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Ecclésiaste 1
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David et roi de Jérusalem.

Titre : voir Introduction.

David annonçait la fidélité de Dieu dans la grande assemblée du peuple élu, à Jérusalem (Psaumes 40.10) ; l’Ecclésiaste ne s’adresse à aucun auditoire particulier, mais se représente, réunis autour de lui, les hommes de tous les temps et de tous les pays.

2 Vanité des vanités ! Dit l’Ecclésiaste ; vanité des vanités ! Tout est vanité !

Prologue (2-11)

Versets 2 et 3 — Sujet de l’ouvrage

Au lieu d’être présenté sous la forme d’une thèse, comme ce serait sans doute le cas si nous avions ici un traité didactique, le sujet est indiqué avec toute la vivacité d’une impulsion personnelle. Une exclamation : Vanité des vanités ! Une question : Quel profit l’homme retire-t-il ?… Tout notre livre est là. Entouré de vanités, l’Ecclésiaste cherche partout un profit, quelque chose de réel à saisir en fait de bonheur.

Vanité des vanités. C’est sous cette forme que l’hébreu exprime le superlatif. Comparez : serviteur des serviteurs (Genèse 9.25) ; saint des saints (Exode 16.33) ; cantique des cantiques, etc.

Vanité (souffle) : chose éphémère, sans consistance, qui n’a que l’apparence (Genèse 4.2).

Tout est vanité. Que tout soit vanité, c’est là la vanité suprême. S’il y avait une seule chose qui ne fût pas vaine, on pourrait prendre son parti de la vanité de tout le reste.

3 Quel profit l’homme retire-t-il de tout le labeur dont il se fatigue sous le soleil ?

Profit, littéralement : ce qui reste, déduction faite des non-valeurs, des illusions, des déceptions. Montrez-moi un résultat certain et durable du travail de l’homme pendant sa vie et je rétracte mon affirmation.

4 Une génération s’en va, une génération arrive, mais la terre subsiste toujours.

À l’appui des versets 2 et 3, l’auteur trace le tableau de l’agitation stérile de toutes choses ici-bas. L’homme est en quelque sorte placé, lui si faible, au milieu d’immenses rouages, qui fonctionnent sans relâche (astres, verset 5 ; air, verset 6 , eau, verset 7) et qui frappent incessamment ses yeux et ses oreilles (verset 8), mais ne le satisfont jamais par la constatation d’un progrès.

Le nom de Dieu est absent de ce morceau : nous avons ici le spectacle que l’univers présente à qui le considère en lui-même, abstraction faite de sa relation avec son Créateur et son Maître. Les générations se succèdent (verset 4), sans qu’un pas semble avoir été fait vers un meilleur état des choses, vers un profit réel, vers un repos, Le psalmiste reçoit de la contemplation de la nature et en particulier de celle du soleil et de sa course journalière (Psaumes 8.1-3 ; Psaumes 19.1-6), une impression toute différente, car il croit et il adore sans chercher à comprendre, tandis que l’Ecclésiaste est un sage qui veut arriver à se rendre compte du pourquoi des choses. Au reste, s’il fait ici abstraction de Dieu, il en viendra, en fin de compte, à lui donner la place d’honneur, la place suprême dans ses préoccupations (Ecclésiaste 12.15).

Une génération s’en va. Voilà donc, s’écrie ici Jérôme, la terre, faite pour l’homme, qui subsiste et l’homme, le seigneur de la terre, qui n’y vit qu’un jour ! Qu’est-ce qui, plus que cela, mérite le nom de vanité ? Cependant l’accent doit être mis ici, non sur la rapide disparition des générations humaines, mais plutôt sur l’absence de progrès dans l’histoire de l’humanité.

Subsiste toujours, la même. S’il y avait un progrès général, on accepterait plus aisément la brièveté de la vie.

5 Le soleil se lève, le soleil se couche, et il se hâte vers son lieu, d’où il se lève de nouveau.

Et il se hâte. Voilà l’idée spéciale de ce verset. Le soleil ne se couche pas pour longtemps. Le texte original le présente même comme essoufflé de sa course.

6 Le vent souffle vers le sud et tourne au nord ; il tourne, tourne sans cesse, et il recommence ses mêmes circuits.

Il tourne, tourne sans cesse. Ici l’idée dominante est l’instabilité des vents, qui contraste avec l’immutabilité des mouvements du soleil.

7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer ne se remplit point ; au lieu où les fleuves se rendent, ils s’y rendent toujours de nouveau.

Ne se remplit point. Pas de résultat ! Voir le phénomène de l’évaporation tel que le décrit Job, Job 36.27-28.

8 Toutes choses peinent au-delà de ce que l’homme peut dire ; l’œil regarde et n’est jamais rassasié, l’oreille écoute et n’est jamais remplie.

Toutes choses. Les trois exemples qui précèdent ne sont pas les seuls que l’on pourrait citer.

Peinent. La création soupire et avec elle l’homme, dont les sens sont en quelque sorte condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera : rien de nouveau sous le soleil !

Pas plus que dans la nature, rien de nouveau dans l’histoire ! (9-11)

Sous des apparences diverses il n’arrive que des choses déjà arrivées. Si, parfois (verset 10), il semble qu’un fait nouveau va se produire, ce n’est, vérification faite, qu’un événement de peu d’importance, qui sera oublié par les générations suivantes, lesquelles ne laisseront à leur tour sur la terre qu’un vague souvenir.

Ce qui a été, dans le monde inanimé.

Ce qui s’est fait, par l’humanité.

10 Est-il une chose dont on dise : Voici, ceci est nouveau ?… Elle a été il y a longtemps dans les siècles qui nous ont précédés. 11 Point de souvenir des hommes d’autrefois, et de même ceux qui viendront ne demeureront pas dans le souvenir de ceux qui suivront.

Point de souvenir. Si l’on s’imagine parfois assister à quelque chose de nouveau, c’est qu’on a perdu la mémoire des siècles passés et cet oubli prouve précisément qu’ils n’ont rien amené de marquant. Et, fin du verset, il en sera de même à l’avenir.

Après ce préambule, l’auteur va parler de ses expériences personnelles et raconter comment il est arrivé au résultat qu’il vient d’exposer sommairement. C’est ici que, pour donner plus de poids à ses appréciations, il rappelle le souvenir du plus sage, du plus instruit, du plus riche des hommes. L’auteur évoque en quelque sorte Salomon hors de sa tombe. Nul n’était mieux qualifié pour jouer ce rôle, puisque la vie lui avait donné absolument tout ce qu’elle peut donner.

12 Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi sur Israël à Jérusalem,

Premier morceau 1.12 à 2.23 — Quatre tentatives infructueuses de trouver le bonheur

Versets 12 à 18 — Vanité, de la recherche du vrai bien sur la voie de la sagesse

Ce verset 12 ne fait pas double emploi avec le titre général de l’ouvrage : l’auteur veut montrer que même dans les circonstances les plus favorables, on ne peut arriver au bonheur par aucun des moyens qu’il va développer.

J’ai été roi. Ce prétérit indique que c’est ici un Salomon fictif, car le vrai Salomon a régné jusqu’à sa mort. Voir Introduction.

À Jérusalem. Le vrai Salomon n’aurait pas pu se représenter des rois d’Israël ailleurs qu’à Jérusalem et n’aurait par conséquent pas relevé cette circonstance.

13 et j’ai appliqué mon cœur à sonder et explorer avec sagesse tout ce qui se fait sous le ciel. C’est là une fâcheuse occupation que Dieu donne aux fils des hommes pour qu’ils s’y lassent.

À sonder : de manière à comprendre la valeur et le profit réel de l’activité humaine dans tous les domaines où elle s’exerce.

Et explorer. Cet examen a porté sur le plus grand nombre possible de faits.

Avec sagesse, littéralement : au moyen de la sagesse, par un emploi raisonnable du sens moral et de l’entendement.

C’est là une fâcheuse occupation, à cause de l’incertitude des résultats auxquels elle conduit. Le mot que nous rendons ici par occupation et qui signifie tâche fatigante, est propre à l’Ecclésiaste (Ecclésiaste 2.23 ; Ecclésiaste 2.26 ; Ecclésiaste 3.10 ; Ecclésiaste 4.8 ; Ecclésiaste 5.2-13 ; Ecclésiaste 8.16).

Que Dieu donne. Cette occupation, quoique pénible, rentre cependant dans les vues de Dieu.

Pour qu’ils s’y lassent et que la raison humaine soit amenée à constater son incapacité et son insuffisance.

14 J’ai regardé tous les actes qui se font sous le soleil, et voici, tout est vanité et poursuite du vent.

Quoi qu’il fasse, l’homme s’agite sans arriver à rien de positif et de durable. Partout il y a des déviations, des désordres (verset 15), qu’il peut bien constater, mais non pas vaincre.

Poursuite du vent et non rongement d’esprit, comme le disaient les anciennes versions. Comparez Osée 12.2. Le mot ainsi rendu (reouth) ne se trouve, en dehors de notre livre, où il se rencontre sept fois, que dans la partie araméenne d’Esdras.

15 Ce qui est courbé ne peut être redressé, et ce qui fait défaut ne peut être compté.

Ce qui est courbé. Non pas ce que Dieu a jugé bon de faire tel, mais ce qui est tel ensuite des perturbations introduites dans le monde par la faute de l’homme.

Ce qui fait défaut ne peut être compté. L’homme a des aspirations, des besoins, mais qui, dans notre état de chute, ne peuvent être satisfaits.

16 M’entretenant avec mon cœur, je disais : Voici, j’ai acquis une grande, une toujours plus grande sagesse, plus que tous ceux qui ont régné avant moi à Jérusalem, et mon cœur a vu sagesse et science en abondance.

Comme je m’étais livré à la recherche du bonheur sur la voie de la sagesse, l’insuccès de mes efforts a rejailli sur la sagesse, elle-même. Car impossible de dire que je n’en eusse pas assez (verset 16), ou que je l’aie compromise en y mêlant la folie (verset 17). De cela je conclus que la sagesse n’est bonne qu’à attrister par la constatation que tout est vanité, y compris elle-même.

Tous ceux qui ont régné avant moi à Jérusalem. Salomon était le second roi qui régnât à Jérusalem ; mais notre auteur, vivant beaucoup plus tard et ayant présente à la pensée toute la suite de rois issus de David, en place, par un anachronisme voulu sans doute, la mention dans la bouche de son Salomon fictif (voir Introduction).

17 Et j’ai appliqué mon cœur à connaître ce qui en est de la sagesse, et à connaître ce qui en est de la folie et de la sottise. J’ai reconnu que, cela aussi, c’est poursuivre le vent ; 18 car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et qui augmente sa science, augmente sa souffrance.