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Deutéronome 32
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Cieux, prêtez l’oreille, et je parlerai ;
Et que la terre écoute les paroles de ma bouche !

Le cantique de Moïse

Après une courte et solennelle introduction (versets 1 à 3), ce cantique développe en cinq parties, d’une ou plusieurs strophes chacune, le grand sujet de la fidélité de l’Éternel en face de l’infidélité d’Israël :

  1. description sommaire de ce contraste, versets 4 à 6
  2. les bienfaits de Dieu, versets 7 à 14
  3. l’ingratitude d’Israël, versets 15 à 18
  4. le châtiment, versets 19 à 33
  5. le triomphe final de la grâce, versets 34 à 43

Introduction (1-47)

Les cieux et la terre sont personnifiés et invités à servir de témoins, en faveur de la fidélité du Dieu et contre l’infidélité du peuple (Deutéronome 30.19 ; Ésaïe 1.2 ; Michée 6.2).

2 Que mon enseignement se répande comme la pluie, Que ma parole distille comme la rosée, Comme les averses sur la verdure, Comme les milliers de gouttes sur le gazon !

Comme la pluie. L’eau du ciel fait sortir du sol une riche végétation ; ainsi cet enseignement doit féconder tous les bons sentiments en germe dans le cœur du peuple de Dieu.

3 Car je proclame le nom de l’Éternel ; Magnifiez notre Dieu !

Le nom de l’Éternel : C’est le seul qui doive sortir glorifié de ce cantique.

4 Du Rocher l’œuvre est parfaite ; Car toutes ses voies sont justes ; C’est un Dieu de fidélité, sans iniquité ; Il est juste et droit.

Première partie, le contraste (4-6)

Du Rocher. C’est ainsi que le cantique de Jacob appelait déjà l’Éternel (Genèse 49.24, note). Ce terme donne ici la note fondamentale de tout le cantique, dont le sujet est la fidélité de Dieu.

5 Il n’a pas manqué envers eux ; ses fils sont souillés, Race perverse et astucieuse.

Les paroles extrêmement concises de ce verset ont été rendues de bien des manières. D’après la ponctuation le sens serait : A-t-il manqué envers lui ? Non ! Ses fils sont souillés…

6 Est-ce ainsi que vous récompensez l’Éternel, Peuple insensé, sans sagesse ! N’est-il pas ton père, ton créateur, Celui qui t’a fait et qui t’a établi ?

Sans sagesse : négation renforçant l’idée d’insensé : sans une ombre de cette crainte de Dieu qui est le commencement de la sagesse.

Qui t’a établi : qui, par la délivrance d’Égypte et le don de la loi, a fait de toi son peuple.

7 Souviens-toi des jours d’autrefois ; Songez aux années des générations passées ! Interroge ton père et il te l’apprendra, Tes vieillards et ils t’en parleront.

Seconde partie, les bienfaits de Dieu (7-14)

Première strophe : Dès les temps les plus anciens Dieu a réservé sur la terre un lot, une contrée, pour le peuple qu’il avait choisi d’avance.

Des jours d’autrefois. Les vieillards sont les dépositaires des traditions antiques qui remontent jusqu’au commencement des choses. Ce commencement est ici le moment de la dispersion des peuples et de la prise de possession de leurs territoires respectifs. Déjà alors Dieu réserva Canaan pour la demeure de son peuple, quoiqu’il ait, avant de la lui donner, confié cette, terre à ceux qui l’ont en quelque sorte défrichée pour lui.

Jemôth (jours) au lieu de jemé, ne se trouve qu’ici et dans le Psaumes 90.15, qui est de Moïse. Voir aussi dor va dor, qui se rencontre également au verset 1 du même psaume.

8 Quand le Très-Haut donna un héritage aux nations, Quand il sépara les fils des hommes, Il fixa les limites des peuples En tenant compte des fils d’Israël.

En tenant compte des fils d’Israël. Les LXX traduisent : en tenant compte des fils de Dieu (anges) ; dans la supposition que chaque peuple a pour chef un ange, tandis qu’Israël a pour chef Dieu même ; comparez Sirach 17.17.

9 Car la part de l’Éternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage. 10 Il le trouva dans une terre déserte, Dans une solitude, [au milieu des] hurlements du désert. Il l’entoura, il prit soin de lui, Il le garda comme la prunelle de son œil.

Deuxième strophe : Dieu a conduit ce peuple à travers le désert jusque dans cette terre, qu’il lui avait d’avance assignée (10-12)

Passant sur la délivrance d’Égypte, qui avait plutôt le caractère d’un triomphe, le poète, désireux de faire contraster l’état passé du peuple avec son état de prospérité en Canaan, qui sera décrit dans la strophe suivante, le prend au moment de son plus profond dénuement, c’est-à-dire au désert. C’est de cet état de choses que Dieu le tira par ses soins constants pour l’élever au bonheur promis.

Il le trouva : allusion poétique à la rencontre de l’Éternel avec son peuple en Sinaï (Deutéronome 33.2).

Solitude, en hébreu : tohou ; comparez Genèse 1.2.

Comme la prunelle de son œil : voir Zacharie 2.8, note.

11 Comme l’aigle fait lever sa couvée, Plane sur ses aiglons, Déploie ses ailes, les prend, Les porte sur ses plumes,

Fait lever : excite à voler.

Plane : pour être prêt à recueillir sur ses ailes ceux de ses petits qui tomberaient. Notre verset est le développement d’Exode 19.4 ; voir note.

12 L’Éternel seul les a conduits, Nul dieu étranger n’était avec lui … 13 Il l’a transporté par-dessus les hauteurs du pays,  Et il a mangé les produits des campagnes ;  Il lui a fait sucer le miel de la roche
Et l’huile des plus durs rochers,

Troisième strophe : Il les a fait entrer victorieusement en Canaan et jouir de tous les biens de ce pays privilégié.

Le miel… et l’huile… Les abeilles s’établissent dans les trous des rochers et l’olivier croit même sur un sol pierreux.

14 La crème de la vache, le lait de la brebis, Avec la graisse des agneaux, Des béliers nés en Basan et des boucs, Avec la moelle exquise du froment ;
Et tu as bu le sang de la grappe, le vin fortifiant.

Moelle exquise, littéralement : avec la graisse des rognons du froment. Ce qu’il y a de meilleur dans le froment est comparé à ce qu’il y a de meilleur dans les animaux.

15 Et Jésurun s’est engraissé et a regimbé, Tu es devenu gras, gros et replet,
Et il a abandonné le Dieu qui l’avait formé,
Et méprisé le Rocher de son salut.

Troisième partie, Ingratitude d’Israël (15-18)

Et Jésurun : voir Ésaïe 44.2, note.

Regimbé, comme un bouvillon qui, dans le sentiment de sa force, ne veut pas se laisser mettre le joug.

Tu es devenu : passage de la troisième à la deuxième personne, qui résulte de la vivacité du sentiment.

16 Ils ont excité sa jalousie par des [dieux] étrangers, Ils l’ont irrité par des abominations.

Sa jalousie (Deutéronome 4.24). Dieu ne donne pas sa gloire à un autre ; voir Exode 20.5, note.

17 Ils ont sacrifié à des démons qui ne sont pas Dieu, À des dieux qu’ils n’avaient pas connus, Dieux nouveaux, venus récemment, Devant lesquels vos pères n’avaient pas tremblé.

À des démons (Schédim, dans les inscriptions cunéiformes Sidou, bons et mauvais génies) : à des êtres qui n’ont de divinité que celle que leur prête l’imagination des peuples idolâtres. Notre passage n’affirme ni ne nie leur réalité.

Qu’ils n’avaient pas connus. Ces mots reviennent à la pensée du verset 16 (étrangers). Israël n’a jamais constaté leur intervention dans son histoire (Deutéronome 11.28).

Nouveaux : d’introduction récente, tandis que le Dieu véritable est celui de leurs ancêtres, un Dieu éternel.

Pas tremblé : expression poétique pour : auxquels ils n’ont jamais rendu leur culte ; comparez Genèse 31.42 : la frayeur d’Isaac.

18 Tu as délaissé le Rocher qui t’avait engendré et oublié le Dieu qui t’avait mis au monde.

Ici l’indignation fait que l’auteur quitte la forme narrative et passe à l’accusation.

Mis au monde, en travail, comme une mère.

19 L’Éternel l’a vu et en a été indigné, Fatigué qu’il était de ses fils et de ses filles,

Quatrième partie, le châtiment décrété (19-33)

Versets 19 à 21 — Première strophe : L’Éternel, lassé, se détourne d’eux et les livre aux païens

L’a vu, littéralement : a vu, tout ce qui vient d’être dit versets 15 à 18.

20 Et il a dit : Je cacherai d’eux ma face ; Je verrai ce qui leur arrivera, Car c’est une race perverse, Des fils en qui il n’y a pas de bonne foi.

Ce qui leur arrivera. Je les livrerai à eux-mêmes et laisserai se dérouler les conséquences de leur méchanceté.

21 Eux ont excité ma jalousie par ce qui n’est pas Dieu, M’ont irrité par leurs vanités ;
Et moi, j’exciterai leur jalousie par ce qui n’est pas un peuple, Je les irriterai par une nation insensée.

J’exciterai leur jalousie. Loi du talion. Comme ils ont excité Dieu à jalousie en se donnant d’autres dieux qui ne sont pas Dieu, l’Éternel les excitera à jalousie en s’attachant d’autres peuples qui ne sont pas peuples, n’ayant pas été établis comme tels par Dieu (verset 6).

Une nation insensée : comme le sont les païens (Psaumes 74.18-22). Paul cite ce passage comme annonçant la vocation des païens au salut (Romains 10.19).

22 Car un feu s’est allumé dans mes narines, Il brûle jusqu’au fond des enfers, Il dévore la terre et ses productions, Il embrase les fondements des montagnes.

Seconde strophe : Maux successifs, découlant de la juste colère de l’Éternel (22-24)

Si la terre elle-même, simple demeure des pécheurs, souffre à ce point de cette colère, combien doivent trembler ceux qui l’ont allumée par leur méchanceté.

Enfers (schéol) : lieux bas de la terre ; intérieur du globe terrestre. Du haut des cieux, où l’Éternel réside, ce feu a gagné les parties les plus basses de la terre.

23 J’accumulerai sur eux des maux, J’épuiserai mes flèches sur eux : 24 Exténués qu’ils seront par la faim, dévorés par la fièvre
Et par la peste meurtrière, J’enverrai encore contre eux la dent des bêtes, Avec le venin des reptiles de la poussière.

Ce sont ici les flèches (verset 23) que l’Éternel décochera contre eux.

Bêtes : Lévitique 26.22.

25 Au dehors l’épée, Au dedans la terreur feront des victimes : Le jeune homme comme la vierge, Le nourrisson comme le vieillard.

Troisième strophe : Avec cela, la colère de Dieu n’est pas même assouvie (25-27)

Le verset 25 revient aux épreuves infligées à Israël par le moyen des hommes, verset 21.

La terreur : tout cet ensemble de circonstances terrifiantes qu’entraîne à sa suite une grande guerre.

Feront des victimes. Le terme hébreu désigne la privation d’enfants. Le pays est comparé à une mère qui a perdu tous ses enfants.

26 Je dirais : Je les balaierai ; J’effacerai leur souvenir du milieu des hommes,

L’Éternel est tellement irrité que l’orgueil des païens seul l’empêche d’aller plus loin encore et d’en venir à l’anéantissement du peuple (Exode 32.12 ; Nombres 14.13).

27 Si je ne craignais l’ennui que me causerait l’ennemi : Que leurs oppresseurs ne se méprennent
Et ne disent : Notre main a été levée,
Et ce n’est pas l’Éternel qui a fait tout cela !

Ne se méprennent (Jérémie 19.4) sur la vraie cause de la destruction d’Israël. Ils l’attribueraient à leur force et non pas à la justice divine. Dieu, pour qui toute élévation humaine est une abomination, ne pourrait supporter une telle erreur sans impatience.

28 Car c’est une nation qui a perdu le sens, Il n’y a point d’intelligence en eux.

Quatrième strophe (28-30)

Ici l’auteur du cantique reprend lui-même la parole : C’est l’inintelligence des Israélites qui leur vaut tous ces maux ; ils n’ont pas compris que des revers aussi inouïs que ceux qui les ont frappés, ne peuvent absolument pas s’expliquer par des causes naturelles.

Car c’est une nation. La pensée d’aller jusqu’à les détruire s’est présentée à l’esprit de Dieu, à cause de leur aveuglement complet. Il n’y a pas moyen de les faire rentrer en eux-mêmes.

Qui a perdu le sens, littéralement : Égarée quant aux conseils ; quant aux décisions qu’il faudrait prendre dans les heures décisives.

29 S’ils étaient sages, ils le comprendraient,
Et ils considéreraient la fin qui les attend :

Ils le comprendraient : ils comprendraient tout ce qui précède depuis le verset 20, à savoir qu’ils seraient absolument perdus si Dieu ne redoutait les fausses conclusions que les païens pourraient tirer de leur anéantissement.

30 Comment un homme pourrait-il en poursuivre mille,
Et deux en mettre en fuite dix mille, Si leur Rocher ne les avait vendus,
Et que l’Éternel ne les eût livrés ?

Comment… ? Comment, par exemple…? C’est ici un trait choisi entre mille dans leur histoire, destiné à prouver que leurs malheurs sont voulus de Dieu. Des revers si peu naturels et si opposés aux promesses (Lévitique 26.8), ne s’expliquent ni par l’impuissance de l’Éternel à protéger les siens, ni par son indifférence à leur égard, mais uniquement par son intervention active contre eux.

Leur Rocher (versets 4 et 15) : l’Éternel, qui voudrait être leur protecteur et qui le serait s’ils ne l’empêchaient de remplir ce rôle.

31 Car leur rocher n’est pas comme notre Rocher ; Nos ennemis en sont juges.

Cinquième strophe (31-33)

Car ce n’est pas la supériorité des dieux des païens qui aura procuré a ces derniers la victoire. Ici le terme leur rocher désigne la fausse divinité à laquelle chaque nation idolâtre donne sa confiance.

Nos ennemis en sont juges : Je pourrais m’en remettre à leur arbitrage sur ce point. Voir, pour le mot pelilim, juges, arbitres, Exode 21.22 ; et pour la chose Nombres 23.23 et en général toutes les prophéties de Balaam, ainsi qu’Exode 14.25 ; Josué 2.9.

En faisant porter la négation exprimée dans le premier membre, aussi sur le second, on arriverait à un sens qui paraîtra peut-être plus naturel : Et nos ennemis ne sont pas les arbitres (de notre sort). Toutefois la grammaire n’est pas favorable à cette construction.

32 Car leur vigne est du plant de Sodome
Et du terroir de Gomorrhe ; Leurs raisins sont des raisins vénéneux, Leurs grappes sont amères.

Car leur vigne : la vigne des païens, les païens eux-mêmes. Nouvelle raison expliquant pourquoi Dieu a donné la victoire aux ennemis de son peuple. Cette supériorité momentanée ne provient pas de leur propre force (verset 31 ) et elle n’est pas non plus la récompense d’un mérite moral (versets 32 et 33). Car ils n’ont pas été plantés par l’Éternel ; leur vie morale révèle bien plutôt en eux une provignure du cep de Sodome.

33 Leur vin, c’est un venin de dragons
Et un poison cruel d’aspics. 34 Cela n’est-il pas conservé par devers moi, Scellé dans mon dépôt ?

Cinquième partie (34-43)

Le triomphe de la grâce. Les noms mêmes de Sodome et de Gomorrhe préparaient déjà l’idée du jugement des ennemis d’Israël et du retour de l’Éternel à son peuple, sitôt que celui-ci reconnaîtra sa folie. Ainsi est amené ce dernier morceau.

Versets 34 à 36 — Première strophe

Cela, ces mauvaises œuvres et ces mauvaises pensées des païens (versets 31 à 33) sont conservées dans le livre de ma toute science et en sortiront au jour des justes rétributions.

N’est-il pas conservè…? Réponse évidemment affirmative : Oui… c’est une chose certaine !

35 C’est à moi qu’appartiennent la vengeance et la rétribution Pour le temps où leur pied trébuchera ; Car le jour de leur calamité approche
Et leur destin se précipite.

C’est à moi. C’est donc bien l’Éternel qui parle dans les versets 31 et 35.

Pour le temps où leur pied trébuchera : lorsqu’ils commenceront à être ébranlés. Alors je les renverserai tout à fait.

Car le jour… Un jour de rétribution ne peut manquer d’arriver. Et même il se précipite : Habakuk 2.3.

36 Car l’Éternel fera droit à son peuple
Et il se repentira en faveur de ses serviteurs, Quand il verra que toute leur force est épuisée
Et qu’il ne reste plus ni esclave, ni libre.

Ici c’est l’auteur qui reprend la parole ; il formule la conclusion à tirer de ce qui précède : Certainement l’Éternel fera droit à son peuple.

En faveur de ses serviteurs. Ces mots restreignent le sens du terme : à son peuple. Le jugement libérateur ne profitera pas au peuple tout entier, mais aux seuls serviteurs de Dieu.

Ni esclave, ni libre. D’autres traduisent : ni homme marié, ni célibataire.

37 Alors il dira : Où sont leurs dieux, Le rocher de leur refuge ;

Seconde strophe (37-39)

Ici, comme dans la strophe suivante, c’est l’Éternel qui parle, d’après verset 39 : C’est moi. Dieu profitera de la détresse extrême de son peuple pour le convaincre du néant de ses idoles et pour l’amener à reconnaître que lui seul est Dieu.

Il dira, non pas : on dira ou l’ennemi dira ; mais : Dieu dira. Ce sont les faits qui parleront, mais le langage des événements est mis dans la bouche de Celui qui préside à toute l’histoire. Cette tournure fait bien sentir que la conversion du peuple sera directement l’œuvre de Dieu.

Où sont leurs dieux ? Question ironique (Jérémie 2.28).

Le rocher : comparez verset 31.

38 Qui mangeaient la graisse de leurs sacrifices, Qui buvaient le vin de leurs libations ? Qu’ils se lèvent et qu’ils vous secourent, Qu’ils soient pour vous un abri !

Qui mangeaient… Ce serait pour eux le moment de vous récompenser des sacrifices que vous avez faits pour eux.

39 Voyez maintenant que c’est moi, moi seul,
Et qu’il n’y a point de Dieu à côté de moi. C’est moi qui fais mourir et qui fais vivre ; J’ai frappé et c’est moi qui guérirai,
Et personne ne délivrera de ma main.

Entre le verset 38 et celui-ci, il faut supposer un silence. Les faux dieux ne vous délivrent pas ; donc regardez à moi (Ésaïe 43.10-13 ; Ésaïe 44.6 ; Ésaïe 45.5 ; Ésaïe 46.9) !

40 Oui, j’en lève ma main au ciel et je jure en disant : aussi vrai que je vis à toujours,

Troisième strophe (40-42)

Après la conversion d’Israël vient la vengeance que Dieu tire de ses ennemis. Mais comme ces choses ne sont pas d’une réalisation immédiate, Dieu les garantit par un serment.

J’en lève ma main : Genèse 14.22 ; Exode 6.8 ; Nombres 14.30.

41 Quand j’aiguiserai l’éclair de mon glaive
Et que ma main se mettra à juger, Je ferai retomber la vengeance sur mes ennemis
Et la rétribution sur ceux qui me haïssent ;

C’est ici le serment lui-même.

Quand j’aiguiserai : comme un guerrier qui se prépare au combat.

Mes ennemis. Les ennemis d’Israël (verset 27), chez lesquels maintenant le mal aura entièrement mûri, seront considérés par l’Éternel comme ses propres ennemis. Pas question ici des Israélites coupables, qui ont déjà été jugés au verset 36.

42 J’enivrerai mes flèches de sang
Et mon épée se repaîtra de chair, Du sang des transpercés et des captifs,
De la tête des chefs de l’ennemi.

Des quatre propositions dont se compose ce verset, la troisième reprend la première et la quatrième la deuxième. Les captifs mêmes seront exécutés sans pitié !

43 Nations, chantez de joie sur son peuple, Car [Dieu] venge le sang de ses serviteurs, Il fait retomber la vengeance sur ses adversaires, Il fait propitiation pour sa terre, pour son peuple.

Conclusion, répondant aux versets 1 à 3

Nations. Malgré ce qui est dit verset 42 il y aura des réchappés. Peut-être les ennemis du verset 41 n’étaient-ils pas les païens en général, mais un peuple spécial, particulièrement hostile à Israël.

Chantez de joie : à mesure que vous comprendrez l’importance du peuple de Dieu pour le monde lui-même.

Car Dieu venge le sang… répandu sans raison.

Il fait propitiation : par la mort des meurtriers qui ont souillé de flots de sang innocent le pays et sa population (Nombres 35.33).

Nous avons indiqué en commençant la marche parfaitement simple et claire de ce morceau poétique. Par une anticipation prophétique l’avenir y est décrit comme déjà réalisé. Il y a même des passages, tels que les versets 16 et 27, où l’infidélité d’Israël est considérée, non seulement comme possible, mais comme certaine. Mais toujours, après avoir montré Israël se mettant en travers de la volonté divine et se faisant écraser par la loi de la justice, le poète nous montre les vues de la miséricorde divine s’accomplissant à son égard au terme de sa douloureuse histoire.

Plusieurs, répugnant à admettre une anticipation comme celle que nous venons de signaler, se refusent à attribuer ce chant à Moïse. Ils allèguent aussi certains termes rares qui ne se retrouvent que dans les écrits d’une époque postérieure (Tékach, enseignement : voir Proverbes ; Eloah, Dieu : Psaumes et Job ; Zarim, dieux étrangers : dans Jérémie, Psaumes, etc.) et certaines tournures qui appartiennent à la littérature prophétique. Il faudrait admettre dans ce cas que le rédacteur final du Deutéronome, celui qui en a composé la partie historique, ayant trouvé cet ancien cantique, l’a ajouté ici, croyant pouvoir l’attribuer à Moïse. D’autre part on y rencontre bien des pensées et bien des expressions qui paraissent être mosaïques (ailes d’aigle, Exode 19.4 ; Rocher, comme nom de l’Éternel, Genèse 49.24 ; jalousie de Dieu, Exode 20.5 ; Exode 34.14). Nous avons déjà parlé du mot jemôth, qui ne se retrouve que dans le Psaume 90, verset 15, attribué à Moïse par le titre ; comparez aussi schenôth pour schené, qui est particulier à ces deux mêmes versets et le terme tes serviteurs pour désigner les Israélites fidèles, accompagné de l’expression se repentir dans notre verset 36 et dans Psaumes 90.13. Cette parenté de notre cantique avec le Psaume 90 a quelque chose d’étonnant et parle en faveur de l’origine mosaïque du premier. Les traits de ressemblance avec la littérature prophétique proviendraient dans ce cas de l’imitation de cette antique poésie par les psalmistes et les prophètes.

44 Et Moïse vint et fit entendre au peuple toutes les paroles de ce cantique, Hosée, fils de Nun, étant avec lui.

Conclusion (44-47)

Vint : s’avança vers le peuple convoqué d’après Deutéronome 31.28-29 ; reprise du verset 30.

Hosée étant avec lui. Voir le pluriel écrivez, Deutéronome 31.19. Comme dans tous les autres passages du Deutéronome, où il est nommé, il est appelé Josué, ce nom d’Hosée semble indiquer que le rédacteur du récit diffère de celui des discours.

45 Et Moïse acheva d’adresser toutes ces paroles à tout Israël 46 et leur dit : Prenez à cœur toutes les paroles par lesquelles je témoigne aujourd’hui contre vous, et que vous devez prescrire à vos enfants, pour qu’ils aient soin de mettre en pratique toutes les paroles de cette loi. 47 Car ce n’est pas une parole sans valeur pour vous que celle-là : c’est votre vie, et par cette parole vous prolongerez vos jours sur la terre dont vous allez prendre possession en passant le Jourdain.

Pas sans valeur, expliqué par : c’est votre vie, qui suit.

Pour vous, littéralement : loin de vous, de sorte que vous puissiez la mettre de côté, si elle ne vous convenait pas.

48 Et l’Éternel parla à Moïse en ce même jour, et lui dit :

Drenières paroles et mort de Moïse (32.48 à 34.12)

Dieu avait déjà dit à Moïse qu’il pourrait monter sur le Nébo et voir de là le pays de la promesse avant de mourir (Nombres 27.12-14). C’est ici l’ordre définitif.

49 Monte sur cette cime des Abarim, sur le mont Nébo, qui est dans le pays de Moab, en face de Jéricho ; et regarde le pays de Canaan que je donne en propriété aux fils d’Israël.

Nébo (voir Nombres 27.12, note) : un des sommets du Pisga, qui est la partie septentrionale des monts Abarim.

50 Et tu mourras sur la montagne où tu vas monter, et tu seras recueilli auprès des tiens, de même qu’Aaron ton frère est mort sur la montagne de Hor et a été recueilli auprès des siens ; 51 parce que vous avez manqué envers moi au milieu des fils d’Israël dans l’affaire des eaux de Mériba de Kadès, dans le désert de Tsin ; parce que vous ne m’avez pas sanctifié au milieu des fils d’Israël.

Mériba de Kadès : voir Nombres 20.13, note.

52 Car tu verras le pays en face de toi, mais tu n’y entreras point, dans ce pays que je donne aux fils d’Israël.

Tu verras le pays… Voir Deutéronome 34.1, note.