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Gaules
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Saint Paul est-il venu dans les Gaules ? a-t-il été en Espagne ? Ses disciples et ses compagnons, Trophime, Luc et Crescent ont-ils prêché l’Évangile chez les Gaulois, nos pères ? Voici sur ces questions des recherches utiles, qui trouvent naturellement leur place ici. Nous les empruntons de M. Ed de Bazelaire, qui s’exprime en ces termes

Trophime, évêque d’Arles, est le premier apôtre des Gaules sur lequel nous ayons quelques documents certains. Il était né… à Éphèse… où Jean conduisit la Vierge Marie, après l’ascension de son divin Fils. Trophime avait appris de Jean les récits évangéliques, et avait pu recueillir de la bouche de Marie de saints et intimes détails sur la vie du Christ. Il fut l’un des douze disciples auxquels saint Paul imposa les mains en traversant Éphèse (Actes 20), et dès lors il suivit le grand Apôtre dans tous ses voyages : de l’Asie en Macédoine, du royaume d’Alexandre au rivage de Truie, de la Grèce en Judée, chez les Barbares comme à Athènes ; quand on lapide saint Paul et quand on le proclame un dieu, devant les proconsuls et dans les prisons, toujours nous le voyons à côté de son maître. À Jérusalem, il fut la cause involontaire de l’émeute soulevée contre Paul ; car les Juifs, ayant vu un incirconcis avec ce dernier, crurent qu’au mépris de la loi il l’avait fait entrer dans le temple ; ils se jetèrent sur tous deux, les conduisirent au prétoire, d’où ils furent menés à Rome. L’Apôtre des nations demeura deux ans dans la ville éternelle, évangélisant en toute liberté, cum omni fiducia, sine prohibitione (Actes 27.29).

Paul avait dès longtemps le projet de porter la foi en Espagne (Romains 15.24). Ce fut probablement alors (an 63) que, suivant la voie aurélienne tracée de Rouie à Cadix par l’llalie, puis Antibes, Grasse, Fréjus, Marseille, Arles… il gagna les Gaules. Des disciples qui le suivirent, nous ne connaissons que Luc, Lucas Medicus, qui venait d’écrire cette admirable épopée qu’on nomme les Actes des Apôtres, Trophime qu’il laissa à Arles, Crescent qu’il envoya à l’antique colonie de Vienne. On a révoqué en doute ce voyage de saint Paul en Espagne ; mais une inscription qu’on y a découverte, à la mémoire de Néron, pour avoir purgé la province des brigands et de ceux qui cherchaient à y introduire une superstition nouvelle : Neroni Cl. Caes. Aug. Pont. Max ob Provinc. Latronib. Et his qui novam Generi hum. Superstition inculcab purgatam, coïncide trop bien avec l’époque où tous les Pères ont cru que ce voyage fut fait, pour qu’il soit permis d’en douter. « Pierre, dit M. de Chateaubriand, envoya des missionnaires en Sicile, en Italie, dans les Gaules et sur les côtes d’Afrique. Saint Paul arrivait à Éphèse, lorsque Claude mourut, et il catéchisa lui-même, dans la Provence et dans les Espagnes. À son retour, il reprit Trophime avec lui, et ne put le conserver jusqu’à Rome ; car il écrivait de là à Timothée :Hâte-toi de me venir joindre au plus tôt ; Crescent est dans les Gaules ; j’ai laissé Trophime malade à Milet. » Ainsi la France peut se souvenir avec bonheur que le grand Apôtre traversa son territoire, portant à l’univers sa puissante parole, et que deux de ses disciples, instruits aussi par Jean, le bien-aimé du Christ, en furent les premiers pasteurs. Ces faits si simples ont pourtant été niés par quelques critiques du dix-septième siècle. Ils ne pouvaient concevoir que Paul eût jamais eu la moindre idée des Gaules, lui qui veut envoyer des missionnaires uspe in ultimos orbis Britannos, et se réjouit de ce que la foi est annoncée dans l’univers entier. Cet homme extraordinaire, dont le génie n’a pas d’égal, dont le zèle et l’activité tiennent du prodige, dont les voyages sont pour ainsi dire fabuleux, passe deux ans à Rome ; il voit des vaisseaux partir chaque jour pour Narbonne et Massalie ; une route magnifique conduit à Arles, la Rome des Gaules, Gallula Roma ; les citoyens de cc pays viennent d’être admis au sénat, on ne parle que d’eux sur les places, aux bains, au Forum… et vous ne voulez pas qu’il ait pu songer à y envoyer des prédicateurs ! » Voyez Trophime.