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2 Corinthiens 8
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 2 Corinthiens 8

Motifs en faveur de la collecte pour les pauvres de Judée

L’exemple des Églises de Macédoine : bien qu’affligées et pauvres, elles ont donné avec joie, abondamment, même au delà de leur pouvoir, demandant à prendre part à cette bonne œuvre. C’est que d’abord elles s’étaient données au Seigneur, puis à nous. Voilà pourquoi nous avons envoyé Tite (1-6).

Comme vous abondez en d’autres dons, vous abonderez en cette grâce, sans qu’il soit nécessaire de vous le commander ; c’est assez pour vous de connaître la grâce du Seigneur Jésus qui vous a enrichis par sa pauvreté (7-9).

Ce simple avis vous suffira, puisque vous avez dès l’année dernière commencé cette œuvre ; achevez-la maintenant, selon vos moyens (10, 11).

Car avec de la bonne volonté on est agréable à Dieu selon ce qu’on a ; il ne faut pas que les uns se mettent dans la gêne pour que les autres soient dans l’abondance ; mais qu’il y ait égalité, comme pour les Israélites qui recueillaient tous la même quantité de manne dans le désert (12-15).

1 Or, frères, nous vous faisons connaître la grâce que Dieu a faite aux Églises de Macédoine :

Motifs en faveur de la collecte pour les pauvres de Judée (1-15)

Paul a rétabli entre lui et ses frères de Corinthe une pleine confiance ; il leur a ouvert tout son cœur, il leur a témoigné avec effusion son amour. Maintenant, il fait appel à leur charité, non pour lui, mais pour les frères pauvres de la Palestine, auxquels d’autres Églises, surtout celles de la Macédoine, envoyaient des secours.

Il appelle cette œuvre de la charité une grâce, une grâce que Dieu a faite aux Églises qui s’y sont employées (grec : « la grâce de Dieu, donnée (manifestée) dans les Églises »).

« En effet, comme le dit Bengel, c’était une grâce pour ceux qui donnaient et pour ceux qui recevaient ».

Les biens de ce monde sont une grâce de Dieu, la charité qui donne est une grâce plus grande encore, toute œuvre par laquelle le Seigneur daigne nous accorder une part dans son règne est une grâce de sa part.

Nous avons donc, dans ce chapitre, remplacé par ce beau mot de grâce les pâles circonlocutions au moyen desquelles Ostervald fait disparaître la pensée de l’apôtre, qui a évidemment voulu nommer ainsi l’œuvre dont il s’agit ici (versets 4, 6, 7, 19 ; comparez verset 9 et 2 Corinthiens 9.8 ; 2 Corinthiens 9.14). La version de Lausanne a traduit de la même manière.

2 c’est qu’ayant été éprouvées par plusieurs afflictions, elles ont été remplies de joie, et que, dans leur profonde pauvreté, elles ont répandu avec abondance les richesses de leur simplicité ;

Il est difficile de rendre littéralement cette phrase où tant de pensées se pressent avec beaucoup de concision : « Parce que, dans une grande épreuve d’afflictions, l’abondance de leur joie et leur profonde pauvreté ont abondé en richesse de leur simplicité ».

Bien que ces Églises fussent dans une grande épreuve d’affliction, peut-être par la persécution qui les appauvrissait, la joie, la grande joie que leur a fait éprouver l’Évangile du salut a su transformer en richesse leur profonde pauvreté ; et l’apôtre appelle cela la richesse de leur simplicité, parce qu’elles ont donné avec cette simplicité de cœur qui ne calcule pas, qui ne regarde pas à l’avenir, mais uniquement au Seigneur et aux besoins de frères malheureux et souffrants (versets 3-5).

Bien plus, c’est la pauvreté qui a abondé en richesse, par où l’apôtre montre que le pauvre, qui est riche en Dieu et intérieurement libre à l’égard des biens du monde, donne plus que le riche, dont l’amour de l’argent rend trop souvent le cœur froid et stérile (comparer 2 Corinthiens 9.11).

Dans combien d’Églises de nos jours ne pourrait-on pas observer les mêmes faits !

3 car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont donné volontairement, selon leur pouvoir, et au-delà de leur pouvoir ; 4 nous demandant très instamment la grâce de prendre part à la contribution pour les saints ; 5 et non seulement selon que nous avions espéré, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et ensuite à nous, selon la volonté de Dieu ;

Ces dernières paroles révèlent le secret de tout ce qui précède.

Celui qui s’est réellement donné lui-même au Seigneur avec tout ce qu’il a et tout ce qu’il est, n’a plus rien à lui refuser et il est ingénieux à accomplir sa sainte volonté lorsqu’elle lui est manifestée, comme dans le cas dont il s’agit ici.

6 en sorte que nous avons prié Tite, que, comme il avait commencé à recueillir cette grâce, il l’achevât aussi envers vous.

Grec : « Afin que, comme il avait commencé auparavant, il achevât aussi cette grâce envers vous ». On voit par là que Tite avait recueilli des dons à Corinthe pendant le séjour qu’il venait d’y faire (2 Corinthiens 2.13 ; 2 Corinthiens 7.6) ; et il devait maintenant, à la prière de l’apôtre, achever cette œuvre.

7 Mais, comme vous abondez en toutes choses, en foi, et en parole, et en connaissance, et en tout empressement, et en amour pour nous, abondez aussi dans cette grâce.

Comparer 1 Corinthiens 1.5 ; 1 Corinthiens 1.6.

Grec : « dans l’amour (qui sort) de vous (et qui demeure) en nous ». Comparer 2 Corinthiens 7.3 ; 2 Corinthiens 7.7.

Comparer verset 1, note.

Tous ces autres dons qui abondaient dans les chrétiens de Corinthe auraient été de peu de valeur, sans le dévouement de la charité que leur demandait l’apôtre.

8 Je ne parle point par commandement ; mais pour éprouver, par l’empressement des autres, la sincérité de votre charité ;

L’empressement des autres, c’est celui des Églises de Macédoine (verset 1 et suivants).

9 car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, étant riche, s’est fait pauvre pour vous ; afin que, par sa pauvreté, vous fussiez rendus riches.

Ce mot de grâce, qui désignait jusqu’ici l’œuvre de la charité (verset 1, note), est cette fois appliqué à notre Seigneur Jésus-Christ : l’apôtre nous dit comment il a ouvert la source intarissable de toute autre grâce dans ses rachetés. En eux, tout amour n’est qu’un reflet de son amour.

Il était riche, puisqu’il possédait toutes les gloires du ciel et que l’univers lui appartient ; il s’est fait pauvre et a vécu pauvre (sens du mot grec) depuis la crèche jusqu’à la croix, puisqu’il reçut des secours de ses amis (Luc 8.3).

Par cette pauvreté, cet abaissement, ces humiliations, nous avons été enrichis : spirituellement, rendus participants « des richesses incompréhensibles de Christ ;«  et temporellement, puisque, par la foi,  »toutes choses sont à nous » (1 Corinthiens 3.22 ; comparez Matthieu 5.3, note).

Et quand le voile qui sépare les choses visibles des choses invisibles aura été déchiré, nous entrerons en possession de tous les biens de Dieu comme ses enfants et ses héritiers (Romains 8.17).

Si donc la pauvreté de Jésus-Christ nous a enrichis, nous devons « avoir les mêmes sentiments qui ont été en lui », c’est-à-dire devenir pauvres pour lui, afin que par notre pauvreté d’autres soient rendus riches. Cela est possible temporellement et spirituellement.

10 Et c’est un avis que je vous donne en ceci ; car cela vous convient, à vous qui non seulement aviez commencé de le faire, mais qui en aviez eu le dessein dès l’année précédente.

Non un commandement (verset 8 ; comparez 1 Corinthiens 7.25).

Grec : « Vous qui avez commencé non seulement le faire, mais encore le vouloir dès l’année passée ».

C’est-à-dire qu’ils avaient déjà mis la main à l’œuvre et qu’ils avalent l’intention, la volonté de faire plus encore. C’est l’exécution de cette prompte volonté que l’apôtre recommande au verset suivant.

L’avis que Paul leur donne convient donc, est utile, nécessaire à des chrétiens qui étaient en si bonne voie de faire le bien, mais qui ne doivent en rester ni au vouloir ni au commencement de l’œuvre.

11 Achevez donc maintenant ce que vous avez commencé, afin que, comme il y a eu promptitude de la volonté, il y ait aussi exécution, selon votre avoir ; 12 car pourvu que la prompte volonté y soit, elle est agréable selon ce qu’elle a, et non selon ce qu’elle n’a pas.

Ce verset 12 explique d’une manière très encourageante le dernier mot du verset 11, selon votre avoir. Pourvu que la prompte volonté soit là, riche ou pauvre, elle est agréable à Dieu.

Paul personnifie ainsi gracieusement la bonne volonté, idée qui se perd par la fausse variante du texte reçu.

13 Car ce n’est pas afin qu’il y ait soulagement pour les autres et gêne pour vous, mais, par principe d’égalité, que votre abondance serve dans le temps présent à leur indigence ; 14 afin que aussi leur abondance serve à votre indigence, de sorte qu’il y ait égalité : 15 selon qu’il est écrit : Celui qui avait beaucoup n’a pas eu de trop, et celui qui avait peu n’a pas manqué.

Application très spirituelle des paroles par lesquelles l’historien sacré (Exode 16.18) rappelle que les Israélites, en recueillant la manne, restaient forcément dans l’égalité relativement à ce don de Dieu, puisque ceux qui en prenaient au-delà de leurs besoins ne pouvaient la conserver.

De là, l’apôtre tire (versets 13 et 14) cet important enseignement qu’il ne doit pas y avoir entre les chrétiens gêne d’une part et surabondance de l’autre, mais égalité. Si les Corinthiens donnent maintenant (verset 13), les frères de la Palestine peuvent le leur rendre dans un autre temps (verset 14), soit en biens spirituels, soit en dons temporels. Ainsi l’amour, l’ardente charité qui avait produit, aux premiers jours de l’Église, cette précieuse égalité, pouvait et devait la produire encore. Partout où elle ne porte pas les mêmes fruits, c’est qu’elle s’est refroidie (Actes 2.44-45 ; Actes 4.34-37 ; Actes 11.28-30).

Qu’on ne s’y méprenne pas, toutefois et qu’on ne demande pas à des institutions humaines et au nom de la loi, c’est-à-dire de la contrainte, ce que Paul demande au nom d’un sentiment que l’Esprit de Dieu seul peut inspirer et qui serait dénaturé dès qu’on lui ôterait sa liberté, sa parfaite spontanéité.

L’apôtre n’emploie pas même son autorité apostolique pour prescrire un devoir ; il ne commande pas, il le déclare positivement (verset 8) ; il en appelle à la charité de Christ (verset 9), et pour lui, il ne fait que donner « un conseil » (verset 10), ajoutant (verset 13) une réserve plus délicate encore. C’est que l’égalité de l’amour chrétien vient de Dieu, tandis que l’égalité impossible que rêvent les hommes n’est que de la convoitise et de l’injustice.

Mais, en repoussant les exigences des hommes, que les chrétiens se demandent s’ils obéissent aux inspirations de l’Évangile de Dieu !

16 Or je rends grâces à Dieu de ce qu’il a mis au cœur de Tite le même empressement pour vous ;

Grâces à Dieu, Tite se rend auprès de vous avec le plus grand empressement ; nous vous envoyons avec lui un autre frère avantageusement connu et choisi par les Églises pour cette administration (16-19).

Nous l’avons fait pour que nul ne puisse plus nous blâmer en cette administration et que tout se passe honorablement devant Dieu et devant les hommes ; nous envoyons même encore, dans ce but, un autre frère éprouvé et plein de confiance en vous ; témoignez donc à ces frères, envoyés des Églises et qui ne cherchent que la gloire de Christ, toute votre charité (20-24).

Paul recommande les frères qui devaient recueillir les dons (16-24)

17 car il a reçu mon exhortation, mais se montrant plus empressé, il est parti de son propre gré, pour aller vers vous.

L’exhortation (verset 6) ne lui était pas nécessaire, il est allé vers vous de son propre mouvement, spontanément.

18 Nous avons aussi envoyé avec lui le frère dont la louange s’est répandue dans toutes les Églises par l’Évangile ;

Le frère dont il est ici question nous est tout à fait inconnu.

Par l’Évangile signifie par sa prédication de l’Évangile.

19 et non seulement cela, mais il a été choisi par les suffrages des Églises pour nous accompagner dans le voyage, avec cette grâce que nous administrons à la gloire du Seigneur même et pour montrer notre prompte volonté ;

Cette grâce est la bonne œuvre dont il s’agit ici (verset 1, note).

Au lieu de « notre prompte volonté », le texte reçu dit votre, rapportant aux chrétiens de Corinthe la manifestation de ce sentiment pour la collecte à faire.

20 évitant que quelqu’un ne nous blâme dans l’administration qui nous est confiée de cette abondance ; 21 ayant soin de faire ce qui est bon, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes.

Afin que ni lui, ni Tite ne pussent être l’objet d’aucune inculpation de la part des adversaires dans l’administration de ces riches dons, il a voulu un troisième frère bien connu (verset 18) et même un quatrième (verset 22). « Soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes  » !

22 Nous avons donc envoyé avec eux notre frère, dont nous avons souvent éprouvé l’empressement en plusieurs occasions, et qui en aura beaucoup plus en celle-ci, à cause de la grande confiance qu’il a en vous.

On ne sait qui était ce frère ; peut-être l’un de ceux qui sont nommés Actes 20.4.

23 Soit que je parle en faveur de Tite, il est mon compagnon et mon collaborateur à votre égard, soit qu’il s’agisse de nos frères, ils sont les envoyés des Églises, et la gloire de Christ,

C’est-à-dire qu’ils glorifient Christ par leur vie. Ainsi, veut dire l’apôtre : tous ces envoyés sont fort dignes de votre confiance.

24 vous leur donnerez donc, en présence des Églises, des preuves de votre charité, et du sujet que nous avons de nous glorifier de vous.

C’était par leur manière de recevoir ces envoyés et par la libéralité de leurs dons, que les Corinthiens pouvait prouver à la fois leur charité et la bonne réputation que Paul leur avait faite.

En présence des Églises, signifie en présence de ces frères qui les représentent.