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Genèse 35
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Genèse 35

Jacob à Béthel et à Hébron, mort d’Isaac

1 Et Dieu dit à Jacob : Lève-toi, monte à Béthel et demeures-y, et fais-y un autel au Dieu qui t’est apparu quand tu fuyais de devant Ésaü, ton frère.

Purification de la famille de Jacob (1-4)

Dieu dit. Jacob n’avait pas tenu sa promesse (Genèse 28.22), quoique Dieu la lui eût rappelée indirectement au moment où il lui avait donné l’ordre de quitter la Mésopotamie (Genèse 31.13).

2 Et Jacob dit à sa famille et à tous ceux qui étaient avec lui : Ôtez les dieux de l’étranger qui sont au milieu de vous, purifiez-vous et changez de vêtements ;

Pour s’approcher de Dieu, Jacob doit commencer par se purifier, lui et les siens, de tout ce qui pourrait empêcher Dieu d’accepter l’accomplissement de son vœu. Peut-être cette condition malaisée à remplir était-elle la cause de son long retard.

Les dieux de l’étranger : tels que ceux dont il a été parlé Genèse 31.34.

Purifiez-vous… Le bain et le changement de vêtements enlèvent tout ce qui peut rester chez eux du contact avec les objets d’idolâtrie et sont le symbole d’un renouvellement moral.

3 et nous nous lèverons et monterons à Béthel, et j’y ferai un autel au Dieu qui m’a répondu au jour de ma détresse et qui a été avec moi dans le chemin où j’ai marché. 4 Et ils donnèrent à Jacob tous les dieux de l’étranger qui étaient entre leurs mains et les boucles qu’ils avaient aux oreilles ; et Jacob les enfouit sous le chêne qui est à Sichem.

Les boucles qu’ils avaient aux oreilles. Les boucles d’oreille étaient primitivement des amulettes destinées peut-être à préserver l’oreille des sons et des paroles néfastes. Ce n’est que peu à peu qu’elles sont devenues de simples objets de parure.

Sous le chêne. Peut-être celui d’Abraham (Genèse 12.6), ou le chêne des devins (Juges 9.37). Comparez encore Josué 24.26.

5 Et ils partirent. Et la terreur de Dieu fut sur les villes environnantes, et on ne poursuivit pas les fils de Jacob.

Arrivée à Béthel (5-7)

La terreur de Dieu : une terreur que Dieu inspire.

On ne poursuivit pas. Comparez les craintes de Jacob, Genèse 34.30.

6 Et Jacob arriva à Luz, qui est au pays de Canaan, c’est Béthel, lui et tous les gens qui étaient avec lui.

Luz… c’est Béthel. Comme le récit vient déjà de mentionner le nom de Béthel sans explication et que même le changement de Luz en Béthel avait été raconté Genèse 28.19 (document jéhoviste), il est probable que les versets 6, 9 et suivants appartiennent au document élohiste, qui n’avait pas mentionné le songe de Jacob, ni son passage à Béthel et qui ne rapportera qu’au verset 15 le changement de nom de cette localité.

7 Il bâtit là un autel, et il appela ce lieu Dieu fort de Béthel, car c’est là que les êtres divins lui étaient apparus lorsqu’il fuyait de devant son frère.

Il bâtit là un autel. Dans ce seul mot est résumé l’accomplissement de toutes les promesses que Jacob avait faites (Genèse 28.20-22).

Dieu fort de Béthel : Il transporte à toute la localité le nom donné à l’autel.

Jacob aime à désigner Dieu par ce nom, sans doute parce que c’est à Béthel qu’il lui est apparu pour la première fois.

Les êtres divins : Dieu et les anges. Comparez Genèse 28.12-13.

8 Et Débora, nourrice de Rébecca, mourut, et elle fut enterrée au-dessous de Béthel, au pied du chêne que l’on nomma le chêne des pleurs.

Mort de Débora.

Rébecca était probablement morte et sa vieille servante avait rejoint Jacob à Sichem. Les rabbins ont supposé qu’elle l’avait rejoint en Mésopotamie, lui portant le message annoncé par Rébecca Genèse 27.45.

Chêne des pleurs ; en hébreu : Allon bacouth. On ne sait rien de précis sur l’emplacement de cet arbre.

9 Et Dieu apparut encore à Jacob à son retour de Paddan-Aram, et il le bénit.

Apparition de Dieu à Jacob (9-15)

Ces versets appartiennent probablement au document élohiste, où ils avaient pour introduction le verset 6. Ce document était beaucoup plus bref que le jéhoviste sur toute cette histoire. Après avoir raconté en deux mots le départ de Jacob de Paddan-Aram (Genèse 31.17-18), il mentionnait son passage à Sichem (Genèse 33.18), pour raconter enfin avec plus de détails son arrivée à Béthel et l’apparition de Dieu, qui fait maintenant reposer sur lui la bénédiction patriarcale. Le document élohiste marque ainsi le moment solennel où Jacob, rentré avec sa famille dans le pays de Canaan, devient le chef de la famille élue. Comparez notre introduction à l’histoire d’Isaac.

Encore. Ce mot, probablement ajouté par le rédacteur, fait allusion à la première apparition à Béthel (chapitre 28), que l’auteur élohiste n’avait pas racontée.

10 Et Dieu lui dit : Ton nom est Jacob ; tu ne seras plus appelé Jacob, mais Israël sera ton nom. Et il le nomma Israël.

Peut-être l’élohiste donne-t-il ici le contenu de la bénédiction mentionnée dans le jéhoviste à la fin de la lutte de Jacob, qui ne se trouve pas dans l’élohiste. Ou bien ce peut être une confirmation de cette bénédiction. Ce moment où Dieu change le nom de Jacob correspond à celui marqué par le chapitre 17 dans la vie d’Abraham (changement de nom et institution de la circoncision). Aucun fait semblable n’est raconté relativement à Isaac.

11 Et Dieu lui dit : Je suis le Dieu puissant. Fructifie et multiplie : une nation, une assemblée de nations naîtra de toi, et de tes reins sortiront des rois. 12 Et le pays que j’ai donné à Abraham et à Isaac, je te le donnerai, et je donnerai ce pays à ta postérité après toi. 13 Et Dieu remonta d’auprès de lui, du lieu où il lui avait parlé. 14 Et Jacob dressa un monument dans le lieu où il lui avait parlé, un monument de pierre, et il y fit une libation et y versa de l’huile.

Jacob, en accomplissant son vœu, relève et consacre de nouveau le monument qu’il avait dressé plus de vingt ans auparavant (Genèse 28.18-19). L’élohiste ne fait aucune allusion à ces faits précédents qu’il n’avait pas racontés.

15 Et Jacob donna au lieu où Dieu lui avait parlé le nom de Béthel. 16 Et ils partirent de Béthel, et il y avait encore un espace de chemin jusqu’à Ephrath, lorsque Rachel enfanta, et son accouchement fut pénible.

Naissance de Benjamin et mort de Rachel (16-20)

Ephrath. Voir au verset 19

Un espace de chemin : environ 16 kilomètres, car, d’après 1 Samuel 10.2, le tombeau de Rachel était entre Rama et Béthel. Comparez encore Jérémie 31.15, note.

17 Et pendant ce pénible enfantement, la femme qui l’accouchait lui dit : Ne crains point, car c’est encore un fils que tu as là.

C’est encore un fils. Sa prière Genèse 30.24 est donc exaucée.

18 Et en rendant l’âme, car elle se mourait, elle le nomma Bénoni ; mais son père l’appela Benjamin.

Bénoni : fils de ma douleur. Jacob change ce nom de mauvais présage en celui de Benjamin, fils de ma droite, qui est de meilleur augure, car la droite est le côté favorable. Il en fait par là le monument, non plus de la triste circonstance de la mort de Rachel, mais de ce moment où, rentrant en pleine prospérité dans le pays de Canaan, il est constitué le chef de la famille patriarcale.

19 Et Rachel mourut, et elle fut ensevelie au chemin d’Ephrath, qui est Bethléem.

Ephrath (ou Ephratha), qui est Bethléem. Voir Michée 5.1, note.

20 Et Jacob dressa un monument sur sa tombe ; c’est le monument de la tombe de Rachel qui subsiste encore aujourd’hui.

Monument de la tombe de Rachel. La tradition juive, chrétienne et mahométane, unanime, s’appuyant sur notre passage, place à tort ce monument à deux kilomètres au nord de Bethléem, dans la tribu de Juda. Jusqu’au 7e siècle après Jésus-Christ, on montrait en cet endroit une pyramide de pierre et dès le 15e siècle, les musulmans y ont élevé une chapelle funéraire.

21 Et Israël partit, et il dressa sa tente au-delà de Migdal-Eder.

Inceste de Ruben

Migdal-Eder, tour du troupeau. Il y avait dans les pâturages de Juda de nombreuses tours pour la surveillance des troupeaux. Comparez 2 Chroniques 26.10.

L’une de ces tours, peut-être plus grande que les autres, avait donné son nom à la localité mentionnée ici. Michée 4.8 identifie cette dernière avec Jérusalem. Jacob arrive donc à l’endroit où est maintenant Jérusalem après avoir enterré Rachel, ce qui confirme ce que nous avons dit plus haut de la position du tombeau de Rachel au nord de Jérusalem.

22 Et il arriva, pendant qu’Israël demeurait dans cette contrée, que Ruben vint et coucha avec Bilha, concubine de son père ; et Israël l’apprit. Et les fils de Jacob étaient au nombre de douze.

En commettant cet inceste, Ruben songeait peut-être à secouer l’autorité paternelle et à se poser en chef de la famille. Comparez 2 Samuel 16.22, où Absalom, par un crime analogue, se pose en prétendant.

Israël l’apprit. Il ne semble pas avoir sévi à ce moment contre Ruben ; mais, sur son lit de mort, il le prive de son droit d’aînesse, à cause de ce crime (Genèse 49.3-4). Comparez 1 Chroniques 5.4.

23 Fils de Léa Ruben, premier-né de Jacob, Siméon, Lévi, Juda, Issacar et Zabulon.

Les douze fils de Jacob (23-26)

Au moment de commencer une nouvelle section, dans laquelle ces douze fils de Jacob joueront le rôle essentiel, l’auteur rappelle leurs noms. Ces versets sont donc la transition entre l’histoire d’Isaac (chapitres 25 à 36) et celle de Jacob et de ses fils (chapitres 37 à 50).

Les douze fils sont groupés, comme dans les chapitres 29 et 30, d’après leurs mères et dans chaque groupe d’après leur âge.

Qui lui naquirent à Paddan-Aram : à l’exception de Benjamin ; mais l’auteur, qui est l’élohiste, ne juge pas nécessaire de relever ce détail. Ce qu’il veut faire ressortir, c’est que la famille de Jacob s’est formée hors du pays de Canaan.

24 Fils de Rachel : Joseph et Benjamin. 25 Fils de Bilha, servante de Rachel : Dan et Nephthali. 26 Fils de Zilpa, servante de Léa : Gad et Asser. Ce sont là les fils de Jacob, qui lui naquirent à Paddan-Aram. 27 Et Jacob arriva vers Isaac, son père, à Mamré, à la ville d’Arba, qui est Hébron, où avaient séjourné Abraham et Isaac.

Arrivée de Jacob à Hébron, mort d’Isaac (27-29)

Mamré, la ville d’Arba, Hébron.Voir Genèse 13.18, note. Isaac était donc revenu plus au nord, depuis que Jacob l’avait quitté à Béerséba.

Nous verrons au verset suivant que ce retour de Jacob auprès de son père peut avoir eu lieu longtemps avant la mort de ce dernier.

28 Et les jours d’Isaac furent de cent quatre-vingts ans.

Cent quatre-vingts ans. Ce chiffre nous montre que, selon son procédé constant, l’auteur mentionne ici la mort du patriarche par anticipation (comparez Genèse 11.32 ; Genèse 25.7 ; Genèse 25.17). En effet, au moment où Joseph fut vendu, à l’âge de 17 ans (Genèse 37.2), Isaac était âgé de 168 ans, puisqu’il avait 60 ans de plus que Jacob (Genèse 25.26) et que ce dernier en avait 91 de plus que Joseph (Genèse 27.1, note). Isaac n’est donc mort que 42 ans plus tard, un an avant que Joseph fût élevé au poste de gouverneur de l’Égypte (Genèse 41.46).

29 Et Isaac expira et mourut et fut recueilli vers les siens, vieux et rassasié de jours ; et Ésaü et Jacob, ses fils, l’ensevelirent.

Comparez Genèse 25.8.