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Jérémie 38
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 38

Nous sommes aux derniers jours du siège ; d’après verset 9, il n’y a presque plus de pain dans la ville ; les versets 4, 19 et 22 prouvent qu’il y a déjà de nombreux déserteurs.

  • Jérémie est jeté dans une citerne à l’instigation des chefs, versets 1 à 6
  • un étranger, Ebed-Mélec, intervient en sa faveur, versets 7 à 13
  • entretien de Jérémie avec le roi, versets 14 à 26
  • entrevue de Jérémie avec les chefs, versets 27 et 28.
1 Alors Séphatia, fils de Mattan, Guédalia, fils de Paschur, Jucal, fils de Sélémia, et Paschur, fils de Malkija, entendirent les paroles que Jérémie adressait à tout le peuple en disant :

Des quatre chefs nommés ici, Jucal et Paschur, fils de Malkija, nous sont déjà connus comme familiers du roi : Jérémie 37.3 ; Jérémie 21.1.

2 Ainsi parle l’Éternel : Celui qui restera dans cette ville mourra par l’épée, par la famine ou par la peste ; mais celui qui sortira vers les Chaldéens vivra ; il aura sa vie pour butin et vivra.

Les propos du prophète, rapportés ici, sont ceux qu’il a tenus dès le commencement du siège (Jérémie 21.9). Dans la prison du corps de garde, Jérémie pouvait communiquer facilement avec le peuple (Jérémie 32.8 ; Jérémie 32.12).

3 Ainsi parle l’Éternel : Cette ville sera livrée à l’armée du roi de Babylone, et il la prendra. 4 Et les chefs dirent au roi : Qu’on fasse donc mourir cet homme ; car il fait perdre courage aux hommes de guerre qui restent dans cette ville et à tout le peuple, en leur parlant de la sorte ; et cet homme ne veut point le bien, mais le mal de ce peuple.

Les chefs avaient raison à leur point de vue. Ces discours du prophète devaient avoir pour effet de décourager les défenseurs de la ville. Jérémie avait le courage le plus héroïque, celui de s’exposer par fidélité au reproche de lâcheté.

5 Et le roi Sédécias dit : Voici, il est en votre pouvoir, car le roi ne peut rien contre vous.

Honteuse défaite ; triste symptôme de décomposition sociale ! La constitution théocratique n’interdisait pas au roi de sauver un innocent.

6 Ils prirent donc Jérémie et le descendirent dans la citerne de Malkija, fils du roi, dans la cour du corps de garde ; ils descendirent Jérémie avec des cordes dans la citerne, où il n’y avait point d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue.

Fils du roi : voir Jérémie 36.26, note.

La citerne. Les chefs veulent empêcher les communications du peuple avec Jérémie. N’osant braver l’ordre du roi et le remettre dans le cachot de Jonathan (Jérémie 37.15-21, ils le descendent dans une citerne qui ne contient plus que de la boue. C’est en même temps l’exposer à une mort inévitable.

7 Mais Ebed-Mélec, Éthiopien, eunuque dans la maison du roi, apprit qu’ils avaient mis Jérémie dans la citerne ; or le roi était assis à la porte de Benjamin ;

Ebed-Mélec, l’eunuque éthiopien, est plus humain que les chefs de Juda. C’était sans doute le surveillant du harem royal.

Assis à la porte de Benjamin : probablement pour surveiller les travaux de défense du côté septentrional, le plus exposé aux coups de l’ennemi.

8 et Ebed-Mélec sortit de la maison du roi et dit au roi : 9 Ô roi, mon seigneur ! Ces hommes ont eu tort d’agir ainsi envers Jérémie le prophète en le descendant dans la fosse ; il mourra de faim sur place, puisqu’il n’y a plus de pain dans la ville.

Il mourra de faim, puisque… Dans la cour du corps de garde, il recevait la ration régulière des soldats ; mais maintenant il ne pouvait plus compter sur le secours bienveillant de personne.

10 Et le roi donna cet ordre à Ebed-Mélec, Éthiopien : Prends avec toi trente hommes, et fais remonter de la citerne Jérémie le prophète, avant qu’il ne meure.

Trente hommes, non pas seulement pour retirer le prisonnier de la citerne, mais surtout pour le protéger contre ses ennemis.

11 Ebed-Mélec prit donc ces hommes avec lui et entra dans la maison du roi, au-dessous de la trésorerie, d’où il prit des linges usés et de vieilles hardes, et il les jeta avec des cordes à Jérémie dans la citerne.

Tous ces détails témoignent de la sollicitude de l’eunuque envers Jérémie. On sent dans le récit l’émotion reconnaissante du narrateur. Sur la récompense d’Ebed-Mélec, voir Jérémie 39.16-18.

12 Puis Ebed-Mélec, Éthiopien, dit à Jérémie : Mets ces lambeaux de linge et de hardes sous tes aisselles par-dessous les cordes ; Jérémie fit ainsi. 13 Ils le tirèrent avec les cordes et le firent remonter de la citerne ; puis Jérémie demeura dans la cour du corps de garde. 14 Alors le roi Sédécias envoya chercher Jérémie le prophète et se le fit amener à la troisième entrée qui donne dans la maison de l’Éternel. Le roi dit à Jérémie : Je vais te demander quelque chose ; ne me cache rien.

La troisième entrée : localité d’ailleurs inconnue, probablement la plus dérobée aux regards.

15 Jérémie répondit à Sédécias : Si je te le dis, n’est-il pas sûr que tu me feras mourir ? Et si je te donne un conseil, tu ne m’écouteras point.

Les expériences passées ne justifiaient que trop cette supposition.

16 Alors le roi Sédécias parla à Jérémie en secret, en ces mots : L’Éternel est vivant, lui qui nous a donné cette vie, que je ne te ferai point mourir et que je ne te livrerai point à ces gens qui cherchent ta vie. 17 Alors Jérémie dit à Sédécias : Ainsi parle l’Éternel, Dieu des armées, Dieu d’Israël : Si tu sors pour te rendre aux chefs du roi de Babylone, tu vivras ; cette ville ne sera point brûlée, tu vivras, toi et ta maison.

Comparez Jérémie 34.2-5 ; Jérémie 32.4 ; Jérémie 21.4-10.

Aux chefs. Nébucadnetsar lui-même, avec son quartier général, était à Ribla (Jérémie 39.5).

On est étonné des chances de salut offertes jusqu’au dernier moment à Sédécias. Dieu est comme à l’affût du moindre retour au bien chez le pécheur, pour en prendre occasion de différer ou même de révoquer ses jugements. Comparez 1 Rois 21.29 ; Ézéchiel 18.23-32.

18 Mais si tu ne sors pas vers les chefs du roi de Babylone, cette ville sera livrée aux Chaldéens ; ils la brûleront, et toi, tu ne leur échapperas point. 19 Le roi Sédécias dit à Jérémie : Je crains les Juifs qui ont passé aux Chaldéens, qu’on ne me livre à eux, et qu’ils ne fassent de moi leur jouet.

Cette éventualité n’avait assurément rien d’invraisemblable ; mais les risées de quelques déserteurs étaient-elles plus à craindre que la colère de Dieu ? Toutefois le prophète ôte au roi même ce dernier prétexte.

20 Jérémie répondit : On ne te livrera point. Je te prie, obéis à la voix de l’Éternel dans ce que je te dis, afin que tu t’en trouves bien et que tu vives. 21 Que si tu refuses de sortir, voici la chose que l’Éternel m’a fait voir : 22 toutes les femmes, qui sont restées dans la maison du roi de Juda, amenées aux chefs du roi de Babylone, et te disant : Tes conseillers bienveillants t’ont tendu un piège et t’y ont pris ; ils ont plongé tes pieds dans la boue, et eux se sont esquivés !

Tu as voulu éviter les railleries des déserteurs ; tu auras à essuyer celles des captives.

Il s’agit probablement, non seulement des femmes de Sédécias, mais aussi de celles de ses prédécesseurs, habitant un palais à Jérusalem. Elles eurent réellement l’occasion de se moquer de lui, elles captives, lorsqu’elles le virent emmené prisonnier.

Tes conseillers bienveillants, littéralement : les hommes de ta paix. Ce qui ne signifie pas : ceux qui te conseillaient la paix ; car c’étaient eux au contraire qui avaient poussé à la guerre ; mais : ceux qui te promettaient une heureuse issue de ta révolte ; les faux prophètes, entre autres, qui répétaient toujours : Paix et prospérité (Jérémie 6.14 ; Jérémie 8.11) ! Nous avons déjà émis la supposition que ces faux prophètes se trouvaient parmi les déserteurs mentionnés verset 19. En tout cas, il ne s’agit pas des chefs nommés dans ce chapitre ; car ceux-ci n’ont pu échapper aux malheurs inséparables de la prise de la ville.

Ils ont plongé tes pieds dans la boue : expression figurée de l’opprobre que ces perfides conseillers ont fait venir sur le roi. Peut-être cette image est-elle inspirée à Jérémie par le souvenir du traitement récent qu’il avait eu à subir lui-même.

23 Toutes tes femmes et tes enfants vont être amenés aux Chaldéens, et tu ne leur échapperas point, mais tu seras pris par le roi de Babylone, et tu auras brûlé cette ville.

Tes femmes : les femmes de Sédécias distinguées des autres femmes du harem, verset 22.

Tu auras brûlé : tu auras été la cause morale de la ruine de la ville.

24 Alors Sédécias dit à Jérémie : Que personne ne sache rien de tout ceci, et tu ne mourras point.

Sédécias ne prend aucun engagement. La peur des chefs le domine. La ruine le surprendra dans cette indécision.

25 Que si les chefs apprennent que j’ai parlé avec toi, et qu’ils viennent vers toi pour te dire : Déclare-nous ce que tu as dit au roi et ce que le roi t’a dit ; ne nous cache rien, et nous ne te ferons pas mourir ; 26 tu leur diras : J’ai supplié le roi de ne pas me faire ramener dans la maison de Jonathan, où je mourrais.

Dans la maison de Jonathan voir Jérémie 37.15-20.

27 Tous les chefs donc vinrent vers Jérémie pour l’interroger ; et il leur parla selon tout ce que le roi lui avait commandé ; ils le laissèrent en repos, car rien n’avait été entendu.

Les chefs soupçonnent quelque complot entre le roi et le prophète.

De son côté, Jérémie n’était pas obligé de leur faire connaître l’objet d’un entretien que le roi lui avait demandé de tenir secret et il pouvait avoir réellement adressé au roi la prière dont il parle.

28 Ainsi Jérémie demeura dans la cour du corps de garde jusqu’au jour où Jérusalem fut prise, et il y était lorsque Jérusalem fut prise.