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Alexandrie
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Ville célèbre d’Égypte, bâtie par Alexandre le Grand, l’an du monde 3673, avant Jésus-Christ 327, ou 331 avant l’ère vulgaire. Elle est située entre la mer Méditerranée et le lac Moeris. Il y avait déjà auparavant un village nommé Rachotis, à l’endroit le plus voisin du port. Ce fut Dinocrates, célèbre architecte, qui en fit le plan et en donna les dimensions. La ville d’Alexandrie se trouve assez souvent dans le texte latin des livres de l’ancien Testament, écrits avant le règne d’Alexandre (Nahum 3.8 ; Jérémie 45.25 ; Ézéchiel 30.14-16) ; mais ce nom n’est point dans l’original hébreu ; on y lit No-Ammon, qui est apparemment la, ville de Diospolis dans le Delta, entre Busiris au midi, et Mendèse au nord (Incertain).

Les Arabes enseignent qu’elle portait le nom de Caissoun, avant qu’Alexandre le Grand la fît rebâtir ou augmenter. Dinocrates, qui en dressa le plan, était le même architecte qui avait rebâti le temple de Diane à Éphèse, brûlé par Erostrate. Il eut la direction de l’ouvrage de cette nouvelle ville ; mais pour l’avancer avec plus de diligence, Alexandre nomma Cléomènes, un de ses capitaines, pour y veiller. Cléomènes était de Naucratis en Égypte : Justin l’appelle fondateur d’Alexandrie, comme ayant beaucoup contribué à son augmentation. Aridée, frère d’Alexandre, fut chargé du soin d’amener le corps de ce prince de Babylone à Alexandrie. Il employa deux ans à faire les préparatifs du transport : Diodore de Sicile nous en décrit la pompe. Il avait couru une prophétie, que le lieu où serait enterré Alexandre serait heureux et florissant : les gouverneurs des villes et des provinces se disputaient l’honneur et l’avantage de le posséder : on proposa de le porter à Aigui en Macédoine, lieu ordinaire de la sépulture de ses rois ; l’Égypte l’emporta. Il fut d’abord déposé à Memphis, puis on l’apporta à Alexandrie. On dit que son corps était dans un cercueil d’or, embaumé dans du miel.

Alexandrie a appartenu successivement aux Grecs et aux Romains, puis derechef aux Grecs, jusqu’à ce qu’elle tomba sous la domination des Arabes, sous le califat d’Omar 3e successeur de Mahomet. L’heureuse situation de cette ville, entre la Méditerranée et la mer Rouge, et sur le Nil, lui attira le commerce de l’Orient et du Couchant, et la rendit en fort peu de temps une des plus florissantes villes du monde. Lorsque les Arabes la prirent, elle avait encore quatre mille palais, quatre mille bains, quarante mille Juifs payant tribut, quatre cents places et douze mille vendeurs d’herbes et de fruits. Cette ville, autrefois si riche et si puissante, n’est plus qu’un village, qui n’a rien de remarquable que ses ruines et les vestiges de sa grandeur passée. Les Égyptiens ou Cophtes l’appellent communément Rachot, du nom de l’ancien village en la place duquel elle a été bâtie. Voyez ci-après les titres de Ammon, de No-Ammon et de Thèbes.

Les chrétiens révèrent encore aujourd’hui à Alexandrie les églises de saint Marc et de sainte Catherine : l’une est célèbre par le tombeau de cet évangéliste, dont les Vénitiens ont enlevé le corps : on y voit un tableau, qui, suivant la tradition des Cophtes, possesseurs de cette église, est peint par saint Luc : il représente l’archange saint Michel, un peu plus qu’à demi-corps, ayant une épée en la main. L’autre église est fameuse par le martyre de sainte Catherine, qu’elle souffrit pour Jésus-Christ, sous l’empire de Maximien.

On y considère aussi les ruines du magnifique palais de Cléopâtre, et l’on admire hors de la ville la colonne de Pompée, dont le fût est haut de six toises tout d’une pièce et d’un granit admirable (Le granit est une pierre que l’on prétend que les anciens avaient le secret de fondre) : c’est la plus belle colonne que l’en puisse voir.

Après la mort d’Alexandre le Grand, Ptolémée surnommé Soter, qui avait été capitaine des gardes de cet empereur, fit rapporter ses os à Alexandrie, et fit de cette ville la capitale de son royaume. Les Ptolérnées, ses successeurs, y régnèrent pendant deux cent quatre-vingt-treize ans [ou deux cent quatre-vingt-quatorze ans trois mois, suivant M. Champollion-Figeac, Annales des Lagides]. La république des Juifs a eu beaucoup de liaison avec les rois d’Égypte, successeurs d’Alexandre, qui régnèrent à Alexandrie. Voici la liste de ces princes. [Voyez Lagides].

Alexandre le Grand mourut l’an du monde 3681, avant Jésus-Christ 319, avant l’ère vulgaire 323.

Ptolémée, fils de Lagus, surnommé Soter, régna trente-neuf ans. Mort en 3720.

Ptolémée Philadelphe régna trente-neuf ans. Mort en 3758.

Ptolémée Èvergète régna vingt-cinq ans. Mort en 3783.

Ptolémée Philopator régna dix-sept ans. Mort en 3800.

Ptolémée Épiphane régna vingt-quatre ans. Mort en 3824.

Ptolémée Philornétor régna trente-sept ans. Mort en 3861.

Ptolémée Èvergète, ou Physcon, régna cinquante-trois ans, partie avec Philométor, son frère, et partie seul. Mort en 3888.

Ptolémée Lathure régna trente-six ans six mois. Mort en 3923.

Cléopâtre, fille de Lathure, et femme d’Alexandre 1er, régna six mois.

Alexandre 1er, neveu de Lathure, établi en 3924, mort en 3943. Voyez Ussérius sur l’année 3924,

Alexandre II fils d’Alexandre 1er, est chassé par les Alexandrins en 3939.

Ptolémée Nothus, ou Aulèthes, fils de Lathure, régna treize ans. Mort en 3953.

Ptolémée, surnommé Denys, ou Bacchus, régna trois ans huit mois. Mort en 3957.

Cléopâtre régna depuis 3957. Elle se fait mourir en 3974.

Depuis Jésus-Christ, la ville d’Alexandrie reçut la lumière de l’Évangile par saint Marc disciple de saint Pierre, vers l’an de Jésus-Christ 59 ou 60. Il y fut martyrisé vers l’an 68 (Voir les anciens, et en particulier Eusèbe), et eut pour successeur Anian (voir Eusèbe), qu’il avait converti dans le premier voyage qu’il fit dans cette ville. [Anian eut pour successeurs : Abilius, Cerdon, Primus, Juste, Eumène ou Hyménée, Marc ou Marcien, Céladion, etc].