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Jonas 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Jonas en éprouva un vif chagrin et se fâcha.

Mécontentement de Jonas et réprimande de l’Éternel

Versets 1 à 3 — Impression pénible de Jonas

Jonas en éprouva un vif chagrin. Ou bien les quarante jours étaient écoulés et le chagrin de Jonas fut motivé par le fait que rien de ce qu’il avait prédit n’arriva ; ou bien l’Éternel lui avait fait connaître à l’avance et avant la fin des quarante jours le pardon accordé à Ninive (Jonas 3.10) et ce fut cette nouvelle qui provoqua sa révolte. Dans ce second cas, la scène suivante aurait précédé la fin des quarante jours, dans le premier, elle l’aurait suivie. Nous reconnaîtrons que cette seconde alternative est la seule possible ; voir verset 5.

Et se fâcha. Ce dépit violent avait un côté personnel : Jonas était irrité de voir sa menace frappée d’inefficacité ; mais ce sentiment reposait sur quelque chose de plus profond le prophète était indigné de voir se confirmer la crainte qu’il avait eue dès l’abord, à savoir que les Ninivites repentants n’eussent part aussi à la miséricorde divine. Les Juifs voulaient la miséricorde de Dieu, mais pour eux seuls ; ils faisaient bon marché des païens, qu’ils vouaient sans pitié au jugement de Dieu.

2 Et il fit une prière à l’Éternel et dit : Éternel, n’était-ce donc pas là ce que je disais, lorsque j’étais dans mon pays ? C’est pourquoi je me suis hâté de fuir à Tharsis ; car je savais que tu es un Dieu miséricordieux et clément, lent à la colère, abondant en grâce et qui te repens du mal.

Dans mon pays : en Palestine.

Je savais… Comparez Exode 34.6 ; Joël 2.13.

3 Et maintenant, Éternel, retire, je te prie, mon âme ; car la mort me vaut mieux que la vie.

Retire mon âme. Comparez à cette prière celle d’Élie, 1 Rois 19.1. Dans toutes deux s’exprime un découragement coupable inspiré aux deux prophètes par l’inutilité apparente de leur travail ; mais ce qui distingue profondément ces deux états, c’est que chez Élie ce travail avait pour but une œuvre de restauration, chez Jonas une œuvre de destruction.

4 Et l’Éternel répondit : Fais-tu bien de te fâcher ?

La réponse de l’Éternel à Jonas (4-11)

L’Éternel reprend Jonas par une parole, puis par un fait.

L’Éternel répondit. Quelle mansuétude dans ce langage de l’Éternel. Cette manière de faire rappelle celle du père de l’enfant prodigue à l’égard de son fils aîné, Luc 15.28. La suite de l’instruction de l’Éternel à Jonas se trouve au verset 6, dans la leçon qu’il lui donne par le moyen de la plante que celui-ci affectionne.

5 Jonas était sorti de la ville et s’était assis à l’orient de la ville, et il s’était fait là une hutte de branches et s’y tenait à l’ombre jusqu’à ce qu’il vit ce qui arriverait à la ville.

Ce verset ne peut être envisagé que comme une parenthèse destinée à rappeler une circonstance accomplie déjà auparavant et dont la connaissance est nécessaire à l’intelligence de ce qui va suivre. C’est pourquoi nous avons dû traduire les trois premiers verbes par le plus-que-parfait.

À l’orient de la ville. Il y avait de ce côté de Ninive de hautes collines d’où l’on pouvait contempler tout ce qui se passait dans la plaine.

6 Et l’Éternel Dieu fit pousser un ricin qui s’éleva au-dessus de Jonas pour lui faire ombre sur la tête, afin de le délivrer de son mal ; et Jonas se réjouit d’une grande joie à cause de ce ricin.

L’Éternel fit pousser. C’est ici la continuation de l’enseignement de l’Éternel au verset 4 ; il instruit, maintenant Jonas par un fait qu’il lui explique.

Un ricin, en hébreu : kikajôn ; cette plante d’Orient, bien connue chez nous, qui porte de grandes feuilles semblables à celles de la vigne, atteint en peu de jours, dans les contrées du Levant, les proportions d’un arbre. Mais comme il est parlé ici d’une seule nuit (verset 10), il faut sans doute admettre une accélération de croissance produite par la puissance divine.

Lui faire ombre. Les simples branches dont il avait construit la cabane ne suffisaient pas pour l’abriter du soleil, parce que les feuilles s’étaient desséchées ; aussi le prophète souffrait-il dans cette position et fut-il tout heureux, au matin, de trouver ce ricin qui lui faisait ombre.

Son mal : le mal de tête dont il souffrait depuis les jours précédents. Plusieurs ont pris ce mot dans le sens moral : l’irritation qui le remplissait.

7 Et l’Éternel fit venir, au lever de l’aurore le lendemain, un ver qui piqua le ricin, et il sécha.

Un ver qui… Par là, Jonas est livré, sans défense au vent brûlant qui se joint à l’ardeur du soleil.

8 Et voici, au lever du soleil, Dieu fit venir un vent d’orient, brûlant, et le soleil donna sur la tête de Jonas, et il défaillit et demanda de mourir en disant : La mort me vaut mieux que la vie.

Vent d’orient (voir Osée 13.15 ; Jérémie 4.11) ; ce vent dessèche rapidement la végétation.

Demanda de mourir : par suite de la défaillance physique et de l’irritation morale réunies.

9 Et Dieu dit à Jonas : Fais-tu bien de te fâcher à cause de ce ricin ? Et il répondit : Je fais bien de me fâcher jusqu’à la mort.

C’est ici l’explication de la parabole en action par laquelle Dieu veut l’instruire.

La réplique de Jonas rappelle un peu les paroles imprudentes de Job en réponse à l’Éternel. L’on voit, par l’exemple de ces deux hommes, que Dieu préfère l’expression rude, mais franche d’un sentiment réel aux formes affectées d’une piété de convention (Job 42.7).

10 Et l’Éternel dit : Tu t’affliges au sujet d’un ricin pour lequel tu n’as pas travaillé et que tu n’as pas fait grandir, qui est venu en une nuit et qui a péri en une nuit. 11 Et moi, je ne m’affligerais pas au sujet de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des bêtes nombreuses !

Cent vingt mille hommes. Les mots suivants prouvent qu’il s’agit uniquement des enfants qui ne sont pas parvenus à l’âge de discernement, c’est-à-dire probablement de ceux au-dessous de sept ans. En comptant qu’ils forment un cinquième de la population totale, on arrive pour celle-ci à un chiffre de six cent mille âmes ce qui n’est pas trop pour une ville d’une pareille étendue.

Et des bêtes nombreuses. Comparez Psaumes 145.9 où il est dit que Dieu a compassion de toutes ses œuvres. L’animal est au-dessus de la plante ; si Jonas s’affligeait pour un ricin, combien plus Dieu n’a-t-il pas pitié de tout être vivant, homme ou bête ! Ajoutons que les animaux aussi avaient été associés au deuil de repentance célébré à Ninive (Jonas 3.7).

Le récit s’arrête ici, absolument comme la parabole de l’enfant prodigue après la réponse du père au fils aîné. Il appartient à la liberté de l’homme d’entrer dans la pensée et dans le sentiment de Dieu, ou de persister dans sa propre volonté. C’est ainsi qu’après avoir révélé la pensée de Dieu, l’Écriture se tait, laissant à l’homme le soin d’achever le récit en l’acceptant ou en la repoussant. Nous ne savons que trop comment le peuple juif, dans son ensemble, a répondu à cette leçon de Dieu.