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Josué 22
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Alors Josué appela les Rubénites, les Gadites et la demi-tribu de Manassé.

Retour des tribus orientales dans leur territoire

Versets 1 à 8 — Josué licencie à Silo (verset 9) les guerriers de Ruben, Gad et Manassé

Tous les territoires étant répartis et la paix régnant (Josué 21.44 ; Josué 15.15 ; Josué 11.23), cette mesure pouvait se prendre sans imprudence. Mais tout en les remerciant (versets 2 et 3) et en les congédiant (verset 4), il les exhorte solennellement à craindre l’Éternel (verset 5). Puis il les bénit (verset 6) et leur recommande de partager leur butin avec leurs frères (restés avec les femmes et les enfants), qui n’avaient pas pris part à leur expédition (verset 8).

2 Et leur dit : Vous avez observé tout ce que Moïse, serviteur de l’Éternel, vous a prescrit et vous avez obéi à ma voix dans tout ce que je vous ai commandé.

Comparez Josué 1.12-16.

3 Vous n’avez pas abandonné vos frères durant tout le temps qui vient de s’écouler jusqu’à aujourd’hui, et vous avez observé ce que vous deviez observer, le commandement de IÉternel votre Dieu. 4 Et maintenant que l’Éternel, votre Dieu, a donné du repos à vos frères comme il le leur avait promis, retournez et vous en allez vers vos tentes, au pays qui est votre possession, que Moïse, serviteur de l’Éternel, vous a donné de l’autre côté du Jourdain.

Donné du repos : au moment expressément fixé par Josué 1.15.

Tentes : pour maisons, comme Deutéronome 16.7 ; Juges 7.8 et souvent. Peut-être cependant y a-t-il ici allusion à la vie de berger des tribus au-delà du Jourdain.

5 Seulement, ayez bien soin de mettre en pratique le commandement et la loi que Moïse, serviteur de l’Éternel, vous a prescrits, d’aimer l’Éternel votre Dieu, de marcher dans toutes ses voies, d’observer ses ordonnances, de vous attacher à lui, et de le servir de tout votre cœur et de toute votre âme. 6 Et Josué les bénit et les congédia, et ils s’en allèrent vers leurs tentes. 7 Et Moïse avait donné [un territoire] en Basan à la demi-tribu de Manassé, et Josué avait donné de même [un territoire] à l’autre demi-tribu, en deçà du Jourdain, à l’occident ; et lorsque Josué les renvoya vers leurs tentes, il les bénit ;

Explication destinée à prévenir tout malentendu à l’égard de cette tribu partagée en deux.

8 il leur parla aussi, en disant : Vous vous en retournez vers vos tentes avec de grandes richesses, avec de très nombreux troupeaux, avec de l’argent, de l’or, de l’airain, du fer et des vêtements en fort grande quantité ; partagez avec vos frères le butin de vos ennemis.

Nombres 31.27.

9 Et les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé s’en retournèrent et quittèrent les fils d’Israël, à Silo, dans le pays de Canaan, pour s’en aller dans le pays de Galaad, qui était la propriété qu’ils avaient reçue, d’après l’ordre de l’Éternel donné par la bouche de Moïse.

L’autel bâti sur les bords du Jourdain (9-34)

Versets 9 et 10 — Érection de l’autel

10 Et ils arrivèrent dans les districts du Jourdain qui appartiennent au pays de Canaan, et les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé bâtirent là un autel au bord du Jourdain, un autel d’une grandeur remarquable.

Qui appartiennent au pays de Canaan : ainsi donc sur la rive droite du Jourdain, du côté de l’ouest. On pense souvent que cet autel fut élevé dans la contrée située à l’orient du Jourdain, où habitaient ces deux tribus et demie. Mais cette explication ne convient ni aux expressions de notre verset, ni à l’intention de ceux qui élevaient ce monument. Car ce qu’ils voulaient constater par là, c’était le lien indissoluble qui les unissait à la terre de Canaan qu’ils allaient quitter pour retourner dans celle qui leur était assignée pour demeure. Elevé dans celle-ci, cet autel n’aurait rien signifié du tout.

D’une grandeur remarquable. Littéralement : Un autel grand à voir ; dont la grandeur frappait les regards.

11 Et les fils d’Israël apprirent que l’on disait : Voilà que les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé ont bâti un autel sur le devant du pays de Canaan, dans les districts du Jourdain, du côté des fils d’Israël.

Malentendu des autres tribus et préparatifs de guerre (11-12)

Sur le devant du pays de Canaan. Le terme hébreu el moul, que l’on traduit souvent par en face de, n’a pas proprement ce sens et signifie plutôt sur la face de, sur le devant ; comparez Exode 34.3, dont la traduction littérale est : sur le devant de la montagne, sur ses flancs, ; Josué 8.33 : sur le devant du mont Ébal… du mont Garizim ; Exode 26.9 : sur le devant de la Demeure. Le sens de en face de serait inadmissible dans ces trois passages et dans plusieurs autres. Il est question ici de la partie du pays de Canaan qui fait face à l’extérieur (c’est-à-dire vers l’orient, du côté du Jourdain).

Du côté des fils d’Israël. Le terme hébreu el ever pourrait signifier au-delà (Deutéronome 30.13) ; mais que voudrait dire : au-delà des fils d’Israël ? Le sens est donc plutôt : sur le bord, comme dans Exode 28.26 ; comparez aussi Ézéchiel 1.9.

12 Et les fils d’Israël l’apprirent et ils convoquèrent toute l’assemblée des fils d’Israël à Silo pour se mettre en campagne contre eux.

Les fils d’Israël l’apprirent. Ils s’imaginent que leurs frères ont porté atteinte à l’unité, du sanctuaire national (Lévitique 17.8 ; Deutéronome 12.4) ou bien même que cet autel doit servir à un culte idolâtre ; et ils appliquent ici la parole Deutéronome 13.13 et suivants. Il semble que les guerriers de l’est du Jourdain auraient dû avertir Josué de leur intention ; mais l’idée d’élever ce monument ne leur vint peut-être qu’au moment de passer le Jourdain et de quitter le sol de la Terre promise.

13 Et les fils d’Israël envoyèrent, vers les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé, dans le pays de Galaad, Phinées, fils d’Éléazar, le sacrificateur,

La délégation envoyée avant la déclaration de guerre (13-20)

14 et avec lui dix princes, un prince pour chaque maison de toutes les tribus d’Israël ; et ils étaient chacun chef de leur maison patriarcale dans les milliers d’Israël.

Voir Nombres 1.4 et pour les mots milliers d’Israël, Nombres 1.16, note.

15 Et ils vinrent vers les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé, dans le pays de Galaad, et leur parlèrent, en disant : 16 Ainsi a dit toute l’assemblée de l’Éternel : Qu’est-ce que cette infidélité que vous avez commise, contre le Dieu d’Israël, que vous vous détourniez aujourd’hui de l’Éternel en vous bâtissant un autel pour vous révolter aujourd’hui contre l’Éternel ?

Toute l’assemblée, établie en Canaan.

Infidélité : Lévitique 5.15 ; Josué 7.1.

Aujourd’hui : après que Dieu a si fidèlement accompli ses promesses.

17 Serait-ce trop peu pour, nous que l’iniquité de Péor, dont nous ne nous sommes pas purifiés jusqu’à ce jour, malgré la plaie qui a frappé l’assemblée de l’Éternel ?

Voulez-vous amener une nouvelle catastrophe semblable à celle qui nous fit perdre 24000 hommes ? Nombres 25.1 et suivants.

Dont nous ne nous sommes pas purifiés. La disposition à l’idolâtrie existait toujours ; on ne pouvait donc prendre assez de précautions contre elle. Probablement c’était Phinées qui parlait. Comparez son rôle dans l’affaire de Péor (Nombres 25.7).

18 Et vous, vous vous détournez aujourd’hui de l’Éternel !
Et il arrivera que, si aujourd’hui vous vous révoltez contre l’Éternel, demain il s’irritera contre toute l’assemblée d’Israël.

Le peuple entier est en danger par votre faute.

19 Que si le pays que vous possédez est impur, passez dans le pays de la possession de l’Éternel, où l’Éternel a fixé sa résidence, et avez votre propriété au milieu de nous ; mais ne vous révoltez point contre l’Éternel et ne vous séparez point de nous en vous bâtissant un autel autre que celui de l’Éternel notre Dieu !

Si le pays que vous possédez est impur. Ce verset pourrait faire penser que l’autel était dressé dans la contrée au-delà du Jourdain, en supposant que le peuple prête aux deux tribus et demie l’intention de purifier leur terre en y élevant cet autel à l’Éternel. Mais on peut entendre ainsi cette parole : Si vous avez voulu élever à votre usage un autel à l’Éternel dans la terre de Canaan, seule pure à vos yeux, alors faites mieux : venez vous y établir avec nous ; nous vous y ferons une place.

La supposition est, dans ce cas, que c’est leur éloignement de Silo qui les a portés à dresser cet autel pour y sacrifier.

20 Acan, fils de Zérach, n’a-t-il pas commis infidélité par rapport à l’interdit ? Et la vengeance a éclaté sur toute l’assemblée d’Israël. Il n’a pas péri seul pour son iniquité.

Josué 7.5.

21 Et les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé répondirent et dirent aux chefs des milliers d’Israël :

Réponse des deux tribus et demie (21-29)

22 Le Dieu fort, Dieu, l’Éternel, sait, et Israël saura ! Que l’Éternel lui-même nous en demande compte, si c’est par révolte et par infidélité envers l’Éternel (ne nous soit, point en aide en ce jour-là !)

Le style a quelque chose de brusque et de coupé qui trahit l’émotion profonde des accusés.

Le Dieu fort, le Dieu suprême ; Dieu, le seul qui mérite ce nom ; l’Éternel, le Dieu de l’alliance (Psaumes 50.1).

Sait et Israël saura ! Lui sait sans explications et, quand nous vous les aurons données, vous saurez aussi.

Nous en demande compte ! Dieu ne nous retire pas seulement son secours mais encore qu’il s’occupe de nous pour nous punir !

En ce jour-là : le jour des rétributions, où tout est manifesté.

23 que nous nous sommes bâti un autel, pour nous détourner de l’Éternel, pour y offrir des holocaustes et des dons, pour y faire des sacrifices d’actions de grâces, 24 et si nous ne l’avons pas fait parce que nous craignions que vos fils un jour parlant à nos fils ne leur disent : Qu’avez-vous de commun avec l’Éternel, le Dieu d’Israël ? 25 Comme limite entre nous et vous, fils de Ruben et fils de Gad, l’Éternel a placé le Jourdain ; vous n’avez donc point de part à l’Éternel !
Et ainsi vos fils empêcheraient nos fils de craindre l’Éternel.

Comme limite… À cause de cette limite du Jourdain qui va nous séparer, nous avons érigé ce monument, non de schisme et d’infidélité mais de communion et de solidarité éternelles.

Cette parole n’a de sens que si le monument était sur la rive occidentale, comme signe de l’appartenance des tribus qui l’avaient élevé, à l’ensemble du peuple.

26 Et nous nous sommes dit : Mettons-nous à bâtir l’autel, non point pour des holocaustes et des sacrifices, 27 mais afin qu’il soit un témoin entre nous et vous, et les générations après nous, que nous servons l’Éternel, devant lui, avec nos holocaustes, nos sacrifices et nos offrandes d’actions de grâces, et afin que vos fils ne disent pas un jour à nos fils : Vous n’avez point de part à l’Éternel ! 28 Et nous avons dit : S’ils venaient un jour à tenir ce langage à nous et à nos descendants, nous répondrions : Voyez la forme de l’autel de l’Éternel, que nos pères ont construit non point pour servir à l’holocauste et au sacrifice, mais pour être un témoin entre nous et vous !

Ce qui prouve bien qu’ils n’ont point songé à élever un autel pour y célébrer un culte rival de celui du sanctuaire, c’est sa grandeur colossale qui ne convient point à un tel but. Si néanmoins ce monument avait la forme d’un autel, c’était en vertu de sa destination religieuse, qui était de constater le droit des tribus orientales à participer au culte du sanctuaire établi dans le pays de Canaan.

29 Loin de nous de nous rebeller contre lui et de nous détourner aujourd’hui de l’Éternel, en bâtissant un autel qui serve à l’holocauste, à l’offrande et au sacrifice, outre l’autel de l’Éternel notre Dieu qui est devant sa Demeure !

Qui est devant sa Demeure (Exode 40.6). Expression démontrant sans réplique le principe de l’unité du culte comme déjà écrit dans la conscience du peuple.

30 Et Phinées, le sacrificateur, et les princes de l’assemblée et les chefs des milliers d’Israël qui étaient avec lui, entendirent les paroles que prononçaient les fils de Ruben, les fils de Gad et les fils de Manassé, et les approuvèrent.

Conclusion (30-34)

31 Et Phinées, fils d’Éléazar, le sacrificateur, dit aux fils de Ruben, aux fils de Gad et aux fils de Manassé : Aujourd’hui nous connaissons que l’Éternel est au milieu de nous, puisque vous n’avez point commis cette infidélité-là envers l’Éternel ; ainsi vous avez délivré les fils d’Israël de la main de l’Éternel.

L’Éternel est au milieu de nous. Une infidélité, telle que celle que nous avions supposée, nous aurait fait douter de la présence de l’Éternel au milieu de nous.

32 Et Phinées, fils d’Éléazar, le sacrificateur, et les princes retournèrent d’auprès des fils de Ruben et des fils de Gad, du pays de Galaad au pays de Canaan vers les fils d’Israël, et leur rapportèrent ce qui s’était passé. 33 Et la chose plut aux fils d’Israël. Et les fils d’Israël bénirent Dieu et ne parlèrent plus de se mettre en campagne contre eux pour dévaster le pays qu’habitaient les fils de Ruben et les fils de Gad.

Pour dévaster le pays. Deutéronome 13.15-17.

34 Et les fils de Ruben et les fils de Gad donnèrent un nom à l’autel : car [dirent-ils] il est témoin entre nous que l’Éternel est Dieu.

La demi-tribu de Manassé est omise, sans doute pour plus de brièveté. Ou bien cette omission serait-elle l’indice que c’étaient les deux tribus voisines du passage du Jourdain, près de Jéricho (Gad et Ruben), qui avaient élevé l’autel ?

Donnèrent un nom à l’autel. Ou bien ce nom est omis, ou il est censé ressortir de la phrase suivante, où domine le mot de témoin. D’autres : Ils gravèrent une inscription sur cet autel, attestant qu’il était témoin de leur attachement à l’Éternel. Il faut alors prendre kara dans le sens de écrire qu’il a quelquefois.

Ce nom ou cette inscription devait servir de confirmation aux paroles prononcées par les Israélites de Galaad et l’autel ne fut pas abattu. Il témoignait aussi de la ferme volonté qu’avait le peuple dans ces premiers temps de réagir contre le mal sous toutes ses formes, infidélité religieuse ou schisme politique. Enfin ce récit prouve, ce que nie la critique actuelle : que l’unité du culte central était un axiome de la conscience nationale. La critique est réduite, pour détruire cette preuve, à déclarer ce récit une légende postérieure. Mais il n’a aucun caractère propre à justifier ce soupçon.