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Aristée
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Auteur de l’histoire ou plutôt du roman de la version des Septante, est un auteur dont on ne sait ni l’origine, ni le pays, ni l’âge. Il se donne pour Égyptien, garde du corps de Ptolémée Philadelphe, bien avant dans les bonnes grâces de ce prince et païen de religion ; mais quand on examine son ouvrage et ses discours, on reconnaît aisément qu’il était Juif ; il fait paraître dans tous ses discours les sentiments, le langage, les expressions d’un Juif. On ignore le temps auquel il a vécu : les uns le placent sous Philadelphe, roi d’Égypte ; d’autres sous Philométor ; d’autres soutiennent qu’il est beaucoup plus récent. Dodwel, dans la Dissertation qu’il a composée sur Aristée, croit qu’il a vécu depuis Philon le Juif, et que ce dernier est le premier écrivain qui ait parlé de la traduction des saintes Écritures, faite d’hébreu en grec par les soins de Ptolémée Philadelphe. Aristobule, que l’on prétend avoir été un Juif péripatéticien et qui est cité dans Eusèbe, parle aussi de cette traduction ; mais il ne nomme pas Aristée, non plus que Philon. Josèphe l’historien est le premier qui en ait parlé expressément. Quant à Aristobule, nous en parlerons ci-après. Il nous uffil de montrer ici que ce qu’on dit de la personne et de l’histoire d’Aristée, souffre de très-grandes difficultés et est enveloppé de bien des fables [Aristée, comme le témoigne Hécatée d’Abdère, philosophe et homme d’État, contemporain d’Alexandre le Grand et des deux premiers Ptolémée, était un des capitaines des gardes de Ptolémée-Philadelphe. Il fut envoyé, ainsi qu’André, autre capitaine des gardes du même roi, avec Déinétriu.s de Phalère, chercher à Jérusalem des hommes capables de traduire les livres sacrés des Juifs. C’est encore Hécatée qui donne ces renseignements ; ce n’est donc pas Josèphe qui a parlé le premier d’Aristée ; c’est Hécatée cité, il est vrai, par Josèphe ; mais cette citation a été complètement ignorée des critiques qui se sont occupés d’Aristée et de l’origine de la version des Septante. Il me semble qu’on ne peut douter du té emoignae d’Hécalée sur l’existence et la qualité d’Aeristée, ni que ce dernier ait composé une Histoire de la version grecque. Je crois que cette histoire fut altérée dans la suite par quelque Juif qui la surchargea de circonstances imaginaires ; mais je pense aussi qu’une critique éclairée parviendrait à démêler le vrai du faux. Si je ne me trompe, j’ai débarrassé la question de l’origine de la version des Septante, des ténèbres qui l’enveloppaient. Quant à l’époque où cette version fut faite, elle se trouve entre la date de l’abdication publique de Ptolémée Soter qui eut lieu au mois de janvier 283 avant l’ère vulgaire, et la date de sa mort qui arriva à la fin de l’année suivante 282, c’est-à-dire dans les deux dernières années de la vie de Ptolémée-Soter, et en même temps dans les deux premières du règne de Plolemée-Philadelphe, son fils et son successeur. Voyez mon Histoire de l’Ancien Testament, lib. 9 chapitres 1V, n. 2, tome 2 pages 190 et suivantes.