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Actes 5
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Mais un certain homme, du nom d’Ananias, avec Saphira, sa femme, vendit une propriété ; 2 et il détourna quelque chose du prix, sa femme aussi étant complice ; et en ayant apporté une partie, il la déposa aux pieds des apôtres.

Luc poursuit sa narration par ce mot mais, qui place ce qui va suivre en un contraste frappant avec le tableau précédent de l’état de l’Église et en particulier avec l’exemple de Barnabas (Actes 4.37).

Ananias veut se donner les apparences du complet détachement, qui régnait dans l’Église sous l’influence puissante du premier amour.

Il vend un champ et donne une partie du prix en prétendant que c’était le tout. Mensonge, hypocrisie, tel est son péché, rendu plus coupable encore par un accord fait avec Saphira, sa femme.

Ils veulent servir deux maîtres en paraissant n’en servir qu’un seul.
— Meyer
3 Mais Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, pour que tu mentes à l’Esprit Saint et détournes une partie du prix de ce fonds de terre ?

Pierre attribue le péché d’Ananias à Satan qui a rempli son cœur ; expression énergique, signifiant que « le père du mensonge » (Jean 8.44) s’était emparé de lui (comparer Jean 13.2-27 ; Luc 22.3 notes).

Mais la question pourquoi ? qui s’adresse à Ananias, prouve que celui-ci aurait pu et dû lui résister, comme l’observe Meyer (comparer verset 4, ou ce péché est attribué à Ananias lui-même).

Mentir à l’Esprit Saint qui remplissait les apôtres et l’Église et dont Ananias lui-même avait éprouvé les influences dans son cœur, était plus coupable que de tromper dans des conditions ordinaires (verset 4).

Cela veut-il dire qu’Ananias eût commis ce que Jésus appelle le péché contre le Saint-Esprit (Matthieu 12.32, note) ? Question qu’il n’appartient pas à l’homme de résoudre.

Comment Pierre a-t-il su qu’Ananias avait gardé une partie du prix de son champ ? On a prétendu qu’il pouvait en avoir été informé ; mais par qui ? Se serait-il trouvé dans l’Église un dénonciateur ? Non, l’apôtre le sut par une révélation de l’Esprit dont il était rempli (Actes 4.8), comme il sut, bientôt après, que Saphira allait subir le même châtiment que son mari (verset 9).

4 Si tu ne l’avais pas vendu, ne demeurait-il pas à toi ? Et, vendu, n’était-il pas en ton pouvoir ? Comment as-tu conçu dans ton cœur un tel dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.

Grec : Demeurant, tel quel, invendu, ne te demeurait-il pas ?

Ananias était maître de garder son champ et l’ayant vendu, il avait pleine liberté d’en conserver le prix entier. Cette parole prouve clairement que la communauté des biens dans l’Église de Jérusalem n’était imposée à personne (compare Actes 2.45, note).

Grec : Que s’est-il passé pour que tu aies mis dans ton cœur cette affaire là ?

À Dieu, à qui Ananias professait avoir fait le sacrifice de son bien et à qui il le refuse ; à Dieu, dont l’Esprit de sainteté agissait dans l’Église (verset 3 ; comparez 1 Thessaloniciens 4.8).

5 Ananias, entendant ces paroles, tomba et expira. Et il y eut une grande crainte sur tous ceux qui l’apprirent.

Grec : tombant rendit l’âme (Voir, sur ce terrible jugement verset 11, note).

Certains exégètes ont prétendu que la mort d’Ananias a été accidentelle : elle aurait été causée par le violent ébranlement qu’il éprouva dans sa conscience et dans tout son être.

Mais la certitude avec laquelle Pierre annonce à Saphira qu’elle va partager le sort de son mari (verset 9) nous oblige à voir dans la fin subite des deux époux un châtiment direct de Dieu (verset 11, note).

6 Et les jeunes gens, s’étant levés, l’enveloppèrent, et l’ayant emporté, ils l’enterrèrent.

On a pensé que ces jeunes gens étaient des serviteurs attitrés de l’Église à qui incombait le devoir d’y maintenir le bon ordre et de rendre divers services matériels.

Le texte ne le dit pas et il est douteux qu’un tel office existât alors. C’étaient donc probablement les plus jeunes hommes de l’assemblée, qui s’empressèrent, spontanément ou à la demande des apôtres, de remplir ce devoir funèbre.

Le verbe que nous traduisons par l’enveloppèrent ou le couvrirent signifie aussi arranger, mettre en ordre, mais le premier sens convient mieux dans notre passage et est admis par la plupart des interprètes.

L’enterrement, chez les Juifs, avait lieu en général le jour même de la mort (Jean 11.17, note).

7 Or il arriva, à un intervalle d’environ trois heures, que sa femme, ne sachant pas ce qui était arrivé, entra.

Entra dans l’assemblée. Sans doute Saphira, ne voyant pas revenir son mari, le cherchait.

Les trois heures indiquées furent employées par les jeunes gens au convoi d’Ananias (verset 9) attendu que le lieu des sépultures était hors de la ville.

8 Et Pierre lui adressa la parole : Dis-moi si c’est pour cette somme que vous avez cédé le fonds de terre ? Et elle dit : Oui, c’est pour cette somme.

Grec : Pierre lui répondit : sur quoi Bengel observe : « Il répondit à la femme, dont l’entrée dans l’assemblée des saints équivalait à un discours »

En disant : à ce prix (grec tant), Pierre nomma peut être la somme, ou bien, comme le pense Meyer, il montra simplement du doigt l’argent qu’Ananias avait déposé là (verset 2). Ce geste serait tragique.

Dans sa réponse Saphira ment résolument.

9 Alors Pierre lui dit : Comment un accord a-t-il été fait entre vous pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voici, les pieds de ceux qui ont enterré ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront.

L’accord des deux époux rendait leur action plus coupable et ils ont tenté l’Esprit, qui résidait dans les apôtres, en s’imaginant qu’ils ignoreraient leur péché ou le laisseraient impuni. C’est par ce même Esprit que Pierre sut que le châtiment dont était mort son mari allait atteindre Saphira (verset 3, note).

Pendant que Pierre prononçait ces paroles, les pas des jeunes gens se faisaient entendre au dehors, de la cette expression si actuelle : leurs pieds sont à la porte.

10 Or, au même instant, elle tomba à ses pieds, et expira. Et les jeunes gens étant entrés la trouvèrent morte, et l’ayant emportée, ils l’enterrèrent auprès de son mari. 11 Et il y eut une grande crainte sur toute l’Église et sur tous ceux qui apprirent ces choses.

Cette crainte était bien naturelle (verset 5) elle fut cause que, pour un temps du moins, aucun de ceux qui n’étaient pas sincèrement croyants n’osait se joindre à l’Église (verset 13).

La plupart des interprètes considèrent le terrible jugement qui atteignit Ananias et sa femme comme un acte de discipline sévère exercé dans l’Église de Jérusalem.

Mais cet acte n’est-il pas beaucoup plus dans l’esprit de l’Ancien Testament (Lévitique 10.1-5 ; Josué 7.1) que dans l’esprit du Nouveau (Matthieu 18.15-17 ; Jacques 5.19-20) ?

Plus d’un lecteur n’est-il pas tenté de demander avec de Wette : « Est-ce que le christianisme a besoin de tels moyens ? Deux vies d’hommes enlevées au sein même de leur péché sans aucun délai pour la repentance ! »

Le pieux et savant Bengel lui-même se demande si ce jugement n’est pas en opposition directe avec Luc 9.52-56.

À quoi il répond :

  1. Jacques et Jean demandaient que le feu du ciel tombât sur les Samaritains, en obéissant à leur propre inspiration et dans un sentiment d’irritation charnelle, tandis que c’est l’Esprit de Dieu qui anime Pierre ;
  2. les Samaritains ignoraient qui était Jésus, tandis qu’Ananias et Saphira connaissaient sa gloire et avaient eu en lui tous les moyens du salut ;
  3. les deux époux avaient donc péché grièvement, librement, d’un commun accord et ainsi comblé d’un coup la mesure de leur crime ;
  4. au commencement de l’économie nouvelle, ce châtiment fut un exemple salutaire pour plusieurs, qui répandit la crainte de Dieu ;
  5. la gravité de la peine qui les atteignit dans leur corps a pu avoir pour effet d’épargner leur âme.

Ces explications sont fort respectables ; ce sont les seules qu’on puisse donner si l’on veut expliquer.

En tout cas il faut rejeter l’opinion de quelques Pères, de nouveau soutenue par Meyer, que ce fut l’apôtre Pierre lui-même qui non seulement annonça ce jugement, mais qui l’exécuta le sachant et le voulant, sans doute par la puissance de Dieu.

Le fait compris comme une œuvre de l’homme sanctionnerait en quelque sorte à l’avance tant d’actes odieux des prétendus successeurs de Pierre.

Non, il faut voir dans ce jugement une intervention immédiate de Dieu ; une action miraculeuse de sa justice, que nul, dès lors, ne peut ni expliquer, ni imiter, ni critiquer mais que tous doivent contempler avec crainte et tremblement.

12 Or il se faisait par les mains des apôtres beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple. Et ils étaient tous d’un commun accord sous le portique de Salomon.

Les guérisons opérées par les apôtres

Elles sont nombreuses. Le portique de Salomon est le lieu de réunion des disciples. Ils tiennent à distance les indifférents, mais jouissent de la faveur populaire. L’Église s’accroît ; son bon renom attire des malades en foule qui sont déposés sur le passage de Pierre pour que son ombre au moins les couvre. On vient même des villes voisines de Jérusalem ; tous sont guéris (12-16).

Emprisonnement et délivrance miraculeuse des apôtres

Leurs succès excitent l’envie du souverain sacrificateur et des sadducéens de son entourage. Ils font arrêter les apôtres. Pendant la nuit un ange les fait sortir et leur donne l’ordre d’aller prêcher au peuple dans le temple. Ils y vont dès le point du jour (17-21).

Seconde arrestation

Le sanhédrin s’assemble en séance plénière. Les agents, envoyés pour chercher les apôtres dans la prison, la trouvent vide et viennent faire leur rapport, qui cause une vive inquiétude aux sacrificateurs. Quelqu’un apporte la nouvelle que les prisonniers enseignent dans le temple. Le commandant du temple les amène au sanhédrin, mais sans violence, par crainte du peuple (22-26).

Comparution devant le sanhédrin

  1. Interrogatoire par le souverain sacrificateur. Il rappelle aux apôtres la défense qui leur a été faite d’enseigner au nom de Jésus et les accuse d’exciter le peuple à venger sur les autorités la mort de cet homme (27, 28).
  2. Réponse de Pierre. Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Ce Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que les chefs avaient crucifié. Il l’a élevé à sa droite comme Sauveur, pour procurer à Israël, avec la repentance, le pardon des péchés. Les apôtres en sont témoins et leur témoignage est confirmé par le Saint-Esprit que Dieu donne à ceux qui lui obéissent (29-32).
  3. Le conseil de Gamaliel. Les paroles des apôtres exaspèrent le sanhédrin, qui délibère de leur mort. Mais un pharisien, docteur renommé, Gamaliel, demande qu’on les fasse sortir. Puis il engage le sanhédrin à agir sans précipitation : rappelant les mouvements suscités par Theudas et par Judas le Galiléen, qui s’arrêtèrent d’eux-mêmes après peu de temps, il conseille de laisser faire les apôtres ; car si leur entreprise est d’inspiration humaine, elle tombera ; si elle procède de Dieu, les autorités seront impuissantes à l’arrêter. Elles ont à redouter de se trouver faisant la guerre à Dieu. Le sanhédrin se range à son avis (33-39).
  4. Issue du procès. Les apôtres, rappelés, sont battus de verges. Défense leur est faite de parler au nom de Jésus ; puis ils sont relâchés. Ils se retirent heureux d’avoir eu à souffrir pour le nom de Jésus. Ils ne cessent, dans le temple et dans les maisons, d’annoncer qu’il est le Christ (40-42).

Activité croissante des apôtres ; leur emprisonnement et leur comparution devant le sanhédrin (12-42)

Ces miracles (grec signes) et ces prodiges étaient les guérisons nombreuses que Luc va énumérer (versets 15 et 16).

Les dons miraculeux, qui contribuaient si puissamment à l’extension de l’Église, avaient été solennellement demandés par elle (4.30).

Une troisième fois (Actes 2.43-47 ; Actes 4.32-37), Luc interrompt ses récits pour retracer l’état florissant de l’Église, ses dons miraculeux et son union (verset 12), la faveur dont elle jouissait auprès du peuple (verset 13), son accroissement (verset 14), les guérisons qui s’y opéraient (versets 15 et 16).

Voir, sur ce portique Actes 3.11 ; Jean 10.23, note. Ce fut là paraît-il, le lieu de réunion des chrétiens aussi longtemps du moins qu’ils possédèrent la faveur publique (verset 13).

13 Et aucun des autres n’osait se joindre à eux ; mais le peuple leur donnait de grandes louanges.

Les autres, c’étaient les habitants de Jérusalem qui n’étaient pas croyants.

Ils n’osaient pas se joindre aux chrétiens, à cause de la crainte qu’inspiraient leur vie et leur discipline, surtout depuis la mort d’Ananias et de Saphira.

Mais le peuple les louait grandement (grec les magnifiait)

Le peuple, cette expression n’est pas équivalente à la précédente : les autres car on ne comprendrait pas comment les mêmes personnes étaient à la fois tenues éloignées des chrétiens par la crainte et disposées à leur donner de grandes louanges.

Les autres est un terme général, appliqué à toute la catégorie de ceux qui n’avaient pas cru ; le peuple désigne spécialement les classes moyennes et inférieures qui étaient encore favorables aux disciples, tandis que les autorités les persécutaient (Actes 4.1 ; Actes 4.17 ; Actes 4.21 ; Actes 5.26).

On peut aussi, avec M. Blass, presser le sens du verbe se joindre, littéralement se coller à (c’est le même mot en grec et en français) : les autres n’osaient s’attacher à eux de manière à les importuner, les déranger (Luc 15.15) ; ces autres seraient alors les gens qui se trouvaient dans le temple en même temps que les disciples et le peuple les Israélites ou les Jérusalémites en général.

Ces explications suffisent pour écarter la contradiction qu’on a trouvée dans notre passage et rendent inutile l’interprétation, d’ailleurs peu naturelle, présentée par MM. J. Weiss et Hilgenfeld, d’après laquelle les mots du verset 12 « ils étaient tous d’un commun accord sous le portique de Salomon », devraient s’entendre des seuls apôtres et les « autres » (verset 13) seraient les simples membres de l’Église, qui auraient été remplis d’un saint respect à la vue des miracles opérés par leurs conducteurs.

L’union intime qui régnait entre tous les croyants (Actes 2.42-47 ; Actes 4.32), la déférence avec laquelle les apôtres consultent les membres de l’Église (Actes 6.2-6 ; Actes 11.2 et suivants) ne permettent guère d’admettre qu’il y ait eu à aucun moment une telle distance entre eux et les autres chrétiens.

La vie qui se rend témoignage à elle-même devant tous est dans tous les temps le secret de l’augmentation de l’Église (verset 14).

14 Mais il s’ajoutait toujours plus de ceux qui croyaient au Seigneur, des multitudes tant d’hommes que de femmes ;

Grec : Des croyants au Seigneur s’ajoutaient toujours plus.

On peut considérer le verbe : s’ajoutaient comme n’ayant point de régime (Actes 2.41) et le complément : au Seigneur comme dépendant de croyants (Actes 16.15-34 ; Actes 18.8), ou rattacher le complément au verbe : s’ajoutaient au Seigneur (Actes 11.24).

15 en sorte qu’on apportait les malades dans les rues et qu’on les plaçait sur de petits lits et sur des couchettes, afin que, Pierre venant à passer, son ombre du moins couvrît quelqu’un d’entre eux.

Comparer sur ces derniers mots Actes 19.12 ; Matthieu 9.21 ; Marc 5.30, note.

Ces guérisons miraculeuses n’étaient pas opérées par le moyen employé, mais par la puissance de Dieu répondant à la foi des malades.

Si les pratiques indiquées n’étaient pas exemptes de superstition, les apôtres ne firent rien pour les encourager.

Le mot en sorte que, par lequel Luc passe au récit de tous ces miracles aurait, semble-t-il, sa place plus naturelle à la suite du verset 12 ou du verset 13.

Aussi plus d’un exégète a-t-il proposé de mettre entre parenthèses versets 13 et 14 ou seulement verset 14 (Holtzmann, Wendt).

Mais, bien que cet ordre fût peut-être plus logique, il n’en est pas moins vrai que le fait raconté au verset 14, la grande extension de l’Église, était un motif, pour ceux qui avaient des malades, de les apporter aux apôtres, dont la renommée et l’influence grandissaient avec l’accroissement de l’Église. D porte à la fin du verset 15 : car ils étaient délivrés de toute maladie que chacun d’eux avait.

16 Et la multitude accourait même des villes voisines de Jérusalem, apportant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs ; et tous étaient guéris.

Voir, sur ces malades tourmentés par des esprits impurs ou démoniaques, Matthieu 8.28, note.

Le texte reçu, avec D, porte : on venait à Jérusalem.

La leçon de Jérusalem (Codex Sinaiticus, B, A, versions) est admise par tous les critiques.

17 Mais le souverain sacrificateur s’étant levé, ainsi que tous ceux qui étaient avec lui, lesquels étaient le parti des sadducéens, ils furent remplis d’envie, 18 et mirent les mains sur les apôtres et les jetèrent dans la prison publique.

Les grands succès de l’Église, que Luc vient de décrire, excitent l’envie des adversaires et leur haine persécutrice. C’est ce que marque le mais qui ouvre notre récit.

Ce terme : le souverain sacrificateur s’étant levé, ne doit pas s’entendre à la lettre il peint l’entrée en action de ce personnage ; il caractérise, comme Actes 6.9 ; Actes 23.9, une attitude hostile.

Ceux qui étaient avec lui sont ses familiers et ses partisans au sein du sanhédrin : ils formaient le parti des sadducéens. Ceux-ci avec leurs vues matérialistes et leur tendance conservatrice, haïssaient, plus encore que les pharisiens, des novateurs qui rendaient témoignage à la résurrection de Jésus (Actes 4.1, note).

19 Mais un ange du Seigneur ouvrit pendant la nuit les portes de la prison, et, les ayant conduits dehors, il dit :

Ce miracle a, comme tous les autres, soulevé les objections de la critique négative.

Sans parler des efforts qu’elle a faits pour l’expliquer par des causes naturelles (un tremblement de terre ou l’action courageuse de quelque disciple), elle a voulu y voir la même tradition que celle rapportée à Actes 12, malgré la différence des deux récits.

Elle a prétendu encore que ce miracle aurait été inutile, puisque les apôtres furent arrêtés de nouveau.

Mais l’héroïque courage déployé par ceux-ci dans le temple (verset 21) et devant le conseil (verset 29) n’était-il pas un fruit de cette délivrance ? Et la modération relative que les juges vont montrer ne révèle-t-elle pas une secrète intimidation causée par ces faits, inexplicables à leurs yeux ?

Cette même critique a trouvé étrange encore qu’il ne soit pas fait mention d’une telle délivrance dans l’audience du sanhédrin où vont comparaître les apôtres.

Quelle probabilité que les membres de ce Conseil auraient soulevé la question d’une intervention divine qui les aurait confondus ? Ou que les apôtres en auraient appelé à ce miracle pour obtenir d’être libérés ?

Même des théologiens de la valeur d’un Néander et d’un Meyer trouvent dans ce récit, avec un fond vrai, des embellissements dus à la légende. Affaire d’appréciation subjective. Il faudrait de meilleures raisons pour prétendre que notre historien n’a pas su mettre en pratique ses propres principes hautement professés (Luc 1.1-4).

20 Allez, et, vous présentant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie.

Grec : Vous tenant debout, résolument, annoncez dans le temple.

Les paroles de cette vie sont les paroles de la vie éternelle, qui la renferment et la communiquent aux âmes (Jean 6.63-68).

Le mot cette désigne la vie bien connue que le Saint-Esprit avait créée dans l’Église.

21 Ayant entendu cela, ils entrèrent dès le point du jour dans le temple, et ils y enseignaient. Mais le souverain sacrificateur étant venu, et ceux qui étaient avec lui, ils convoquèrent le sanhédrin et tous les anciens des fils d’Israël ; et ils envoyèrent à la prison pour faire amener les apôtres.

Dans le temple doit s’entendre de quelque dépendance de cet édifice, comme le portique de Salomon (Actes 5.12 ; Actes 3.11).

On prépare ainsi une assemblée solennelle du sanhédrin, composée de soixante-onze membres, sous la présidence du souverain sacrificateur, afin de juger les apôtres.

Luc nomme, comme en faisant partie, outre le souverain sacrificateur :

  1. ceux qui étaient habituellement avec lui c’est-à-dire les membres du Conseil dont il s’entourait (verset 17) ;
  2. le corps des anciens des fils d’Israël (grec gerousia, la vieillesse).

Ce mot ne se trouvant qu’ici dans le nouveau Testament les interprètes l’expliquent de deux manières différentes : les uns n’y voyant qu’un synonyme du sanhédrin, généralement composé d’hommes âgés ; le et aurait alors, comme souvent, le sens de « c’est-à-dire. ».

L’usage des apocryphes qui appliquent fréquemment ce terme au sanhédrin et le fait que les synoptiques mentionnent toujours les anciens dans l’énumération des membres du sanhédrin (Matthieu 26.57) confirment cette interprétation, qui s’accorde d’ailleurs avec ce que nous savons de l’état de choses existant alors.

Ceux qui la repoussent prêtent à Luc la pensée que, dans cette occasion, on adjoignit au sanhédrin les représentants des conseils des villes ou les présidents des synagogues, qui se trouvaient alors à Jérusalem. Ils estiment que le texte, faisant une distinction entre le sanhédrin et le corps des anciens, est favorable à cette explication.

22 Mais les huissiers y étant arrivés, ne les trouvèrent point dans la prison ; ainsi ils s’en retournèrent, et firent leur rapport, 23 en disant : Nous avons trouvé la prison fermée en toute sûreté et les gardes debout devant les portes ; mais, ayant ouvert, nous n’avons trouvé personne dedans. 24 Le commandant du temple et les principaux sacrificateurs ayant entendu ces paroles furent très perplexes à leur sujet, se demandant ce que cela deviendrait.

Le commandant du temple (Actes 4.1) étant plus ou moins responsable des prisonniers, on comprend son embarras.

Quant aux sacrificateurs, sans croire à une délivrance miraculeuse des apôtres, ils durent voir au moins, dans ce qu’on leur rapportait, quelque chose d’extraordinaire qui les inquiétait.

25 Mais quelqu’un survenant leur fit ce rapport : Voici, les hommes que vous aviez mis dans la prison sont dans le temple, debout et enseignant le peuple. 26 Alors le commandant du temple, s’en étant allé avec les huissiers, les amena, sans violence ; car ils craignaient le peuple, ils avaient peur d’être lapidés.

Sur le rapport étrange qu’il vient d’entendre (verset 25), le sanhédrin, jaloux de son autorité, envoie le commandant du temple avec les huissiers pour arrêter et amener les apôtres.

Mais ils s’acquittent de ce devoir avec certains égards sans violence ; car l’auditoire populaire qui s’était formé autour des prédicateurs de l’Évangile, aurait pu susciter une émeute dans laquelle le chef et ses huissiers auraient couru le danger d’être lapidés.

Grec : ils craignaient le peuple, qu’ils ne fussent lapidés, c’est-à-dire que le peuple ne les lapidât.

27 Et les ayant amenés, ils les introduisirent dans le sanhédrin. Et le souverain sacrificateur les interrogea, disant : 28 Nous vous avons expressément défendu d’enseigner en ce nom-là. Et voici que vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement, et que vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme !

Ils craignent que le peuple de Jérusalem, convaincu par les apôtres de la dignité messianique de Jésus de Nazareth, ne demande compte à ses chefs de la mort de celui-ci, qu’ils avaient ordonnée.

Le sang de cet homme, expression de mépris, dans laquelle pourtant il y avait quelque chose de tragique.

Si ce sang vient sur eux, comme le peuple l’avait demandé pour lui-même dans son aveuglement (Matthieu 27.25) ce sera la justice divine vengeant sur eux le meurtre du Saint et du Juste.

Codex Sinaiticus, B, A, vulgate ne donnent pas aux paroles du souverain sacrificateur la forme interrogative, mais celle d’une affirmation : Nous vous avons défendu, etc.

Après les mots : le souverain sacrificateur les interrogea, il était naturel que la pensée fût énoncée en une interrogation. C’est ce qui a amené les copistes à corriger le texte.

Mais le verbe : il les interrogea peut s’entendre de l’interrogatoire auquel le souverain sacrificateur procède en adressant la parole aux apôtres.

Et malgré cette défense, ajoute le président du sanhédrin, vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement ! Ces paroles, même si elles présentent quelque exagération, montrent les grands progrès de l’Église (comparer Actes 4.4).

29 Mais Pierre et les apôtres répondant dirent : Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Le mot répondant est au singulier en grec, pour marquer que Pierre prend la parole au nom de tous. Quant au grand principe qu’il répète ici, voir Actes 4.19, note.

Seulement l’apôtre est encore plus positif que la première fois. Là il disait : Jugez si… ; ici, il faut. Et il va prouver abondamment cette obligation (versets 30-32).

Le terme : le Dieu de nos pères (comparez Actes 3.13) avait un sens émouvant pour des auditeurs juifs et doit l’avoir aussi pour nous.

On peut traduire : a ressuscité ou a suscité Jésus, ce dernier verbe signifiant : l’a envoyé pour remplir son ministère.

Calvin, Bengel, de Wette, Lechler se décident pour ce dernier sens.

Avec Meyer, Ebrard, Holtzmann, Wendt nous préférons le premier.

Il est évident en effet, que Pierre met en contraste le mot ressuscité avec ceux-ci : que vous avez fait mourir, et, de plus, cette interprétation convient seule à l’idée de l’élévation de Jésus, dont va parler l’apôtre (verset 31).

Au lieu de : vous avez fait mourir, il y a littéralement : vous l’avez tué de vos propres mains, expression exagérée à dessein pour faire sentir aux chefs du peuple toute leur responsabilité dans le meurtre de Jésus.

Les Juifs se servaient du terme : pendre au bois pour dire crucifier, il impliquait l’idée d’une malédiction (Deutéronome 21.22-23 ; Galates 3.13, comparez 1 Pierre 2.24).

30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous, vous avez fait mourir en le pendant au bois. 31 C’est lui que Dieu a élevé par sa droite comme Chef et Sauveur, afin de donner la repentance à Israël, et la rémission des péchés.

Elevé par sa droite, ou, selon d’autres à sa droite (comparez Actes 2.33 note), comme Prince, Chef, souverain Dominateur (Actes 3.15 ; comparez Hébreux 12.2) et Sauveur, terme qu’il faut entendre dans son sens absolu, exclusif, renfermé déjà dans le nom de Jésus.

Le but de la miséricorde divine, en élevant Jésus dans la gloire, est de donner (il faut remarquer ce terme) la repentance à Israël (voir sur ce mot Matthieu 3.2, 1re note) et la rémission ou le pardon des péchés, qui leur assure le salut et la vie éternelle (comparer Actes 2.38 ; Luc 24.47).

Repentance et pardon, deux actes toujours inséparables dans l’œuvre du salut et qui résultent de la glorification de Jésus-Christ ; car c’est le Christ glorifié qui provoqué la repentance dans le cœur des croyants, par le Saint-Esprit et par la prédication de l’Évangile ; c’est lui qui leur procure ainsi le pardon et crée en eux la vie véritable (Jean 7.39 ; Jean 16.7-8).

32 Et nous, nous sommes témoins de ces choses, aussi bien que le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent.

Nous, que vous persécutez, nous sommes les témoins de ces choses, c’est-à-dire des vérités que Pierre vient de proclamer au milieu du sanhédrin (versets 30 et 31).

Bien plus, le Saint-Esprit en est témoin avec nous (Jean 15.26-27), car c’est par lui que nous parlons et c’est lui que Dieu a donné à ces nombreux croyants qui déjà lui obéissent. Pour conserver ce don de l’Esprit, il faut que nous-mêmes nous obéissions à Dieu qui ordonne, plutôt qu’aux hommes qui défendent.

Quelle réponse aux reproches du sanhédrin ! (verset 28)

Le texte reçu porte : nous sommes ses témoins de ces choses. B porte : et nous en lui témoins de ces choses ; en lui peut signifier : en Israël (Wendt) ou en Christ.

Tischendorf, Nestle et d’autres adoptent la leçon de Codex Sinaiticus, A, D, que nous avons maintenue dans la traduction. Elle est plus facile, mais cela même peut faire suspecter son authenticité.

33 Eux, entendant cela, frémissaient de fureur, et ils délibéraient de les faire mourir.

Grec : ils étaient sciés par le milieu, expression qui désigne un violent frémissement de colère.

C’est avec ces sentiments passionnés que, déjà décidés à faire périr les disciples, ils délibéraient, suivant le texte reçu, conservé par Tischendorf et qui se fonde sur Codex Sinaiticus, D, vulgate, syriaque

La plupart des critiques récents préfèrent la leçon de B, A, versions égyptiennes : ils voulaient les faire périr. Ce fut le conseil de Gamaliel qui les en détourna.

34 Mais un pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi honoré de tout le peuple, s’étant levé dans le sanhédrin, ordonna qu’on fit sortir un instant ces hommes.

Gamaliel (Gamli El, Dieu est ma récompense ou mon bien, Nombres 1.10) célèbre docteur juif.

D’après une tradition contestée, il était petit-fils d’un autre rabbin illustre, Hillel. Il était honoré de tout le peuple, non seulement alors, mais l’est toujours resté. Il fut le maître vénéré de Saul de Tarse (Actes 22.3), qui ne sut pas toujours imiter sa tolérance.

On a porté sur Gamaliel les jugements les plus divers, depuis quelques-uns des anciens qui le croyaient secrètement gagné à la cause de l’évangile, jusqu’à certains exégètes modernes qui n’ont vu en lui qu’un froid politique.

Comme pharisien, il aurait affecté cette largeur d’esprit parce que les apôtres prêchaient la résurrection, doctrine abhorrée des sadducéens.

L’opinion de Meyer nous paraît s’approcher beaucoup de la vérité : « C’était, dit-il, un homme sage, impartial, religieusement avisé, caractère assez fort pour faire entendre les conseils de l’expérience en présence du zèle aveugle de ses collègues » (Voir, sur le conseil de Gamaliel, verset 39, 1re note).

Ne voulant pas dire son opinion en présence des accusés, il demande qu’on les fasse sortir un moment.

Il n’y a rien de méprisant dans les mots ces hommes (Codex Sinaiticus, B, A) dont il se sert, le texte reçu, avec D, majuscules, porte : les apôtres, ce qu’on concevrait au point de vue de Luc, mais non de Gamaliel.

35 Et il leur dit : Hommes israélites, prenez garde à ce que vous allez faire à l’égard de ces hommes. 36 Car avant ces jours-ci s’éleva Theudas, se disant être quelqu’un, auquel se joignit un nombre d’environ quatre cents hommes : il fut tué, et tous ceux qui lui obéissaient furent mis en déroute et réduits à rien.

Gamaliel, après avoir fait entendre son prudent prenez garde, consulte d’abord les leçons de l’expérience ou l’histoire.

Il cite le fait de deux faux prophètes qui, procédant par la révolte, périrent avec leurs entreprises ; de là il tirera sa conclusion aux versets 38 et 39.

Avant ces jours-ci, c’est-à-dire précédemment déjà, s’éleva Theudas : cette première mention soulève quelques difficultés historiques. Josèphe parle (Antiquités Juives, XX, 5, 1) d’un magicien ou faux prophète de ce nom, qui entraîna beaucoup de monde à sa suite jusqu’au Jourdain, prétendant que, à sa parole, le fleuve suspendrait son cours. Un détachement de cavalerie romaine, envoyé contre cette foule, la dispersa, son chef fut décapité.

Le récit de Josèphe concorde ainsi en tous points avec l’exemple cité par Gamaliel. Mais, d’après l’historien juif ce Theudas parut vers l’an 45, sous l’empereur Claude, alors que Cuspius Fadus était procurateur de la Judée, c’est-à-dire dix ans environ après l’époque où furent prononcées les paroles de Gamaliel.

Si donc il fallait admettre que le Theudas de Josèphe est celui dont parle Gamaliel, il y aurait là un anachronisme commis par l’auteur du livre des Actes.

Luc aurait été informé par la tradition que Gamaliel, dans son discours avait cité des exemples de soulèvements qui étaient tombés d’eux-mêmes. En refaisant librement ce discours, suivant un procédé familier aux historiens anciens, il aurait, par erreur, mis dans la bouche de Gamaliel cette allusion à un événement postérieur.

Mais, bien que nous n’eussions aucune peine à reconnaître une erreur de chronologie sous la plume d’un écrivain sacré (erreur que Calvin admet ici simplement), nous rappellerons que plusieurs exégètes ont produit des raisons, qui nous paraissent suffisantes, de ne pas identifier les deux Theudas en question.

Il faudrait admettre, en effet, que Luc se fût trompé d’un demi-siècle, puisqu’il place la révolte de Theudas avant celle de Judas le Galiléen ; cela n’est guère admissible chez un historien aussi bien informé généralement et aussi rapproché des événements (comparer la note suivante).

Or Josèphe mentionne plusieurs faux prophètes dans les temps troublés qui suivirent la mort d’Hérode le Grand. Il pouvait y en avoir un parmi eux qui portait le nom de Theudas.

D’autre part, Josèphe raconte (Antiquités Juives, XVII, 6, 2-4) que dans les derniers temps d’Hérode deux docteurs de la loi, Judas et Matthias s’appliquèrent à combattre toutes les innovations du roi qui étaient contraires aux prescriptions sacrées.

Trompés par le bruit qui courut de la mort du roi, ils avaient entrepris, avec le concours de quarante jeunes gens, d’abattre un grand aigle d’or, placé sur la façade du temple, qu’ils considéraient comme un symbole de paganisme.

Arrêtés et conduits devant Hérode, Matthias et ses complices furent brûlés vifs. Or, quelques savants veulent voir dans ce Matthias notre Theudas (ou Theodas, Théodore), dont le nom signifie en grec don de Dieu de même que Matthias en hébreu. Pour l’une ou l’autre de ces raisons, un grand nombre d’exégètes n’admettent pas l’identité de notre Theudas avec celui de Josèphe (voir l’Introduction).

37 Après celui-là s’éleva Judas le Galiléen, à l’époque du recensement, et il entraîna du peuple après lui ; lui aussi périt, et tous ceux qui lui obéissaient furent dispersés.

Les mots après celui-là nous semblent prouver jusqu’à l’évidence la non identité du Theudas de notre récit avec celui de Josèphe ; car comment supposer que Luc place après Theudas l’apparition de Judas le Galiléen qui eut lieu à l’époque du recensement ordonné par Auguste et accompli par Quirinius, gouverneur de Syrie ?

Notre évangéliste connaissait fort bien In date de ce recensement, puisqu’il la rapporte lui-même avec la plus grande précision (Luc 2.2).

Et maintenant, se contredisant lui-même et commettant un second anachronisme, pire que le premier, l’historien des Actes placerait ce fait après la révolte du Theudas de Josèphe, qui eut lieu quarante-huit ans plus tard !

Il faut remarquer, au sujet de ce Judas le Galiléen, que Josèphe met aussi sa révolte en rapport avec le recensement de Quirinius. Il le dit originaire de Gamala dans la Gaulanitide, au nord-est du lac de Génézareth d’où le nom qu’il lui donne aussi de « Judas le Gaulanite » (Antiquités Juives, XVIII 1, 1 ; XX, 5, 2).

Le faux prophète se souleva contre ce recensement, qui avait pour but la répartition des impôts, prétendant que le peuple juif ne devait payer le tribut qu’à Dieu seul (comparer Matthieu 22.17). Il entraîna (grec) un peuple après lui, mais lui-même, après avoir occasionné de grands troubles, périt et ses adhérents furent dispersés.

Cependant les fils de Judas reprirent la lutte et ce parti subsista sous le nom de zélotes jusqu’à la guerre des Romains contre les Juifs (Josèphe, Guerre, II, 17, 8).

38 Et maintenant je vous dis : Cessez de poursuivre ces hommes et laissez-les ; car si ce dessein ou cette œuvre est des hommes, elle sera détruite ; 39 mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez les détruire. Prenez garde que vous ne vous trouviez avoir aussi fait la guerre à Dieu. Et ils se rangèrent à son avis.

Vous ne pourrez les (Codex Sinaiticus, B, A, D) détruire : pronom au masculin pluriel se rapportant à ces hommes (verset 38), le texte reçu porte : la détruire, l’œuvre.

D présente des variantes notables : (verset 38) laissez-les, ne souillant pas vos mains et (verset 39), vous ne pourrez les détruire, ni vous ni les rois ni les tyrans : abstenez-vous donc de ces hommes.

Le célèbre conseil de Gamaliel a été vanté par les uns comme un oracle de la sagesse et condamné par les autres avec injustice.

Pour le comprendre, il faut se replacer dans la situation.

Gamaliel, pharisien sincère et tolérant, avait devant lui le sanhédrin dont les membres fanatisés et pleins de fureur, délibéraient de faire périr les disciples (verset 33) comme ils avaient crucifié le Maître. Gamaliel veut les sauver ; et son discours contient l’argumentation la plus propre à atteindre ce but.

Après avoir rappelé les leçons de l’histoire, il invoque la provid ence divine qui ne permet pas que de faux prophètes puissent subsister longtemps en Israël, mais qui donnera plein succès, envers et contre tous, à une œuvre qui sera de Dieu.

S’opposer à une telle œuvre serait commettre l’impiété de faire la guerre à Dieu !

Cette confiance en Dieu, cette foi en sa vérité, cette crainte de s’opposer à sa volonté, étaient d’autant plus respectables et louables qu’elles étaient plus rares aux jours de Gamaliel.

Il faut reconnaître aussi que comme magistrat, il n’avait rien de mieux à dire et à faire. Calvin blâme son attitude, mais le jugement du Réformateur est inspiré par le faux principe que l’erreur doit être combattue par le glaive.

Quand, d’autre part, le chrétien, individuellement est appelé à juger de l’erreur ou de la vérité d’une cause, L’attitude de Gamaliel ne peut lui servir de modèle.

En effet :

  1. Gamaliel applique à un cas particulier ce qui n’est vrai qu’en général. Si, en dernière fin, il est certain que la vérité triomphera de L’erreur et que le règne et la gloire appartiendront à Dieu et à son Christ, il n’en est pas toujours ainsi dans les phases diverses de la lutte. Le succès, dans ce monde, n’est point une preuve infaillible qu’une œuvre est de Dieu, ou l’insuccès qu’elle est des hommes.
  2. C’est une vue fausse et contraire à la conscience que de prendre, en présence d’un mouvement religieux, une position neutre, passive et de dire : attendons la fin.

Puisque Dieu a confié à ses serviteurs le dépôt sacré de la vérité, ils doivent examiner toute entreprise religieuse à la lumière de la parole divine, s’assurer si elle est de Dieu ou des hommes, puis la rejeter et la combattre vigoureusement ou l’embrasser et la défendre au péril de leur vie. C’est ce que faisaient les apôtres.

Grec : ils furent persuadés, ou ils lui obéirent, c’est-à-dire qu’ils se désistèrent de leur dessein de faire périr les apôtres (verset 33). Ainsi le discours de Gamaliel atteignit son but.

40 Et ayant rappelé les apôtres, après les avoir fait battre de verges, ils leur défendirent de parler au nom de Jésus ; et ils les laissèrent aller.

Ces juges iniques ne veulent pas se donner l’apparence d’avoir mis en jugement les apôtres sans cause ; ils les punissent pour avoir contrevenu à leur défense d’annoncer le nom de Jésus.

Et ils ne pensent pas que leur infliger le supplice de la flagellation, c’était déjà faire la guerre à Dieu.

41 Eux donc se retiraient joyeux de devant le sanhédrin, parce qu’ils avaient été jugés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus.

Grec : dignes d’être déshonorés pour le nom de Jésus.

La dignité du déshonneur, voilà, dans les rapports sociaux, des notions et des sentiments tout nouveaux, inconnus au monde et qui rendent les disciples semblables au Maître (Hébreux 12.2 ; Jean 15.18).

C’est lui-même qui les avait ainsi instruits (Matthieu 5.10-12).

Pour le nom, ce mot est sans complément qui le détermine dans Codex Sinaiticus, B, A, C, D, Actes 5 : Luc sait qu’il sera compris, en mentionnant simplement ce nom :

le nom par excellence dont la confession et la proclamation était, pour les apôtres, le devoir le plus sacré, la joie suprême
— Meyer
42 Et ils ne cessaient tous les jours, dans le temple et dans les maisons, d’enseigner et d’annoncer le Christ, Jésus.

Grec : d’enseigner et d’annoncer la bonne nouvelle : le Christ Jésus.

C’est-à-dire que le grand sujet de leur enseignement était de prouver que Jésus était le Christ, le Messie et le Sauveur du monde.

Les apôtres ne cessaient de remplir tous les jours cette sainte mission malgré la flagellation qui avait déchiré leurs corps (verset 40).