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Actes 22
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Hommes frères et pères, écoutez ce que j’ai à vous dire maintenant pour ma défense.

Grec : Écoutez ma présente apologie auprès de vous.

Paul ne prononce ces mots qu’après s’être adressé avec respect et affection à cette multitude qui venait de le maltraiter et qui en voulait à sa vie.

Ces Juifs étaient encore ses frères ; et comme il voyait parmi eux, sans doute, des vieillards ou des membres du sanhédrin, il les honore du nom de pères.

2 Or quand ils entendirent qu’il s’adressait à eux en langue hébraïque, ils firent encore plus silence. Et il dit :

Encore plus silence, tel fut l’effet de la langue hébraïque (comparez Actes 21.40, note) chère au cœur de ce peuple, il est surpris de l’entendre de la bouche d’un homme qu’on lui a représenté comme l’ennemi des traditions de ses ancêtres.

3 Je suis un Juif, né à Tarse en Cilicie, mais élevé dans cette ville-ci, exactement instruit de la loi des pères aux pieds de Gamaliel, étant zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui,

Chaque mot de cette entrée en matière était propre à apaiser des Juifs : né à Tarse, en Cilicie (Actes 9.11-30 note, Actes 21.39), mais élevé dans cette ville de Jérusalem, instruit de la loi des pères (grec) selon l’exactitude, c’est-à-dire à suivre scrupuleusement la loi que nous ont transmise nos pères, et cela, par le maître le plus vénéré de nos écoles, Gamaliel (Actes 5.34, note) ; en outre, plein de zèle pour Dieu (grec zélateur de Dieu, comparez Galates 1.14).

M. Blass rattache les mots : de la loi des pères à étant zélé et tient les mots : de Dieu pour une interpolation.

L’apôtre peut, sans tomber dans la flatterie, ajouter : comme vous l’êtes tous aujourd’hui ; en effet, il sait qu’au fond du fanatisme de ses auditeurs il y a un zèle sincère, quoique aveugle, pour la religion des Pères (Romains 10.2).

Cette expression : aux pieds de Gamaliel s’explique par le fait que dans les écoles Juives les jeunes gens étaient accroupis à terre autour de leur maître assis sur un siège surélevé.

4 moi qui ai persécuté cette secte à mort, liant et jetant en prison hommes et femmes ; 5 comme aussi le souverain sacrificateur m’en est témoin, et tout le corps des anciens. Ayant même reçu d’eux des lettres pour les frères, j’allai à Damas, pour amener liés à Jérusalem ceux aussi qui étaient là, afin qu’ils fussent punis.

Voir, sur ces faits, Actes 8.3 ; Actes 9.2.

Cette secte ou doctrine, grec cette voie. Comparer Actes 18.25, note.

Des lettres pour les frères, c’est-à-dire pour les Juifs de Damas (Actes 9.2), non pour les chrétiens de cette ville, ce qui serait un contre sens.

6 Or il arriva, comme j’étais en chemin et que j’approchais de Damas, que vers midi, tout à coup, une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi. 7 Je tombai par terre, et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 8 Et je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus le Nazaréen, que tu persécutes. 9 Or ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait. 10 Et je dis : Que ferai-je Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi, va à Damas, et là on te parlera de tout ce qu’il t’est ordonné de faire. 11 Et comme je n’y voyais pas, à cause de l’éclat de cette lumière, j’arrivai à Damas, ceux qui étaient avec moi me conduisant par la main.

Voir, sur le récit de la conversion de Paul, Actes 9.3-9, notes.

Il marque ici le moment où resplendit la lumière : vers midi (verset 6 ; comparez Actes 26.13).

Au verset 9, le texte reçu porte : Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière et furent saisis de crainte ; les mots soulignés se lisent dans D, majuscules récents, versions. M. Blass les admet dans le texte occidental. Le même verset présente une différence avec Actes 9.7 ; voir la note.

Le jeune pharisien, brisé dans son orgueil, se rend à un plus fort que lui en s’écriant : Seigneur, que ferai-je ? (verset 10) Ce qu’il devra faire lui sera dit à Damas et est même déjà ordonné par le Maître qui lui apparaît.

12 Or un certain Ananias, homme pieux selon la loi, à qui tous les Juifs résidant à Damas rendaient un bon témoignage,

Voir, sur Ananias et sa mission auprès de Paul, Actes 9.10 et suivants, notes.

Pieux selon la loi, c’est ce que l’apôtre pouvait dire en toute vérité, car Ananias, bien que chrétien, observait soigneusement la loi, comme tous les Juifs convertis de cette époque.

13 étant venu vers moi et s’étant approché, me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Et au même instant je recouvrai la vue en levant les yeux sur lui.

Le verbe qui revient à deux reprises dans ce passage (verset 13), signifie à la fois lève les yeux (Marc 6.41) et recouvre la vue (Actes 9.17-18 ; Matthieu 11.5).

La seconde fois, il réunit les deux sens : je levai les yeux sur lui et recouvrai la vue.

Notre version cherche à rendre ce double sens, mais il faut remarquer qu’il n’y a, en grec, qu’un seul verbe.

14 Et il dit : Le Dieu de nos pères t’a destiné d’avance pour connaître sa volonté, et pour voir le Juste, et pour entendre des paroles de sa bouche ; 15 car tu lui seras témoin, devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues.

Toute la vocation de l’apôtre est renfermée dans ces paroles, qu’Ananias lui répète après les avoir entendues lui-même de la bouche du Seigneur (Actes 9.15).

Voir le Juste (comparez Actes 3.14 ; Actes 7.52) ; Paul venait de le voir, d’entendre des paroles (grec une voix) de sa bouche (comparez verset 18) ; maintenant il sera son témoin devant tous les hommes. C’est à quoi il a été destiné d’avance (Actes 26.16 ; Galates 1.15).

16 Et maintenant que tardes-tu ? Lève-toi, et fais-toi baptiser et laver de tes péchés, en invoquant son nom.

Son nom (Codex Sinaiticus, D, A, versions) ; le texte reçu porte : le nom du Seigneur.

Il s’agit du Seigneur Jésus : l’invocation de son nom est partout enseignée dans le Nouveau Testament (Actes 9.14-21 ; 1 Corinthiens 1.2).

Invoquer ce nom, c’est tout ce qu’on exigeait de celui qui se faisait baptiser.

L’effet du baptême dans les croyants est ici exprimé par ce mot énergique : se faire laver de ses péchés. 3.5

17 Or il m’arriva, étant retourné à Jérusalem, comme je priais dans le temple, de me trouver en extase ;

Ce voyage à Jérusalem est celui de Actes 9.26, où la vision dont parle l’apôtre n’est pas rapportée.

Sur l’état d’extase, voir Actes 10.10, note.

18 et je le vis, qui me disait : Hâte-toi, et sors promptement de Jérusalem ; car ils ne recevront point ton témoignage sur moi. 19 Et je dis : Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais emprisonner et battre de verges dans les synagogues ceux qui croient en toi ; 20 et que lorsque le sang d’Étienne, ton martyr, était répandu, j’étais aussi présent et approuvant, et gardant les vêtements de ceux qui le tuaient.

Le Seigneur, apparaissant à Paul dans une vision, lui ordonne de sortir de Jérusalem, parce que dans cette ville le témoignage qu’il voudrait lui rendre ne serait pas reçu.

À cela l’apôtre objecte que les habitants de Jérusalem savaient bien tous les maux qu’il avait infligés aux chrétiens depuis le jour où fut versé le sang d’Étienne (ton martyr, ton témoin) ; donc, semble-t-il vouloir conclure, ils verront d’autant mieux la sincérité de ma conversion, et cela, les disposera à recevoir mon témoignage.

C’est par un ardent amour de son peuple que Paul parle ainsi il aurait voulu travailler à sa conversion. Et cet attachement, il l’espérait peut-être, pourrait faire impression sur ses auditeurs actuels. Mais hélas ! (verset 22)

21 Et il me dit : Va, car je t’enverrai au loin vers les païens.

Grec : moi je t’enverrai… Paul n’avait donc plus qu’à obéir.

Vers les païens, telle devait être sa vocation (Actes 13.2 ; Actes 26.18 ; Galates 1.16). Mais ce fut là aussi ce qui embrasa l’aveugle colère de ses auditeurs. Ils l’interrompirent et l’empêchèrent de leur annoncer les compassions de Dieu et de leur raconter ce que le Seigneur avait fait par son ministère au milieu de ces païens, objets de leur haine.

22 Or ils l’écoutèrent jusqu’à cette parole, et ils élevèrent leurs voix, disant : Ôte de la terre un tel homme ; car il ne devrait pas vivre.

Nouveau tumulte, Paul emmené dans la forteresse

Quand les Juifs entendent l’ordre que Paul dit avoir reçu d’aller vers les païens, ils l’interrompent par des cris de mort. Devant l’explosion de leur rage, le tribun commande de le faire entrer dans la forteresse et de le mettre à la question pour connaître la cause de leur colère contre lui (22-24).

Paul se réclame de sa qualité de citoyen romain

Sur le point de recevoir la flagellation, Paul demande s’il est légal d’infliger ce supplice, sans jugement, à un citoyen romain. Le centenier en réfère au tribun. Celui-ci vient interroger Paul. Il est étonné de le trouver en possession de ce droit que lui-même a dû payer fort cher. Paul déclare l’avoir de naissance. Les exécuteurs s’écartent immédiatement ; le tribun est même en peine de ce qu’il l’a fait enchaîner (25-29).

Paul menacé de la question par le fouet, se déclare citoyen Romain (22-29)

Jusqu’à cette parole, celle du Seigneur Jésus lui-même, que Paul venait de citer (verset 21).

L’orgueil théocratique et la haine sectaire contre les païens ne pouvaient supporter l’idée que ces derniers eussent part aux bénédictions du royaume de Dieu.

23 Et comme ils criaient, et qu’ils jetaient leurs vêtements, et lançaient de la poussière en l’air, 24 le tribun ordonna qu’il fût conduit dans la forteresse, et dit qu’on lui donnât la question par le fouet, afin de savoir pour quel sujet ils criaient ainsi contre lui.

Quelques exégètes pensent que les Juifs se disposaient à lapider Paul.

C’est ainsi qu’ils comprennent cette action de jeter leurs vêtements de dessus (leurs manteaux) et de lancer en l’air de la poussière, à défaut de pierres, contre le prisonnier.

D’autres objectent que la foule ne pouvait avoir une telle idée, puisque Paul était en la puissance des soldats romains ; qu’elle manifestait seulement sa fureur par ces gestes désordonnés.

Concluant de toute cette colère que son prisonnier devait avoir commis quelque crime, le tribun, qui n’avait pas compris le discours de Paul, prononcé en araméen, ordonna qu’il fût conduit dans l’intérieur de la forteresse.

Son but était d’abord de le mettre en sûreté, mais ensuite il prescrivit d’employer la torture par le fouet, afin de lui faire avouer la vérité.

25 Mais comme ils le présentaient aux lanières, Paul dit au centenier qui était présent : Vous est-il permis de fouetter un citoyen romain, et qui n’a pas été condamné ?

Comme ils le présentaient aux lanières, Codex Sinaiticus, B portent : Quand ils l’eurent présenté.

Avec M. Blass, nous préférons l’imparfait, qui se lit dans les autres documents, car il n’est pas probable que Paul se soit réclamé de sa qualité de citoyen romain seulement après avoir subi la flagellation.

Le mot lanières signifiant à la fois des courroies avec lesquelles on attache et des lanières qui forment le fouet pour flageller, plusieurs interprètes traduisent : Quand ils l’eurent étendu sur une poutre en le liant avec des courroies ; mais le verbe grec signifie plutôt : présenter que tendre, étirer.

C’est au moment ou le supplice allait commencer, que Paul se prévalut de son droit de citoyen romain (comparer Actes 16.37, note).

26 Le centenier ayant entendu cela, alla vers le tribun, et lui fit rapport disant : Que vas-tu faire ? Car cet homme est Romain.

Le texte reçu dit : (verset 26) Prends garde à ce que tu vas faire !

Nous rendons le texte de Codex Sinaiticus, B, A, C, versions.

27 Et le tribun vint vers lui et lui dit : Dis-moi, es-tu Romain ? Et il répondit : Oui. 28 Et le tribun reprit : Moi, c’est pour une grande somme d’argent que j’ai acquis ce droit de cité. Et Paul dit : Mais moi, je l’ai de naissance.

En apprenant que son prisonnier est citoyen romain, le tribun s’empresse de venir auprès de lui et de s’en assurer.

Sur la réponse affirmative de Paul, il s’étonne que cet étranger de Tarse, à la mine assez chétive, possède ce droit de cité et il fait observer que lui-même, il l’a acheté fort cher.

À cet égard, Paul avait sur lui un avantage, car il peut répondre avec une certaine fierté : Mais moi je suis même né (Romain).

On sait par Dion Cassius que l’épouse de l’empereur Claude vendit abusivement le droit de citoyen romain. Il est probable que notre tribun acquit le sien par cette voie. Il prit, en effet, le nom de Claude (Actes 23.26), parce qu’il devint Romain en entrant dans la « gens Claudia. ».

Quant aux parents de Paul, il se peut qu’ils soient devenus citoyens romains à la suite de la guerre civile entre Brutus et Cassius d’une part, Octave et Antoine d’autre part. Tarse avait pris parti pour ces derniers. Cassius, pour la punir, vendit en esclavage un grand nombre de ses habitants. Mais ceux qui parvinrent à Rome furent affranchis après la victoire d’Octave (Appien, Bell. civ. IV, 64, V, 17).

Il est probable qu’avec la liberté, plusieurs obtinrent le titre de citoyens romains. Parmi eux devaient se trouver des Juifs.

En tout cas, nous savons par Josèphe (Antiquités Juives, XIV, 10, 13, 14, 17) que, dans diverses villes d’Asie Mineure, résidaient des Juifs qui jouissaient du droit de citoyens romains.

29 Aussitôt donc ceux qui allaient lui donner la question se retirèrent d’auprès de lui ; et le tribun craignit aussi, sachant que Paul était Romain et qu’il l’avait fait lier.

En général, la loi interdisait même de lier un citoyen romain.

Cette remarque paraît en contradiction avec le fait que le commandant n’ôta les liens de son prisonnier que le lendemain (verset 30) et que, le surlendemain, Paul les portait encore (voir Actes 23.18, où le mot traduit par prisonnier signifie lié).

Plusieurs interprètes supposent que l’officier éprouvait de la crainte, non pour avoir simplement fait lier son prisonnier, mais parce qu’il l’avait fait lier pour le flageller.

Mais c’est sous-entendre l’essentiel.

Aussi Meyer pense-t-il que l’officier romain, tout en craignant réellement pour avoir lié Paul, le laissa enchaîné pour ne pas se déjuger.

Avec la recension occidentale la difficulté n’existe pas car elle ajoute : et aussitôt il le fit délier. Puis au verset 30, on lit :…voulant savoir,…il ordonna que…les mots : il le fit délier, et…sont retranchés.

30 Or le lendemain, voulant savoir positivement de quoi il était accusé par les Juifs, il le fit délier ; et il ordonna que les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin s’assemblassent ; et, ayant fait descendre Paul il le plaça au milieu d’eux.

Paul paraît devant le sanhédrin

Le lendemain, le tribun, pour connaître exactement les accusations portées contre Paul, fait assembler le sanhédrin au complet et amène devant lui Paul, libre de chaînes. Celui-ci, regardant en face le sanhédrin, déclare qu’il s’est toujours conduit en bonne conscience devant Dieu (30, 1).

Paul et Ananias

Le souverain sacrificateur ordonne aux assistants de souffleter Paul sur la bouche. Paul réplique que Dieu frappera Ananias à cause de son hypocrisie. Les assistants lui font observer qu’il outrage le grand prêtre de Dieu. Paul déclare qu’il ne savait pas que œ fût le grand prêtre (2-5).

Paul se déclare pharisien

Sachant l’assemblée composée en partie de sadducéens, en partie de pharisiens, il s’écrie qu’il est pharisien et qu’il est mis en cause pour l’espérance de la résurrection, doctrine repoussée par les sadducéens, avec celle des anges et des esprits, professée par les pharisiens. Une discussion en résulte entre les deux partis. Des scribes proclament Paul innocent et émettent la supposition qu’il a reçu une révélation (6-9).

Paul mis en sûreté par le tribun et encouragé par le Seigneur

Le tumulte grandissant, le tribun, craignant pour la vie de Paul, le fait enlever du sanhédrin par les soldats et reconduire dans la citadelle. La nuit suivante, le Seigneur apparaît à Paul et lui dit de prendre courage, car il doit être à Rome, de même qu’à Jérusalem, témoin de l’Évangile (10, 11).

Comparution de Paul devant le sanhédrin (22.30 à 23.11)

Jusqu’ici ce chef militaire s’était trouvé en présence d’une multitude furieuse, dont il n’avait rien pu apprendre sur son prisonnier.

Il résout donc sagement de convoquer tous les personnages officiels du peuple, les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin ; puis, ayant fait délier l’accusé, il le fait descendre, de la forteresse Antonia dans la salle du sanhédrin qui était tout près et il le présente à l’assemblée.

Il était convaincu que, de cette solennelle audience, jaillirait pour lui la lumière. Et il se trompait !

Quand il est dit qu’il le fit délier, on peut supposer qu’il s’agit d’une libération momentanée, pour la séance du sanhédrin (Actes 23.1-10).

D’autres, se fondant sur la remarque du verset 29, ont émis l’hypothèse que le tribun fit ôter seulement la lourde chaîne que l’apôtre avait au pied. Paul aurait gardé, durant le reste de sa captivité, la chaîne plus légère qui reliait son bras au bras du soldat chargé de le garder (Actes 23.18 ; Actes 24.27 ; Actes 26.29 ; Actes 28.16).