Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

1 Samuel 1
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Il y avait un homme de Ramathaïm-Tsophim, de la montagne d’Éphraïm, nommé Elkana, fils de Jéroham, fils d’Élihu, fils de Tohu, fils de Tsuph, Ephrathien.

Naissance de Samuel, sa consécration au Seigneur

Ramathaïm-Tsophim. Le mot Ramathaïm désigne probablement la localité nommée dans le reste du livre Rama (avec l’article, Ha-Rama), village situé sur une hauteur à 8 km au nord de Jérusalem (Josué 18.25) ; le nom signifie double colline ; aujourd’hui Er-Ram ; dans le Nouveau Testament Arimathée.

Tsophim, les Tsuphiens ; c’était le nom des descendants de Tsuph, un des ancêtres d’Elkana ; voir la fin du verset. Tout le district s’appelait pays de Tsuph (1 Samuel 9.5). On distinguait par là cette Rama d’autres villes de ce nom.

De la montagne d’Éphraïm. Rama appartenait à la tribu de Benjamin, mais la montagne d’Éphraïm se prolongeait au sud jusque dans le domaine de cette tribu.

Elkana (Dieu se l’est acquis). Sa généalogie paraît être donnée ici d’après un document civil dont nous trouvons la trace 1 Chroniques 6.18-28, 1 Chroniques 6.33-35, où reparaissent les noms de Jérobam, de Tohu (Toah) et de Tsuph (Tsophaï). Il résulterait de là qu’Elkana descendait de Kéhath, fils de Lévi (versets 18 et 22) et que par conséquent Samuel était d’origine lévitique. Sans doute il est singulier que ce trait ne soit pas expressément mentionné dans notre récit, comme pour les Lévites de Juges 17.7 ; Juges 19.1. Peut-être le fait était-il supposé connu. En tout cas, l’on ne saurait soupçonner l’auteur des Chroniques d’avoir faussé le registre généalogique dans le but d’attribuer à Samuel la qualité sacerdotale ; car (versets 27 et 28) il ne mentionne pas même Samuel dans la ligne généalogique et ne parle de lui qu’à l’occasion de ses fils. Il est à remarquer que ce nom d’Elkana, sauf une seule exception (2 Chroniques 28.7), est partout porté par des Lévites, ce qui s’explique par son sens étymologique.

Ephrathien peut signifier soit d’Ephratha (Bethléem, Ruth 1.2), soit de la tribu ou habitant dans la tribu d’Éphraïm. Ce dernier sens est réclamé ici par ce qui précède , voir à Juges 17.7.

2 Et il avait deux femmes, l’une s’appelait Anne et l’autre Péninna ; et Péninna avait des enfants, et Anne était sans enfants.

Anne : grâce, miséricorde.

Péninna : corail. La polygamie, quoique contraire à l’ordre établi de Dieu dès le commencement (Genèse 2.18, Genèse 2.23), n’était pas interdite par la loi ; mais, comme l’esprit de la religion juive la condamnait, elle disparut peu à peu de la vie du peuple. Nous en voyons ici les fruits amers.

3 Et cet homme montait de sa ville chaque année pour adorer l’Éternel des armées et pour lui offrir des sacrifices à Silo ; et là étaient les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées, sacrificateurs de l’Éternel.

Chaque année : au moins une fois, pour l’une des grandes fêtes (d’après Deutéronome 16.16 ; comparez Luc 2.41).

L’Éternel des armées. Ce nom est l’abrégé de l’expression L’Éternel, Dieu des armées ; il désigne l’Éternel comme le souverain des puissances célestes, des astres (Ésaïe 40.26 ; Psaumes 103.20-21 ; Psaumes 148.2) et des anges (Genèse 32.1-2 ; Psaumes 91.11). Ce nom paraît ici pour la première fois ; il semble avoir été surtout en usage sous Samuel et David ; on le retrouve chez Amos, Ésaïe, Jérémie et les trois derniers petits prophètes. On comprend que ce fut au moment où Israël commença à être élevé, comme il le fut sous Samuel et David, à sa haute position de royaume visible de l’Éternel, que le Dieu national commença aussi à être désigné comme le Dieu de tout l’univers.

Silo : voir Josué 18.1, note. C’est là que le Tabernacle était resté depuis Josué. Sur une éminence se trouvent encore quelques ruines. On remarque en particulier sur le versant de la colline une terrasse de 23 mètres de largeur et de 124 mètres de longueur, sur laquelle on a supposé qu’était dressé le Tabernacle. La tradition rabbinique parle de murs massifs supportant toute la construction. Serait-ce là ce qui expliquerait l’emploi du mot temple (verset 9), qui signifie proprement palais, édifice ?

Des sacrifices. Outre les sacrifices de fêtes offerts par et pour tout le peuple, il y avait les sacrifices privés qui se rapportaient à la vie de chaque individu et de chaque famille (1 Samuel 20.29).

Et là étaient… Ces mots préparent ce qui va suivre : le récit de la déchéance de la sacrificature dans la branche aînée de la famille sacerdotale. C’est par cette raison que les fils sont nommés seuls et que le père, qui était pourtant le personnage principal, est passé sous silence.

4 Et le jour qu’Elkana sacrifiait, il donnait à Péninna, sa femme, et à tous ses fils et filles qu’il avait d’elle, des portions ;

Des portions : à chacun une. Nous voyons qu’il s’agit ici des sacrifices privés d’actions de grâces, qui étaient suivis de repas de famille dans lesquels on mangeait la partie de la victime qui n’était ni brûlée sur l’autel, ni allouée au sacrificateur (Lévitique 7.11-21).

5 et il donnait à Anne une double portion, car il aimait Anne, et l’Éternel l’avait rendue stérile.

Double. Comparez Genèse 43.31 ; 1 Samuel 9.23.

6 Et son ennemie la mortifiait extrêmement dans le but de l’irriter, parce que l’Éternel l’avait rendue stérile.

C’était surtout à Silo que se produisaient ces scènes pénibles, car les deux femmes s’y trouvaient à la même table, l’une avec de nombreux enfants, l’autre seule, imparfaitement consolée par les égards et les bonnes paroles de son mari.

7 Et il faisait ainsi chaque année, toutes les fois qu’Anne montait à la maison de l’Éternel, et en retour [Péninna] la mortifiait ; et elle pleurait et ne mangeait point. 8 Et Elkana son mari lui disait : Anne, pourquoi pleures-tu et pourquoi ne manges-tu pas et pourquoi ton cœur est-il triste ? Ne suis-je pas pour toi plus que dix fils ? 9 Et après qu’on eut mangé et bu à Silo, elle se leva ; et Éli, le sacrificateur, était assis sur un siège auprès de la porte du temple de l’Éternel.

Un jour, après le repas de sacrifice.

Temple. Ce terme pourrait être un indice de la composition de ce récit après la construction du temple ; ou bien, voir au verset 3.

10 Et elle avait l’amertume dans l’âme et elle pria l’Éternel et pleura beaucoup ; 11 et elle fit un vœu et dit : Éternel des armées, si tu prends garde à l’affliction de ta servante et si tu te souviens de moi, si tu n’oublies point ta servante et si tu donnes un enfant mâle à ta servante, je le donnerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie et le rasoir ne passera pas sur sa tête.

Ce vœu d’Anne ajoutait deux choses à la consécration lévitique de Samuel : il l’obligeait à servir l’Éternel dans le sanctuaire dès son enfance et non pas seulement dès l’âge de 25 ans et à certains moments de l’année ; et il lui imposait le naziréat perpétuel (Nombres 6.1-27). À cette consécration toute spéciale s’ajoutèrent bientôt la mission de prophète et la charge de juge : ainsi s’explique comment il se fit que Samuel remplit plus tard, dans cette époque de décadence et de relèvement, des fonctions sacerdotales.

12 Et comme elle prolongeait sa prière devant l’Éternel, Éli observa sa bouche. 13 Et Anne parlait en son cœur, remuant seulement ses lèvres, et sa voix ne se faisait point entendre. Et Éli crut qu’elle était ivre. 14 Et Éli lui dit : Jusqu’à quand seras-tu ivre ? Va dissiper ton ivresse !

Éli croit qu’elle sort dans un état d’ivresse du repas du sacrifice.

15 Et Anne répondit et dit : Non, mon seigneur ! Je suis une femme affligée en son esprit ; je n’ai bu ni vin ni cervoise, mais j’épanchais mon cœur devant l’Éternel.

Cervoise : Ésaïe 5.14, note.

Cette réponse pleine de respect est d’autant plus louable que la répréhension avait été plus sévère et plus injuste.

16 Ne prends pas ta servante pour une femme de rien, car c’est dans l’excès de ma douleur et de mon affliction que j’ai parlé jusqu’ici. 17 Et Éli répondit et dit : Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde la demande que tu lui as faite !

Une parole solennelle du grand sacrificateur avait pour l’Israélite, sinon une valeur prophétique, du moins une autorité considérable.

18 Et elle dit : Que ta servante trouve grâce à tes yeux !
Et cette femme alla son chemin et mangea, et son visage n’était plus le même.

Trouve grâce. Elle désire que le vœu qu’Éli vient de prononcer ne soit qu’un commencement de bienveillance en sa faveur. Elle aura besoin de lui pour son enfant.

19 Et le lendemain matin ils se prosternèrent devant l’Éternel et s’en retournèrent chez eux à Rama. Et Elkana connut Anne sa femme et l’Éternel se souvint d’elle. 20 Et après le temps révolu Anne, ayant conçu, enfanta un fils et elle le nomma Samuel, car [dit-elle] je l’ai demandé à l’Éternel.

Samuel (exaucé de Dieu) : obtenu par prière.

21 Et cet homme, Elkana, monta avec toute sa maison, pour offrir à l’Éternel le sacrifice annuel et accomplir son vœu.

Le sacrifice annuel : voir verset 3.

Son vœu : peut-être celui de sa femme qu’il s’était approprié, ou peut-être un sacrifice extraordinaire promis par lui au sujet de la naissance de l’enfant.

22 Et Anne n’y monta pas, car elle dit à son mari : Quand l’enfant sera sevré, alors je le mènerai, afin qu’il soit présenté devant l’Éternel et qu’il demeure là toujours. 23 Et Elkana son mari lui dit : Fais ce qui te semblera bon ; reste ici jusqu’à ce que tu l’aies sevré. Que seulement l’Éternel accomplisse sa parole !
Et sa femme demeura et elle allaita son fils jusqu’au moment de le sevrer.

L’aies sevré. Les femmes israélites nourrissaient habituellement leurs enfants trois ans et quelquefois davantage, en sorte que Samuel à ce moment-là pouvait être confié aux femmes mentionnées 1 Samuel 2.22.

Sa parole. Allusion au verset 17. Ce souhait d’Éli était comme une promesse de l’Éternel lui-même. Elkana demande que le refus d’Anne de monter à Silo ne soit pas pris en mauvaise part et que Dieu continue à bénir et à conserver l’enfant.

24 Et sitôt qu’elle l’eut sevré, elle le fit monter avec elle, prenant trois taureaux et un épha de farine et une outre de vin ; et elle le mena dans la maison de l’Éternel à Silo, et l’enfant était fort jeune. 25 Et ils égorgèrent le taureau et amenèrent l’enfant à Éli.

Le taureau : celui des trois dont l’immolation était spécialement destinée à accompagner cette présentation de l’enfant au Seigneur.

26 Et elle dit : Pardon, mon seigneur ; aussi vrai que tu vis, mon seigneur, je suis cette femme qui me tenais ici près de toi pour prier l’Éternel. 27 C’est pour cet enfant que je priais, et l’Éternel m’a accordé la demande que je lui avais faite. 28 Et moi aussi je l’ai donné à l’Éternel ; il sera donné à l’Éternel pour tous les jours de sa vie. Et ils se prosternèrent là devant l’Éternel.

Et moi aussi je l’ai donné. Je le lui donne, comme lui-même l’a donné à ma prière. Il y a dans l’hébreu une sorte de jeu de mots qui fait entendre qu’Anne a vu dans l’exaucement accordé à sa demande un appel de Dieu à lui donner ce qu’il lui aurait accordé. C’est à cet appel qu’elle répond en lui consacrant le don qu’elle a reçu.

Et ils se prosternèrent. Littéralement : il se prosterna, le chef de famille.