c’est ce que Luc paraît indiquer par cette remarque : le nombre des disciples augmentant.

2 Mais les douze, ayant convoqué la multitude des disciples, dirent : Il n’est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu, pour servir aux tables.

Grec : Il ne plaît pas.

Plusieurs sous-entendent : il ne nous plaît pas.

On se souvient que dès l’origine de la libre communauté des biens dans l’Église, les dons étaient déposés « aux pieds des apôtres », c’est-à-dire mis à leur disposition pour être distribués selon les besoins (Actes 4.35-37 ; Actes 5.1).

Les apôtres avaient bien pu se faire aider dans cette distribution par des membres de l’Église, mais sans ordre régulier. De là les négligences involontaires commises au détriment des veuves hellénistes.

Il fallait donc un remède, que les Douze vont proposer ; car, pour eux, ils ne devaient pas laisser la parole de Dieu, c’est-à-dire la prédication de l’Évangile, que le Maître leur avait imposée, pour servir aux tables.

Il n’est pas nécessaire de prendre ce mot à la lettre ; il peut signifier que les distributions avaient lieu en aliments et non en argent. Mais comme souvent les chrétiens, divisés en divers groupes, prenaient leurs repas en commun (Actes 2.46 ; comparez 1 Corinthiens 11.20-22 ; 1 Corinthiens 11.33-34), il s’agissait bien, dans ces cas, de servir aux tables.

Le verbe servir s’applique spécialement à la distribution des aliments et au service de table (Luc 17.8 ; Luc 22.27 ; comparez Matthieu 4.11) ; c’est ce qui empêche de donner au mot table, le sens de table des changeurs, banque (Matthieu 21.12 ; Luc 19.23) et de voir dans la fonction dont il s’agit ici l’administration des finances de l’Église et spécialement des aumônes.

3 Choisissez donc, frères, sept hommes d’entre vous, jouissant d’un bon témoignage, remplis d’Esprit et de sagesse, que nous préposerons à cet emploi.

B présente une variante, qui paraît une correction : Mais choisissons.

Que nous préposerons à cet emploi (grec lesquels nous établirons sur ce besoin).

La manière dont ce premier acte public de l’Église s’accomplit est très importante : les apôtres proposent l’élection de sept frères ; ils indiquent les qualités qu’ils doivent posséder, puis (grec) ils établissent les élus par l’imposition des mains (verset 6).

Mais c’est l’Église entière (la multitude des disciples, versets 2 et 5) qui les choisit.

Ce double principe de l’autorité apostolique et de l’organisation démocratique de l’Église se retrouvera dans tout notre livre des Actes.

L’Église se gouverne elle-même, sous la direction des serviteurs de la parole.

Dans des intérêts aussi sacrés que ceux de l’âme, on ne peut refuser à aucun membre du corps de Christ sa participation au gouvernement.

Mais ce principe suppose une Église vraiment chrétienne ; hors de là, on arrive à cette monstruosité, si fréquente de nos jours que ce sont les adversaires de l’Évangile qui font les élections et gouvernent l’Église dont ils ne se soucient que pour en ruiner les principes.

Bien qu’il ne s’agisse pour la charge à créer ici que du soin des pauvres, ceux qui en seront revêtus ne doivent pas moins avoir d’abord un bon témoignage de toute l’Église, puis être des hommes remplis de l’Esprit de Dieu et de sagesse (comparer 1 Timothée 3.8-13).

C’est que la charité n’est chrétienne que si elle est exercée avec foi et amour et que le soin des pauvres ne doit pas avoir pour objet leur corps seulement mais aussi leur âme.

On a indiqué diverses raisons qui ont amené les apôtres à fixer le nombre des diacres à sept : c’était un nombre sacré, revêtu d’un caractère religieux (Genèse 21.28 ; Exode 37.23) ; chez les Juifs le conseil placé à la tête de chaque localité se composait de sept hommes (Josèphe, Antiquités Juives, IV, 8, 14) ; on a supposé que les chrétiens de Jérusalem, pour prendre leurs repas en commun, étaient divisés en sept groupes (Zückler).

4 Et pour nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au service de la parole.

La prière et le service de la parole, ce sont là les deux grandes œuvres du ministère apostolique.

Ce mot service de la parole correspond au service des tables (versets 1 et 2).

Le terme grec est diaconie.

Le titre de diacre est resté dans l’Église pour désigner une charge permanente (Philippiens 1.1 ; 1 Timothée 3.8, etc.).

Ainsi soit les apôtres qui prêchent la parole soit les diacres qui prennent soin des indigents, tous remplissent un service, ils servent et ne doivent point avoir d’ambition plus haute.

5 Et la proposition plut à toute la multitude ; et ils élurent Étienne, homme plein de foi et d’Esprit-Saint, Philippe et Prochore et Nicanor et Timon et Parménas et Nicolas, prosélyte d’Antioche ;

Étienne est nommé en tête de cette liste, à cause de la beauté de son caractère chrétien (plein de foi et d’Esprit Saint), qui fut reconnu par toute l’Église et surtout à cause de la place éminente qu’il va tenir dans les récits qui suivent.

Philippe reparaîtra dans ce livre des Actes, remplissant le ministère d’évangéliste (Actes 8.5 et suiv ; Actes 21.8).

À Prochore sont attribués les Actes apocryphes de Jean.

Nicolas est désigné par Irénée comme le fondateur de la secte des Nicolaïtes (Apocalypse 2.6-15).

Ces renseignements sont peu sûrs. Les autres diacres nous sont inconnus. Leurs noms, tous grecs, montrent avec quel esprit de conciliation et de charité ces élections furent faites par l’Église de Jérusalem. Elle voulut même y comprendre un prosélyte, né païen, d’Antioche et par conséquent étranger à la nationalité des Hébreux (verset 1, 2e note).

6 et ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains.

La prière des apôtres et de toute l’Église pour les nouveaux élus est ici l’essentiel, mais elle ne rend pas inutile l’imposition des mains, qui fut, de tout temps, le symbole et le moyen de la communication de l’Esprit et de la bénédiction divine, nécessaire à l’accomplissement d’une charge dans l’Église (Nombres 27.18 ; Matthieu 19.13 ; Actes 8.17 ; Actes 13.3, etc.).

7 Et la parole de Dieu faisait des progrès et le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem ; et une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi.

Le texte ne dit pas que cette nouvelle prospérité de l’Église fut le fruit de l’harmonie et de la paix qui venait d’y être rétablie par l’élection des sept. Mais c’est avec raison que la plupart des interprètes rapprochent ces deux faits et en tirent cette conséquence.

Même une grande foule de sacrificateurs furent gagnés à l’Évangile, par l’influence puissante de la vie chrétienne qui se manifestait aux yeux de tous.

Cette expression une grande, foule paraît exagérée ; mais si l’on se souvient que la race sacerdotale était extrêmement nombreuse, qu’elle comptait jusqu’à des milliers de membres (Esdras 2.36-40), on comprendra qu’en ces jours-là une œuvre admirable de conversion s’accomplit en son sein.

Les mieux disposés des hommes de cette profession devaient, à la lumière nouvelle qui resplendissait dans la vie de l’Église, sentir et reconnaître d’autant plus vivement la dégradation profonde de la hiérarchie à laquelle ils appartenaient.
— Meyer

Les mots : obéissaient à la foi, doivent être pesés ; le verbe à l’imparfait indique une action qui se continue : ils persévéraient dans l’obéissance. Suivant d’autres, l’imparfait signifierait qu’il y en avait toujours de nouveaux qui parvenaient à l’obéissance (Actes 18.8).

Obéir à la foi est d’une grande exactitude psychologique et morale ; car la foi n’est que l’obéissance de la conscience, du cœur et de la volonté à la vérité divine (comparer Romains 1.5 ; Romains 10.16 ; 2 Thessaloniciens 1.8 ; Jean 3.36).

8 Or Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple.

L’activité bénie d’Etienne suscite de l’opposition

Etienne, rempli de la force d’en haut, opère des miracles dans le peuple. Les membres de diverses synagogues hellénistes engagent des discussions avec lui, mais sont vaincus par sa sagesse et par l’Esprit qui inspire ses paroles (8-10).

Etienne traîné par l’émeute devant le sanhédrin

Ses adversaires, en subornant des hommes qui affirment l’avoir entendu blasphémer contre Moïse et contre Dieu, excitent contre lui le peuple et les scribes et l’entraînent à l’improviste devant le sanhédrin (11, 12).

L’accusation portée contre Etienne

Les faux témoins lui reprochent de parler sans relâche contre le temple et contre la loi, d’annoncer que Jésus de Nazareth détruira le premier et abolira les préceptes de Moïse. Tous les regards sont fixés sur Etienne : son visage parait aux membres du sanhédrin semblable à celui d’un ange (13-15).

Le ministère d’Étienne, sa mise en accusation (8-15)

Luc revient à Étienne. Il nous montre en lui, non seulement le premier des martyrs, mais le défenseur puissant de la vérité (comparer verset 14, note).

Il l’a déjà désigné comme un homme plein de foi et du Saint-Esprit (verset 5), il répète qu’il était plein de grâce et de puissance afin de faire voir dans ces dons la source des miracles qu’il accomplissait et aussi la cause de l’opposition qui ne tarda pas à s’élever contre lui.

Le mot de grâce (le texte reçu, avec quelques majuscules et versions, porte : foi, comme au verset 5) ne doit pas s’entendre, comme on l’a fait quelquefois, de la faveur dont Étienne aurait joui auprès du peuple, mais de la grâce divine dans toute sa riche signification.

Quant à la puissance d’Étienne, c’était celle de l’Esprit de Dieu dont il était rempli.

9 Mais quelques membres de la synagogue dite des Affranchis, de celle des Cyrénéens, et de celle des Alexandrins, et des Juifs de Cilicie et d’Asie, se levèrent, disputant contre Étienne.

Il y avait à Jérusalem un très grand nombre de synagogues (les rabbins en comptaient jusqu’à 480), où les Juifs s’assemblaient pour la lecture de l’Écriture et la prière.

Toutes celles qui sont nommées ici se composaient d’Israélites ayant vécu à l’étranger, d’où ils avaient rapporté, avec la langue grecque, des opinions philosophiques qui devaient les disposer à disputer contre la doctrine nouvelle professée par Étienne (verset 1, seconde note).

Rapprochés par une affinité de culture et de tendances, ils se groupaient pour former des synagogues, selon les nationalités diverses au sein desquelles ils avaient vécu Luc nomme d’abord la synagogue des Affranchis, terme qui a été expliqué de diverses manières, mais que la plupart des exégètes, depuis Chrysostome, entendent comme désignant des Juifs autrefois emmenés à Rome comme prisonniers de guerre, puis libérés et qui, revenus dans leur pays, avaient formé entre eux, à Jérusalem, une synagogue.

Cette opinion se fonde sur diverses raisons historiques et avant tout sur le nom latin que Luc leur donne : libertini, libérés, affranchis.

Les Cyrénéens avaient habité Cyrène capitale de la Libye en Afrique, ou, selon Josèphe (Antiquités Juives, XIV, 7, 2), les Juifs formaient le quart de la population.

Alexandrie en Égypte avait également une colonie juive très nombreuse, au sein de laquelle se forma la célèbre école si connue sous ce nom.

La synagogue des Alexandrins, en raison de leur culture scientifique, devait donc être particulièrement disposée à entrer en lutte contre Étienne.

Parmi les Juifs de Cilicie se trouvait sans doute Saul de Tarse ; il est présent, en effet, au supplice d’Étienne.

Par Asie il faut entendre l’Asie proconsulaire, sur les bords de la mer Égée, dont la ville principale était Éphèse.

On ne voit pas clairement combien Luc compte de synagogues différentes.

Suivant Meyer, il en énumérerait cinq : celle des Affranchis et une pour les ressortissants de chacune des quatre provinces indiquées.

M. Wendt estime que le texte oblige à distinguer deux synagogues, l’une comprenant les Affranchis, les Cyrénéens et les Alexandrins, l’autre les Juifs de Cilicie et d’Asie.

Calvin et d’autres interprètes pensent qu’il n’y en avait qu’une seule, qui réunissait les représentants de ces divers groupements.

La traduction que nous avons adoptée, suivant Oltramare et Segond, mentionne trois synagogues et un certain nombre de Juifs des provinces de Cilicie et d’Asie.

10 Et ils ne pouvaient résister à la sali gesse et à l’Esprit par lequel il parlait.

L’Esprit (de Dieu) était la source de la sagesse à laquelle les adversaires ne pouvaient résister.

En écrivant ces mots, Luc se souvenait sans doute de la promesse de Jésus qu’il avait lui-même consignée dans son Évangile (Luc 21.15).

11 Alors ils subornèrent des hommes qui dirent : Nous l’avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu.

Ces hommes sont les faux témoins du verset 13 et les paroles blasphématoires qu’ils attribuent à Étienne sont résumées au verset 14.

Parce que ces adversaires ne pouvaient résister à Étienne, par de bonnes raisons, ils ont recours, comme toujours, aux fausses accusations et même à la violence (verset 12).

12 Et ils émurent le peuple et les anciens et les scribes ; et se jetant sur lui, ils l’entraînèrent et l’emmenèrent dans le sanhédrin ;

Jusqu’ici le peuple avait été favorable aux chrétiens (Actes 2.47), la persécution n’avait été suscitée que par les sadducéens qui haïssaient la doctrine de la résurrection (Actes 4.1-2).

Maintenant les anciens et les scribes, qui appartenaient pour la plupart au parti des pharisiens, se laissent aussi émouvoir.

Il se produit donc une émeute, dont les adversaires d’Étienne profitent pour l’entraîner devant le sanhédrin, qui, paraît-il, se trouvait assemblé ; et c’est là que va se passer toute la scène rapportée jusqu’à la fin de Actes 7.

Le participe : se jetant sur lui, traduit par d’autres : survenant à l’improviste, appartient au verbe employé en Actes 4.1 et signifie souvent s’approcher d’une manière inattendue avec des intentions hostiles (Luc 21.34 ; Actes 17.5 ; Actes 23.27)

13 et ils produisirent de faux témoins, qui disaient : Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le saint lieu et contre la loi. 14 Car nous l’avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu et changera les coutumes que Moïse nous a transmises.

Les faux témoins reproduisent exactement les moyens mis en œuvre contre le Seigneur Jésus lui-même (Matthieu 26.59 et suivants). Leur faux témoignage n’était pas absolument mensonger, mais consistait à rapporter des paroles d’Étienne en les détournant de leur sens.

Ainsi, il pouvait fort bien avoir prononcé au sujet du saint lieu et de la loi des paroles (le texte reçu, avec quelques majuscules ; et versions, ajoute blasphématoires) qui n’étaient que l’écho des enseignements du Sauveur, mais qui, aux yeux des Juifs, étaient sacrilèges.

Il pouvait, en annonçant l’Évangile de la grâce, avoir donné un sens spirituel tout nouveau aux coutumes transmises par Moïse.

Il pouvait même, en dénonçant les jugements de Dieu sur le peuple rebelle, avoir redit telle parole de Jésus qui implique la destruction du temple (Matthieu 24).

Ces mots : Jésus, ce Nazaréen sont pleins de mépris.

Il n’est pas impossible qu’Étienne eût des vues toutes évangéliques sur l’abolition de l’ancienne alliance ; il était helléniste (verset 1, note) et, comme l’observe Néander, l’éducation grecque qu’il avait reçue pouvait déjà l’élever bien au-dessus des étroits préjugés juifs. Mais surtout, il était rempli d’Esprit Saint et de sagesse chrétienne (versets 3 et 10), et, par cette double raison, il pouvait avoir devancé les apôtres de Jérusalem eux-mêmes dans la connaissance de la vérité.

Aussi est-ce avec raison que Néander voit en lui le précurseur de l’apôtre Paul (Histoire de l’établissement et de la direction de l’Église chrétienne, traduction Fontanès, I, page 41).

15 Et comme tous ceux qui étaient assis au sanhédrin avaient les yeux arrêtés sur lui, ils virent son visage semblable au visage d’un ange.

En paraissant devant la haute assemblée du sanhédrin, à l’ouïe des accusations produites contre lui et au moment de prendre la parole pour la défense de la vérité, le premier martyr fut tellement pénétré de l’Esprit de Dieu, que son visage même en resplendit d’une joie sainte et céleste.

Luc le compare au visage d’un ange (comparer 2 Samuel 14.17 ; Matthieu 13.43).

Tous les membres du sanhédrin le virent ainsi.