Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Fontaine
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal

Il y a plusieurs fontaines célèbres dans la Judée. Nous en avons marqué la plupart, dans les lieux auprès desquels elles se trouvent. Par exemple, en parlant de Jezrael et d’Emmaüs, on a dit qu’il y avait une fontaine près de ces lieux. Nous avons aussi parlé ci-devant, sous le nom d’Aïn, de plusieurs villes qui tirent leurs noms des fontaines ; car en hébreu aïn, ou ein, ou en, signifie l’œil, une fontaine. Ainsi En-semes veut dire la fontaine du soleil ; En-gaddi, la fontaine du chevreau ; En-gannim, la fontaine des jardins ; et ainsi des autres.

Fontaine du Rogel. Voyez Rogel.

Fontaine de Géhon. Voyez Géhon.

Fontaine de Siloé. Voyez Siloé.

Fontaine de Nazareth. Voyez Nazareth.

Et ainsi des autres.

Fontaine de l’Éthiopien est celle où l’Éthiopien, eunuque de la reine de Candace, fut baptisé par le diacre Philippe, ainsi qu’il est dit dans les Actes (Actes 8.36). Les uns la mettent assez près de Bethléem, et d’autres près de Bethsur. Eusèbe et l’ancien Voyage de Jérusalem la placent au pied de la montagne sur laquelle est située Bethsur. Or Bethsur était à vingt milles de Jérusalem, et fort près d’Eleuthéropolis. Du temps de saint Jérôme, la fontaine de l’Eunuque étant sortie de la terre, y rentrait presque aussitôt. Aujourd’hui ses eaux sont reçues dans un bassin, d’où elles se répandent dans un canal, qui les porte environ à vingt pas de là, dans un réservoir ; et de ce réservoir elles se répandent dans la vallée.

Fontaine des eaux vives, qui tombent avec impétuosité du Liban, et dont il est parlé dans le Cantique des cantiques (Cantique 4.15), est, selon les nouveaux voyageurs, une fontaine très-abondante, qui se trouve à une lieue de Tyr, dans la plaine. Elle est bâtie en forme de tour carrée, élevée de terre de quinze coudées, dans laquelle les eaux sont enfermées comme dans un puits, de la largeur d’environ quinze pieds en carré. Elles en sortent par quelques portes ou ouvertures, avec tant d’impétuosité, qu’elles font tourner, au sortir de là, un moulin à blé à cinq meules. On peut monter à cheval jusqu’au-dessus de cet édifice, par une large montée de pierre, qui est du côté qui regarde Tyr. Il y a encore deux autres puits, auxquels on va de ce premier par un canal large d’environ trois pieds. Ces eaux étaient sans doute aux Tyriens du temps de Salomon ; et on n’a aucune preuve que ce prince ait voulu marquer cette source en particulier, dans le passage cité du Cantique.

Fontaine Scellée, Fons Signatus, dont il est parlé aussi dans le Cantique des cantiques (Cantique 4.13), est apparemment une allégorie, qui désigne la chasteté de l’Épouse sainte. Les voyageurs parlent d’une fontaine considérable qui se voit à une lieue et demie de Bethléem, et dont nous avons parlé ci-devant sous le nom d’Ethan. C’est là, à ce que l’on prétend, la Fontaine Scellée de Salomon. Pour la Fontaine d’Ethan, ou ces eaux que l’on montre près de Bethléem, on peut voir les voyageurs qui en ont parlé. Nous avons donné la description des réservoirs où elles se conservent d’après M. Le Brun, sous l’article Étham. C’est de là que venait l’eau que Pilate conduisit à Jérusalem, quelques années avant la guerre des Romains contre les Juifs [Dom Calmet semble distinguer la Fontaine d’Ethan de la Fontaine Scellée : celle-ci à une lieue et demie de Bethléem, et l’autre plus près de cette ville. Je pense que ces deux fontaines sont la même.

« Une heure de marche, dit M. Poujoulat, vous conduit de Bethléem aux piscines de Salomon ; on laisse, à main droite, un couvent grec consacré à saint Georges, et une mauvaise bourgade musulmane qui l’avoisine. Comme je me plaignais à mes guides des chemins à peine praticables que nous suivions, ils m’ont fait remarquer les restes d’une ancienne voie par où passaient les chars de Salomon. Les trois piscines qui portent les noms des fils de David, sont des bassins taillés au ciseau, d’une dimension et d’une profondeur peu communes. Le premier a cent cinquante pas de longueur sur vingt-quatre de largeur ; le second est d’une dimension plus grande, le troisième est le plus beau. Ces piscines ne reçoivent que les eaux du ciel. Elles sont creusées en pente de manière que l’eau puisse descendre de l’une à l’autre. À deux cents pas, au nord de la première piscine, on trouve la Fontaine Scellée, cavité assez profonde d’où s’échappent trois sources abondantes d’énormes pierres en ferment l’entrée, et la fontaine est aussi bien défendue qu’à l’époque où Salomon la fermait avec son sceau royal. Les trois sources se joignent d’abord dans un petit canal souterrain ; ce canal, après avoir traversé ce qu’on appelle le Château, verse ses eaux dans une grotte où l’on descend par dix escaliers [Sic]. Les eaux se rendent ensuite dans un conduit revêtu de pierres, lequel passe à côté des piscines, s’en va à Bethléem et de là à Jérusalem par des détours sans nombre. Le père Nau était mal informé quand il a dit que l’eau de la Fontaine Scellée se déchargeait dans les piscines. Les belles sources sont trop rares en Judée pour les laisser se perdre dans des bassins abandonnés l’édifice qu’on nomme le Château, construit près des piscines, est une enceinte entourée de murs crénelés. J’ai vu dans cette enceinte plusieurs cabanes de boue habitées par des familles musulmanes. Ces familles veillent à la conservation de la Fontaine Scellée, réputée sainte parmi les Turcs ; ce serait un crime de souiller ses eaux, et les gardiens sont là pour dénoncer ou punir. Mais une telle garde me semble inutile ; tous les peuples de ces contrées révèrent l’eau comme une douce manifestation de la Providence ; ce n’est point l’Arabe qui souillera jamais une source. » Voyez Jardin de Salomon.

Madame de Lamartine a vu aussi les Bassins de Salomon et la Fontaine Scellée : « descendant (de Bethléem) vers la plaine, dit-elle, on nous montre une grotte où la tradition veut que la sainte Vierge se soit retirée au moment de son départ pour l’Égypte… Après une heure de marche nous arrivons à une petite vallée étroite et encaissée, arrosée par un limpide ruisseau. C’est le Jardin de Salomon… Nous prenons à droite, et nous montons péniblement pendant une heure ; arrivés sur la hauteur, nous y trouvons les plus beaux restes d’antiquités que nous ayons encore vus : trois immenses citernes, creusées dans le roc vif et suivant la pente de la montagne, l’une au dessus de l’autre, en terrasse ; les parois aussi nettes, les arêtes aussi vives que si elles venaient d’être terminées ; leurs bords, couverts de dalles comme un quai, résonnaient sous les pieds des chevaux. Ces beaux bassins, remplis d’une eau diaphane, sur le sommet d’une montagne aride, étonnent et inspirent une haute idée de la puissance qui a conçu et exécuté un si vaste projet ; aussi sont-ils attribués à Salomon. Pendant que je les contemple, mes compagnons de voyage les mesurent et les trouvent chacun d’environ quatre cents pieds sur cent soixante-quinze ; le premier est le plus long, le dernier le plus large ; il a deux cents pieds au moins d’ouverture ; ils vont en s’agrandissant jusqu’au sommet ; au-dessus de la plus élevée de ces citernes gigantesques, une petite source cachée sous quelques touffes de verdure, est le Fons signatus de la Bible, et alimente seule ces réservoirs qui se déversaient anciennement dans des aqueducs conduisant l’eau jusqu’au temple à Jérusalem ; les restes de ces aqueducs se retrouvent continuellement sur notre route. Non loin de là, d’anciens murs crénelés, probablement du temps des Croisades, entourent une enceinte où la tradition suppose un palais habité par les femmes de Salomon : il n’en reste guère de vestiges, et l’emplacement, couvert de fumier et d’ordure, sert aujourd’hui de cour, où se retirent la nuit les bergers et le bétail qui viennent séjourner sur les montagnes, dans la saison des pâturages, comme sur les Alpes en Suisse. Nous retournâmes à Jérusalem par une ancienne route large et pavée, appelée la Voie de Salomon, qui est bien plus courte et plus directe que celle que nous avions prise le matin ; elle ne passe point à Bethléem.

La fontaine ou le puits de Jacob était près de la ville de Sichem (Jean 4.5-6)

Fontaine du jugement, ou fontaine de Misphat (Genèse 14.7). C’est la même, que les Eaux de contradiction, que Moïse tira d’un rocher à Cadesbarné (Nombres 20.13-24).

Fontaine de Daphné. Voyez Daphné.

Fontaine d’Élisée. C’est celle dont les eaux furent adoucies par Élisée (2 Rois 2.19-20). Elle coule dans la campagne de Jéricho, et va tomber dans le Jourdain. [Voyez Élisée (Fontaine d’)].

Fontaine d’Agar. C’est celle que l’ange découvrit à Agar, lorsqu’elle était dans la solitude, au midi de Bersabée (Genèse 21.19).

Fontaine du dragon. Elle était apparemment à l’orient de Jérusalem (Néhémie 13). Voyez dragon.

Fontaine de Samson, qui sortit du rocher nommé la Dent machelière, en hébreu, Machtès, a subsisté longtemps, et subsiste peut-être encore à présent dans la tribu de Dan, près du lieu nommé Lechi, c’est-à-dire, la mâchoire. Le martyr Antonin et Glycas mettent cette fontaine aux faubourgs d’Eleuthéropolis. Quelques rabbins la placent près du torrent de Cédron, d’autres près de Tibériade. Saint Jérôme semble mettre Morasthi entre Socoth et la Fontaine de Samson. Ce qui revient assez à ceux qui la mettent près d’Eleuthéropolis.

Fontaine dans un sens métaphorique se met pour la génération, pour les enfants. Que vos fontaines s’écoulent au dehors (Proverbes 5.16), ayez une nombreuse postérité. Ô vous qui êtes sortis des fontaines d’Israël (Psaumes 68.27).

Fontaine se dit aussi de toutes sortes de sources d’eaux ; par exemple : Toutes les fontaines du grand abîme se rompirent (Genèse 7.11). Une fontaine d’eau vive, ou une fontaine de vie ; c’est une source d’eau vive, soit qu’elle sorte de terre comme une fontaine, ou qu’elle soit au fond d’un puits (Lévitique 20.18 ; Marc 5.19). Fons sanguinis, le sang d’une personne qui est incommodée d’une perte de sang naturelle, ou autrement.