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Sarepta
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Ville des Sidoniens, située dans la Phénicie, entre Tyr et Sidon, sur la mer Méditerranée. Pline et Étienne l’appellent Sarapta ; et les Arabes, Tzarphand ; Josèphe et les Grecs, Sarephta ou Saraphta ; les Juifs, Zarphat. Le géographe arabe Scherif-ibn-Idris la met à vingt milles de Tyr et à dix milles de Sidon. Sidon est au nord et Tyr an midi. Elle est fameuse par la demeure qu’y fit le prophète Élie (1 Rois 17.9-10), chez une pauvre femme, pendant que la famine désolait le royaume d’Israël. On y montrait au temps de saint Jérôme, et encore longtemps depuis, le lieu où le prophète Élie avait demeuré, qui était une petite tour. On bâtit dans la suite une église au même endroit, au milieu de la ville. Le vin de Sarepta est connu chez les anciens.

Un auteur dit que les vins de Sarepta sont si fumeux, que les plus hardis buveurs n’en sauraient boire un setier en un mois. Or le setier, sextarius, n’était que la pinte de Paris, selon Budée. Sarepta n’est aujourd’hui qu’un petit village au-dessus d’une montagne, à quinze cents pas de la mer. Quelques-uns ont cru que le nom de Sarepta venait des métaux ou du verre que l’on fondait en cet endroit. Zaraph, en hébreu, signifie fondre dos métaux ou autre chose. C’est de la ville de Sarepta que Jupiter, sous la forme d’un taureau, ravit Europe [Cette ville est nommée Sarephtha ou Tsarphath (1 Rois 17.9, Abd 1.20) ; et Sarepta (Luc 4.20). Comme à Sidon, de qui elle dépendait, il y avait à Sarepta des verreries qui, suivant Pline, durèrent une longue suite de siècles. « Le mot Tsarphath, dont la signification peut être cabane de fondeur, du mot hébreu purifier, est le nom sous lequel on désigne en hébreu la France, dit M. Cahen sur (1 Rois 17.9). On peut voir Mans la Vulgate comment est rendu le verset 20 d’Abdias. M. Cahen traduit l’hébreu de ce verset en ces termes : Et les exilés de cette armée des enfants d’Israël qui (sont parmi) les Kendanéens jusqu’à Tsarphath, et les exilés de lerouschalaîtne qui sont à Sepharad possèderont les villes du Midi. Et dans sa note sur ce verset, il dit : « Tsarphath, Sarepta, ville phénicienne…), Sepharad, ne se trouve qu’ici. Les Septante ont l’Euphrate, Bosphorus ; saint Jérôme dit savoir par celui qui lui a appris l’hébreu que là Adrien a transporté des captifs israélites. Le Syriaque, le Chaldéen et les interprètes modernes disent Espagne. Raschi dit que nele c’est la France. Voici ce que dit à ce sujet Abarbanel : « Les fils de Jehouda sont allés à Sepharad dès la ruine du premier temple ; là les a conduits Piron, roi de Sepharad, et les a établis dans deux endroits, dont l’un est Lousine, qui était alors une grande ville de l’Andalousie, du royaume de Castille, et l’autre Toulitoula (Tolède), comme je l’ai dit à la fin de mon commentaire sur le livre des Rois. Et ne trouve pas mauvais de ce qu’on dit jusqu’à Tsarphath (Sepharad) sans mentionner l’Angleterre, où ils sont allés également ; car cette lie est comprise dans la France, dont elle faisait autrefois partie : ainsi l’ont-ils appelée dans leurs anciens livres, île de France, quoiqu’elle ait été ensuite distraite de la France pour former un royaume à part. Et quoiqu’il ne se trouve maintenant en France ni en Espagne aucun Israélite (Dieu n’est pas un homme, pour mentir), l’assurance donnée ici s’accomplira sur eux et sur leurs enfants. Le prophète petit avoir aussi en vue les Israélites qui, par suite des grandes calamités et des conversions forcées, ont quitté la religion et sont restés, par milliers et myriades de grandes assemblées, en France et en Espagne. Ils reviendront à la religion et à leur Dieu, comme cela a lieu actuellement. Nous ne savons pas encore, après cette citation, ce qui a fait donner le nom hébreu à la France, et à l’Espagne et au Portugal, noms que les deux pays ont depuis longtemps. »

M. Poujoulat (Correspondances d’Orient, lettr. 137, tome 5 pages 511, 513, 514), parle de Sarepta. « On marche, dit-il, sept heures pour venir de Tyr à Sidon… À une lieue et demie de Tyr, au bord du chemin, j’ai remarqué les restes d’un palais bâti par l’émir Fakreddie. À quelques pas de là coule la rivière appelée Nahr-Kasmieh, qu’on passe sur un pont élégamment construit ; mon guide arabe a voulu que je m’arrêtasse un instant sur ses bords, me faisant signe d’écouter le bruit des cailloux que l’eau rapide roule dans son cours. Je n’ai point encore vu en Syrie des eaux aussi fraîches, aussi argentées, aussi abondantes que celles du Nahr-Kasmieh. Le voisinage de cette rivière offre un grand tapis de gazon, chose fort rare en Orient. Nos chroniqueurs du moyen âge l’ont prise pour l’Eleuthère des anciens. L’Eleuthère descend des montagnes à la mer, en face de la petite île d’Aradus, et se nomme en arabe Nahr-El-Sébir (la rivière Grande), et non point la rivière des Tombeaux, comme dit hlundrell. Je ne trouve point dans Strabon, ni dans aucun des auteurs que j’ai consultés, le nom ancien du Nahr-Kasmieh. Beaucoup de sépulcres apparaissent dans les flancs des collines environnantes. C’est là qu’il faut placer Ornilhopolis (la ville des Oiseaux), dont parlent les anciens géographes.

On se rend dans trois heures de Nahr-Kasmieh, au village de Zarfa ou Sarphan, construit à côté des ruines de l’ancienne Sarepta, que les miracles d’Elfe ont consacrée dans l’histoire. Au siècle des guerres de la croix, Sarepta avait un château et un évêché ; cette place est une de celles qui tombèrent sous le glaive et les machines de Tancrède. Pendant le moyen âge, Sarepta porta aussi le nom de château de Gerez. Des plantations de figuiers, de mûriers et de vignes couvrent le territoire de Sarepta : un de nos vieux voyageurs, le père Roger, a cru pouvoir comparer cette vallée a la vallée de Montmorency. Les auteurs anciens ont vanté ses vins et ses mines de fer. À trois quarts d’heure au delà de Sarepta, j’ai vu à droite, au bord du chemin, une longue montagne rocheuse toute percée de sépulcres ; l’ouverture de la plupart de ces tombeaux est carrée ; j’ai remarqué aux flancs de la montagne funéraire des lits creusés pour déposer les cadavres, des degrés pour monter aux sépulcres. En quelques endroits, au-dessus des rochers, s’offrent des plates-formes avec des cavités destinées sans doute à recevoir l’eau du ciel ou l’eau apportée pour la purification des morts. Les Arabes appellent ces chambres funèbres les grottes d’Adnoun. Le père Nau a fait une longue dissertation, à la seule fin de prouver que ces grottes n’ont jamais été des tombeaux, mais des cellules d’anachorètes. La science et la critique du savant jésuite se sont trouvées ici en défaut. Qu’aurait dit le père Nau, s’il avait vu des caveaux semblables dans beaucoup d’autres montagnes de l’Orient, même dans des contrées qui jamais ne furent connues des anachorètes chrétiens ? »