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Jérémie 16
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 16

  • Dans les versets 1 à 9, le prophète décrit l’isolement que Dieu lui a imposé au milieu de son peuple, par trois signes racontés versets 1 à 4, 5 à 7 et 8 à 9
  • raison de ces signes, versets 10 à 15
  • double jugement, versets 16 à 18
  • compensation magnifique, versets 19 à 21
1 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : 2 Ne prends point de femme et n’aie point de fils ni de filles en ce lieu.

La défense de se marier faite au prophète dans ce verset se rattache étroitement au contenu du chapitre précédent. Si tel doit être le sort des mères en Israël (Jérémie 15.8-9), si Jérémie même en est à regretter d’avoir été mis au monde (verset 10), il ne doit pas faire partager à une épouse son infortune, ni à des enfants celle du peuple en ces temps de calamité. Comparez la parole d’Élisée à Guéhazi 2 Rois 5.26 ; et celle de Paul 1 Corinthiens 7.26. Par là Jérémie devait être en même temps un signe vivant et permanent de la colère de Dieu sur les hommes de cette génération.

3 Car ainsi parle l’Éternel touchant les fils et les filles qui naissent en ce lieu, les mères qui les enfantent et les pères qui les engendrent en ce pays. 4 Ils mourront de maladies mortelles ; ils ne seront pas pleurés ; ils ne seront pas enterrés ; ils seront du fumier sur le sol. Ils finiront par l’épée et la famine, et leurs cadavres seront la pâture des oiseaux du ciel et des bêtes de la terre.

Ils ne seront pas pleurés… enterrés : à cause du grand nombre des morts, comme cela a lieu en temps de peste et parce qu’il ne restera plus personne pour leur rendre les derniers devoirs.

5 Car ainsi dit l’Éternel : N’entre point dans la maison de deuil ; ne va point pleurer ni t’affliger avec eux ; car j’ai retiré à ce peuple ma paix, dit l’Éternel, ma grâce et mes compassions.

Nouveau signe (5-7)

Le prophète ne doit pas même participer à une cérémonie funèbre ; car un peuple frappé de malédiction ne mérite pas d’être pleuré ; comparez Ézéchiel 24.15-23.

6 Les grands et les petits mourront en ce pays ; ils ne seront point enterrés ; ils ne seront point pleurés ; on ne se fera point d’incisions, on ne se rasera point pour eux.

Point d’incisions, on ne se rasera point… Les incisions et les cheveux rasés : cérémonies funèbres interdites par la loi comme des réminiscences du paganisme (Lévitique 19.28 ; Deutéronome 14.1), mais qui paraissent s’être peu à peu introduites dans les habitudes israélites.

7 On ne leur rompra pas le pain du deuil pour les consoler pour un mort ; on ne leur fera pas boire la coupe des consolations pour un père et pour une mère.

Le pain… la coupe. Il ne s’agit pas ici des repas funèbres dont l’usage n’est pas constaté chez les Hébreux. Mais, comme le jeûne accompagnait le deuil, les amis de la maison exhortaient les parents affligés à prendre quelque aliment pour qu’ils ne tombassent pas en défaillance. Comparez 2 Samuel 3.35 ; 2 Samuel 12.17.

8 Ne va pas dans la maison du festin pour t’asseoir avec eux, pour manger et pour boire.

Autre signe (8-9)

Maison du festin : c’est d’une fête qu’il est question, comme le prouve le verset suivant. Le prophète doit s’abstenir de participer à aucune fête, afin de montrer que c’est ici un temps de deuil et que toute réjouissance va prendre fin en Israël.

9 Car ainsi a dit l’Éternel des armées, Dieu d’Israël : Voici, je vais faire cesser en ce lieu, sous vos yeux et en vos jours, le cri de joie et le cri d’allégresse, la voix de l’époux et la voix de l’épouse. 10 Et il arrivera, lorsque tu annonceras toutes ces choses à ce peuple, qu’ils te diront : Pourquoi l’Éternel a-t-il amené sur nous tout ce grand malheur ? Quelle est notre iniquité, et quel est le péché que nous avons commis contre l’Éternel notre Dieu ?

Application de ces signes (10-18)

La raison de tant de maux devra leur être expliquée, tant ils sont aveuglés et pleins de propre justice !

11 Et tu leur diras : C’est que vos pères m’ont abandonné, dit l’Éternel ; ils sont allés après d’autres dieux, ils les ont servis, ils les ont adorés, et ils m’ont abandonné, moi, et n’ont pas gardé ma loi. 12 Et vous, vous avez fait pis que vos pères, et vous voilà marchant chacun suivant l’endurcissement de son mauvais cœur pour ne point m’écouter.

Il serait injuste de redemander les péchés des pères aux enfants, si ceux-ci s’en étaient corrigés ; mais il n’en est point ainsi quand ils y persévèrent ; car ils en deviennent par là solidaires. Comparez Luc 11.49-51.

13 Je vous rejetterai de ce pays dans un pays que vous n’aurez point connu, ni vous ni,vos pères ; et là vous servirez les dieux étrangers jour et nuit, car je ne vous ferai point grâce.

Vous servirez… jour et nuit. Cruelle ironie ! : Là vous pourrez les servir tant que le cœur vous en dira.

Allusion à Deutéronome 4.28 ; Deutéronome 28.36.

14 C’est pourquoi voici, des jours viennent, dit l’Éternel, où l’on ne dira plus : L’Éternel est vivant qui a fait monter les enfants d’Israël du pays d’Égypte ;

Cette parole, qui est encore une menace, renferme en même temps une promesse. La nouvelle captivité qui s’approche, sera plus désastreuse encore que l’ancienne et la fera oublier. Mais la délivrance de cette captivité sera un miracle plus grand encore que ceux qui accompagnèrent la sortie d’Égypte. Elle effacera ainsi le souvenir de celle-ci. Comparez la répétition de cet oracle Jérémie 23.7-8.

15 mais : L’Éternel est vivant qui a fait monter les enfants d’Israël du pays du nord et de tous les pays où il les avait chassés ; et je les ramènerai dans leur pays que j’avais donné à leurs pères. 16 Voici, j’appelle en foule des pêcheurs pour les pêcher, dit l’Éternel, et, après cela, j’appellerai en foule des chasseurs qui leur donneront la chasse sur toutes les montagnes et sur toutes les collines et dans les fentes des rochers.

Continuation de la menace, sans mélange de promesses (16-17)

Les images des pêcheurs et des chasseurs représentent deux phases de l’invasion ennemie : d’abord la capture des populations en masse par l’occupation générale du pays (Amos 4.2) ; puis la chasse donnée aux fuyards isolés (Juges 6.2). Hérodote décrit VI, 31, en se servant des mêmes termes que Jérémie, cette pêche et cette chasse à l’homme, que pratiquaient les anciens conquérants d’Asie.

17 Car mes yeux sont sur toutes leurs voies ; elles ne sont point cachées devant ma face, et leur iniquité ne se dérobe pas à mes yeux. 18 Et je leur paierai tout d’abord au double le salaire de leur iniquité et de leurs péchés, parce qu’ils ont profané mon pays par les cadavres de leurs dieux infâmes, et ils ont rempli mon héritage de leurs abominations.

Tout d’abord. Nous pensons, avec la plupart des commentateurs, que les mots hébreux doivent être pris adverbialement et rapportés au verset 15, dans ce sens : avant que s’accomplisse la promesse contenue dans la menace de ce verset.

Au double : allusion à la loi Exode 22.4-9 (Job 42.10) ; comparez la note Ésaïe 40.2.

Les cadavres. Les faux dieux, appelés d’ordinaire des vanités, sont comparés ici à des cadavres qui souillent par leur contact.

19 Éternel, ma force, mon rempart et mon refuge au jour de la détresse, les nations viendront à toi des bouts de la terre et diront : Nos pères n’ont eu que le mensonge en héritage ; des vanités qui ne profitent point.

Le prophète, qui ne voit autour de lui et dans l’avenir prochain de son peuple qu’obscurité et ruine, cherche sa force en son Dieu, qui lui fait contempler des compensations inattendues dépassant de beaucoup l’horizon étroit du peuple de Juda ; ce sont les païens entrant dans l’alliance divine, avec ou sans l’ancien peuple de Dieu, qui, chose étonnante, est passé sous silence dans ce tableau de la restauration future. Annoncer que les païens reconnaîtront un jour la vanité de leurs idoles pour confesser l’Éternel, n’était-ce pas le meilleur moyen de confondre ceux qui, en possession du vrai Dieu, allaient à ces idoles ? Cette prophétie s’est accomplie dans l’économie actuelle, où les païens tiennent la place des Juifs dans l’alliance de Dieu (Romains, chapitre 11).

Nos pères : la religion des pères n’est pas pour cela la bonne, comme se le figurent encore aujourd’hui tant de gens qui couvrent du prétexte de la piété filiale leur incrédulité et leur paresse morale.

20 Un homme se fera-t-il des dieux ? Et ce ne sont pas des dieux ! 21 C’est pourquoi, voici, je vais leur faire connaître ma main et ma puissance, et ils sauront que mon nom est l’Éternel.

Je vais leur faire connaître : aux païens.

Ma main et ma puissance : par les nouvelles œuvres qui s’accompliront dans le développement du royaume de Dieu, comme le retour de la captivité, la restauration d’Israël et la propagation de la foi monothéiste dans le monde entier.