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Ezéchiel 30
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Ezéchiel 30

Le premier des deux discours contenus dans ce chapitre (versets 1 à 19) n’est pourvu d’aucune indication chronologique ; il doit probablement se placer entre le premier du chapitre précédent (six à sept mois avant la prise de Jérusalem) et le discours suivant, Ézéchiel 30.20-26 (quatre à cinq mois avant cet événement). Le prophète décrit l’abaissement prochain de l’Égypte :

  • et d’abord la défaite de son armée, versets 2 à 5
  • puis la prise de ses forteresses, versets 6 à 9
  • après cela la dévastation de tout le pays, versets 10 à 12
  • enfin la destruction des principaux centres de l’idolâtrie égyptienne, versets 13 à 19.

D’abord l’ennemi écrase l’armée de défense qui l’attendait à la frontière ; puis la victoire lui ouvre l’entrée du pays ; il en assiège les places fortes ; il pille les campagnes et renverse enfin les sanctuaires des dieux.

1 La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : 2 Fils d’homme, prophétise, et dis : Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Poussez des cris de douleur ! Ah ! Quelle journée !

Ces versets rappellent les paroles des anciens prophètes (Abdias 1.15 ; Joël 1.13 ; Joël 1.15 ; Joël 2.2 ; Ésaïe 13.6-9 ; Sophonie 1.7 ; Sophonie 1.14).

3 Car une journée est proche, une journée de l’Éternel est proche ; ce sera une journée nébuleuse, un temps des nations !

La journée de l’Éternel désigne chaque jour où Dieu exerce son jugement sur quelque partie de la terre et enfin sur la terre entière.

Journée nébuleuse. La nuée est l’emblème du jugement et du malheur.

Temps des nations : en ce sens que l’Égypte représente ici les Gentils et que son jugement prélude à celui du monde païen tout entier.

4 L’épée viendra sur l’Égypte, et il y aura de l’angoisse en Éthiopie, lorsque dans l’Égypte tomberont les blessés à mort et qu’on enlèvera ses richesses et qu’on renversera ses fondements.

Ses fondements : ici probablement les armées de défense qui font sa force (voir verset 6).

5 Éthiopiens, Put, Lud et les étrangers de toutes sortes, et Cub et les fils de la terre de l’alliance tomberont avec eux par l’épée.

Put, Lud : voir Ézéchiel 27.10, note.

Étrangers de toutes sortes : probablement les mercenaires de Grèce et d’Asie-Mineure qui, depuis Psammétique, servaient dans les armées égyptiennes.

Cub. Ou bien ce mot désigne un peuple entièrement inconnu ; ou bien il faut lire Nub, la Nubie, ou plutôt encore Lub, désignant une tribu lybienne.

Fils de la terre de l’alliance. On serait tenté au premier coup d’œil de rapporter ces mots à des Israélites qui, déjà avant la ruine de Jérusalem, auraient habité l’Égypte. Mais auraient-ils servi dans l’armée ? Il S’agit plutôt de soldats fournis par un peuple qu’une alliance liait à l’Égypte, ou venus d’un pays qui portait le nom de Berith : alliance.

6 Ainsi parle l’Éternel : Ceux qui sont les soutiens de l’Égypte tomberont, et l’orgueil de sa force sera abaissé. De Migdol à Syène on tombera par l’épée, dit le Seigneur l’Éternel,

Les soutiens : probablement ici les villes fortes. Ézéchiel en mentionne deux, situées aux deux extrémités du pays : Migdol et Syène (voir Ézéchiel 29.10, note), les deux clefs du pays au nord et au sud.

7 et [ses terres] seront désolées entre les terres désolées, et ses villes seront [ruinées] entre les villes ruinées. 8 Et l’on saura que je suis l’Éternel, quand je mettrai le feu à l’Égypte et que tous ses auxiliaires seront brisés. 9 En ce jour-là, des messagers s’en iront de ma part dans des barques pour troubler l’Éthiopie dans sa sécurité. Il y aura chez elle de l’angoisse comme dans la journée de l’Égypte ; car voici, cela arrive !

L’Éthiopie apprend avec effroi, de la bouche des fugitifs, la nouvelle du désastre de l’Égypte. Ces fugitifs sont représentés comme des messagers arrivant de devant l’Éternel, qui en ce moment juge l’Égypte.

10 Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Je ferai cesser tout le grand bruit de l’Égypte, par la main de Nébucadnetsar, roi de Babel. 11 Lui et son peuple avec lui, nations féroces entre toutes, seront amenés pour ravager le pays ; ils tireront l’épée contre l’Égypte et couvriront de morts le pays. 12 Et je changerai les fleuves en lieux desséchés, et je livrerai le pays à des méchants, et je désolerai le pays et ce qu’il contient par des étrangers. Moi, l’Éternel, j’ai parlé.

À la suite de la dévastation du pays, les canaux du Nil, n’étant plus entretenus, se dessèchent ; le pays devient stérile. Comparez Ésaïe 19.5-9

13 Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : J’exterminerai de Noph les viles idoles, et j’en ferai disparaître les faux dieux, et il n’y aura plus de prince issu du pays d’Égypte, et je répandrai de la crainte dans le pays d’Égypte.

Noph (Memphis), capitale de la Basse-Égypte, siège principal des cultes du dieu Phtah (le feu) et du bœuf Apis.

Plus de prince : voir Ézéchiel 29.15, note.

14 Je désolerai Pathros, je mettrai le feu à Tsoan, j’exercerai des jugements sur No,

De la Basse-Égypte le prophète passe à la Haute-Égypte (Pathros) ; puis il revient au Delta : Tsoan (Tanis), ville très antique (Nombres 13.23), où résidaient les Pharaons au temps de Moïse ; là se trouvait un sanctuaire fameux du dieu Ammon.

De là le prophète repasse à No (Thèbes), la capitale de la Haute-Égypte, avec le magnifique sanctuaire d’Ammon, d’où lui venait le nom de No-Amon (Nahum 3.8).

15 je déverserai mon courroux sur Sin, la forteresse de l’Égypte, et je retrancherai la multitude de No.

De nouveau deux villes, l’une de la Basse, l’autre de la Haute-Égypte : Sin, chez les Grecs Péluse, forteresse entourée de marais et qu’il fallait prendre en venant du nord ; puis de nouveau Thèbes, la grande ville aux cent portes, en apparence imprenable.

16 Je mettrai le feu à l’Égypte ; Sin se tordra de douleur, No sera forcée, et Noph sera assaillie en plein jour.

Trois villes résumant encore une fois tout le pays d’Égypte : au nord Sin, au sud No, au milieu Noph.

En plein jour : ce détail sert à montrer la force de l’ennemi ; les assauts se donnaient plutôt de nuit, afin de surprendre les défenseurs.

17 Les jeunes hommes d’Aven et de Pibéseth tomberont par l’épée ; et elles-mêmes iront en captivité.

En terminant, le regard du prophète s’arrête sur la frontière septentrionale de l’Égypte, où se frapperont les grands coups à l’arrivée de l’ennemi.

Aven : On ou Héliopolis, où se trouvait le célèbre temple de Ra (le soleil) (Jérémie 43.13) et où la fable plaçait le mythe du phénix.

Pibéseth, en égyptien Pibast ; chez les Grecs Bubastis ; où se trouvait le sanctuaire de Past (la Diane des Grecs) ; sept cent mille personnes y venaient chaque année en pèlerinage.

18 Et à Tachpanès le jour s’obscurcira, quand je briserai là les jougs imposés par l’Égypte et que l’orgueil de sa force y prendra fin. Pour elle, un nuage la couvrira et ses filles iront en captivité.

Tachpanès, chez les Grecs Daphné (Jérémie 43.7-13), forteresse-frontière à l’est du Delta. Dès qu’elle a succombé, le nuage de l’angoisse et de la douleur se répand sur l’Égypte entière.

19 J’exercerai des jugements sur l’Égypte, et l’on saura que je suis l’Éternel. 20 La onzième année, au premier mois, le sept du mois, la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

Discours prononcé quatre à cinq mois avant la ruine de Jérusalem. Le roi d’Égypte venait de faire une tentative impuissante pour dégager cette ville assiégée. Repoussé par les Chaldéens, qui ont pour un moment levé le siège, il est rentré chez lui ; mais il ne saurait échapper à une défaite plus complète. Tel est le sens de cet oracle, rendu après que la nouvelle des événements racontés Jérémie 37.5-10 était arrivée aux colons de Tel-Abib.

21 Fils d’homme, j’ai cassé le bras à Pharaon, roi d’Égypte, et voici on ne l’a point pansé en employant des remèdes, en appliquant un bandage pour le panser, afin de le rendre assez fort pour manier une épée.

J’ai cassé le bras : allusion à la défaite de Hophra, venu au secours de Jérusalem. Le roi d’Égypte ne se remettra pas de cet échec ; au contraire, une seconde défaite plus décisive l’attend.

22 C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Je vais me tourner contre Pharaon, roi d’Égypte, et lui casser les bras, tant celui qui est valide que celui qui est déjà cassé, et je ferai tomber de sa main l’épée.

Le bras encore valide représente tout ce qui reste de force à l’Égypte ; tout tombera devant Nébucadnetsar.

23 Et je disperserai les Égyptiens parmi les nations et les disséminerai dans les pays, 24 et je fortifierai les bras du roi de Babel, et je mettrai mon épée dans sa main, et je casserai les bras à Pharaon, et il gémira devant lui, comme gémit un homme blessé à mort.

Comme gémit un homme blessé à mort. Les bas-reliefs antiques représentent les rois vaincus couchés à terre et attendant leur sentence de la bouche du vainqueur qui a le pied posé sur leur poitrine ; ainsi sera Hophra. Il paraît que Nébucadnetsar lui accorda la vie comme à Sédécias. Il doit avoir régné jusqu’en 564, où il périt sous les coups d’Amasis, homme de basse extraction parvenu au rang de général.

25 Je fortifierai les bras du roi de Babel ; les bras de Pharaon tomberont, et on saura que je suis l’Éternel, quand je mettrai mon épée dans la main du roi de Babel et qu’il la tournera contre le pays d’Égypte.

Un roi égyptien s’est fait représenter dans un bas-relief au moment où il reçoit son épée des mains de son dieu. Ici, c’est à l’ennemi de l’Égypte que Dieu remet l’épée.

26 Et je disperserai les Égyptiens parmi les nations, et je les disséminerai dans les pays, et on saura que je suis l’Éternel.