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Lamentations 2
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Comment le Seigneur, dans sa colère, A-t-il couvert d’un nuage la fille de Sion ? Il a précipité des cieux en terre La magnificence d’Israël ; Il ne s’est pas souvenu de son marchepied, Au jour de sa colère.

Description de la catastrophe

Le nuage est l’emblème du malheur dans lequel Dieu a plongé son peuple.

La magnificence. Ce mot est expliqué par l’énumération suivante :

  • l’arche, verset 1
  • les remparts, verset 2
  • la royauté, verset 2
  • les forteresses, verset 3
  • Jérusalem, verset 4
  • les palais, verset 5
  • le sanctuaire, verset 6
  • les rois et les sacrificateurs, verset 6
  • l’autel, verset 7
  • les portes, la loi, verset 9

Des cieux en terre : image de la chute la plus profonde succédant à l’élévation la plus glorieuse (Ésaïe 14.12 ; Matthieu 11.23).

Son marchepied : l’arche de l’alliance, à laquelle Dieu avait rattaché la grâce de sa présence (1 Chroniques 27.2 ; Psaumes 99.5).

2 Le Seigneur a ruiné sans pitié Toutes les demeures de Jacob ; Il a détruit, dans sa fureur, Les remparts de la fille de Juda. Il les a jetés en terre ; Il a profané sa royauté et ses princes. 3 Il a rompu, dans l’ardeur de sa colère, Toute force d’Israël ; Il a retiré sa droite Devant l’ennemi ; Il a allumé en Jacob comme un feu ardent Qui dévore tout autour.

Toute force : littéralement, toute corne. La corne est chez les Hébreux l’emblème de la force. Cette expression désigne toutes les forteresses de Juda qui étaient successivement tombées aux mains de l’ennemi.

Retiré sa droite : pour laisser l’ennemi avancer.

Un feu : l’incendie est ici l’emblème de la destruction qui s’étend.

4 Il a bandé son arc comme un ennemi, Il a levé sa droite comme un assaillant,
Et il a égorgé Tout ce qui charmait les yeux. Dans la tente de la fille de Sion Il a versé son courroux comme un feu.

Tout ce qui charmait les yeux : femmes, enfants, jeunes hommes, jeunes filles.

La tente : Jérusalem.

5 Le Seigneur a été comme un ennemi ; Il a ruiné Israël, Ruiné tous ses palais, Détruit ses remparts. Il a infligé à la fille de Juda Douleur sur douleur. 6 Il a forcé son enclos comme un jardin Il a détruit son lieu d’assignation. L’Éternel a fait oublier en Sion Fêtes solennelles et sabbats ; Dans le débordement de sa colère, Il a rejeté avec dédain rois et sacrificateurs.

Son enclos : la terrasse sacrée sur laquelle s’élevait le temple.

Lieu d’assignation : le temple lui-même ; le tabernacle construit au désert est appelé de ce nom.

7 Le Seigneur a pris en dégoût son autel, En abomination son sanctuaire ; Il a livré aux mains de l’ennemi Les murs de ses palais. On a poussé des cris dans la maison de l’Éternel, Comme en un jour de fête.

Ses palais : le temple et les édifices environnants.

Des cris, comme en un jour de fête : des cris aussi, mais d’une autre sorte ; cris de détresse de Sion et de triomphe de l’ennemi.

8 L’Éternel a médité de détruire Les murs de la fille de Sion ; Il a étendu le cordeau, Il n’a pas retiré sa main qu’il ne les eût détruits. Il a mis en deuil bastion et muraille ; Ensemble ils mènent deuil.

Le cordeau : pour niveler jusqu’au sol.

9 Ses portes sont enfoncées en terre ; Il en a détruit, brisé les barres. Son roi et ses princes sont chez les Gentils ; Il n’y a plus de loi ; Ses prophètes aussi Ne reçoivent plus de vision de l’Éternel.

Enfoncées en terre : ensevelies sous les décombres.

Plus de loi, plus de vision. Ces deux témoignages de l’habitation de Dieu au milieu de son peuple ont disparu. L’accomplissement des prescriptions légales supposait l’existence du sanctuaire. Quant à la prophétie, il y avait bien encore des prophètes ; mais au moment de la ruine il ne leur fut accordé aucune révélation propre à encourager le euple ; comparez Psaumes 74.9. Dieu semblait à ce moment avoir abandonné son peuple.

10 Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre, Ils se taisent ; Ils ont jeté de la poussière sur leur tête ; Ils sont vêtus de sacs. Les vierges de Jérusalem Courbent leur tête vers la terre.

Sont assis. Comparez Job 2.8 ; Job 2.13.

Poussière. Comparez Jérémie 6.26, note ; Job 2.12.

De sacs. Le sac ou cilice était un vêtement de toile grossière, fait de poils de couleur sombre, qu’on ceignait autour des reins par une corde ; comparez Genèse 37.34 ; 2 Rois 6.30 ; Ésaïe 3.24, etc.

11 Mes yeux se consument dans les larmes ; Mes entrailles sont émues ; Mon foie s’épanche sur la terre, À cause de la blessure de la fille de mon peuple, À la vue des enfants et des nourrissons Qui défaillent dans les places de la ville.

Le prophète termine cette première moitié du cantique par l’expression de sa propre douleur.

Mon foie s’épanche… Le foie est envisagé comme le siège des émotions violentes, ici comme celui de la douleur.

À la vue des enfants… L’auteur se reporte aux derniers temps du siège et décrit, comme s’il les voyait encore, les horreurs de cette crise suprême.

12 Ils disent à leurs mères : Où y a-t-il du pain et du vin ? Et ils tombent comme blessés à mort Dans les rues de la ville,
Et rendent l’âme Sur le sein de leurs mères. 13 Quel exemple te citerai-je ? Qui comparerai-je à toi, fille de Jérusalem ? À qui t’assimiler pour te consoler, Ô vierge, fille de Sion ? Car ta plaie est grande comme la mer ! Qui te guérirait ?

Pour te consoler… C’est une consolation pour nous de savoir que d’autres ont passé par des douleurs semblables aux nôtres.

Qui te guérirait ? Comparez Jérémie 8.21-22.

14 Tes prophètes ont eu pour toi Des visions vaines et folles ; Ils ne t’ont point dévoilé ton iniquité, Afin de détourner de toi la captivité ; Mais ils t’ont donné pour visions Des oracles de mensonge et de réjection.

Tes prophètes : les faux prophètes que Jérémie a combattus durant tout son ministère (Jérémie 2.8 ; Jérémie 6.13 ; Jérémie 14.14 ; Jérémie 23.16 ; Jérémie 23.32.

Des oracles de réjection : l’effet de leurs mensonges a été de faire aller le peuple en captivité. Voir Jérémie 27.10 ; Jérémie 27.15.

15 Tous les passants battent des mains à ta vue ; Ils sifflent, Ils hochent la tête Au sujet de la fille de Jérusalem ; Est-ce là cette ville qu’on appelait la parfaite en beauté, La joie de toute la terre ?

Comparez Jérémie 50.13.

Parfaite en beauté : comparez les expressions semblables appliquées à Sion Psaumes 50.2 et à Tyr Ézéchiel 27.3.

La joie de toute la terre : expression tirée de Psaumes 48.3.

16 Tous tes ennemis ouvrent la bouche contre toi ; Ils sifflent, Ils grincent des dents ; Ils disent : Nous les avons engloutis ! C’est là le jour que nous attendions ! Nous y sommes ; nous le voyons !

Psaumes 35.16 ; Psaumes 35.21.

17 L’Éternel a exécuté ce qu’il avait résolu ; Il a accompli la parole Qu’il avait prononcée dès les jours anciens. Il a détruit sans pitié ; Il a réjoui l’ennemi à ton sujet ; Il a élevé la corne de tes adversaires.

La corne : voir verset 3. Élever la corne signifie : renforcer la puissance, donner la victoire.

18 Leur cœur crie vers le Seigneur ! Ô muraille de la fille de Sion, Laisse couler tes larmes jour et nuit Comme un torrent ! Ne te donne aucun relâche ! Que ta prunelle n’ait point de repos !

Leur cœur : celui des Israélites survivants.

Ô muraille… Le prophète interpelle la muraille de Sion, qu’il personnifie et l’invite à demander grâce au Seigneur pour le peuple exilé.

19 Lève-toi, pousse des cris dans la nuit, Au commencement de chaque veille ; Répands ton cœur comme de l’eau Devant la face du Seigneur ! Lève les mains vers lui pour la vie de tes enfants Qui défaillent de faim aux coins de toutes les rues !

La muraille de Jérusalem devient ici la ville elle-même.

Au commencement de chaque veille. La nuit, chez les anciens Hébreux, était divisée en trois veilles, de quatre heures chacune, au commencement desquelles retentissait sur les remparts ou dans les camps la voix des sentinelles qui se relevaient. Sion est invitée à se réveiller aussi à chaque veille, pour crier à l’Éternel.

20 Vois, Éternel, et considère ! Qui as-tu jamais traité ainsi ? Des femmes mangent-elles le fruit de leurs entrailles, Les petits enfants qu’elles portent dans leurs bras ? Tue-t-on dans le sanctuaire du Seigneur Les sacrificateurs et les prophètes ?

C’est ici le cri de Sion, qui monte à l’Éternel en réponse à l’invitation que vient de lui adresser le prophète (verset 19).

Qui as-tu ainsi traité ? Comparez verset 13.

Des femmes… Jérémie fait allusion à des faits qui se sont passés pendant le siége. Des atrocités semblables s’étaient déjà produites au siège de Samarie (2 Rois 6.28) et devaient se répéter plus tard lors de la ruine de Jérusalem par les Romains (Josèphe, Guerre des Juifs, Livre VI, chapitre 21) ; comparez 2 Rois 25.3 et les prédictions Lévitique 26.29 ; Deutéronome 28.53 ; Deutéronome 28.56.

Dans le sanctuaire. Le meurtre des sacrificateurs dans le temple est un autre fait contre nature.

21 Jeunes gens et vieillards Sont couchés par terre dans les rues ; Mes vierges et mes adolescents Sont tombés par l’épée. Tu as égorgé au jour de ta colère ; Tu as immolé ; tu n’as point épargné ! 22 Tu as assigné, comme à un jour de convocation, Mes terreurs de toutes parts ; Au jour de la colère de l’Éternel Il n’y a eu ni réchappé, ni fugitif. Ceux que j’avais portés dans mes bras et que j’avais élevés, Mon ennemi les a détruits jusqu’au dernier !

Mes terreurs de toutes parts : expression familière à Jérémie (Jérémie 6.25 ; Jérémie 20.3 ; Jérémie 20.10 ; Jérémie 46.5, etc.).